Bordeaux / Bordèu Anneau gascon Entre-deux-Mers

Bordeaux

- Tederic Merger


 

Loin des maisons vasconnes ! / Lonh daus ostaus vascons ! / Lougn daous oustaous bascouns !


"Echoppes" au début de la rue Marsan, avec le grand ensemble du "Grand Parc" au fond.


 

Grans de sau

  • Si tu veux respecter les patois gascons locaux, il faut écrire LUNH et pas LONH. Cohérence, cohérence.

    Réponse de Gasconha.com :
    Correccion hèita !

  • Pas forcément, cher maître ! On a localement "lunh" (Bazadais, lande girondine) "lonh" (Médoc) et "lònh" (Libournais, Cubzaguais). La forme employée par Théodore Blanc est "lonh".

  • Vous avez raison David. Lonh tout le Médoc, Lunh Sud-Gironde, Lònh Saucats, Pessac et tout l’Etre-Deux-Mers (avec lòi et loin gavache). Réf. : Carte ALG n° 798.
    Donc, pour Bordeaux, c’est bel et bien Lònh.

    Réponse de Gasconha.com :
    Je re-rectifie donc le titre du lòc pour "lonh", puisqu’on est près du Cours du Médoc !-)
    Que’m hètz virar com un cibòt !
    [Tederic]

  • hé les gars ! Loin des maisons vasconnes et loin de vos escarmouches gasconnes, avez-vous senti le saisissant contraste de deux époques sur la photo !!
    C’est tellement saisissant qu’on a l’impression d’un montage photo.

  • C est effectivement tellement saisissant que je me demande s il est utile de commenter.

  • Attention ! Contraste d’époque, mais surtout contraste de sociologie !
    Les échoppes de la fin du XVIIIe et du début du XIXe correspondent à un habitat de petite bourgeoise, les HLM des années 50-60, dans un premier temps, à l’accueil de populations modestes et laborieuses d’origine immigrées (Afrique du Nord, Italie, Portugal...) puis de catégories sociales dites "sensibles" de nos jours.
    L’équivalent (si on peut dire) de l’habitat de ces catégories pour la fin du XVIIIe est plutôt à rechercher du côté des masures de planches des manouvriers et autres journaliers.

  • Lòi est une déformation de Lònh à mon avis. Laissez le gavache d’Oil en pays de Benauge ! On ne le parle plus, la Gascogne a repris ses droits.

  • On a jamais vraiment parlé massivement oïl en Benauge historique (ie la Sud de l’Entre-Deux-Mers bordelais, Cadillac et Targon en gros).
    C’est surtout dans l’ancien Bazadais épiscopal entre Garonne et Dordogne qu’ont été implantées les colonies gavaches, autour de Saint-Ferme et Monségur.
    En fait, les implantations gavaches ont été très notables dans le Lot-et-Garonne moderne (Duras, Sainte-Bazeille, ...).
    Parfois également, je me demande si ce n’est pas tout l’Agenais méridional qui a été "colonisé" depuis le Périgord. Je dis cela au vu de la toponymie.
    A moins que les liens ethno-culturels préexistent, il y a très certainement unité géographique.

    Sinon, je crois que le gabay de la Grande Gavacherie est également éteint, à l’exception peut-être de villages comme Marcillac. Cela dit, le gascon du Bourgeais est également éteint à mon avis.
    Quant à Blaye, il est probable que l’on y ait parlé français sans passer par la case gabay.

  • Tu as raison, Vincent, de corriger mon imprécision.
    Je parlais bien sûr de la petite Gavacherie, donc autour de Monségur et du Haut-Agenais.
    Je n’ai jamais entendu dire qu’il y ait eu des colonies gavaches dans le pays de Benauge proprement dit, ou du moins il n’en reste nulle trace.

    Le gascon bourgeais, je ne sais pas, mais le gascon cubzaguais est resté étrangement vivace (parlé et écrit) jusqu’à une date assez récente.
    Les derniers auteurs gascons de St-André-de-Cubzac et de ses environs sont morts dans les années 50-60.
    Il reste encore pas mal de gens qui les ont connus (je m’en suis assuré personnellement).
    Et parmi ces gens (qui ont aujourd’hui passé la soixantaine), on en trouve encore qui savent parler gascon, et son capables de lire un texte, par exemple, en y mettant l’accent local.
    Pour cela, on ne peut pas dire que le gascon soit éteint en Cubzaguais.

    Pour Blaye, je pense comme toi, c’est du reste ce que dit Tourtoulon. C’est aussi ce que j’ai pu recueillir auprès de paysans de St-Savin, qui ne parlent pas gabay, mais une sorte de français très pur, un peu archaïque, sans l’ombre d’un accent. Du français du XIXe siècle, dénué de "gabayitude".

  • Il y a dans la toponymie des traces nettes d’implantations gavaches en Benauge, ainsi que dans les patronymes locaux.
    Certaines études du XIXème siècle planchent sur le fait qu’au XVème siècle, la population gavache était majoritaire en Entre-Deux-Mers. Cela me semble difficile à croire.

    Si je prends une commune comme Saint-André-du-Bois sur l’IGN, c’est notable : Gillardeau, Limoges, Charlot, Chamouneau, Daviaud, ... qui voisinent avec des toponymes très gascons : Carbouey, Hourquet, Les Peyrères, Bidalet, ...

    BBF voulait expliquer le village de Gironde-sur-Dropt par le gabay également, en disant que Gironde serait la forme saintongeaise pour Garonne.
    Je pense que c’est archi-faux, "gironda" est l’évolution classique romane avec de nombreuses variantes du celte icoranda qui est un toponyme de frontière supra-commun en France (Guirande, Ingrande, Guironde, ...) et qui indique en l’espèce la frontière entre Bordelais et Bazadais, tout comme l’estuaire homonyme est la frontière entre Bordelais et Saintonge.

    Pour Blaye, ce qui me décide à élaborer une telle hypothèse c’est l’existence bien trop dense d’une forte toponymie gasconne en Blayais (mais pas en Vitrezais) et je me demande s’il ne faudrait pas dater la francisation du Blayais de l’époque de la reconstruction de Blaye et donc de l’afflux de soldats.
    Ou alors élaborer l’idée que les migrants avaient une origine différente, plus septentrionale (ce qu’une étude patronymique confirme en partie).
    Guilhem Pépin sur la liste G(V)asconha Doman indiquait que la ville de Blaye répondait en gascon à Bordeaux tout au long du Moyen-Âge.
    Parallèlement, je ne sais plus où j’ai trouvé que le Vitrezais avait appartenu à la Saintonge auparavant.

    J’ai eu l’occasion de l’expliquer, à mon avis la frontière était à Anglade là où commence le marais. Les paroisses Saint-Ciers, Saint-Aubin, Saint-Caprais, ... sont ultérieures.
    Ce marais portait tout simplement le nom en gascon bordelais de "lo brau", d’où Braud-Saint-Louis.
    Les paroisses d’implantation ancienne comme Marcillac ou Reignac dépendaient au religieux de Montendre je crois bien.
    Il devait y avoir un établissement religieux isolé à Pleine-Selve, autrement dit selon BBF "la forêt à perte de vue".
    Reste Etauliers qui de toute façon fait preuve d’une mutation limousine (ce serait Estableys en gascon, non ?).

  • David,

    Quand vous dites que la Gascogne a repris ses droits, vous n’êtes pas vraiment sérieux n’est-ce pas.
    Je ne veux pas faire celui qui joue le rabat-joie en permanence mais j’espère que vous gardez les yeux ouverts et ne vous bercez pas d’illusions. Le tout dit sans acrimonie aucune.

  • Pour les toponymes de frontière, je pense que tu peux ajouter Eygurandes (Corrèze), frontière entre le Limousin et l’Auvergne.

  • Estableys/Estauleys*

  • Il y a des traces d’implantation de populations d’Oil en E2M (lieux-dits Bersuyre, par exemple) mais aussi ailleurs en Gascogne.
    Ainsi, en Bazadais, Marsan et Labrit, des patronymes comme Chaigneau,
    Manceau, Saige (famille de robins venus de l’ouest de la France vers le règne d’Henri IV) ou encore Léglise, Baigneaux, et même Lavigne (si c’était gascon, on aurait la forme Labigne) ou Vigneau (on aurait Bigneaux).

  • Oui, M. Lartigue, je vois ce que vous voulez dire...

  • corpusdelaparole.in2p3.fr—crdo-FRA_33-BLASIMON_SOUND

    Le parler de Blasimon, en Entre-deux-Mers.
    Du gascon bordelais, dans lequel on peut trouver quelques éléments curieux, rattachables aux parlers occitans voisins (limousin, nord-languedocien), notamment la vocalisation du "s" de l’article défini pluriel, ainsi que la chute du "s" du pluriel (lei bèu, les boeufs, lei prat, etc.)
    Il me semble aussi qu’elle prononce le preterit de verbe avoir à la 3e personne "avu", ce qui est aussi un limousinisme, non ?
    Les sources imprimées en pays réolais attestent l’existence de cette vocalisation.

  • corpusdelaparole.in2p3.fr—crdo-47-BALEYSSAGUES_SOUND

    Le collectage pour la commune de Balayssagues, dans le pays de Duras, c’est à dire en pleine Gavacherie.
    On constate que ce n’est plus du tout de l’Oil, mais bel et bien de l’occitan (accent, conjugaisons, etc.) bien que très francisé par endroits.
    Le collectage date de 1970.

  • Je pense que Léglise, Blaigneaux, Lavigne et Vigneau sont des patronymes gascons passés au crible de l’orthographe française.


     Léglise : densité énorme en Bazadais, aucune attestation dans l’Ouest. C’est clairement un nom d’origine comme la plupart des patronymes gascons, francisés par l’état civil.


     Baigneaux : attesté à Escoussans, ne peut signifier que "originaire de Baigneaux" là encore francisation orthographique de "Bagnaus" (Banials en 1097).


     Lavigne : dans la mesure où le patronyme a sa plus forte densité en Béarn, il est difficile d’y voir un patronyme gavache. Là encore, ou bien francisation phonétique, ou plus simplement force de l’écrit qui rappelle une époque où l’on écrivait encore le gascon avec v pour b. Curieusement, c’est Labigne qui est un patronyme normand !


     Vigneau : simple variante orthographique de Vignau à mon avis, d’autant que là aussi, le foyer béarnais est imposant.

    Pour le reste, Chaigneau est un patronyme vendéen qui est présent en Entre-Deux-Mers mais il n’est pas attesté avant le XXème siècle dans les Landes.
    Il est alors probablement le témoignage des installation des paysans poitevins dans les Landes, entreprise de colonisation de l’Etat français qui a également installé des Italiens dans le Gers, des Bretons en Agenais, puis plus récemment les rapatriés d’Algérie. On en pense ce qu’on veut, en tout humanisme évidemment.

  • Je suis OK pour la fin, ainsi que pour Baigneaux.
    Admettons pour Vigneau (Vinhau ?, d’autant que Vignal existe en langedocien), mais Lavigne...
    Remarque, il y a bien Lavergne, avec un "v", en Gascogne, alors...

  • Très intéressants enregistrements de l’ALLOc !
    Comparez Beaupuy en Marmandais gascon et Cambes en zone plutôt guyennaise : l’accent gascon du locuteur de Beaupuy est tonitruant.

    corpusdelaparole.in2p3.fr—cnrs.fr:crdo-47-BEAUPUY-2_SOUND

    orpusdelaparole.in2p3.fr—cnrs.fr:crdo-47-CAMBES_SOUND

  • C’est tout de même assez rageant que certains enregistrements indubitablement gascons comme Fauillet, Beaupuy ou Clermont-Dessous soient classifiés Occitan/Languedocien ...

    Sinon, vous avez remarqué ?
    Le locuteur de Beaupuy dit "la lube" pour "la lune". Comme à Bayonne au fond et comme dans l’Ouest landais.

  • Avant d’arriver à "lube", on trouve la forme "luoue", "tuoua", "uoue", etc. dans le centre et l’ouest des Landes.
    Ces formes, on les retrouve aussi en Bazadais. Je ne m’étonne donc pas que cette résolution en "b" existe à côté, en Marmandais gascon.

  • Je voudrais faire une juste une petite rectification pour David :
    Les grands ensembles et "barres" que l’on a construit dans les années 50 60 avant de devenir des HLM avaient été construits pour les classes moyennes et cadres désireux de vivre dans un confort "moderne" et de quitter un monde qui ne correspondait plus à leurs "codes" (voir les films de J Tati qui donnent une image de la métamorphose des années 50-60) ;

    Ce n’est que vers le milieu des années 60 années 70 que l’on vit arriver les premiers immigrés pour ensuite voir arriver la dernière grande vague d’immigration au milieu des années 70 jusqu’aux années 80 (d’où sortent les catégories dites sensibles de nos jours).

  • Vous avez raison. Mais les films de Jacques Tati - Mon Oncle, bien sûr - montrent les classes moyennes à "supérieures" mutant plutôt vers des banlieues pavillonnaires, avec garage et jardinet.
    Pas vers les barres, et notamment celles de la première génération de HLMs (vers 1950) : pas de balcons, parfois pas d’ascenseur, peu de lumière (des petits carreaux) et du béton à l’infini.
    Un peu plus tard, un nouveau concept de résidences pour cadres et fonctionnaires supérieurs a vu le jour, avec beaucoup plus de verdure et des baies laissant passer davantage de lumière (années 70).

  • Une petite précision au sujet de la forme bayonnaise pour dire "la lune".
    Ce n’est pas "la lube" comme dans le Marmandais gascon mais "le libe". De même que "une" est "une" à Marmande et "ibe" à Bayonne.
    Quant à la vocalisation hors liaison du s final, c’est une caractéristique des parlers "guyennais", de même que l’article défini pluriel est le même pour le masculin et le féminin, "léz-" devant voyelle et "léy" devant consonne.
    Ce phénomène est déjà amorcé aux portes de Marmande, à Beaupuy où l’article "léz-" devant voyelle et "lés" devant consonne est utilisé aussi bien au masculin qu’au féminin.
    A Marmande, on fait la différence entre le masculin "lous/louz-" et le féminin "lés/léz-".
    C’est dramatique de voir à l’écrit les formes "los" et "las" pour des parlers qui ne connaissent que la forme orale "lés/léz-" aux deux genres comme en guyennais, ou bien la forme "lés/léz-" pour le féminin dans les parlers de l’Entre-deux-Mers et du Marmandais gascon.
    On est alors aux confins de l’idéogramme. On en revient toujours à cette nécessité première que serait une révision de la graphie classique dans un sens de plus grande adéquation graphie-phonie.


Un gran de sau ?

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