Pays basque voisin

Guéthary

Je fais exception à ma règle qui veut que je propose l’église pour illustrer la commune, mais l’église de Guéthary est difficile d’accès, et au fond, cette image illustre mieux le toponyme.

En effet, Guétary, comme Getaria au Pays Basque Sud, est un toponyme gascon : gaitar "guetter" + suffixe -aria (forme savante fossilisée par le basque de ce qui en gascon serait -èra).

Bref, Guéthary, c’est l’endroit où l’on guette, ce qui en gascon aurait donné "La Gaytère".

NB : -ia final en gascon maritime est bien prononcé -y, d’où la forme moderne du toponyme.


 

 

Lòcs (lieux-dits = toponymie, paysage...) de Guéthary :

  • 12 avril 2012 - Vincent P.

    (Guéthary)

    Parlementia Lo Parlament : ) / Lou Parlamen : )
    A défaut d'être un gasconnisme pur jus, c'est à coup sûr un romanisme.


 

 

 

Grans de sau

  • Avec ce plateau sur le toit, on croirait que le Bon Dieu va venir s’y poser en hélicoptère ! On est pas si loin du Rocher de la Vierge !

  • En tout cas, je trouve que l’image rend bien la position de Guéthary comme lieu de guet.

  • Mès... gaitar (gueitar) es una fòrma nòrd-gascona ! Dejà en Vasadés se ditz gueitar (goeitar, oeitar).

  • Une citation de wikipedia pour info :
    "Toutefois, face aux hypothèses traditionnelles, durant les dernières années les découvertes archéologiques ont permis d’apporter la lumière à l’affaire.
    On a récemment trouvé dans la localité de Guetaria des preuves de l’existence d’une installation de salaison de poisson de l’époque romaine, un type d’établissement qui recevait le nom de Cetaria.
    Il est constaté qu’à Guéthary en France a aussi été fondé un établissement de ce type au Ier siècle ce pourquoi il paraît actuellement probable que le nom des deux villes vient de ce mot latin".

  • Òc, sembla bien que l’etimologia "gaitar" èsti una pura fantasia d’aqueths que vòlen véser lo gascon pertot.

  • Guéthary est encore "gattari" au XVIIème siècle, "catarie" au XIIème, donc avec un a en syllabe initiale.

  • Personne ne veut voir le gascon partout, c’est ridicule comme accusation, que Guéthary (comme Getaria) soit un romanisme/gasconnisme contemporain de la colonisation gasconne de la côte basque, c’est le consensus accepté de tous, au demeurant, "guetteur" en basque se dit encore "gaitari".

    La côte basque est parsemée de toponymes maritimes gascons/romans : Guéthary, Cabo Higuer, Pasajes, Getaria, ... et toute la vieille toponymie de Saint-Sébastien.

    Au demeurant, la toponymie de Guéthary fait état d’infiltrations gasconnes, difficiles à dater : Dufau, Brana, ... qui prolongent celles de Bidart et Arbonne : Pémartin, Sempau, Barroilhet, ...

  • Allons ! Quel rapport entre "gattari" et "oueytà" ?

  • Il ne s’agit pas de nier l’infiltration gasconne comme tu dis, elles est évidente.
    Mais il se trouve que dans ce cas précis ce n’est peut être pas la meilleure option. Je n’ai jamais entendu ni trouvé "gaitari"/"getari" dans un dico en basque pour guetteur.
    De plus, à ma connaissance, en basque on ne donne pas de noms de métier ou de personnes à des lieux.
    En admettant que getari soit en basque "le guetteur", à mon avis on aurait trouvé "getaritegia" "getariun" ou quelque chose dans ce goût là.
    L’origine "Caetaria"->catarie->gattari->getari est à mon avis une hypothèse largement aussi valable que celle de "gaitari".

  • Oui, quel rapport, c’est bien la question ...

    On va faire de la linguistique.

    La base des verbes est le francique *wahtan "surveiller". w initial des mots d’origine germanique est généralement réinterprété en g dans les parlers romans, mais le gascon a mieux conservé que les autres langues romanes le son initial en gw (tout comme le gascon, avec le wallon, a conservé les groupes latins initiaux kw et gw).

    On se retrouve donc avec le verbe "gaytar" ou "gwaitar" (l’émergence d’un yod - i - est inexpliquée).
    Deux formes, oui. Car de vastes zones en Sud-Gascogne, ainsi que le basque, n’ont pas les formes en gw (par exemple en Béarn, le village de Gardères se prononce Gardèros, pas Gwardèros).
    L’hésitation en basque est comune aussi : guetteur se dit "goaitari".
    Mais en Cize, on trouve au Moyen-Âge le patronyme Getayry, dont le premier élément est guet (source : Orpustan).

    Passons. Le guet en basque se dit "guaita".
    En gascon, goayt va se fermer en goeyt, ce qui est très classique au contact d’un yod.
    Et en Bazadais, gw initial va finir par tendre vers w, retrouvant des siècles après la prononciation germanique initiale. D’où le verbe "oeytà".

    Seulement, en sud-gascon, la forme goeytà a vécu en parallèle, selon les zones avec la forme geytà, simplifiée à "guetà" (très proche du français "guetter"). Guéthary fait état très probablement de cette forme.

    Que Guéthary soit directement le basque "goaitaria", ou le gascon ancien "gueytaria" (variante hypothétique : "goeytaria"), c’est la même chose, il s’agit d’un romanisme pour une création du vicomte de Labourd au XIIème siècle, romanisme qui traduit l’influence économique maritime du gascon sur la côte basque.

  • Quoiqu’il en soit, la graphie française avec un "th" et un "y" à la fin est un habillage colonial.
    Mais avec des graphies comme "Bordeaux" et "Cazeaux" ou "Cazaux", nous sommes habitués en Gascogne.

  • Guéthary est une fondation ex nihilo des vicomtes de Labourd au XIIème siècle tout comme Villefranque à quelques encablures de Bayonne (et probablement Serres à Saint-Jean-de-Luz).

    Il est vrai que l’on a trouvé à Guéthary des installations d’"usines" à conserve du Haut-Empire ainsi que des inscriptions avec des noms de personne, des affranchis pour la plupart, sans lien avec l’onomastique aquitaine, ce qui laisse entendre une population étrangère en ces lieux). Il semblerait qu’il en fut de même pour le Getaria du Guipuzcoa.
    Mais alors, où sont les communes côtières espagnoles "Guetera" et françaises "Guière" ?
    Il n’y a que sur ce qui deviendra la côte basque que l’on fabriquait sous les Romains des conserves de poisson ?

  • La graphie "th" est peut-être un reste déguisé de l’ancienne articulation du t en basque labourdin, seulement conservée en souletin à date moderne.

    Quant au y final, en fait c’est un habillage gascon indirect, l’administration française a hérité des dénominations gasconnes des toponymes basques et en gascon de Bayonne, -ia final se prononce -i, souvent graphié -y (Lahary, ...).

  • Erreur de ma part d’ailleurs, "caetaria" en oïl devrait donner "Cière" (c devant ae reste c comme dans caelum "ciel", t intervocalique saute comme dans amata "aimée", le suffixe -aria donne -ière).

    En languedocien, on devrait avoir "Cedière" si je ne me trompe pas. Et en castillan, ce serait plutôt "Ciedera". Il y a un Cedeira en Galice, à l’embouchure d’une ría. Est-ce que ça colle ?

  • Confirmation que Cedeira est analysé par les toponymistes espagnols comme issu de caetaria :

    http://www.cedeira.net/historia.htm

    Il est intéressant de connaître les grandes règles de passage du latin aux langues romanes.
    Cedeira est bien la forme galaïco-portugaise (t intervocalique passe à d, suffixe -aria donne -eira).

    La forme castillane devrait être Cedera (j’ai écrit fautivement Ciedera avant, la diphtongue n’a lieu que sur les toniques, en l’espèce "ie" est l’évolution de "è", voyelle qui n’existe plus).

    Je ne trouve pas dans l’IGN espagnol de Cedera, c’est étrange. Et rien en France, genre Cière, Cédière, ...

  • On pourrait peut être trouver quelque chose comme "Guetiere"/"Quetiere" en français.
    Et ça n’enlève pas qu’en basque il est etrange que getari (en admettant que ce mot ait été utilisé sur la côte) puisse désigner un lieu. Cela va à l’encontre de ce qu’on observe en toponymie par ailleurs.

  • Mais n’est-il pas possible de concilier les deux explications en lice ?
    Le guetteur devait forcément avoir une activité complémentaire (dans les sociétés d’autrefois, on fonctionnait comme ça, encore plus qu’aujourd’hui).
    Il est fort possible qu’il s’adonnait à la salaison de poisson, tout en scrutant l’horizon de temps en temps pour guetter les intrus.

  • Je ne vois pas en quoi une formation "guet" + suffixe roman -aria serait étrange, dans l’hypothèse où cette explication collerait. Ce serait un romanisme, adapté par la suite en basque.

    Maintenant, l’existence de la Cedeira galicienne donne du crédit à l’hypothèse d’une industrie de poissons.

    Il y a quand même un souci : l’église, lieu originel de la paroisse, dont la situation forme les toponymes en règle générale (à moins que l’église ait changé de place), est loin de la côte, située sur une hauteur un peu dans les terres, qui domine justement l’Océan. A voir.

    NB : A noter que les cartes IGN notent "ancienne tour de guet" sur le territoire de Guéthary !

  • ça me parait etrange parce que je ne connais aucun autre cas ou un mot qui designe une personne ou une fonction devient un toponyme (peut être en gascon ?), ce qui ne veut pas dire que ce soit impossible.
    Comme je l’ai deja dit, il me semble que dans le cas d’une adaptation en basque, on aurait trouvé un suffixe locatif.

  • Il ne s’agit pas vraiment d’une fonction, le suffixe -aria sert à former des substantifs, c’est donc bien plus "poste de guet" que "guetteur".

  • Ok, en basque le sufixe "aria" désigne celui qui fait, d’où la confusion.

  • En gascon tu veux dire ?

  • Désolé le message du 11 mai est arrivé avec trois jours de retard... à ne pas prendre en compte.

  • Cela dit, que les choses soient dites, l’existence du Cedeira galicien est franchement en faveur du latin caetaria ! Même situation en somme.
    Et on sait que le Pays Basque a été bien plus romanisé qu’on le dit, la preuve en est la toponymie en Hegoalde (toponymes en -ano/ao du latin -anum, en -ika du latin -ica, même en -aka probable forme archaïque celto-latine du -acum qui devient -ac chez nous).

  • Il semble bien que la culture basque a profité des troubles consécutifs à l’effondrement de la civilisation romaine pour reprendre possession pleinement de son berceau linguistique.

  • C’est ce que je dis depuis le début, que caetaria me semble plus probable que l’histoire du guetteur.
    Pour le reste, la romanisation imposée par le haut ne veut pas dire que le basque n’était plus utilisé par les autochtones.


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