Noms de maisons d’Anglet P. Dibon

Adishatz a tots, gascons, gasconhautes e vascons :)

Après m’être intéressé aux maisons d’Urcuit, je me lance maintenant avec Anglet.

Voici donc, pour le quartier ANGLET DE HAUT, les noms qui me posent problème.

Aubrane : ?

Bouney : Etait Bonneits au Moyen-Age.

Gasoun : un composé basque gatz-un, "lieu de sel" ?

Jolis : Est-ce le mot français "joli" au pluriel ? Cela serait étonnant, quoique l’on touvecertains noms français déjà au XIX°. Sinon, peut-être le basque Jauregitz réduit à Jauritz, puis Jolis, tout comme à Bardos, Jauregiberri donne Jauriberri puis Joliberry ?

Jouandourthe : je pense à un nom d’origine, Joan venant d’un lieu-dit "Ourthe", peut-être le village d’Urt, ou bien une maison ayant pour nom quelque chose comme "Urte" (basque) ?

Kracq : ??? Le vieux terme "Karr" ?

Pountric : semble gascon

Régine : le prénom français semble logique. Hector Iglesias pense au basque "erregina" (reine) réduit par aphérèse.

Tarrandelle : ?

Tartillon : semble aussi gasscon, mais je ne vois pas précisemment.

Taton : ?

Cinq pilous : gascon, mais quel sens à le mot "pilou" ?

Fortune : mot français (on a bien Plaisance, Tailleur...) ? Sinon, peut-être composé du prénom gascon Hòrt ?

Graville : semble roman

Partaïre : semble à première vue gascon (suffixe -aire ?). Mais j’y verrai bien aussi un composé basque : Barta-iri ("domaine dans les barthes"), ou Borta-iri ("domaine de l’aire") Il y a une alternance courante entre p- et -b à l’initiale, surtout en territoire sharnego.

Sandune : ?

Aloulot : à la rigueur le suffixe diminutif gascon -òt, mais quel serait le premier terme ?

Merci d’avance de votre aide !

Grans de sau

  • Je ne dispose pas de mes ouvrages de référence en semaine pour cause de vie en transit perpétuel, je confirmerai mes intuitions ce week-end.

    Aubrane : préposition "au" + "brane", probablement nom de famille (sinon ce serait féminin)

    Bouney : si l’attestation ancienne est réelle, cela change beaucoup d’hypothèses sur ce lieu-dit qui semblait bêtement un dérivé du prénom médiéval Bon

    Gasoun : *gatzun donnerait Gachoun/Gassoun

    Jolis : il faudrait voir avec les attestations anciennes, je vérifierai samedi, mais directement Jauritz est possible (composé de "jaun" maître + suffixe -itz qui souvent forme des domaines sur anthroponymes, sachant qu’en basque, n en composition devient r)

    Jouandourthe : très probablement un Jean d’Urt en effet, cf Pédurthe patronyme béarnais

    Kracq : oronyme crac ? Il peut s’agir aussi de la contraction d’un terme basque, en zone bayonnaise le suffixe basque -aga devient -ac (cf le patronyme Mendiacq)

    Pountric : la finale semble être le diminutif gascon -ic, la base le gascon "pont", reste à expliquer la formation globale, réduction de Pounteric (suffixe arium) ? Pountret à Labatut (40), Pountras à Pontenx (40).

    Régine : je ne vois pas pour quelle raison le g basque deviendrait un j intervocalique roman.

    Partaïre : très probablement la déformation de Bourtayre, connu à Biarritz, gasconnisation du basque bortairi

    Sandune : sonne basque, à creuser.

    Aloulot : préposition "a" + "Loulot" hypocoristique quelconque sur une base qui peut être variée

  • Il y a "La Poutrique" et "Boutric" à St Médard d’Eyrans et L’Isle Saint Georges (Graves) :
    http://www.gasconha.com/spip.php?page=banera&id_banera=130
    Boutric de Isle Saint Georges est attesté par Cassini).

    Mais réflexion faite, les POUNTRAS [PONTENX-LES-FORGES - 40] et
    POUNTRET [CASTEL-SARRAZIN et LABATUT - 40] rapportés par Vincent et attestés par l’IGN sont plus proches de "Pontric" (les noms morphologiquement, et les lieux géographiquement) : il n’y a que le suffixe qui change ("ic" au lieu de "et" ou "as).

  • Ils relèvent surtout du même domaine linguistique ouest-gascon, qui a tendance à réduire en faisant tomber les voyelles atones (ex : broustra, réduction de broste(y)ra, ou broy pour beroy).

    Maintenant, c’est quoi "Un Pontè(i)r" en normalisé ? Ou alors, il s’agit d’une double suffixation diminutive :
    pont + ell(um) + ic qui donnera ponteric puis pountric

    En l’espèce, il y a de nombreux Pontet mais difficile de savoir si c’est Pontèth (suffixe -ellum, serait Pontèl en languedocien, Ponteau en français) ou Pontet (suffixe -ittum, identique en languedocien et français).

  • En fait, "La Poutrique" à St Médard d’Eyrans est "La Pontrique" à Cadaujac, ce qui arrange nos affaires...
    J’ai corrigé.

  • Il est rageant de ne pas trouver de formes non-contractées en Gascogne de l’Est, genre Ponteric, si mon hypothèse est la bonne.

    A noter que plus précisément, en ouest-gascon, c’est le e pré-tonique neugue qui tombe.

    Il y a bien le lieu-dit périgourdin Ponteyraud, qui semble postuler la formation en arium + suffixe dimunitif -au (graphié à la française).

  • Il faut ajouter la rue Pontrique de Bayonne.
    Il est toujours remarquable de constater les mêmes termes d’un bout à l’autre de la Gascogne.

  • Bouney : cette maison est à mon avis la même citée en 1524 sous le nom Bonneits.
    Le suffixe aurait, avec le temps disparu ?

  • Le nom Aloulot est sans doute celui qu’on retrouve aujourd’hui sous la forme Louillot, sans la préposition -a.

  • Au quartier Le Sable se trouvait la maison Lesquerdo.

    Faut-il y voir le basque "ezker" (gascon "esquèr") ?

  • L’adjonction de l’article semble commune dans les lieux-dits d’Anglet : Esterlou devient Lesterlou, Esterlocq idem Lesterlocq.

    Lesquerdo semble bien tiré de ce qui a été en basque Ezkerdo, probablement le basque ezkerr "gauche" et un suffixe énigmatique en -o, d’où *ezkerro puis *ezkerdo par dissimilation de rr, phénomène commun sur les étymons basques (cf izquierdo en espagnol).

  • Le phénomène serait donc le même que l’on trouve avec la maison médiévale Lardas, qui provient sans doute du basque Larratz.

  • Très probablement. Il existe des lieux-dits Lardas en Béarn (mais c’est aussi un patronyme) du côté de Morlaàs.

    Egalement, une montagne dite "Touron de Lardas" à la frontière entre Couserans et Pays de Foix.

  • La Pontrique en Benauge aussi.
    Lieu des Ponteriques (Verdelais, 1753)

    Ce n’est pas à proprement parler un -e- negue qui tombe mais je dirais plutôt un -e- occidental... puisque cela concerne aussi le Bazadais, etc. (s’rèi, bròi...) A noter que la chute du -e- ne se trouve qu’à proximité d’un ’’r’’, et cela se retrouve en français : même en gascon, on dit’’car’four’’ ou ’’Sainte-Cat’rine’’.

    Je me demande si pont(e)rica n’est pas une évolution de pontica, une variante. Est-ce qu’on trouve pontèth ? Pas sûr.

    Quant à Ponteyraud, je crois que c’est évidemment Pont + NP Eyraud (cf NP Fonteyraud).

  • Un autre exemple (Priché pour Périché) :(Estigarde)
    Périché et Périchérot

    Mais le "e" réapparait chez l’IGN !

  • Tè, aussi : le Pontric à St Pierre d’Aurillac (XIXe s.)

  • La rue Pontarique existe dans le vieil Agen, mais très modernisée !
    Voir chez Google Street View.


Un gran de sau ?

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