Parents opposés à la section francais-basque Vincent.P

- Vincent P.

Dans la série majorité/minorité, redéploiement de la population, culture nationale, mondialisation, les conséquences pratiques :

www.sudouest.fr—parents-opposes-a-la-section-francais-basque

Grans de sau

  • Alors évidemment, il y a un contexte à analyser, le besoin réel d’une telle formation, le fait que le basque n’est pas la langue vernaculaire d’Anglet, mais à mon sens, ce n’est pas là le sens des réactions des parents qui sont simplement hostiles par principe à l’enseignement du basque.

  • Une fois de plus, on voit poindre la demande d’un enseignement bilingue anglais-français.
    Et un enseignement d’immersion unilingue anglais ne serait pas pour déplaire à certains, je suppose...
    De même, dans certains pays (l’Egypte par exemple), la bourgeoisie envoyait ses enfants au lycée français...
    Mais comme toujours, l’excès nuit. A force d’utilitarisme, on risque de donner aux enfants des formations bancales, et de leur faire manquer des connaissances... utiles.

    Etre à Anglet et ignorer ou mépriser le fait qu’à 50 km, il y a un peuple qui se bat pour survivre et qui y réussit en partie, ce n’est pas très malin.
    Bon, peut-être que certains de ces parents ne seront plus là dans deux ans, mais à Bordeaux, Lyon ou Créteil...
    Et que, la nostalgie aidant, ils se vanteront d’avoir vécu au "Pays basque" ou se plaindront d’avoir dû le quitter...
    Mais tout ça, c’est encore une confirmation qu’une langue peut difficilement survivre si elle n’est pas langue préférentielle d’une communauté forte et stable économiquement et identitairement.
    A bons entendeurs gascons, salut !-)

  • Le basque n’est pas la langue vernaculaire d’Anglet, c’est vite dit.
    Moi je dirais le basque n’est pas la seule langue vernaculaire d’Anglet.
    En tous cas d’après Goyhenetche :
    lapurdum.revues.org

  • Dans l’état actuel de l’Education Nationale (française), la qualité de l’école peut faire la différence entre les filières (basque, française, non confessionnelle, catholiques mono- ou bi-, hors-contrat, etc.).
    La concurrence "interne" entre écoles basques est une saine émulation ; avec les écoles françaises, c’est une rivalité qui devra prendre fin, d’une façon ou d’une autre.

    Capitale aussi dans le succès d’un système d’enseignement est la capacité des écoles à favoriser un emploi au pays pour les jeunes qui en sortent.
    Les filières basques se renforceront si elles reconstituent un vivier professionnel basque correspondant à leur région d’implantation.

    Il y a d’autres facteurs.
    On ne le dit pas assez, la ’récupération de la langue’ dans la Communauté autonome d’Euskadi, dans la Communauté forale de Navarre et dans le Dépt fr. des Pyrénées-Atlantiques dépend de la démographie des bascophones. C’est le coeur du problème.
    En Espagne, une fois adapté le système scolaire, le ’taux de reproduction des langues’ se confond pratiquement avec celui des groupes ethniques en présence.
    Le bilinguisme potentiel, périphérique, ne pourra jamais remplacer le dynamisme du groupe central, sinon sur le papier.

    Il y a donc à Anglet un conflit pour le territoire culturel, et pour le territoire tout court, entre des indigènes (on peut les dire tels) minoritaires et la société qui les englobe.
    Que des citoyens français, parmi lesquels sans doute des natifs du "Sud-Ouest", soient insensibles à la thématique basque, à l’enracinement concret sur une terre, aux solidarités et aux devoirs que cela induit, etc., ne m’étonne pas. C’est une conséquence logique de l’écolage français.

    Les revendications de pseudo-blinguisme franco-anglais en vase clos relèvent de l’attardement des modes.
    Ces parents d’Anglet qui "se foutent du basque" (cf. Sud-Ouest) se font beaucoup d’illusions.
    Dans les temps qui viennent, un peu de mauvais ou de bon anglais ne sauvera personne, mais l’esprit du lieu et la volonté de permanence collectivement exprimée.

  • Une question : Anglet étant traditionnellement gasconophone (ce qu’elle n’est sans doute plus qu’à la marge, francisation aidant) et étant le siège d’Aci Gasconha (et de nos amis los Pingorlats, si je ne m’abuse), abrite-t-elle une calendreta ou à tout le moins une classe de gascon (occitan gascon, je suppose) ? Miquèu devrait pouvoir nous dire ça.

    Réponse de Gasconha.com :
    "calandreta", Gerard !

  • L’occitanisme dans le "64" a abandonné le BAB dans le souci d’éviter la guéguerre avec les Basques, pour continuer à tirer profit de leur dynamisme auprès des institutions départementales.

    Il faut ajouter que cela arrangeait bien les occitanistes béarnais qui ont ainsi pu développer un imaginaire historique coupé de la Gascogne maritime, dans un double objectif :


     Faire du Béarn un interlocuteur direct du Languedoc ou de la Provence en sautant l’étape gasconne.


     Occitaniser le Béarn en faisant oublier aux Béarnais qu’ils se sentaient bien plus à l’aise à Mauléon ou Bayonne qu’à Béziers ou Marseille.

    Certains milieux régionaux basques ne sont pas innocents non plus, eux qui vomissent tout ce qui est gascon, et plus particulièrement béarnais. Phénomène classique qui voit dans la culture romane vernaculaire le cheval de Troie de la francisation (pareil en Biscaye avec les populations cantabres des Encartaciones).

    Cela dit, il y avait dans le militantisme basque des gens ouverts à l’idée d’une communion vasconne, qui aurait réconcilié les Bayonnais (farouches patriotes gascons et bascophobes, cela a bien changé), les Béarnais et les Basques. Il n’est pas trop tard aujourd’hui, l’institution permettant ce dialogue existe encore, c’est le département des Pyrénées-Atlantiques.

  • Je pense qu’il y a beaucoup de vrai dans la lecture psychologique (psychosociologique sans doute), que fait Vincent de ces doubles mouvements de rejet dont beaucoup se passent sans doute dans l’informulé voire l’inconscient.
    Comme lui, je serais heureux que nous abordions des temps nouveaux à cet égard (sans trop en voir les prémisses).
    Quant au département des PA, j’ai l’impression qu’il est plutôt vécu comme une fatalité administrative subie que comme un lieu d’échange volontaire (mais je n’en suis pas ressortissant et bien des choses peuvent m’échapper).
    Cela dit, si était créé un nouveau département des PA limité à sa partie occidentale (ce qui est la réalité géographique des Pyrénées baignant dans l’Atlantique, le Béarn restant à part), je crains que la gasconité n’y soit alors doublement et définitivement laminée... sauf si ces temps nouveaux arrivent,en effet !
    Mais cela ne me donne pas de réponse à la question sur les éventuelles classes gasconnes du BAB !
    PS Merci à Tederic pour la correction !

  • Je suis pour la disparition des PA à condition que Béarn et Pays Basque continuent à dialoguer à l’intérieur d’une région vasconne alors, du moins hyper-gasconne (64+65+40+32).
    Pour le reste, il y a de vraies lignes de fracture dans le dit 64, mais plus entre la côte et l’intérieur, les Souletins se sentant par exemple assez peu solidaires des initiatives proprement basques, pour cause, que ce soit au Nord ou à l’Est, la vallée est complètement ouverte sur le seul Béarn ...

  • Qu’est-ce qu’une initiative proprement basque et qui sont "les souletins" dont tu parles ?

  • Par "proprement" basque, j’entendais une initiative inspirée de la pensée abertzale, patriote donc, de la fronde contre la Chambre d’agriculture de Pau jusqu’aux projets de redécoupage interne au département.

    Dans tous ces cas, il est évident que les Souletins, par leur vote, par le choix de leurs élus, sont bien souvent plus en phase avec les Béarnais qu’avec les autres Basques, à l’avant-garde d’un projet national qui a moins de succès en Soule, même si on peut constater un rattrapage dans la jeunesse.

    Du reste, il est évident que les Souletins qui vivent entre Mauléon et Oloron (référence ultime des Souletins : il y naissent, ils s’y font soigner, ils y font leurs courses, ... et plus loin Pau est la première ville souletine) ne peuvent pas avoir la même vision de leur espace de vie que les Basques du fin fond d’Arnéguy.
    Et au demeurant, tout, dans les paysages, l’architecture, les modes de vie, font de la Soule déjà une vallée des Pyrénées centrales. Qui a miraculeusement conservé l’usage du basque.

  • Je pense que c’est une partie de la vérité.
    C’est vrai que la Soule a toujours été un peu à part. J’ai l’impression que les souletins sont avant tout souletins, ni "manex" ni "kaskoiñ".
    Ils ne peuvent pas avoir la même vision de leur espace qu’un type d’Arnegi, pas plus qu’un type de Ciboure n’aura la même qu’un gars de Helette.
    Mais comme tu l’as dit ils ont conservé l’usage du basque et c’est bien ça qui est important.
    Nombre de souletins sont ambassadeurs de la culture (Mirande, Etxart, Oyhenart ….....) et même de l’agriculture basque puisque Jean Pitrau par exemple est à l’origine de la création d’ELB et donc « par ricochet » d’EHLG.
    Il me semble aussi qu’une majorité d’élus souletins s’était prononcée en faveur de la création d’un département basque (à verifier je trouve plus la référence).
    Dans un autre domaine les entreprises souletines ont été rattachées à la CCI de Bayonne et les missions locales voulaient aussi être rattachées à Bayonne, je ne sais pas si ça s’est fait.
    Tout ça pour dire que ce n’est pas aussi simple, la Soule est à un tournant actuellement et si l’architecture, le mode de vie et les paysage font d’elle une vallée des Pyrénées centrales, sa langue, son tissus associatif et sa jeunesse fait qu’une partie se sentira de plus en plus « solidaire des initiatives proprement basques ».

    PS : Le dialogue entre basques et gascons existe depuis un bail, je vois pas pourquoi ça s’arrêterait, département basque ou pas.

  • C’est aussi ce que je constate, un "rattrapage" en Soule des codes politiques du reste du Pays Basque.
    Qui est parallèle d’une réorientation vers Bayonne.
    La Pau-Oloron pourrait changer cela en faveur de Pau (j’y suis favorable, mais ce n’est pas le lieu d’en parler).

  • C’est le deuxième cas rapporté par la presse après la polémique qui a eu lieu à Orthez-Chaussée de Dax.
    Mais qui sait encore que le nom de l’école en question est : JUSTIN LARREBAT. Un poète gascon du XIXè siècle, né à Bayonne (1816-1868).
    Et l’enseignement du GASCON,langue de pays, de région et de terroir ???
    Mais que ce département est riche en langue basque et gasconne : gascon noir, béarnais, souletin, navarrais, labourdin...
    "Redreçats-bous, tournats rebade" !
    (vers emprunté à Larrebat, poème : Au gazoun,1845).

  • La mutation du vote basque sous l’influence du patriotisme basque est très claire sur les cartes suivantes :
    www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012

    Regardez le vote Poutou, Joly ou même Cheminade. Le passage d’un vote RPR à un vote alter dans les pays de langue basque est assez remarquable mais c’est un phénomène semblable au transfert du carlisme vers les partis abertzaleak en Guipuzcoa (moins en Biscaye qui reste PNV). Bayrou fait figure quant à lui de lien entre Basques et Béarnais.

    Je ferai plus tard une analyse globale des résultats pour la Gascogne, avec notamment la vallée frontiste qu’est la vallée de la Garonne (électorat pied-noir/italien de seconde génération, société du pavillon à son maximum, confrontation plus forte avec les populations immigrées + l’exception médoquine).

    Réponse de Gasconha.com :
    On attend tes prochaines analyses avec impatience.

  • La vallée de la Garonne, frontiste ? Ah !? Pas en Gironde du moins. A part le Podensaquais qui est à droite, le pays garonnais est PS/PCF.
    Le FN c’est plutôt , me semble-t-il, vers Pujols/Pellegrue/Castillon....... ce à quoi nous ajouterons le Bassin qui est bien à droite. Le Médoc je ne sais pas.

    Réponse de Gasconha.com :
    Reportez vous à la même carte du "Monde" en cliquant sur "Marine le Pen" pour avoir ses résultats.
    On y voit nettement une trainée qui part du Médoc (très fort pour Marine Le Pen, et on attend l’analyse de Vincent), qui passe par le Blayais et le nord Gironde et qui rejoint "l’arribère" de Garonne, peut-être vers La Réole ou Marmande, et va jusque vers Montauban.
    Si on clique sur 2007, on s’aperçoit que la même trainée existait déjà pour Jean-Marie Le Pen. La "hilhe" semble avoir amélioré les résultats du père spécialement en Médoc et en nord-Gironde.

  • Il faudra faire une analyse département par département, mais en traçant "a bisto de nas" la Garonne sur la carte du vote lepéniste fort, il y a clairement quelque chose qui apparait.
    Carte

    On peut faire une analyse simple de l’embouchure à la source :


     Médoc : crise viticole, vote chasseur (même chose rive saintongeaise il semble).


     Graves : il semble bien que rive gauche entre Bordeaux et Langon, cela prenne moins, encore que le FN fait son plus gros score à Bègles depuis des années


     Réolais-Agenais : il ne faut pas se mentir, c’est la confrontation des immigrés italiens de 3ème génération, des pieds-noirs avec les populations nord-africaines en nombre à Marmande, La Réole voire Tonneins.
    C’est une ancienne région rad-soc, à vocation maraichère, une telle mutation ne peut s’expliquer que par ces mouvements démographiques. Montauban prolonge ce foyer (je sais personnellement que le vote FN y est fort, sauf au centre-ville boboïfié comme partout, même raison qu’en Agenais).


     Toulouse : il semble que la gauche a repris son bastion abandonné aux Baudis dans l’après-guerre. C’est une Nantes du Sud-Ouest en somme : esprit bobo, classes moyennes voire supérieures (Airbus, ...), salariat.


     Volvestre/Bas-Comminges : là c’est plus prolo, c’est la grande banlieue "blanche" des déclassés qui font construire le petit pavillon merdique, je renvoie à nos analyses récentes sur ce phénomène.
    C’est marrant comme le paysage parle pour les votes en somme.
    Même chose dans la vallée de la Lèze et celle de l’Arize (je connais quelqu’un qui y habite, typique : 25 ans, femme, parents salariés, née à Toulouse, pavillon il y a 10 ans à 30km de Toulouse, vote FN).

    Enfin bon, tout cela reste superficiel, il va falloir éplucher canton par canton. Je constate la nouveauté de taches lepénistes dans la Haute-Lande, à quelques encablures du Bassin d’Arcachon (qui lui est une colonie de retraités qui votent UMP), clairement à mon sens la marque de la transformation de cette partie de la lande en lotissement (on en parlait récemment ici même !).

    Le reste de la Gascogne semble complètement hermétique au vote FN.

  • Le problème de l’outil Google, c’est que l’on ne voit pas les grandes tendances :


     De prime abord, on ne voit que la couleur du candidat arrivé en tête (cela ne veut rien dire Hollande en tête si derrière MLP et Sarkozy sont très haut).


     On ne connait que les 4 premiers candidats, or voir les mouvements de fond, ceux des prochaines législatives par exemple (avant la "correction" du 2nd tour : je suis pour la proportionnelle intégrale aux législatives sur scrutin de liste, réservant le scrutin par circonscription aux sénatoriales qui deviendraient une chambre des provinces, mais qu’importe), c’est aussi aller voir le vote pour les petits candidats (on ne vote pas pour un président comme pour un autre élu).


     Et enfin, on ne voit pas les grandes tendances, tel village va voter Mélenchon qui voisine avec un village pour le FN. Dans les HP, Gèdre vote Mélenchon et Gavarnie à bloc pour Sarkozy. En Béarn, Auga est très à gauche quand Momy est très à droite.

  • Mea culpa, on peut voir candidat par candidat.

  • Je comprends cette appréciation de Vincent au vu d’une carte électorale qui teint en pâle l’intensité du vote Le Pen dans le triangle gascon.
    Mais parler d’hermétisme quand les scores de Le Pen dépassent couramment 10 voire 15% n’est plus approprié.
    La Gascogne devient de plus en plus comme le reste de la France, et les différences sont quasi-résiduelles.
    J’ai observé spécialement le village natal de ma mère, Réaup-Lisse (Albret profond et déjà landais), et j’ai vu que "Marine" est en 2e position à 21,29%. Commune anciennement ouvrière (scierie, gemmage etc.) à fort vote communiste jadis. Le vote Mélanchon y a été plus fort qu’ailleurs, mais c’est résiduel, il me semble.
    Du coup, j’ai été voir d’autres communes alentours, donc toujours l’Albret plutôt landais (Sos, Durance, Caubeyres...), mais dans le département du Lot-et-Garonne. Je vois des scores "Marine" entre 20 et 25%.
    Même Gabarret (plus au sud) a 19,23%*.
    On n’est pas là en présence d’une forte immigration maghrébine, mais on n’est pas non plus si loin que ça de l’arribère de Garonne, et maintenant, les liaisons et échanges sont très faciles (en voiture) à une trentaine de km.
    Une psychose "anti-arabe" peut se diffuser.
    Il peut y avoir aussi des habitants nouveaux, marginalisés économiquement, qui viennent trouver refuge.
    Mais je me demande s’il n’y a pas aussi une conversion du vote chasseur.
    Il faudrait retrouver les scores de CPNT aux élections précédentes et voir si l’hypothèse tient le coup.

    * http://www.elections-live.com/2012/sudouest/ est efficace et rapide pour les résultats par commune

  • Par hermétisme, j’entendais le vote d’adhésion purement d’extrême-droite qui n’est pas dans la tradition gasconne, du moins ne l’était pas.

    A mon sens, une part du vote FN est constitué par le transfert de voix d’ex-communistes, d’ouvriers déclassés, du vote chasseur (cela se confirme en Béarn si l’on compare le score Nihous de 2007 avec le score Le Pen de 2012, notamment autour de Sauveterre). A y ajouter le "superstrat" pavillonnaire, oui, ces familles qui viennent se réfugier dans la campagne.

    Maintenant, la constatation, c’est bien que la Gascogne tend à s’aligner sur le vote français, du moins sur ses marges.

  • En vallée de Garonne ce ne sont pas les villes moyennes comme Marmande ou Tonneins qui votent le plus FN, j’ai l’impression que c’est plutôt leur périphérie. Mais je ne sais pas pourquoi...
    Dans les communes très rurales (genre 50 électeurs) on voit aussi le FN souvent en tête.
    Je vois là un vote contestataire paysan.

    Dans d’autres communes rurales (plus rares certes) on voit le Modem en tête, ce qui me conforte dans un report du vote paysan de la droite traditionnelle UMP vers le FN ou le Modem (assimilé dans ce cas là au centre-droit).

    Les résultats du FN cela interpellent beaucoup de monde, mais il est aussi intéressant d’analyser les scores des autres partis. Par exemple j’ai toujours pensé que les PA et les Landes étaient à droite.
    Hors le candidat UMP n’a pas vraiment trouvé d’électorat dans ces départements où le candidat PS arrive largement en tête.

  • Les Landes sont à gauche, depuis la IIIème République, il y a même en Chalosse des foyers "Mélenchon" (Dax est de droite par contre). La nouveauté, c’est le vote FN dans la Haute Lande.

    Le Béarn est clairement un pays centriste de tradition avec des foyers plus conservateurs (Montanérès, Barétous, vallée du Gave d’Oloron, plaine de Nay) et d’autres plus progressistes (Aspe, Vic-Bilh). Mais c’est vraiment le pays de Barthou ou de Bayrou ...

    Le Pays Basque est à droite, mais vous verrez que dans les décennies à venir, le travail de fond des partis nationalistes basques portera ses fruits, le vote paysan se déplacera de l’UMP vers eux. Reste la Soule qui est plutôt socialo.

  • Quant à Marmande, si la ville en elle-même ne vote pas FN, c’est pour les mêmes raisons que ce n’est pas le 93 qui vote FN ...

  • Tonneins a beaucoup voté FN : 23,72%
    Marmande, moins : 18,87%

    La différence de vote entre les deux ne m’étonne pas :
    Marmande a beaucoup plus de fonctionnaires (enseignants, rôle de sous-préfecture, hôpital...) que Tonneins, et souffre moins que Tonneins d’un sentiment de décadence, même si le Tribunal de Grande Instance a été déménagé récemment.

    Tonneins a beaucoup de retraités (voire de licenciés) de la "Manu" ex SEITA qui peuvent, parmi bien d’autres, pencher pour le FN aussi par nostalgie d’une époque "glorieuse".
    Cette ville a aussi un tissu d’entreprises moyennes et petites dont ni les patrons ni les salariés n’ont un statut protégé, et qui dans un contexte local de rejet de la population maghrébine, peuvent pencher dans le même sens. Cela dit, ils ne votent pas tous à Tonneins, parce que l’étalement rurbain y joue aussi à fond.
    Enfin, Tonneins peut, comme des communes plus rurales des alentours, accueillir les "petits blancs réfugiés" dont j’ai parlé ailleurs...

    Quant au vote paysan qui se serait reporté en partie vers le FN, je pense que oui.
    La situation des agriculteurs peut être assez diverse, mais beaucoup ont de grosses difficultés (endettement, prix de vente insuffisants...).
    Et la tradition paysanne communiste liée à la condition passée des métayers va devenir résiduelle.
    La plupart des agriculteurs, déjà "à droite" parce qu’entrepreneurs, peuvent aller à l’extrême droite pour protester.

  • Au sujet de ces échanges sur les ressorts sociologiques des résultats de ce premier tour des présidentielles (sur lesquels je serais assez d’accord), je vous suggère la lecture d’un livre paru il y a quelques années et qui a peu agité la blogosphère gasconne et autre, me semble—il : c’est l’oeuvre d’un sociologue parisien (Gérard Desportes) qui était venu il y a plusieurs années vivre dans un petit village du sud du Gers (Masseube, cher à mon coeur bien que n’y ayant jamais mis les pieds car pays natal d’un arrière-grand père).
    Venu au départ avec une suffisance d’intello parisien de gauche se penchant sur les bouseux qui votaient un peu trop à son goût pour le Front National, il en a sorti une série d’observations assez fines où, finalement, la sympathie pour lesdits bouseux observés n’était pas absente.
    Il s’agissait en fait en grande majorité de fils ou petit-fils d’immigrés (soit d’autres régions de France soit -surtout- d’Italie ) et je dois reconnaitre à mon grand regret que la gasconité n’y trouvait à peu près pas son compte, les descendants d’autochtones étant quasiment tous partis.
    Mais vous y trouverez le reflet exact de toutes vos remarques ; ça s’appelle, très justement, hélas, "Les Dessaisis".

  • J’aimerais pouvoir dire "l’affirmation d’un sentiment commun d’appartenance à la Gascogne serait une antidote au "réflexe FN""... sans avoir l’impression d’être utopiste.

    En principe, ceux qui sont "dessaisis" ont tout intérêt à retrouver un enracinement local et régional.
    Au contraire, l’appartenance exclusive et fanatique à une "grande nation française" indifférenciée est le meilleur moyen de compter pour du beurre, ou d’être de la chair à canon (cf guerre de 14).

  • Ce n’est pas utopique, ce serait probablement la conséquence d’un sentiment d’appartenance gascon, à savoir que ce dernier, sur les nombreuses thématiques du FN, imposerait une vue différente :

     Sur l’Euro : le patriotisme gascon ne peut que désirer le maintien de ce lien avec l’Espagne septentrionale voisine.


     Sur les frontières : idem.


     Sur la conception de la nation française : le FN est clairement jacobin, le discours de la fille Le Pen sur les identités régionales est très clairement hostile à l’idée régionale.
    Le nouveau FN n’a pas repris que la fonction tribunicienne du PCF, il a aussi piqué son background idéologique sur de nombreux plans (étatisme, ...).

    Au demeurant, je ne vomis pas sur ceux qui ont voté FN, je pense même que certaines thématiques doivent inspirer l’ensemble du spectre politique.
    La question de la dérégulation totale des marchandises et des migrations est une vraie thématique qui doit être traitée techniquement.
    Mais là où j’ai envie d’être cynique, c’est que si la France est peut-être menacée par les migrations mondiales dans un contexte d’endettement qui ne permet plus la mise en place de services publics forts (éducation, ...) capables de franciser les nouveaux venus (de toute façon, avec Internet et le satellite, on garde un contact avec le pays d’origine comme jamais), la Gascogne est elle-même menacée par l’héliotropisme, les migrations internes à la France, la France à l’américaine des résidences surveillées, bref la France qui vote FN.
    On est tous l’immigré d’un autre.

  • Pour les retraités qui votent FN en masse j’y crois pas trop.
    En décortiquant les résultats sur Toulouse les quartiers de ’vieux’ sont ceux où le FN est le plus bas (et Sarkozy le plus haut).
    Le FN cartonne plutôt dans les banlieues jeunes actifs et/ou cols blancs. Et ça c’est une nouveauté quand même.

  • Desman, j’ai parlé des retraités de Tonneins, dont je subodore (j’habite à Tonneins) que beaucoup votent FN, et pas des retraités de Toulouse qui sont dans un contexte totalement différent.

    Des analystes (dont Jacques Lévy, je crois), dans un récent numéro du Monde, mettent l’accent sur le fait que le lieu de résidence (urbain, périurbain, rurbain dans une aire urbaine, "hypo-urbain"=ultra-rural hors de toute aire urbaine) devient très corrélé au vote.
    Cette corrélation vote/lieu de résidence par rapport à la typologie ci-dessus est logique, puisque maintenant on choisit, plus qu’avant, son lieu d’habitat en fonction de son idéologie (je résume ce que j’ai retenu).
    Celui qui fuit le mélange fuit la ville, c’est ce que j’ai compris.
    Ce n’est peut-être pas si nouveau que ça. C’est vrai qu’il y a 50 ans, on ne pouvait guère choisir d’habiter à 50 km de son lieu de travail. A voir.

    Autre chose : par rapport aux présidentielles de 2002, il y a 10 ans, le vote FN n’a pas réellement augmenté en France. Mais il s’est peut-être étalé. Voir ce qu’il en est en Gascogne.
    Autre chose encore :
    Si dans la France de l’Est et du Nord, le périurbain est très FN, c’est moins le cas dans la France de l’Ouest ou du Sud-Ouest, où le FN croît plus loin de la ville.

    Les cartes électorales qui figurent dans "Le Monde" montrent bien que la Gascogne n’existe plus guère humainement, mangée qu’elle est par les deux immenses aires urbaines de Bordeaux et Toulouse.
    En dehors de ces aires de Bordeaux et Toulouse, il reste encore une zone sud-ouest, avec celles plus petites de Pau et Bayonne, qui rappelle un peu l’hyper-Gascogne lingüistique...

  • Je ne crois pas que la dérégulation totale des marchandises et des migrations puisse et doive être traitée "techniquement" : si elle l’est, ce sera dans le sens d’une dérégulation absolue, suivant une habitude qui me parait maintenant bien ancrée chez les décideurs politiques de tous échelons.
    C’est bien politiquement qu’il faut le régler (c a dire en principe démocratiquement) avec une définition claire et aussi partagée que possible des enjeux, des thèmes, des concepts utilisés pour éviter tout amalgame.
    Or le jeu politique se nourrit d’amalgames de tous les côtés qui empêchent une vraie réponse et donc une solution.
    Quant à la Gascogne dans tout ça, qui me parait majoritairement glisser vers la catégorie des "déssaisis" de toute sorte, urbains et ruraux, je ne sais trop ce qu’elle peut exprimer car, comme Tederic, je ne la vois guère apparaitre dans tout ça.
    Sauf à déclencher une fissure de plus, il me semble que son émergence pourrait aider à la clarification des problèmes que j’évoquais plus haut.


Un gran de sau ?

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