"Gascous gascounants"

- Tederic Merger

On trouve dans le "Glossaire de langue gabache" de Charles Urgel, récemment édité par notre ami Eric Nowak, (il conviendra d’y revenir ultérieurement, notamment sur l’importance de mots gasco-périgourdins dans ce parler d’oïl poitevin-saintongeais de substrat d’oc), à l’entrée "anguille", un extrait de chanson gabache :

"Thiellés bous gascous gascounants
N’mangherons point d’anyille
Mangherant des sarpents, bounes gens
Routis dessus la grille."

Le sens de ces paroles m’échappe quelque peu mais je crois comprendre que l’on moque le goût pour les serpents des "Gascous gascounants", en lieu et place de bonnes anguilles.

Ce qui est intéressant, c’est que l’on tient le seul témoignage porté à notre connaissance que les Gabays appelaient leurs voisins "Gascous", car il ne peut s’agir que d’une chanson dépréciative à leur endroit, sans précision certes s’il s’agit de gens du Médoc ou du Bourgeais.

On peut s’interroger sur le sens du doublet "gascous gascounants" mais il s’agit probablement d’une manière plaisante de moquer les voisins : ces Gascons gasconnent.

Bref, cette vieille chanson gabache fait la preuve que l’ethnonyme des populations locales du Bordelais, restées de langue d’oc (et j’ajoute, gasconne, bien que mêlée), était bel et bien "gascon".

A l’autre bout du domaine linguistique gascon, les Basques, eux, ne connaissaient pour voisins également que les "Kaskoiak".

Il serait intéressant de savoir quand l’ethnonyme "gascon" a cessé d’être utilisé par les populations locales du Bordelais, probablement à partir du XIXème siècle, sous l’influence du fait départemental girondin et de l’extension métropolitaine bordelaise.

Grans de sau

  • Et voici une comptine satirique nord-girondine visant les Gabays, recueillie par Maurice Jadouin :

    Gabis-Gabays
    La soupe s’émay (= verbe aimar ?)
    Bouillon dé movre (= mauve)
    Per lou manovre
    Aïgue daou cassot (= récipient à longue queue)
    Per le Gavachot
    Aïgue de la foun
    Per lou Gascoun.

    J’en avais parlé dans le Sarmonèir n° 2.


Un gran de sau ?

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