Lo Sarmonèir / Le Jhacassous

- Tederic Merger


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Grans de sau

  • Sans entrer dans le fond des sujets abordés dans « lo Sarmoneir » je dois dire que sa lecture me côute en raison du parti-pris de son auteur en faveur d’une langue hyperdialectale.Notre ami Gaby cherche-t-il à être lu des seuls habitants de la zone Langon /Saint-Macaire ( en exagérant certes un peu) ? Et en ce cas, combien d’entre eux sont assez familiers du dialecte local pour lire le « Sarmoneir » facilement ? Où recherche-t-il un lectorat pan –gascon (ou plutôt, soyons clairs,pan-gasconiste !) auquel cas son choix linguistique me parait un réel empêchement ..

    • Cher Gérard,
      Sachez que nous sommes plusieurs à rédiger des textes dans lo Sarmonèir (la version journal) et que des textes en béarnais sont régulièrement présents (dans le n°30 qui est quasi-prêt, notamment).
      D’autre part, j’aimerais bien savoir quelles sont les caractéristiques qui rendent ma langue incompréhensible, peu familière, ressemblante à un charabia villageois du fin fond de l’Auvergne.
      Et enfin, j’aimerais savoir pourquoi je devrais abandonner le gascon septentrional au profit du béarnais, et pas le contraire. Le "béarnais" est enseigné jusqu’à Bordeaux et on considère que c’est LE gascon général alors qu’il y a plein de mots spécifiques à Orthez etc. Et puis autant utiliser le français, comme ça tout le monde parle pareil.
      Mais je trouverais logique qu’il y ait un standard gascon septentrional, un occidental, un oriental, un pyrénéen.

      Gaby

  • Gaby,
    Je reviens sur notre échange pour lever une possible ambiguité :je n’ai nul mépris pour un parler local gascon ,quel qu’il soit . Si certains parlent et écrivent en un parler quelconque ou l’utilisent dans leur proche entourage ,tant mieux.Mais si on s’adresse à l’ensemble de la « gasconosphère » , comme c’est le cas pour un journal comme veut l’être « lo Sarmoneir »,je n’y vois aucun avantage tant l’effort d’adaptation des « autres » sera important voire dissuasif.
    Plus encore :je ne connais aucune langue contemporaine qui ait réussi à se maintenir avec 4 ou 5 standards éloignés les uns des autres à moins de finir par s’imposer comme des langues distinctes.Le seul cas s’en approchant un tout petit peu serait celui du norvégien avec deux standards distincts et encore … Mais dans le cas de langue à la survie extrêmement menacée comme c’est le cas du gascon,on atteint sans doute l’impossible dès le départ :je ne vois pas comment faire homologuer ces 4 ou 5 formes dans l’enseignement,ou toute autre cadre de la vie publique ou tout simplement donner envie aux gens de l’apprendre( lequel apprendre ? est-ce que ça vaut bien la peine ?) ; c’est tout juste si nous pouvons espérer en faire émerger une ,certes suffisamment flexible pour que tous s’y sentent « a casa » et ce sont ces mages de flexibilité qu’il faudrait sérieusement explorer.
    Une partie de nos incompréhensions vient de ce que tu – peut-être pouvons – nous nous tutoyer sans vraiment nous connaitre malgré notre différence de génération – associes nécessairement un terroir à une forme linguistique :pour toi il n’y a sans doute pas de gascon mais des quantités de gascons , ce qui est bien le cas sur le terrain s’agissant d’une langue pas ou guère enseignée,non normée,je serais tenté d’écrire « à l’état brut » si cette expression ne risquait pas de raviver un soupçon de mépris de ma part.Or les standards allemands ,anglais ,castillans ou catalans ,bien qu’issus d’une façon quelconque d’une forme locale,ne sont plus depuis longtemps perçus comme tels .Du reste ma méfiance envers l’occitanisme « central » et universitaire est entre autres motivée par son intention affichée de faire coexister tous les parlers locaux avec une « langue de référence » centrale (en fait basée sur les parlers est-languedociens ) supposée fédérer tous les parlers de Bayonne à Menton et de Guéret à Rivesaltes , langue a priori indolore pour les parlers locaux.En fait les dirigeants occitanistes savent bien que vraisemblablement ces parlers locaux disparaitront et que restera enfin la langue de référence supposée les représenter tous puisqu’à la fin,il n’y aura plus que le seul standard ...Je ne parle pas ici bien entendu de l’occitanisme de terrain,enraciné localement qui bien souvent joue sans le dire la carte d’une recherche de standard limousin ,provençal ou gascon ( dit « dialectal » pour respecter les catégories officielles de l’occitanisme).
    Dans notre cas, on a donc le choix à terme entre un gascon (flexible encore une fois) et l’ « occitan de référence » ou encore le seul français en attendant l’anglais puis le mandarin » ( hypothèses assez vraisembables). Pour des locuteurs de zones limites comme la vallée de la Garonne,limitrophes des parlers languedociens occidentaux ,je comprends que le choix ne soit pas si évident que cela puisque la référence gasconne se doit d’être - est déjà,de fait - raisonnablement centrale :on sacrifie toujours quelque chose en choisissant .En tous cas, mieux vaut un choix proche(un gascon central) que lointain ,non ?
    Au demeurant,tu évoques « le béarnais » comme autre norme possible parmi les 4 ou 5 .Personnellement, je ne suis pas béarnais et la langue que je m’efforce de pratiquer et continuer d’apprendre,si elle a bien pour base « architecturale »( syntaxique surtout) le gascon de la plaine de Pau , c’est pour des raisons en partie historique mais aussi en raison de sa position centrale ,plus encore linguistiquement que géographiquement et aussi de sa proximité avec des parlers voisins qui très normalement m’influencent aussi (ceux de la Chalosse,du Bas Adour,etc…).Intuitivement ,un peu à l’aveugle j’essaie de faire prévaloir dans mes usages limités du gascon des formes que je crois authentiques et d’usage assez général pour espérer être compris du maximum de gasconophones puisque le temps où des locuteurs évoluaient dans un espace de type au plus cantonal leur vie durant est quasiment terminé pour la grande majorité d’entre nous . Le résultat est sans doute encore bancal (je n’ai aucune proximité avec les formes armagnacaises par exemple) mais si nous sommes nombreux à agir ainsi,je pense que quelque chose en sortira peut-être. Par contre il est vrai que j’aimerais parfois coller un peu plus au parler de mon village d’adoption pour parler avec ceux (plus très nombreux mais quand même …) qui y maitrisent un gascon naturel (on revient ainsi à mon propos de départ).
    Le sujet est inépuisable mais le temps ne joue pas en notre faveur,je le crains !

  • Lo monde que son estacats au parlar locau, aquò ne cau pas créder. Mes, plan solide, ne s’ic puiram pas sauvar tot. E, atau com ic dísetz, le societat en era medisha, que hèi los òmis de doman que muderàn, que trauqueràn le Gasconha sancèra entà trobar un tribalh, le França e lo quite mond, s’at cau. Jo tabé dont ne volí pas dishar les Lanas, e be praube... que sui partit... Bò, pas tròp lunh bè, mes tròp entà jo...
    Donc, lo parlar locau que’s va esvanir, s’esvanit ne n’es pas dijà. Arrèis, les gents que son estacadas en’queth parlar locau. Qu’èi tribalhat sus un questionari sòciò-lingüistic entau mininstèri de le cultura dont los resultats mushan plan l’estacament deus locutors, o locutors passius, au son parlar pròpi.
    Que cau donc, entà jo, normalizar aquiths parlars locaus entà los har de mè bon ensenhar en les escòlas. Defenir los "dialèctes" gascons, defenir les soas particularitats màges, e ne har com un estandart (belèu causir un punt ALG dont amassa lo maximum de critèris, dont seré mè estremat a les influéncias vesias ?). Un nòrd-gascon, un "landés", un armanhaqués, un biarnés, un bigordan, un comengés, un coseranés, un gascon deu creshènt... Plan solide, que pòt semblar de bon har entaus parlars dont ne coneshen pas goaire, mes entà los que mestrejan, les diferenças intèrnas que ves son mès vededeiras, e donc mensh classedeiras...
    De bon díser mes entà jo, qu’es aquí le solucion. E ne’m pensi pas le gènts qu’i serén defavorablas.

  • En fèit, la sola causa que me fissa, aquò’s quand dises qu’emplègui un gascon pas comprenedèir. Bon, s’empleguèvi lo medoquin o lo parlar negue, d’acòrd, son de paraulis fòrt tipats ont i a de mòts mauaisits a compréner ; mès utilisi lo garonés ! E encara, dens mons articles, vau pas botar de mòts rares o poetics. Vachiu per exemple un extrèit d’un de mons articles (en gascon bordalés, aqueth, mès aquò’s pas alunhat dau garonés) :

    "Lo vinhau bordalés èra dejà atestat a l’epòca galò-romana, mès la mista en valor de les tèrras, acompanhant la fondacion d’aglomeracions, data sonque daus XIe-XIIIe siègles. Aquesta mista en valor per treitinatge (les artigas) èra sustot menada per les congregacions religiosas.
    A la campanha, la vinha aucupava 20 % de les pèças – au costat de les culturas viurèiras e daus prats – e lo vin èra destinat a la consomacion privada ; les vinhas èran per contra nombrosas autorn de Bordèu.
    Destingavan tres tipes de vins : de paluds, de còstas e de gravas. Aquò’s dens les paluds qu’èran instalats los bordius, apareishuts au XIIIe siègle ; i hadèvan dau vin roge, mèi fòrt que non pas lo claret."

    Vas pas me diser qu’es complicat, non ? Èi una lectriça/collaboratriça que coneish sonque la grafia patoesa, e pertant comprend çò qu’escrivi. Lavetz, un coneishur de la grafia classica...

    Lo garonés, graça a sa pausicion aus con.hins de l’airau gasconofòne, a l’avantatge de me perméter d’estar compris de faiçon optimala a l’encòp per de Gascons, de Guienés, de Perigòrds, de Lengadocians...

    I a una auta causa : botas en evidéncia ma volentat de tocar la gasconosfèra. En realitat, lo Sarmonèir es tot prumèir destinat aus gasconofònes e occitanofònes de Gironda. A mesura qu’entri en contacte demb de gents d’auts departaments, los ajoti a ma lista de difusion, mès los Girondins son majoritaris. Aquò per una rason simpla : coneishi mèi la Gironda e los Girondins.

  • Pour apprendre une langue vivante, on peut partir d’une base locale, (sub)dialectale, par exemple à l’occasion d’un long séjour dans un lieu précis. Le risque étant la limitation à un aspect dialectal de la langue. Il manquera une grille d’interprétation qui surplombe, explique, classe les différences. A contrario la connaissance d’une langue standard ou moyenne permet d’appréhender les différences du terrain puis de s’acclimater à un parler local, et de choisir. C’est une clé.

    Pour le gascon, le temps des monolingues est révolu. Une société moderne de langue gasconne aurait nécessairement évolué vers une norme, comme il a été de règle pour toutes les langues vivantes dans nos pays européens. Cela aurait suscité des polémiques, inévitablement, et des choix pédagogiques. Le poids des auteurs, des media, de la presse, des grandes villes, aurait pesé lourd. Mais le compteur s’est bloqué ou cassé entre 1920 et 1960.

    Deuxième point : l’affectivité, l’attachement au "dialecte" est le fondement de l’appartenance (voir l’Italie), mais ne représente qu’un des cercles de celle-ci. S’il n’est pas appuyé par une langue d’Etat (fût-ce un Etat régional), ce socle se désagrège.

    Dans ce contexte, un gascon de référence est indispensable. Son existence n’empêchera pas ceux qui maîtrisent un voire plusieurs dialectes de s’adapter et d’enrichir la langue commune.
    S’il est bon de faire partager "son" parler, il est nécessaire de donner dans un premier temps des références stables (pensons au verbe gascon, aux formes si compliquées !). Après, l’èlève parlera comme il voudra et pourra.

    Mais à qui s’adresse l’offre d’enseignement ? l’offre de lecture et de parole ? Ces questions sont distinctes du désir de préserver telle ou telle forme locale.

    L’autre problème soulevé est celui du lien entre les derniers locuteurs locaux ou "locutors naturaus" des parlers et les apprenants. C’est poser la question des liens sociaux, et de la cohésion des communautés.

    On peut concevoir qu’il y a un siècle l’usage scolaire de quelques normes dialectales aurait facilité l’enseignement, mais n’aurait pas évité la naissance d’une langue unitaire, fruit des échanges et de la régulation des institutions gasconnes. On peut imaginer ce que cela aurait donné dans les journaux, les radios... Mais il n’y eut guère, ou pas, d’enseignement et aucune institution officielle forte, sauf celle des ennemis de la langue.

    Or, toutes les langues qui ont été sauvées au XIXe siècle ont eu besoin d’une norme unitaire (flamand, catalan), toutes. Pour les autres, de telles normes avaient émergé il y a longtemps, pas sans chancellerie ni norme écrite. Pour que cette norme ne paraisse pas artificielle, il faut certes ne pas rompre le lien avec les parlers (comme l’ont fait les Français en oïl), mais dans la pratique il faut sélection et synthèse (comme cela se passait entre locuteurs naturels dans la société monolingue). L’usure de la langue gasconne rend maintenant une solution plurinorme très théorique.

    Une question : comment font les enseignants en immersion ou en bilingues ?

    Maintenant, il faut dire sur quoi doit porter la norme :
    essentiellement 1) la morphologie verbale, 2) l’usage des séries et temps de la conjugaison, 3) la construction des pronoms compléments, 4) quelques traits de syntaxe. La graphie, applicable partout, n’est pas en cause. Quant au vocabulaire, qu’il soit enrichi et partagé, c’est affaire d’acquisition personnelle.

    Toutes les langues vivantes tendent à s’unifier autour d’un standard. Ces questions ont été résolues au XVIIIe siècle, au XIXe siècle et début du XXe pour les langues sans Etat. convergence des parlers ou sélection d’un dialecte-type. Pour le gascon, il est en effet bien tard.

  • Des éléments de réponse pour Gaby et l’intervenant anonyme ci-dessus dont le post("intégrer les dialectes") pose le problème avec méthode et bon sens :

    Gaby,n’éi pas nat mau dab l’exemple que dones (menx lo mot urosament arrevirat per "artigas") mes en d’autes cas,qu’es mèi mauaisit (que’m brembi tabé de pòsts hòrt intéressants totun deu David Escarpit ,en un gascon garonès tabé qui ’m eran hòrt esquers ...).De tot biaix entà un naveth gascònò-aprenent (perdon per lo barbarisme !) damòra ua incertituda un chic pesuga, a part peus qui parlan justament aqueste garonès:quinas fòrmas d’aqueth texte pòdi emplegar si vieni jo d’un aut parçan ?Com pòdi barrejar aqueth vocabulari dab lo qui èi déjà ?... Tà d’aquò, la coneixença d’un gascon normat qu’ajudaré,pensi.
    E com definir a priori l’espandiment deu vòste jornalet ? Com ac dises,n’es pas possible limita’s aus Girondins quitament se damòren majoritaris .Acceptar documents escrivuts en quauque dialecte qui sii que’m sembla a priori pòssible se s’accepta tabé l’ideia d’utilisar un gascon normat quan s’ageix d’un usatge mès generau ...mès on hicar la barra ?

    Avec autre contributeur,je serais d’accord sur la nécessité d’une morphologie verbale unique (pour le "normat",les dialectes gardant leurs formes propres) et d’une syntaxe unifiée.Le jeu des places des pronoms ainsi que l’usage des particules énonciatives) me paraissant pouvoir rester du domaine de la flexibilité ):ce sont vraiement les différences dans ces deux domaines qui troublent le plus les néo-locuteurs et les bloquent pour s’exprimer,je trouve.Je ne vois pas bien ce que notre contributeur entend par "séries et temps de la conjugaison".Merci à lui de préciser.

  • Quauques elements :
     Pensi que los tèxtes qu’aujures mau a compréner èran en bas-medoquin, un dialècte fòrt especiau. "Los Tradinaires" de Vendais trabalhan a mantenir aqueste vocabulari e aquera conjugason qu’es tanben fòrt especiala.
     Sui pas contra l’existéncia d’un gascon normat, a condicion qu’èsti pas un gascon meridionau mès un gascon basat, vam diser, sus de caracteristicas centralas (Vasadés, Labrit, Marsan, Shalòssa ?)... tot en sabent qu’i a de grandas divisions dens lo gascon (septentrionau, maritime, orientau, pirenenc) que seràn mauaisidas a barrejar.
     Fau refleishir sus çò que diuré estar la nòrma gascona : fòrmas majoritàrias en tèrme d’aira ? fòrmas geograficament centralas ? fòrmas les pus conservatriças ? fòrmas les pus aisidas a compréner pr’un aprenent ? ... Per les formas verbalas dau preterit : en -è ? -èt ? -èc ? les 3 se valen. Aut exemple : davantau/devantau/damantau/demantau/dantau : tot aquò se comprend identicament : donc quala fòrma causir ? E per los noms d’animauts o de plantas que son extrèmament diversificat, vòs gardar la fòrma biarnesa ? una auta ? etc etc.
     Quala es l’utilitat d’una nòrma ? N’am pas lo mème dialècte e pertant comunìcam
    —> Ronci donc una idèia sus laquala espèri auger de reaccions : poirem escriver un obratge collectiu , cadun balhant sa vision de la nòrma.
     Accèpti dens lo Sarmonèir tots los dialèctes, amèi los barrejadis !

  • En fèit, l’essenciau, coma ditz lo collèga anonime, es de mestresar l’ensemble de la lenga, les grandas diferéncias entre dialèctes per poder joglar. Qué pouch parla biarnés, Queu puch parla neugue, Podi parla garounés, etc. (enfin, dens les grandas linhas qué !)

  • Que m’agrada veder lo nòste amic Gaby heser quauques pas de cap a ua nòrma.Que m’adui dab eth sus la necessaria identificacion deus principis basics d’aquera.Que s’ageix,çò’m par, d’esvitar quauques eccès:causida d’un hiper gascon artificiau que hugiré sistematicament formas partatjadas dab lo françès o l’occitan vesin (arr tostemps prostetic ,article eth/era,etc...)e qui causiré tostemps mots esquers ( e riales,plan segur ) comparats au vocabulari de las lengas que mencioni.D’un aut estrem,causidas totaument esparrejadas(conjugason armanhaquesa,vocabulari biarnes,prononciacion negue,etc...).Mes e’m sembla mauaisit de desseparar totaument fòrmas centralas(tipe xalossès) e meridionaus (tipe biarnes, estent entenut que ...lo biarnès n’existeix pas com dialecte a despart ):e’m sembla qui agi un continuum enter eths.

    L’ideia d’escambiar sus aqueth tema qu’es de las bonas mes que cauré susquetot qu’i participen linguistes (de mesteir) o personas de qui l’activitat us hè legitimes tà d’quò:pensi au Peir Mòra qui ,a maugrat de non pas este un linguiste professionau a hèit avançar com digun l’unitat de la lenga gascona.Mes que torni avançar tabé l’ideia d’un comitat d’ustatjans com nosautes,en facia d’aqueth ligòt de professionaus a assimilats( que poderé benlèu har com un "cahier des charges").Qu’en disez,monde ?

  • En tornar ta casa au ser, que troubi plan alongat lo hiu de la discuta. N’avevi pas sinhat mon messatge do 25. Aras qu’ei remendat. Soi pas un anonim. Xo !
    Que continui en francés, com ac comencei.

    Quelques idées dans le désordre :

    Ceux qui pratiquent et écrivent le gascon aujourd’hui sont largement des bénévoles, pour ceux qui s’occupent d’associations, et linguistiquement des amateurs au sens plein : des gens qui aiment et finissent par devenir savants et par exercer bon gré mal gré une fonction normative par leur influence. Ce fut le parcours des Palay, Camélat, M. Grosclaude et autres fondateurs. Position qui devrait garantir une liberté de penser (pour résister aux discours occitanistes en faveur d’un gascon light (esburriat).

    Pour l’établissement d’un standard l’histoire présente divers cas de figure :

     Un dialecte l’emporte sur les autres pour des raisons politiques appuyées par l’expansion économique et le prestige littéraire : cas de l’ionien-attique en Grèce, fondement de la koinè.
     Une langue moyenne s’impose par les nécessités de la communication, favorisée par quelque innovation technique : cas de l’allemand de Luther, qui fait des choix dans les dialectes, crée des néologismes.
     Un dialecte est diffusé par les institutions (l’Eglise, les écrivains) et tend à devenir le cadre dans lequel se fondent les parlers. Encore faut-il que la concrétisation étatique ait lieu.
     Dans un climat de reconquête nationale on bâtit une langue unitaire, avec l’aide des érudits universitaires. Toutes les langues d’Europe centrale et orientale ont vécu cette mise en forme aux XIXe et XXe siècles. Les dialectes n’ont pas disparu pour autant et ne font l’objet d’aucun mépris (latgallien de Lettonie, etc.), mais l’unité de la langue était un enjeu vital pour les peuples considérés. Plus près de chez nous la normalisation scolaire des patois flamands a imposé le néerlandais unitaire de Belgique. C’était la conséquence logique de l’admission de la langue dans les écoles.
    La condition d’une telle entreprise est évidemment le patriotisme et la volonté politique.
     Un pouvoir administratif impose une norme unique et étroite. Le cas du français est extrême : langue d’un milieu plus que d’un peuple.
     Le succès d’un standard quand celui-ci n’a pas bénéficié d’une longue maturation par l’usage ne va jamais sans conflits, ni sans erreurs ! La plupart des choix sont assez arbitraires. Imaginons les heurts d’un Etat gascon unilingue il y a deux siècles, les disputes homériques... jusqu’à l’arrivée d’un Malherbe, d’un Littré ou plus simplement d’une pléiade de bons auteurs de romans populaires et d’une administration en langue nationale.
    Gageons que les parlers seraient resté vivants et que le théâtre, la chanson, auraient perpétué encore très longtemps les types fondamentaux des terroirs.

    Pour un gascon de référence, quels points unifier (en dehors de la graphie, qui est déjà tout un poème) ?

    Il est sûr que si j’ai près de moi des locuteurs natifs, je leur porterai la plus grande attention, je les imiterai, mais pour bien profiter de cet acquis précieux, qui se fait rare, j’aurai besoin d’un cadre interprétatif, d’un guide plus abstrait...

    L’un des points importants soulevé dans notre discussion est certainement celui des formes de la conjugaison (les séries ou "tiroirs") et leurs emplois. Deux exemples me frappent :

    ♦ Le parfait. Le verbe estar montre trois séries de passé simple (deux sur -es et une sur le radical du perfectum) :
    - au nord-ouest, dû à l’influence de houy, (graphie ou = /u/) qu’estouy, estous, estou, estoum, estoutz, estoun NCL qu’estoi, estós... ;
    - en Gascogne centrale et médiane qu’estèi, estès, estè(c), estèm, estètz, estèn ; un parfait fort pyrénéen (de Bigorre et de Comminges) que houy, hous, hou, houm, houtz, houn NCL que hoi, hos, ho....
    Méthodes et grammaires établissent donc des séries dialectales, par exemple verbes en -er, personnes 1 et 2 (ou représente /u/) : que bat-ous, -ous / que bat-oui, -oures / que bat-ouri, oures batoi, batores, etc.

    ♦ Les formes dites inchoatives : Certains verbes de la classe III (-ir) ont employé le suffixe des inchoatifs latins, d’abord pour les personnes du présent accentuées sur le radical :
    La distribution du suffixe d’inchoatif sur l’aire est inégale.
    Soit le suffixe touche tout le paradigme, soit les personnes 4 et 5 en sont dépourvues (voir la carte de J.-L. Fossat et H. Casanova dans Massourre, LGMS p. 212).
    On considère que les formes qui remontent à -esco sont indigènes, les formes en -īsco sont dues aux influences languedociennes. En Bigorre partéʃi ; en Gironde et en Armagnac partiʃi (favorisé par la désinence -i).
    Cet élément des personnes 1, 2, 3 et 6 des temps « présent » a gagné au nord (Armagnac, Landes...) d’autres personnes et d’autres temps, ce qui rapproche de la deuxième conjugaison les verbes touchés. Il a joué un rôle distinctif entre formes et séries phonétiquement proches.
    Phonétiquement, [s] est plutôt en Guyenne, [ʃ] dans les Landes, en Bas-Adour, Couserans, Aran, [ʃk] ou [sk] en Béarn, Bigorre, Gers et au Sud-Est.
    Le pyrénéen limite cette conjugaison à la plupart des verbes de la classe III, aux présents de l’indicatif et du subjonctif (subj. : infixe -esqu- à l’ouest, -isc- à l’est : que seguesqui, que seguisqui).
    Béarn : 1 part-esc-oi, 4 partiàm
    Lavedan : 1 part-ésque, 4 part-esqui-àm
    Ajouter les formes nées de la propagation à l’imparfait et au parfait (passé simple)...

    Il faudrait choisir en vue de la fonction envisagée. Vous vous souvenez de la dispute (courtoise) des "gradients de gasconité" ? Que privilégier ? Un gascon des plus typés (Aragnouet), ou un gascon moyen (Nogaro) ? Un gascon encore un peu vivant (béarnais-bigourdan), un gascon synthétique ? Ecarter le negue trop spécial, les confins guyennais moins typés, le pyrénéen trop typé, et se centrer sur le "ballon de rugby" , cette zone centrale entre Dax, Auch, Mont de-Marsan ?

    Pour quel enjeu ?. Un guide pédagogique qui donne un cadre stable, même simplifié, qui permette, facilite, la découverte du langage, du verbe vivant. Mais aussi un enjeu symbolique, emblématique.
    Même si un tel gascon de référence est en germe dans les méthodes de langue disponibles, il reste sans doute à l’établir. Cela n’empêchera pas l’usage des parlers, ni la lecture des textes d’où qu’ils viennent.

    Bona noeit.

  • Et pour faire le "ballon de rugby", il faut ajouter Jurançon.

  •  Ajouter aussi aux formes du parfait : estèri, etc. ; estori, etc. ; esturi, etc.
     En Gironde : l’inchoatif n’est pas en [-iʃi] mais en [-isi] (sans compter les cas où le verbe n’est pas inchoatif : parti, senti, sèrvi, dròmi, mòri...)

  • Merci de ces précisions. On ne peut dire, bien sûr, que telle forme ou tel dialecte ont en eux-même "plus de valeur " que d’autres (mais on peut découvrir avec intérêt les variétés du gascon et en adopter ceci ou cela). Une "micro-zone" (nombreux exemples dans Rohlfs ou Massourre (LGMS)) pourra difficilement servir de point de ralliement.

    Deux autres exemples de difficulté pour un "gascon moyen" sont donnés par le parfait ou passé simple, qui n’est pas connu partout (remplacé par le passé composé ou le présent de l’indicatif avec une valeur aspectuelle) ; et par la forme en -r- sur radical de parfait dite "futur dans le passé" ou "imparfait du futur", qui passe pour plutôt béarnais. Les rejeter serait un appauvrissement. On peut les recevoir dans la langue commune.

    Il faut donc évaluer ce qui est pertinent et surtout ce qui contribue à la solidité de la langue, à son équilibre : des formes verbales marginales apportent assez peu (même si elles sont gratifiantes), tandis que l’usage de l’imparfait du futur apporte une ressource supplémentaire. Ce n’est pas du même ordre.

    Je voudrais revenir sur cette notion de gradients qui est utile pour appréhender l’évolution historique mais qu’il ne faut pas traiter quantitativement (20% contre 80%, etc., ce qui mène à une illusion synchronique).
    Les pourcentages statistiques établis n’ont pas la même signification selon qu’ils sont fondés sur des traits fondamentaux (le f > h, le b/w, le que, la prosthèse -ar-, -ll- > r, -br- > rb, etc., ou sur des traits communs qui ne témoignent que de l’évolution générale du "gallo-roman" du Sud, sinon de tout le roman méridional. Ces indices n’ont pas le même âge ni la même portée.

    Pour l’établissement d’un "gascon de référence", on ne peut qu’agir empiriquement. Mais si on essaye d’y voir clair, on débouche nécessairement sur des rationalisations, on généralise en fait par nécessité.
    A ce sujet, comment est-ce que ça se passe dans les écoles (toutes filières), puisque ce devrait être un des lieux de résolution de ces problèmes ?


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