Bordeaux / Bordèu Anneau gascon Entre-deux-Mers

Bordeaux

- Tederic Merger


 

A la Bastide. Rien ne survivra de tout ça ? / A la Bastida. Arren ne demorerà de tot aquò ? / A la Bastide. Arré ne demourerà de tout acò ?

en graphie alibertine :

Labastida + (la,era) Bastida
Prononcer "La/Era Bastide, Bastido"...

bastir / construire

Prononcer "basti" (le gascon ne prononce pas le "r" final en général). (...)


 

Grans de sau

  • Ailàs, Bordèu s’es dehet bastida sus la negacion de son passat.

  • A La Bastide, surtout côté sud de l’Avenue Thiers, on a encore les impressions du Bordeaux populaire tel qu’il existait jusqu’aux années 70. Profitez-en pour y aller vite car le bobo ne va pas tarder à pointer son nez et transformer tout cet espace encore popu. Anqui !!!!
    Anfigueille !!!!

  • Le bobo y est déjà, notamment quai des Queyries, dans les nouveaux bâtiments sortis de terre, qui sont assez nuls d’ailleurs : la ville regrettera dans quelques décennies d’avoir été incapable de se doter d’une rive droite du niveau urbain de la rive gauche. Le manque d’ambition est total, j’ai la sensation que les initiatives se diluent à Bordeaux (trop de projets en parallèle : Ginko-le Lac, Bacalan, Euratlantique-Belcier, ...).

    Maintenant, autant je suis sévère sur les conséquences sociologiques de la boboïsation des grandes villes (qui passe par l’exfiltration des classes moyennes qui s’installent en lointaine périphérie, d’où un vote FN jacobin en progression, et une perte de terres agricoles, sans oublier la destruction de nos paysages par la pavillonite), autant il faut bien considérer une chose qui est importante à mon sens : il n’était pas normal de laisser de nombreux quartiers dans l’état d’abandon dans lequel ils se trouvaient.

    Je pense à Saint-Michel. Du fait de ma profession, et aussi de ma génération, je côtoie de jeunes trentenaires qui accèdent à la propriété (ce n’est pas vraiment mon cas, mon banquier ferait la gueule ...) ou louent. Ce ne sont pas tous de jeunes Franciliens qui rêvent benoîtement de Bordeaux (pour vite déchanter d’ailleurs, car l’on s’ennuie à Bordeaux). Ce sont de jeunes gens qui sont venus faire leurs études à Bordeaux, qui sont diplômés, qui démarrent un début d’activité professionnelle.

    D’où viennent-ils ? D’un grand espace qui va du Poitou aux Pyrénées, en passant par le Limousin. Forte représentation, encore, des "Aquitains" administratifs, bien qu’en voie de dilution. C’est la Bordeaux contemporaine, il faut en accepter la réalité, et même la voir comme une ouverture sur autre chose, si cette métropole sait rester à sa place dans les années à venir (cf après).

    Bref, ces jeunes gens participent à la rénovation d’un quartier, lui confèrent une nouvelle jeunesse. Saint-Michel se métamorphose. Les façades sont décapées, le vieux Bordeaux resurgit, une sociabilité nouvelle émerge. J’ai eu l’occasion de visiter de beaux immeubles rénovés, c’est quand même mieux comme ça.

    On peut regretter le Saint-Michel qui disparaît, nord-africain ou turc, multiculturel, populo, mais lui-même avait pris la place du Saint-Michel ibérique, place forte des migrants espagnols.

    La ville est en évolution constante. C’est son destin de ville. Ce qui importe, à mon sens, pour le combat gascon, c’est de sauver le reste, le Bordelais qui se casse la gueule, qui se paupérise, qui se marginalise. Je me promène souvent en Gironde (le département), sur les quais de Pauillac, sur le port de Bourg, au gré des chenaux de La Teste, sur la place centrale de Bazas : c’est là qu’il faut sauver la gasconnité.

    D’ailleurs, la gasconnité sera d’autant plus forte à quelques kilomètres de Bordeaux que les néo-Bordelais voudront s’y identifier, tout comme les Bayonnais de tous les horizons adhèrent au monde basque.

    Abandonnons Bordeaux, pour mieux la retrouver quand elle vient en week-end "chez nous" ! : )

  • Quand j’ai posté ce lòc, j’étais impressionné et inquiété par les démolitions de maisons de pierre 1900, souvent en mauvais état mais qui semblaient récupérables et qui portaient pour moi quelque chose de l’identité bordelaise, pour laisser place à des nouvelles constructions, parfois à de nouveaux quartiers comme à Ravezies.

    Sur la photo ci-dessus, il y a bien une de ces maisons, d’après 1900, je pense. Je suppose qu’elle n’existe plus en 2015.
    Il y a aussi un reste d’installation commerciale des années 70 ou 80.
    Je rejoins Vincent pour voir dans la superposition des strates le destin inévitable des villes qui vivent.
    Les bâtiments ci-dessus avaient eux-même remplacé autre chose : la Bastide a été jadis (encore vers 1800...) une plaine agricole plus ou moins marécageuse, avec de beaux domaines.

    Ensuite, on peut et on doit critiquer la démolition des bâtiments qu’on juge intéressants. Sur Gasconha.com, on est sensible à la préservation de la mémoire locale et régionale...

    Le changement des populations induit par les démolitions et même par les rénovations est aussi un problème.
    J’ai encore vu dans les années 90 des joueurs de pétanque sur les quais rive gauche presque sous le début du Pont de pierre... Ils avaient souvent, je suppose, l’accent gascon (mais certains pouvaient être périgourdins, charentais ou basques...).

    Il est bon d’exprimer notre nostalgie du temps passé.
    Mais pouvons-nous, selon une logique "Gasconha", faire une critique plus actuelle de la politique urbaine bordelaise ?
    Je ne suis pas très au clair là-dessus.
    Je subodore que les cabinets d’urbanisme et les groupes qui investissent et bâtissent à Bordeaux ne sont pas très enracinés à Bordeaux, ni a fortiori en Gascogne.
    Mais ce n’est pas nouveau. Déjà avec Tourny, Bordeaux imitait les maîtres parisiens...

    Je reçois l’idée de Vincent selon laquelle Bordeaux n’a pas à être la cible principale du combat gascon.
    On retrouve ici nos réactions sur la nouvelle méga-région "aquitaine" centrée à Bordeaux : la Gascogne n’a pas la force pour s’arrimer Bordeaux.
    Mais pourrons-nous préserver la Gascogne environnante ?
    Ou plutôt comment créer une dynamique Gascogne<->Bordeaux qui ne soit pas à sens unique ?

  • A titre personnel, Bordeaux dans ma vie, cela fait 10 ans puisque je suis venu y vivre pour la première fois en septembre 2005, pour les études. Infidélité de 2 ans pour Toulouse, que je ne regrette pas : nous devrions tous vivre 2 ans à Toulouse.

    Je suis arrivé à Bordeaux quand véritablement la politique volontariste à l’endroit de la ville commençait à prendre ses effets les plus aboutis et j’ai vu l’évolution depuis, notamment la destruction du bâti du début du XXème siècle sur les grands axes, notamment le long du tram. On décrassait les dernières artères principales.

    Au début, j’étais bien triste. La moindre échoppe détruite me faisait mal. Surtout que ce que l’on construit à la place n’est rien de rare : à part à Bacalan, où l’on voit des choses originales, de vraie qualité architecturale, le reste est absolument médiocre (la palme à Ginko mais l’on y détruit rien).

    10 ans après ? Je suis insensible, absolument, à ce qui peut se passer dans la CUB, pardon, Bordeaux-Métropole. La ville est devenue un lieu de spéculation où l’on vient investir, dans le vieux (rénovation avec DUP, défiscalisation Malraux, ...) ou dans le neuf (Ginko est l’incarnation de ceci).

    Bordeaux est pour moi comme un corps étranger, ou du moins, comme son propre espace de vie, dynamique, qui ne répond plus aux mêmes critères. Et il faut rendre grâce à la Bordeaux des années 2010 : elle chérit son passé. Certes, toujours le même, l’entêtant XVIIIème siècle, mais tout son attrait aujourd’hui pour les classes moyennes aisées, c’est ce mirage de Louis XVI finissant.

    Moi, je préfère de loin ce qui reste de Bordeaux médiévale, et parallèlement de Bordeaux XXème siècle (des travaux de Marquet à Mériadeck). Gros soupir me concernant pour tout ce qui est Tourny-like, comme l’on dit en anglais.

    Il est clair que j’aime des quartiers comme Belcier, Nansouty, La Bastide, ... mais il est tout aussi clair que si la ville doit continuer à accueillir autant de monde chaque année en plus, il lui faut faire le sacrifice de ces quartiers, par la densification.

    Je crois que la destruction d’une belle maison sur la place de Sos est plus dommageable que celle d’une rue entière d’échoppes. Car une petite ville de Gascogne n’aura souvent plus que ça pour encore faire sentir l’âme du pays quand Bordeaux, par effet de masse, ne disparaîtra pas du jour au lendemain, d’autant que les classes moyennes aisées investissent aussi dans la pierre, rénovent avec goût, ce que ne font généralement pas, par manque de moyens, les propriétaires dans les petites villes ou les villages, où le bâti se dégrade énormément depuis les Trente Glorieuses.


Un gran de sau ?

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