Le week-end dernier, premier week-end d’octobre, c’était le marché annuel de La Bastide, la rive droite de Bordeaux pour ceux qui ne connaissent pas, autour des produits de l’Aquitaine, la désormais défunte région administrative. Une partie de l’avenue Thiers et de l’avenue Abadie était donc occupée par des stands de producteurs locaux, venus des départements 64, 40, 47, 33 et 24.
Cependant, à bien y regarder, l’on constatait une forte représentation gasconne, même si le Périgord était présent, ça et là (surtout en apiculture) : énormément de producteurs landais, notamment en matière de conserves, ainsi que des commerçants basques aux produits estampillés de la croix basque. Sans surprise, le Lot-et-Garonne apportait sa contribution maraîchère.
On pouvait remarquer surtout que la distribution géographique aquitaine n’était pas pleinement respectée : même si nous regrettons l’ancienne région, au vu de la nouvelle, tentaculaire et monstrueuse, nous ne pouvons pas passer sous silence qu’elle n’était pas elle-même un ensemble optimal, cohérent. Ainsi, l’on pouvait trouver en certain nombre des stands originaires du Gers ou des Hautes-Pyrénées. Pour être honnête, il y avait également des Saintongeais (j’ai acheté du bourru de Saint-Aigulin, enfin, moi je dis bourrét), et puis, sans trop grande explication, des stands plus exotiques (auvergnats pour le fromage et la charcuterie, provençaux pour le nougat, ...).
Reste que je dois concéder que cela m’a fait vraiment plaisir d’entendre l’accent à Bordeaux (surtout l’accent gascon, car pour avoir parlé avec des apiculteurs du Périgord Vert, je n’ai pas senti la même complicité immédiate dans les sonorités), de voir des tronches du pays, et surtout de constater le succès autour des produits locaux, labellisés "Aquitaine" mais que nous savons du Sud-Ouest plus largement, et parfois même spécifiquement gascons.
J’ai constaté également le succès des bières locales, qui me dépasse un peu, n’étant pas amateur de cet alcool : la fameuse bière bordelaise Gasconha, une bière gersoise bio, ... Et puis des découvertes, comme ce producteur de fromages de Landiras (33), qui se nomme "Fromages de Gascogne et Guyenne". Quel plaisir !
Je finis avec une anecdote d’interaction avec un vendeur de fruits et légumes, originaire du Lot-et-Garonne, qui arborait de nombreux drapeaux occitans sur son stand. Je lui demande, en gascon, s’il parle patois. Il me répond, dans son guyennais, qu’il parle occitan. Il me demande d’où je suis, le Béarn je réponds, lui est de Prayssas, il parle "languedocien".
J’ai vraiment trouvé amusant qu’entre l’urbain des classes moyennes que je suis et l’agriculteur ancré dans le terroir, celui qui s’amuse à jouer au paysan patoisant, c’était moi, tandis que lui, très au fait de la réalité universitaire, n’employait que le terme "occitan", et parvenait même à qualifier dialectalement son parler. C’est aussi la preuve que le terme "occitan" avait quand même réussi à emporter la partie, dans de larges zones de l’ancienne Aquitaine (Périgord, Agenais, ...) : la nouvelle région Occitanie va vraiment poser problème.