Brulhois / Brulhés Lomagne Anneau gascon

Auvillar


 
en graphie alibertine :

Autvilar
Prononcer "Aoubilà"

Le "haut village" tout simplement, pris fautivement pour "Lo Vilar" avec la confusion classique entre "au" et "lo".

Village dont le centre a été superficiellement languedocianisé au XIXème siècle (le territoire communal s’enfonce assez dans les terres) mais l’appartenance de la ville au Bruilhois ne fait aucun doute. La toponymie y est gasconne : La Sauvetat, Au Camezon, Rue Carrelot, Courrau, Casterus, Labraque, La Mesplère, Le Saut, ... Le nom de la ville lui-même qui montre la vocalisation gasconne.

C’est la ville du troubadour "gascon" Marcabru.

[Je mets cependant Auvillar en double appartenance Brulhois-Lomagne. A confirmer. Tederic M.]


 

 

Lòcs (lieux-dits = toponymie, paysage...) de Auvillar :


 

 

 

Grans de sau

  • Dans une enquête de 1810, voici le début en parler d’Auvillar de la parabole de l’enfant prodigue :

    "Un ome aoueouo dus hils doun le mès jouen digouc." C’est gascon. 100 ans après, Auvillar s’était languedocianisée plus ou moins.

    A la question "L’accent des habitants des deux rives de ce fleuve présente-t-il des différences notables ?", la réponse pour Auvillar est : "le même" mais précise que côté Auvillar, b entre deux voyelles se prononce w. Mais à la question "La Garonne peut-elle être considérée comme la limite de ce langage ?", Auvillar répond oui.
    Saint-Nicolas-de-la-Grave dit la même chose (et indique qu’il connait h pour f ce qui n’était plus le cas 100 ans après).
    Beaumont dit oui également, en indiquant qu’à Beaumont on parle gascon. Beaumont ajoute même qu’il y a parenté entre le gascon et le catalan. Lavit dit pareil.

    Je donnerai plus de résultats de cette enquête dont je découvre l’existence. Ma conviction est faite en tout cas : le Tarn-et-Garonne a dégasconnisé une partie de la rive gasconne.

    Source : La langue occitane du Tarn-et-Garonne au début du XIXème siècle

    Réponse de Gasconha.com :
    Y a-t-il une référence précise de cet ouvrage ?

    Voir aussi sur Gascogne-débat "En Lomagne, l’arrivée du languedocien par la plaine", à partir du n°1 du trimestriel "La Lomagne", d’André Dupuy.


  • C’est sorti l’an dernier, aux éditions "Presses de l’Université Toulouse I Capitole" par Stéphane Bourdoncle.
    Quant à l’enquête lancée en 1806, elle émane de Coquebert de Monbret.

    A noter que l’enquête met en évidence l’existence d’un parler spécifique parlé dans le canton de Valence d’Agen (dit agenais), que Bourdoncle dit à juste raison influencé par le gascon.
    On retrouve ces traits dans la toponymie (Lamagistère, ...).
    Bourdoncle parle d’opposition vallée/coteaux : la langue de la vallée de la Garonne (rive droite) est influencée par le gascon, les coteaux parlent clairement "carcinol".
    Ainsi j dans la vallée est prononcé "tch" et "ts" dans les coteaux.
    Dans la vallée, noctem donne nèyt alors que dans les coteaux c’est nets.
    Idem lèit/lach (ou lats).
    Utilisation de "entà" dans la vallée ainsi bizarrement que de "devath" généralisé à la place de "jos".
    Tout cela semble confirmer qu’il y a eu un parler intermédiaire agenais ce qui doit expliquer la raison pour laquelle quelqu’un comme Jasmin disait parler gascon.

  • Selon Deffontaines, l’arribère était une sorte de nomansland peu habité pour cause de danger d’inondation, mais fréquenté et traversé par les habitants des deux côtés.
    Cela explique qu’il n’y ait souvent pas de coupure lingüistique franche.
    Deffontaines situe néanmoins une frontière de la Gascogne le long des forêts qui occupaient les terrains de grave, sur la rive gauche, donc en bordure sud de l’arribère.
    Différences et frontière entre moyenne Garonne et Gascogne

  • Entre Agen et Toulouse, les villages de la rive gauche dominent en effet l’arribère, perchés sur des terrasses (Auvillar, Cordes-Tolosannes, Bourret, Mas-Grenier, ...), la seule exception étant Saint-Nicolas-de-la-Grave.
    La théorie de Deffontaines est donc d’application difficile : en de nombreux endroits, il n’y a pas d’arribère et c’est bien la Garonne qui a constitué la frontière.

    La théorie de Deffontaines n’explique pas plus pour quelle raison des traits parmi les plus ataviques du gascon débordent en Agenais en aval d’Agen après l’Ermitage, une fois que la vallée devient plus large. Et des forêts, il y en avait aussi rive droite !
    Notamment la grande forêt qui séparait ce qui deviendra Montauban de la vallée de la Garonne.

    Ce que Deffontaines décrit, c’est l’univers mêlé de la vallée de la Garonne.
    Peut-être qu’à juste titre il dit "Gascogne" les contrées sur les hauteurs qui ne relèvent pas de ce monde mêlé, mais il reste à expliquer la gasconnité de Marmande par exemple.

  • Adixatz,

    Quand ensenhèvi a Bèu Mont de Lomanha, que parlèi dab un gènt de Sent Sardòs.
    Eth que’m disó los de Mas Granièr no parlèvann pas com a Sent Sardòs, ne parlèvann pas mei gascon.

  • L’enquête de 1810 ne concerne indistinctement que Verdun juste au Sud de Mas-Grenier.
    A la question de savoir avec quels parlers il y a une différence, Verdun répond qu’il y a une différence avec les parlers situés à l’Ouest et au Nord, mais pas avec ceux à l’Est et au Sud, ce qui, avouons-le, ne nous avance guère.
    Verdun indique que la Garonne n’est pas sentie comme une frontière dialectale (alors qu’Auvillar et Beaumont oui).

    La première phrase de l’enquête de Verdun :

    "Dins aquel tems, Jesus disséc encaro as Pharisiens a as douttous de la lé."

    "aquel" est languedocien mais il me semble que "disséc" au parfait est plutôt gascon, non ? (on attendrait diguét).

    Pour ce qui est de la toponymie, Mas-Grenier, elle est assez mêlée, avec des formes gasconnes comme Ginestère, Miquau, Pescay, Pixerou (sic), Carrelot, Cap de Bos, Mounet, ... et des formes languedociennes : Bourdel, Clapié, Al Gatoul, Taudels, Al Rigal, ...

  • Le gascon semble avoir reculé sur presque toute la rive gauche, en Tarn-et-Garonne.
    L’arribère parle une espèce de languedocien et les côteaux un gascon plutôt light mais bien gascon tout de même.
    J’ai observé ça pendant les quatre années où j’ai vécu à Larrazet et à Moissac.

  • Hmm ... Mea culpa : la version que je donne pour Auvillar est celle de l’intérieur des terres du canton d’Auvillar.
    En 1810, le centre-ville ne connaissait déjà plus la mutation h pour f mais avait la mutation de ll ("aquet", "betet" dans l texte), la résolution gasconne de certains étymons ("bostés bailets" et non "bostrés"), -arium donne -èr ("prumero" dans le texte), ...


Un gran de sau ?

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