Pays de Béarn, bassin de l’Adour...

- Tederic Merger

François Bayrou tente de jeter les bases d’un Pays de Béarn.
L’éditorial de PresseLib rappelle l’importance du bassin de l’Adour "bassin d’activité, à la qualité de vie exceptionnelle, aussi puissant que Toulouse ou Bordeaux [...]".

Voir en ligne : Une autre approche territoriale

Grans de sau

  • Le Comminges (en partie), le Nébouzan et la Bigorre furent rassemblés par Phébus autrefois.
    Les dialectes n’y différent que très peu. Les monographies d’instituteurs ou les documents paroissiaux montrent encore qu’il y avait beaucoup d’échanges entre ces pays, en particulier des migrations de "fossoyeurs"’ venus du piémont pyrénéen pour participer à l’assainissement et au creusement de drains, à la limite des landes. J’avais personnellement de la famille à Pontacq ou le patronyme a subsisté.
    Mais ce qui relève de l’humain ne faisant pas partie des préoccupations de nos politiques, quelque soit leur sensibilité (?), je ne me fais guère d’illusions. Nous assisterons à la catastrophique réédition des départements créés en 1790.

  • L’analogie avec la création des départements en 1790 est frappante.
    Même désir de faire table rase et d’imposer les choses d’en haut, même si on est forcé d’écouter un peu ce qui vient d’en bas...

    J’en profite pour vous faire part solennellement de ma nouvelle classification : je distingue maintenant les "néo-jacobins" et les "archéo-jacobins".
     les "néo-jacobins" sont apparemment aux commandes ; l’idée des méga-régions est leur ;
     les "archéo-jacobins" s’arc-boutent sur les départements, ils ont gagné récemment au Sénat ; "notre" Alain Juppé s’est rangé parmi eux en pointant du doigt un danger de désintégration de la France par de trop grandes régions...

    Si nous voulons avancer vers une reconnaissance des terroirs, de la diversité régionale et du fait historique, nous aurons contre nous aussi bien les néo- que les archéo-jacobins ; tactiquement, il pourrait être avisé de jouer les uns contre les autres.

    Mais à y réfléchir, je compte plutôt sur les "néo-jacobins" : leur projet inclut aussi (pour l’instant) une montée en puissance des intercommunalités au détriment des départements, et ça c’est bon, en particulier pour la Gascogne !
    De plus, les méga-régions qu’ils tentent d’instaurer seront tellement grandes et arbitraires, inaptes à être aimées, qu’elles laisseront involontairement de l’espace à des communautés régionales enracinées.

  • Je fais mienne cette division entre néo et archéo, et approuve largement l’idée de profiter de leurs divisions, d’autant plus que ces deux mouvements de pensée irriguent des mouvements politiques concurrents.

    Aujourd’hui, l’archéo-jacobinisme, arcbouté sur les départements, est clairement porté par le FN, dont le projet de réforme territoriale est basée sur la suppression des régions et la sanctuarisation de l’échelon communal. Comme sur nombre de thématiques, le FN reprend le mode de pensée du PCF des années 80 et abandonne, ce faisant, une de ses originalités, qui était le provincialisme vichyssois.

    Quant au néo-jacobinisme, il est un technocratisme froid, porté par l’énarchie française, qui justifie son discours par un vernis européen assez ridicule pour qui connait les situations institutionnelles de nos voisins. Comme tout technocratisme, le néo-jacobinisme manque de culture historique et politique et ne voit pas que son projet de dislocation du modèle archéo-jacobin français porte en lui les germes d’un éventuel renouveau local et régional dans lequel il faut s’engouffrer, ainsi que le font les Basques par exemple avec leur revendication de collectivité.

    Je pense donc dans cette analyse que l’archéo-jacobinisme reste l’ennemi, car il a le vent en poupe électoralement parlant, même chez nous dans des régions acculturées dont le vote est fondé sur les thématiques uniquement nationales, tandis que les maladresses du néo-jacobinisme peuvent nous profiter.

  • Trois ans et demi après, François Bayrou ne lâche pas l’idée d’un « retour historique du Pays de Béarn ».
    Dans cet article d’Aqui.fr sont rapportés ses propos :
    « Il faut réhabiliter le nom Béarn et l’adjectif béarnais, comme le Pays basque a su le faire. »

    L’importance donnée aux noms, donc à l’identité (et une identité historique, pas une identité factice), et la référence basque, vont dans notre sens (à nous gasconhautes).

    Maintenant, il faut voir si les paroles se traduisent en faits. La volonté de François Bayrou, que je crois sincère, n’aboutira pas si autour de lui en Béarn elle n’est pas comprise et partagée.

    Ce nouveau pays de Béarn utilise le nouveau cadre légal de "pôle métropolitain", un peu comme le Pays basque utilise le cadre légal d’une Communauté d’agglomération.
    Mais un "pôle métropolitain" est un outil de coopération, non contraignant, entre intercommunalités, et non une intercommunalité en soi.

    Récemment, il m’a semblé que le maire de Tarbes lançait un appel à collaboration avec Pau, et que F. Bayrou avait répondu en substance :
    « d’accord sur le principe, mais nous voulons d’abord renforcer le Béarn ».

  • François Bayrou, sans qui cette nouvelle institution béarnaise n’aurait probablement pas vu le jour, a prononcé un discours pour ce jour qu’il veut historique pour le Béarn :
    http://www.pau.fr/evenement/11623/7-pays-de-bearn-une-ambition-unie-pour-le-bearn.htm

    Quelques traits saillants :

     « métropolitains, nous ne le sommes pas, et heureusement »
    Explication : "Pôle métropolitain" est le nom légal du dispositif utilisé ici pour fédérer le Béarn ; la condition majeure pour faire un "Pôle métropolitain" est qu’il y ait, parmi les intercommunalités participantes, au moins une qui ait 100 000 habitants. Avec la Communauté d’agglo de Pau, ça marche !
    Avec 347 000 habitants, ce "Pays de Béarn" institutionnalisé dépasse l’aire urbaine de Pau (241 000 habitants), même si une intercommunalité béarnaise, celle de Nay, n’y participe pas pour l’instant.
    En se distanciant du terme "métropolitain", François Bayrou veut probablement éviter qu’on voit dans cette affaire une extension de l’Agglomération de Pau.

     « nos voisins gascons ne sont pas pour nous des étrangers »
    Explication : François Bayrou colle à la vision d’une Gascogne qui commence au nord du Béarn et de la Bigorre.
    Il insiste sur la nécessité de garder la Cour d’Appel de Pau « qui nous unit avec les Hautes Pyrénées et les Landes ».
    Il se réjouit que le Crédit Agricole ajoute « le Gers » à ce vesiatge*.

     Les terrains d’action du "Pays de Béarn" :
    Tourisme (le Béarn doit être identifié comme destination touristique), économie, Université, culture (« notre langue quelque dénomination qu’on lui donne » et « tout ce qui est festif dans notre culture [...] il suffit de penser à l’Irlande ou à la Bretagne »)...

     F. Bayrou termine par un "Biarn endaban !".

    * mot utilisé tel quel en gascon par F. Bayrou

  • J’ai noté en fin d’intervention,après un appel à la Communauté de communes de Nay à rejoindre l’ensemble,un appel identique aux communes,non citées, ayant rejoint un autre ensemble interdépartemental ;il semble s’agir entre autres de celles qui ont l’an passé rejoint la communauté basque (bien que cela n’ait rien d’interdépartemental) : Lichos, voire d’autres ?.Ce serait une excellente chose !

    • "quelques communes béarnaises qui appartiennent à d’autres structures interdépartementales"
      Je vois les 11 communes des Pyrénées-Atlantiques (on va supposer qu’elles sont béarnaises de ce fait) qui appartiennent à la CC Adour Madiran.
      S’il est possible de les associer au Pays de Béarn, très bien !
      D’un autre côté, j’aime bien les intercommunalités qui transcendent les frontières des arrégiouasses... C’est le cas avec Adour-Madiran, puisque ces 11 communes "du 64" sont dans une intercom dont le siège est à Vic-Bigorre, donc en "Occitanie".

  • Très bien en effet mais il serait bon qu’il n’oublie pas Lichos !

  • Voici maintenant mon appréciation personnelle :
    A l’inverse de la dynamique de l’Agglo Pays Basque, qui semble venir de "la base", on a ici une tentative qui semble solitaire, et par là d’autant plus courageuse, de lancer une dynamique depuis le sommet ; ça marchera seulement si les différentes couches d’élus, et en dernier ressort la population, sont touchés par cette volonté de rallumer une identité béarnaise, une communauté béarnaise. N’eÿ pas ganhat...
    On peut espérer qu’il y a une attente latente, et qu’il suffit d’un déclencheur.

    Nous pourrions avoir le même espoir pour la Gascogne, mais n’attendons pas pour elle un homme providentiel !
    Il y a un parallélisme, et une convergence possible, entre ce projet "Pays de Béarn", qui dépasse la seule promotion de l’agglo de Pau et renoue avec l’histoire d’avant la Révolution française, et notre projet gascon qui veut réactiver une région millénaire indépendamment des métropoles régionales que sont Bordeaux et Toulouse.
    Et justement, si le "Pôle métropolitain" béarnais marchait bien, et rayonnait sur le bassin de l’Adour, ne pourrait-il pas devenir, lui, un point d’appui pour un renouveau gascon ?
    Je pense que Bayrou n’y serait pas hostile. D’ailleurs dans son discours sur le Pays de Béarn, il utilise plusieurs fois le mot région, et je sens qu’il y met un Béarn en connexion avec ses voisins du bassin de l’Adour...


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