Pays gabaye

Petit-Palais-et-Cornemps


 

Le phénomène historique de l’oïlisation dans le Bordelais septentrional est parmi les plus intéressants de l’histoire locale, en lien avec le recul général de la langue d’oc en Saintonge et Angoumois, par poussée de l’oïl (appuyé vraisemblablement par une forte poussée migratoire).

Il est un phénomène qui a été trop peu mis en évidence par les chercheurs jusqu’ici, qui est que la toponymie de ces communes est encore presque majoritairement d’oc. Je ne dis pas gasconne par précaution.

La commune moderne de Petit-Palais-et-Cornemps, dans cette région un peu reculée entre Isle et Dordogne, est dans ce cas.

On détecte de toute évidence les implantations gavaches, qui sont souvent transparentes : Boujut, Les Chagnasses, Chouteau, Dornée, Les Francillonnes, Jobelet, Les Grandes Versennes, ...

Néanmoins, on trouve avant tout des formes d’oc assez indistinctes, en masse : La Barde, Le Barradis, Le Barraillot, Le Barry, Le Basque, La Bigueyre*, Pas de Branque, Cazat**, Le Couraud, La Courtade, Dorney*, La Feyteau, Le Garigat, La Gourgue, Labatu***, La Margagne, Queyray, Picaud, ...

* : Carrément le suffixe nord-gascon -ey/eyre
** : ca- initial ! La commune de Camps, oïlisée, sur les bords de l’Isle, au Nord, atteste que ce phénomène gascon était connu encore plus haut.
*** : Le toponyme gascon fréquent Labatut, avec chute du -t final

La toponymie d’oc de la commune est donc très importante : elle dénote clairement l’ancienne langue des lieux, qui s’est maintenue dans la commune voisine de Puynormand, à savoir un dialecte syncrétique qui prenait au limousin comme au gascon (en effet, les toponymes d’oc ne sont pas suffisamment marqués pour les attribuer à telle ou telle langue, encore que la non-palatisation de ca- et le suffixe -ey/eyre laissent penser qu’il s’agissait là de parlers méridionaux).

De quand date alors l’oïlisation de la commune ? N’y a-t-il pas eu plutôt bilinguisme et ce serait la francisation qui serait venue favoriser la forme oïlique locale ? Tout ceci réclamerait une étude sérieuse, qui combine linguistique, histoire, généalogie, ...

Pour ce qui est de la photo qui illustre la commune, il s’agit de la très belle église de Petit-Palais, de style roman poitevin, qui a connu une forte extension en Saintonge, Périgord, Bordelais, Angoumois, jusqu’en Agenais. Ce style architectural illustre, à mon sens, la force des divisions administratives, même religieuses d’alors à savoir l’appartenance à la province ecclésiastique de Bordeaux.

Dans les textes gascons médiévaux, Petit-Palais est immuablement Pales. Palais est le nom de la rivière qui arrose la commune. Bénédicte Boyrie-Fénié a raison de supputer la racine *pal qui a donné le très commun palus "marais" avec le sufixe d’oc -és (latin -ensem). Quant à Cornemps, il est éminemment énigmatique et est écrit comme tel au XIVème siècle dans les textes bordelais.

Je restitue une forme d’oc pour la commune, par amusement, sachant néanmoins que les locuteurs d’oc de Francs ou de Puynormand devaient bien posséder des noms pour ces lieux.


 

 

 

 

 

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