Il y en a probablement partout en Gascogne, mais j’ai remarqué qu’en matière de mauvaises coupures, l’Albret, autour de Nérac, fait assez fort...
La lecture de "ESPIENS EN PAYS D’ALBRET ", de Régine JOSSE (publié par les "AMIS DU VIEUX NERAC", avec l’aide de la SOCIETÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DE L’ALBRET) me l’a confirmé, et me conduit à écrire cet article.
Évidemment, l’auteur n’y est pour rien : elle ne fait que rapporter les noms de lieu d’Espiens comme elle les a lus ou entendus.
On a par exemple ce qui doit être le même lieu, et qui est noté "Larraba" en p.93 et "La Rabat" en p.71.
Ce nom doit vouloir dire "champ de navets" ("navet" se disant "raba" ou "arraba"). La prononciation est "rabo" ou "arrabo" en Albret néracais.
En graphie occitane alibertine, il faut donc graphier ce nom de lieu "L’Arrabar" ! ou "L’Arrabà" dans une graphie plus proches des habitudes de la population, parce que le "r" final ne se prononce pas.
Il semble y avoir un cas similaire avec Larabat, à Saint-Pierre-de-Buzet. Celui-là n’est pas dans le livre sur Espiens, bien sûr.
Ainsi, ce "a" qui se place volontiers en gascon devant le "r" initial d’un mot, est collé au "l" de l’article défini, et laisse croire à l’article féminin "là".
Hors d’Espiens, j’avais déjà remarqué le même type de mauvaise coupure dans le Mézinais avec "La Rouquet" au lieu de "L’Arrouquet".
Le nom de la ville de "La Romieu" est un autre cas (en fait "L’Arroumieu" ou "L’Arromiu" en graphie alibertine).
Autre exemple de mauvaise coupure : le "s" de l’article pluriel se colle à un mot commençant par une consonne :
Le Speyrès p.56-57 (s + Peyrès)
Aux Comtes ; Aux Scomtes p.90 (s + Comtes)
"Sboys" "lous Boys" p.189 (s + Boys)
Il y a aussi "Le Sparos" p.92, qui est plus difficile à analyser ("Esparros" ?).
J’avais déjà repéré d’autres cas spectaculaires du même genre : des noms de lieu "Scassous" (en fait "Lous Cassous" = "Les Chênes") à Mézin et "Scapots" (en fait "Lous Capòts" = "Les Cagots", mot désignant une communauté marginalisée et méprisée autrefois - les "capòts" étaient rejetés hors des bourgs, ce qui explique la présence de ces noms de lieu en pleine campagne). Ce "Scapots" est à Andiran, mais il y en peut-être d’autres.
Voir ces exemples sur Gasconha.com.
Comment les gens du lieu, qui connaissaient la signification de ces noms, ont-ils pu laisser passer de telles aberrations dans leur notation officielle ?
Maintenant que les gens ne connaissent plus le gascon, il sera bien difficile d’obtenir une rectification...