Bordeaux / Bordèu

Bègles

- Vincent P.


 

Impasse Lucien


Le nom n’a guère d’intérêt pour la toponymie gasconne, il doit s’agir là du patronyme d’un des propriétaires des lieux.

En revanche, les quartiers modestes, anciennement ouvriers, de Bègles ont un certain charme, notamment quand les formes, par leur aspect triangulaire, rappellent les maisons landaises, et annoncent la vague de pavillons néo-régionaux des Trente Glorieuses.

C’est là un environnement banlieusard qui est assez marqué, et que l’on retrouve nettement dans ce qu’il convient d’appeler le "Sud-Ouest", et qui disparaît assez vite dès que l’on va vers le Nord (les faubourgs de Périgueux, Limoges ou Angoulême ne sont pas sur ce modèle).


 

Grans de sau

  • A Bergerac, par contre, on peut trouver des maisons comme tu en mentionnes là. Au hasard de Google Maps, j’en ai vu dans l’avenue Pasteur / avenue Marceau Feyry, le chemin de Beauplan (cf photo jointe), la rue Waldeck-Rousseau (avec une vraie néobasque vers le n° 58), etc.

  • Bergerac, et avec cette ville l’ensemble du Périgord ouvert sur le Bordelais (la vallée de l’Isle jusqu’à Mussidan en gros), est entièrement dans son esthétique des Trente Glorieuses sur le même modèle "Sud-Ouest" que celui de Bordeaux.

    J’étais à Montpon l’autre jour, il était net que le vieux centre était pleinement périgourdin, en nette rupture avec les communes girondines voisines, en revanche les faubourgs, dont les constructions des 60 dernières années, montraient des influences nettes balnéaires, avec notamment ça et là des maisons néo-basques.

    A noter dans la Double l’existence massive de maisons à façade sous pignon, comme jumelles des maisons landaises, relativement noyées dans les constructions périgourdines classiques (toujours de belle facture), et surtout, bien malheureusement, les constructions modernes (qui pullulent). Tout ça pour dire qu’étrangement, le néo-basque n’est pas si étranger que cela à cette contrée.

    En revanche, pour avoir fréquenté récemment Angoulême, il est net que les Trente Glorieuses de cette ville furent sur un mode distinct. Maintenant, les constructions des années 2000 dégagent une esthétique "aquitaine", pas au meilleur sens du terme : je veux dire par là que la pavillonnite qui touche les Charentes se fait sur des modèles absolument similaires à ceux de Gironde, des Landes ou du Lot-et-Garonne, sans aucune espèce de différenciation. Le rêve de Sud.

  • Oui, je suis souvent passé devant une superbe maison périgourdine à Montpon sur la route qui va vers le péage.

    Pour la Double, ne serait-ce pas dû au contexte géologique ? Pas de calcaire, région boisée, donc... utilisation du bois comme pour les maisons landaises, tout simplement. (Je me demande si c’est pareil en Sologne, par exemple)

  • En Sologne actuellement les maisons sont essentiellement en briques, ce ne sont pas des maisons à plan basilical, mais plutôt des longères avec des toits plus "abrupts", mais dans cet article (avec deux photos) il est dit que les matériaux étaient effectivement les pans de bois et la terre. D’ailleurs, à Orléans, une des villes limitrophes de la Sologne (et de la forêt des Loges) la mise à nu des façades qui ont été débarrassées des enduits ,montre que les plus anciennes maisons étaient ainsi construites( les bombardements des ponts de la Loire en 1940 et 1944 ont peu laissé de maisons vraiment anciennes)
    https://www.lanouvellerepublique.fr/actu/les-maisons-du-xvi-e-siecle-a-pans-de-bois-de-sologne

  • Il s’avère que j’ai arpenté quelque peu la Sologne ces dernières années (la traversée de Salbris !), au bénéfice de voyages pro en France, et en effet, le style le plus répandu est celui de maisons de briques, dont l’on devine assez vite qu’elles ne sont pas anciennes, bien que certaines montrent l’utilisation de pans de bois.

    Le style à façade sous pignon à toiture basse se retrouve en revanche sur des maisons anciennes, souvent du XVIème siècle, jusqu’en Poitou : il semble être le style vernaculaire d’un grand Sud français, qui butte sur les toitures hautes de la France du Nord.

  • Les toitures hautes de la France du Nord ? Mais on les trouve dans la plaine béarnaise, les Pyrénées (non basques), le Quercy, le Rouergue, le Limousin, l’ouest de l’Auvergne, une partie du Périgord...

  • Je ne comprenais pas dans mon analyse les zones de montagne ou pré-montagne du grand Sud, qui montrent en effet l’utilisation de toitures hautes, avec cette incertitude cependant que l’immense majorité du bâti a souvent été reconstruit à compter du XVIIIème siècle.

    Pour le Béarn, que je connais bien, il est clair que le style vernaculaire a été différent avant la grande vague de reconstructions du XVIIIème siècle, mais déjà les toitures hautes étaient la norme, ce qui laisse présager de tendances lourdes, au demeurant absolument pas justifiées par le climat dans le cas de la plaine béarnaise.

    Il y a cependant, au niveau global, une nette différence entre les zones de plaine de la France d’oïl et celles de la France d’oc, et ce constat mérite explication.

  • Oui,c’est sûr que les maisons à toit pentu du Bassin parisien et du Massif armoricain peuvent surprendre car ce ne sont pas des régions particulièrement neigeuses (cela dit, le Périgord et le Quercy non plus).

    Voici "ma" théorie :
    la forme du toit découle de la forme des tuiles et celle-ci ne dépend pas que de facteurs climatiques. Je suppose que la tuile plate (ou l’ardoise) a été "inventée" un peu partout simultanément par imitation de la forme de pierres plates ou de plaques de bois, et qu’on a fait des toits en pente parce que c’était plus adapté aux tuiles plates. La tuile canal est arrivée du Bassin méditerranéen et elle a "colonisé" précocement les pays d’oc, le littoral atlantique et la vallée du Rhône, et dans ces régions d’oc seules les zones soumises à l’enneigement (Pyrénées -non basques-, Limousin, Auvergne, Rouergue) ont gardé la tuile plate ou l’ardoise (ou la lauze). En Périgord, il y a quand même beaucoup de tuiles canal dans le Périgord blanc et pourpre (je dirais a biste dé nas : 50/50 dans le Périgord central, 30% de tuiles plates dans le Bergeracois, et 0% dans le Ribéracois). Reste donc le cas du Périgord noir et du Quercy à creuser : traditions architecturales fortes ? régions tournées vers le Massif central donc s’inspirant de son architecture ? Idem pour la plaine béarnaise.

    D’autre part, un toit pentu permet d’avoir un étage supplémentaire, bien que la répartition des types de toits ne colle ni avec celle des types familiaux (p.ex. dans le Bas Quercy, famille-souche mais pas de grosse maison avec toit pentu) ni avec celle des types d’agriculture (p.ex dans le Limousin, l’espace sous le toit ne pouvait pas servir à stocker du blé puisque le sol granitique est défavorable aux grandes cultures céréalières)

    Cela dit, j’écris ça sans avoir étudié ce qui avait déjà été fait, et ça ne m’étonnerait pas que quelqu’un ait travaillé là-dessus.

  • Une photo qui doit dater de 1895-1900 de la maison natale de mon grand-père Auvergnat à Oradour sur la Planèze de Saint- Flour, le toit est en lauzes, très pentu et avec deux étages sous les toits, comme l’indiquent les lucarnes. Je pense qu’effectivement le matériau de couverture, sa forme, son poids aussi devaient être un élément déterminant de la forme des toitures.
    Je n’ai pas de photos des maisons de mes grands parents Landais pour comparer, mais c’étaient des toits "bas" et "enveloppants".

  • Les toits de chaume impliquaient également un toit pentu. En Quercy et dans les Pyrénées, les bâtiments restants -des petites granges- qui ont remplacé le chaume par la tôle ondulée, indiquent que ce type de construction devait être répandu.

  • Encore deux néovasconnes repérées au hasard de Google Maps, en effet : à Marsac/Isle, et à Puymangou -village de mes ancêtres- !

    Il faudrait chercher si on en trouve dans l’est de l’Angoumois, notamment le Confolentais, le Ribéracois, le Nontronnais.


Un gran de sau ?

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