Leibniz a Nicaise, Brunswick, 24-08-1701 Vincent.P

- Vincent P.

"Mais voulant s’appliquer au Celtique, je voudrois qu’il tachât aussi d’éclaircir un peu le Biscayen et le Hibernois, car quoyque ces langues soyent bien differentes de la langue des Bretons de la Bretagne majeure ou mineure, qui approche de l’ancienne Gauloise, je m’imagine neantmoins, qu’elles serviroient à fournir des lumieres tant au Celtique qu’aux noms propres des rivieres et lieux de la Gascogne, où je crois que la langue Basque s’etendoit assez avant autresfois, d’autant que la carte me monstre des noms communs de lieux, où la langue Basque est encor et où elle n’est plus. Je vous prie, Monsieur, d’exhorter M. l’Abbé de la Charmoye à ces recherches."

http://artxiker.ccsd.cnrs.fr/docs/00/66/17/82/PDF/Leibniz_y_la_lengua_vasca.pdf

Grans de sau

  • Il est curieux de constater que les XVII è et XVIIIè siècle croyaient apparemment à l’unicité de la "langue celtique" ; on trouve la même confusion chez l’Abbé Baurein (les "Variétés bordeloises" (édition Princi negue) qui cherchait à la fin du XVIIIè siècle à concilier étymologies "celtiques" héritées des Bituriges vivisques dans le Bordelais et en Médoc et quelques autres origines, le gascon /vascon n’étant généralement pas nommé.

  • Il s’avère qu’on y revient, avec les dernières études qui montreraient la quasi-identité entre le celte de Gaule et celui de Grande-Bretagne.
    Sans oublier le renouveau des théories qui veulent que le breton ne soit que le résidu du gaulois, avec superstrat britannique tout au plus, les histoires d’invasions massives étant des créations françaises du XVIIIème siècle (tout comme les invasions vasconnes pour nous, comme si seul le français pouvait être autochtone).

  • "Gaulois" est un terme de convention (sans rapport étymologique avec le Ct. ’Gallia’) qui s’est appliqué à une partie du monde celtique et a fait l’objet de l’exploitation idéologique que l’on sait aux XIXe et XXe ss.

    Nous ne connaissons pas les dialectes du celtique de ’Gallie’ ou gaulois, malgré les hypothèses de J.Whatmough (’The Dialects of Ancient Gaul’, Harvard, 1970) et quelques autres. Lambert, ’La langue gauloise’, p. 19, est très réservé.
    Il existait certainement une koinè (orale) pan-celtique mais elle a péri avec la société celtique indépendante, sa religion et ses élites.

    Les parlers d’Armorique devaient être proches de ceux du S-O de la G-B, pour des raisons de communauté de peuplement, de commerce et d’administration (même sous les Romains).

    L’hypothèse d’une survie du "gaulois" dans le breton est une lubie celtomane reprise avant 1950 par F. Falc’hun.
    Il trouvait son ’gaulois’ dans les parlers du S-E, dits abusivement ’vannetais’, ce qui était une aberration tant historique que linguistique : la phonologie vannetaise s’explique en partie par un substrat roman (tandis que la syntaxe est très conservatrice). C’était aussi un credo politique.
    K. Jackson en a fait respectueusement mais fermement justice dans sa ’Historical Phonology of Breton’.
    L. Fleuriot avait envisagé de reconsidérer la question d’une tout autre façon en rapport avec l’installation des Brittons en Armorique (’Les Origines de la Bretagne’, Paris, 1981) mais il n’a pas eu le temps d’avancer dans cette direction, qui jusqu’à présent n’a apporté aucune preuve d’une survie plus longue du celtique continental en Armorique que partout ailleurs en Gaule.
    Génétiquement, le breton est du brittonique (Ct. insulaire) dont on observe l’extrême proximité avec le cornique.
    Avec le gallois on est plus loin : brittonique du S-O à distinguer du Bt de l’Est et du Nord ?
    L’identité du ’gaulois’ et du brittonique est induite de l’existence d’un groupe "P-celtique" qui les réunit (par opposition au Q-celtique, largement irlandais), mais la documentation est insuffisante pour faire de la dialectologie antique.
    Les implantations de ’foederati’’ bretons en Armorique furent planifiées avant même le IVe s., ce que révèle le réseau dense des ’ploue-’.
    De même sur le Rhin et aux postes stratégiques (Col du Brenner < Britannorum).

    De toute façon il n’y aura bientôt plus personne dans les universités françaises pour étudier à fond ces questions de linguistique historique. On ne peut pas être et avoir été.

    Pour ce qui est des peuples, les hypothèses ’anti-migratoires’ sont une mode récente, due largement à la vogue de l’"archéologie processuelle" des C. Renfrew et autres (largement démenties par l’histoire du peuplement de la G-B, le meilleur exemple du contraire !).

    Le modèle ’elite dominance’ explique dans certains cas le changement de langue, mais si les nouveaux maîtres ne sont pas assez nombreux, il n’y a pas assimilation (l’anglo-normand d’Angleterre est mort).
    Il y a les rapports de force, de prestige, et le jeu de la démographie.
    Pour tout un courant idéologique l’identité se réduit à un ’discours’, à une ’fabrication’ qui ne laisse subsister objectivement que les rapports de production et les universaux de la psychologie.
    Des historiens britanniques ont écrit il y a quelques années que "les Celtes" n’existaient pas, etc.
    Ce genre de coups médiatique devient courant dans une université qui n’a plus grand chose à dire.

    La négation de l’ethnicité relève des techniques d’ahurissement et du déni de réalité.
    Les étatistes français ne peuvent admettre que leur pays soit une construction politique récente (pas avant Clovis, voire Hugues Capet) et qu’ils n’y ait pas eu de Français sous Jules César.

    Cela dit, il est vrai qu’il y a continuité sur la longue durée pour certains éléments de la culture, de la toponymie, des langues, de la tradition, et bien sur du stock génétique.
    C’est ce qui donne à l’Europe ses caractéristiques communes (voir K. H. Boettcher, ’Der Ursprung Europas’, Sankt-Ingbert, 2OOO s. et E. Anati, ’L’odyssée des premiers Européens’, Paris).

    Il faut seulement périodiser, relativiser et apprécier les dfférentes dimensions en jeu.
    La définition d’un peuple n’est pas arbitraire, elle est cumulative et sélective, naturelle et culturelle. Le sentiment et l’imaginaire contribuent à cette objectivation. On peut toujours la contester et vouloir la dissoudre.

    Répondons ceci, qui a déjà servi :
    "Bretons, Gascons, Hispaniques, étaient déjà des noms illustres mille ans avant que le nom de France ne fût patoisé". Ou la réponse du Basque à ce noble qui se flattait de l’ancienneté de sa famille : "Oh, nous, Monsieur, nous ne datons plus..."
    Effet garanti.

  • On trouve une attitude (un préjugé, je pense) de ce genre dans l’ouvrage du Dr Jacques Lemoine "Toponymie du Pays basque et du Bassin de l’Adour"(Picard,1977) qui tient absolument à trouver des étmologies "gauloises" ou gallo-romaines partout en Gascogne (et basques... aussi peu souvent que possible, même en Pays basque) dans les toponymie des pays gascons.
    Tout cela pour étayer une commune origine celtique (pré -civilisation de La Tène) aux Gaulois et aux Aquitains.
    Des proto-gaulois en quelque sorte, plutôt que des proto-ibères ou des proto-basques.
    Tout n’est sans doute pas faux mais vraiment trop systématique pour être le moins du monde convaincant !

    Par ailleurs, je conçois mal comment aurait pu se créer, se répandre et se maintenir une "koine" (celte ou autre) purement orale.
    Les "koine" grecque et occitane me paraissaient essentiellement écrites.
    Peut-être PJM peut-il revenir là-dessus ?

  • Lemoine explique même Biscarrosse par un "vesculus" latin !
    Ce genre de négationnisme perdure, notamment dans des ouvrages récents comme celui de M. Supéry qui voit du Viking partout et pour lequel Le pays de Born est le pays de...Bjorn, entre autres.
    Une hypothèse parmi d’autres me direz-vous, comme celle qui voyait du grec (Arès, Pyla), ou de l’anglais partout (Souston = South Town, Hossegor = Horseguard).
    Cette détermination à nier coûte que coûte la vasconnité (aquitanité) de la Gascogne obéit à une volonté à peine voilée de faire entrer les parties périphériques de la France dans un cadre national franco-français gaulois, celte, franc etc...
    Bref, une vision ethnocentrée et très nationaliste française qui ne peut admettre que notre pays fut et demeure, d’une certaine manière, une mosaïque ethno linguistique, certes en voie d’uniformisation finale, avec quelques soubresauts nationaux bien gênants aux yeux des tenants de l’ethnisme national franco-jacobin.
    Cependant, les migrations internes et la substitution de population qui s’opèrent sous nos yeux sont en train de régler définitivement son compte à la diversité culturelle de notre pays.

  • Il y a sans doute différents types de koinè, mais il ne s’agit pas d’un pidgin ou d’une ’langue mixte’.
    Deux facteurs sont nécessaires : le maintien de relations entre des groupes encore assez proches par leurs dialectes, et la stabilité dans la transmission de la langue (qui freine sa dialectalisation).

    Comment la situation se présentait-elle dans l’Europe préhistorique ? L’étude des substrats est délicate.
    L’anthropologie culturelle et la typologie indiquent cependant des modèles que la reconstruction linguistique peut aider à préciser.

    La communication varie avec le type de société. Les relations à longue distance (réseaux de chasseurs et pêcheurs apparentés, éleveurs nomades du Nord) nécessitaient un minimum de bagage linguistique commun ou l’entretien d’une communauté d’origine quand elle existait. Avec la néolithisation agricole, la fragmentation devait être la norme dans les sociétés paysannes (du moins dans le modèle néolithique européen).

    On situe au cuprolithique la période d’expansion des Indo-Européens. Le modèle est celui d’une société faite de lignages rivaux mais apparentés, mobiles et unis par des liens d’échanges et de conflit. Les alliances matrimoniales et stratégiques s’y font entre aristocraties de même niveau : plus on est puissant, plus on a des alliances au loin (principe proto-féodal).
    Ces relations entretiennent une langue de cour, de diplomatie et de poètes qui ne dure qu’autant que la société qui la soutient.
    Linguistes et philologues ont identifié un art poétique et formulaire indo-européen, qu’on atteint par la reconstruction et qui se vérifie par la comparaison entre les "littératures" romaines, indiennes, germaniques, etc.
    Le principe est le même : entretien de la culture orale (qui fait référence) par les aristocraties concurrentes et les ’poètes de cour’ ambassadeurs, généalogistes et connaisseurs de la jurisprudence.
    Un livre récent de M. West, ’Indo-European Poetry and Myth’, Oxford, 2007, fait comprendre ce dont il s’agit.

    La "société héroïque" qui se manifeste en Europe aux âges des métaux était stratifiée et mobile. La société celtique était globalement de ce type. Les Celtes connaissaient l’écriture mais ne l’employèrent que dans un cadre urbain tardif. Leur tradition était orale, comme le rapporte César, B. G. VI, 13 ss.
    Les relations à longue distance sont attestées ainsi que le déplacement de peuples entiers (grande expédition des Balkans, etc.).
    Ce n’est pas seulement la langue qui est en cause mais le contenu de la tradition (droit, coutume, religion, mythes, épopées, généalogies, sciences, etc.), qui devait être mémorisé et actualisé dans des formes héritées et contraignantes.
    Aux tendances centrifuges de la différenciation locale s’opposent l’activité des dirigeants et le conservatisme des spécialistes du formulaire, de l’art poétique, etc., qui de plus voyageaient beaucoup.

    L’existence de koinés se constate dans toutes les cultures orales de ce type.
    Cela ne signifie pas que toute la population y avait recours. Ce qui doit être considéré ici est la qualité des institutions orales (bardes, aèdes).

    Les sociétés de tradition orale semblent à cet égard beaucoup mieux entretenir leur patrimoine que les autres. Mais quand elles s’effondrent, quand la langue disparaît, il devient difficile d’en trouver trace.

    Les koinés écrites sont parfois très composites. Par écrit on peut se contenter d’un habillage minimal, le lecteur (supposé instruit) s’adaptera.

    L’étude de la toponymie exige des connaissances qui se font rares dans l’université. On répète surtout le XIXe s. et la première moitié du XXe. La France offre au toponymiste un champ d’études idéal, mais qui manque de bras. Les études de dialectologie ont subi un coup d’arrêt en 1914 (c’est ce que déclare A. Dauzat dans ’Les patois’, Paris, 1927). Même chose pour le folklore et ce qui touche à l’identité humaine.
    Mais il y a autre chose : Cela faisait déjà bien longtemps (depuis le XVIe s. au moins) que l’éducation des élites avait condamné en France tout ce qui ne ressemblait pas au langage des clercs (y compris le beau langage francien).
    Le mépris des dialectes et des parlers accompagne le refoulement du monde paysan et la normalisation des sujets.
    Le ’nationalisme français’ repose sur une nation fantasmée et débarrassée de ses attaches. C’est largement une idée universaliste dans son principe et sa fin, ouverte à l’homme abstrait.
    Par l’école, l’Etat ou le marché, c’est l’horizon politique commun. Libre au peuple fançais de se reconnaître ou pas dans cette merveille hors-sol. Cela traduit un malaise fondamental dans la culture.
    Pratiquement les citoyens fançais sont voués à la non-identité. Les Gascons comme les autres.

  • Autre raison de l’intéret pour "le celtique" : la recherche d’une explication à tout ce qui était pré-romain.
    Comme on ne connaissait pas de population plus ancienne que les Celtes, on l’a recouvert de l’étiquette ’celtique’.
    Ainsi les mégalithes des Ve et IVe millénaires sont devenus "gaulois", idée celtomane prolongée par le crypto-Français Astérix.
    De même jusqu’au XVIIIe siècle on avait recours aux ’Scythes’ qui présageaient chez certains excellents érudits (Pelloutier) les ’Indo-Européens’ pas encore reconnus.

    L’histoire de la redécouverte des Celtes anciens par les érudits du Moyen Âge au XVIIIe s. et ses conséquences "idéologiques" et politiques est bien résumée au premier chapitre du livre de T. D. Kendrick, ’The Druids’, Londres, 1929, souvent réédité (bien que le commentaire général ait inévitablement un peu vieilli).
    Une autre étude critique est celle du Prof. Ronald Hutton dans sa ’Mount Hameus Lecture’ n° 1 (lisible sur Internet).
    C’est aussi une redécouverte de l’imaginaire.

    En fait les peuples ont besoin de mythes d’origine pour maîtriser leur temps et leur espace.
    L’enquête sur les langues est aussi une quête d’authenticité. Je ne crois pas qu’il y ait eu de conception mythique de la langue gasconne comme il y en a eu pour l’irlandais ou le basque.
    Ce serait à rechercher dans les auteurs des siècles passés. Adam et Eve parlant basque au Paradis ? Ou plutôt le diable ? Ou le diable parlant gascon (avec son hilh, si souvent invoqué...).

  • La théorie des invasions celtes date du 19ème siècle avec Loth, pour tout le monde avant cette publication, le breton n’était que ce qui restait du gaulois, refoulé à l’Ouest, ce que corrobore assez bien la limite des langues telle que reconstituée par les toponymistes, à savoir que Nantes et Rennes ont été vectrices de romanisation.

    Voir l’article suivant de Bernard Tanguy :
    http://www.persee.fr/articleAsPDF/abpo_0399-0826_1980_num_87_3_3016/article_abpo_0399-0826_1980_num_87_3_3016.pdf

  • L’idée d’une continuité gaulois-breton est due aux XVIIIe et XIXe siècles celtomanes (Pezron, Camby), très anxieux d’Antiquités nationales.
    Vers 1950 on a tenté de la remettre en selle dans le cadre de l’université.
    Les celtisants n’ont pas suivi : ni Gourvil, ni Piette (A. Even), ni Guionvarc’h, ni Gw. Le Duc, ni les meilleurs toponymistes (P. Quentel).
    B. Tanguy a relancé cette idée dans sa thèse sur les noms en -ac. Par la suite ses grandes études sur les noms et l’histoire des paroisses renvoient évidemmentr à des éponymes insulaires. Rien sur l’hypothétique gaulois.
    Tanguy a aussi étudué de façon pertinente la naissance des diocèses bretons.

    Les noms vieux-celtiques en Bretagne sont passés par le roman (stade -ac) et certains sont restés en breton, dont le plus signifcatif de la romanisation est celui d’Ouessant, Eusa, qui eût été /yxa / s’il y avait eu continuité avec le ’gaulois’.
    La ’ligne Loth’ s’appuie sur des topons bretons (Plou-, etc.). Elle a depuis été revisée par Fleuriot (ligne ’lis-, kran, kili, coet-’) et par E. Vallerie. Dans son ’Traité de toponymie historique...’ / ’Pleustrad lec’hanvadurezh...’ E. Vallerie admet que le gaulois a pu survivre jusqu’à l’arrivée des Bretons au N-O d’une ligne Quimper / Tréguier. Langue ou habitudes articulatoires ? Fleuriot non plus ne tranchait pas. Ce ’bas-gaulois’ ne se laisse pas saisir. Dans son étude ’Communes bretonnes et paroisses d’Armorique’ Vallerie montre la solidité des ’primitives bretonnes’ et la progression de leur réseau.

    Il n’y a pas eu de ’migration bretonne’ mais une implantation planifiée de Foederati bretons en Armorique dès le IIIe s. puis massivement au IVe.
    L’ignorance ou la sous-estimation des sources historiques (Zosime, Procope, Panégyrique de Constantin, etc.), le rejet des historiens bretons (Le Baud, Chronique de St-Brieuc,Livre des faits d’Arthur), le rejet des vies de saints, l’ignorance de sources insulaires (Breuddwyt Macsen) qui toutes vont dans le même sens ne suffisent pas à expliquer le refus de la "brittonisation".
    En fait, dès le XVI s. l’historiographie française se devait de montrer que l’installation des Brittons en Armorique était postérieure à la fondation du royaume des Francs.
    Enfreindre la régle provoquait la censure royale (au XVIIe s). Il a fallu la redécouverte des textes par A.
    De Courson, Loth (chronologie trop basse), Fleuriot (’Origines’) et la lecture des écrivains britanniques pour lever le voile sur l’histoire des origines bretonnes et rétablir ce qui était la tradition historique constante avant la seconde moitié du XVIe s. Depuis la mort de Fleuriot, c’est le vide.

    Il est de bon ton aujourd’hui de minorer le caractère massif des implantations bretonnes. Effet de mode ? Sans doute pas seulement.

    Il y aurait beaucoup à dire sur ces sujets. On ne saurait assez souligner les ravages du mythe ’gaulois’ dans l’Hexagone. Le reste de l’Europe parle de Celtes. Cf. M. Dillon et N. K. Chadwick, ’Celtic Realms’, V. Kruta etc.

  • L. Fleuriot, dans une étude de 1982 (Bull. Soc. Arch. du Finistère, CIX), admettait la survie tardive du Ct. ’bas-gaulois’ dans les régions les plus reculées de la Gallie (Massif Central, Alpes, Perche) et, pour des raisons différentes (contacts évidents), dans le N-O de l’Armorique.
    Il se serait agi de parlers très pénétrés de latin comparables pour la solidité et l’usage aux patois des "late ou terminal speakers" modernes (op. cit., conclusion).
    Il jugeait que la proximité dialectale trans-Manche devait être forte et que l’analyse de faits mal documentés reste très spéculative. Pour le reste il se déclarait d’accord avec J. Loth sur l’ampleur de l’installation des Brittons en Armorique (mais la faisait débuter encore plus tôt).
    Depuis cette date, rien de bien nouveau n’est intervenu que les travaux très sérieux d’E. Vallerie et les études de Le Moing sur les pourcentages toponymiques.
    L’archéologie gallo-romaine continue de préciser le visage de l’"Armorique romaine" (de -52 au Ve s.), dont le littoral bien romanisé, était un lieu stratégique et commercial.
    Les faits avancés sur le ’gaulois tardif’ sont contradictoires et à mon sens peu probants.
    Lambert fait s’éteindre les parlers celtiques du continent au deuxième s. p. C. (avec un " ?").
    Finalement le brittonique n’explique pas mieux le ’gaulois’ que ne le fait le vieil-irlandais.
    Quelques noms de cités ’gauloises’ ont subsisté dans la partie romanisée de l’Armorique (Vannes, Corseul, etc.), à l’ouest ils ont cédé la place aux ethnonymes bretons ("Ac’h" est un vestige)
    On relève que les noms (moyen-)bretons de Rennes et de Nantes sont dus à l’accentuation celtique ancienne tandis que les noms français sont dus à l’accentuation romane : ’Redones’ et ’Namnetes’ étaient connus en Grande-Bretagne bien avant que les Romains n’en entendent parler.

    Rien non plus dans la tradition narrative qui ne s’explique en Bretagne par le fond commun étudié par Propp (pour le plus ancien) et par la tradition brittonique (comme l’a montré Donation Laurent).
    Survivance toutefois de circuits comme les Troménies, mais c’est le folklore européen en général qui doit être alors interrogé.
    Bref, la rupture avec le monde dit gaulois fut effective, notamment par la romanisation de Vannes, centre de la thalassocratie vénète.

    Ce sujet nous intéresse dans la mesure où il montre que le couple histoire-toponymie doit être manié avec précaution.
    De plus bien des faux problèmes surgissent quand on coupe artificiellement l’histoire d’une région de son cadre géographique sur la longue durée : les événements bretons ne se comprennent que dans le cadre des thalassocraties atlantiques, insulaires et péninsulaires dès la protohistoire sinon plus haut.
    Si on suit les frontières modernes, on ne comprend plus et on réduit anachroniquement la question.

    Dans le cas gascon, une analyse de substrat est possible sans ambiguïté, du moins au nord des Pyrénées. C’est au moins une détermination assurée.


Un gran de sau ?

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