FLBP - Front de Libération Bordeluche face au Parisianisme Lutter avec humour contre le discours lénifiant contemporain autour de Bordeaux

- Vincent P.

Ce qui se passe à Bordeaux est grave. Nous assistons, à grand renfort de propagande médiatique, au travestissement de l’histoire de la ville, et au rapt de cette dernière par une classe aisée mobile.

Nous avons suffisamment fait le constat que "nos" deux grandes métropoles excentrées, Bordeaux et Toulouse, étaient des freins à la réémergence d’un mouvement culturel gascon et en avons souvent déduit la nécessité d’agir dans les villes moyennes et la ruralité. Ce constat fait, ce n’est pas une raison pour ne pas défendre l’identité profonde de ces villes.

Le discours contemporain sur Bordeaux est littéralement à vomir. Tous les pires clichés, assénés au premier degré.

Un exemple parmi d’autres :

Valérie Marquis : à Bordeaux on sait prendre le temps de l’échange

Une "ville ensoleillée", où l’on fait son marché aux Chartrons, va boire des coups au Mama Shelter, où l’on mange vegan. Une ville extirpée de son arrière-pays, au profit de l’île de Ré, de la "Nouvelle Aquitaine". Bref, une ville dont l’identité est travestie sur l’hôtel des fantasmes des bobos parisiens.

Face à ce mouvement médiatique absolument dingue, des voix s’élèvent, sur le ton de l’humour dans un premier temps : c’est le cas du FLBP, le Front de Libération Bordeluche face au Parisianisme. Je vous invite à aller voir leur page Facebook.

[Note de Tederic :
Y a-t-il bien un "hôtel des fantasmes des bobos parisiens" (ça pousserait un peu loin !), ou est-ce seulement un autel (c’est déjà pas mal) ?]

[Note de Vincent P. : Et voilà quand on ne relit pas ! Mais ne corrigeons pas !]

Voir en ligne : FLBP - Front de Libération Bordeluche face au Parisianisme

Grans de sau

  • Bordeaux une ville française.

    J’aime bien voir cette maison de Bordeaux coincée entre un immeuble et une échoppe :

    https://tinyurl.com/ybfqgkpe

  • Un aveu dans l’interview de Valérie Marquis :
    « j’ai retrouvé ici un important réseau de picto charentais appelés à une mobilité liée à la réforme territoriale. »
    Grâce à la "Nouvelle-Aquitaine", Bordeaux "pique" bien des postes de travail à l’ex Poitou-Charentes !

    Une chose amusante dans l’interview d’Ingrid Berghman sur le même site "Invest in Bordeaux" :
    « Q : Un lieu bordelais très néo bordelais “friendly” ?
    R : Le Loginbar, sympa pour rencontrer du monde, les cadets sur les quais, on peut y jouer à la pétanque. »
    Les Cadets sur les quais, qui se veut un lieu gascon : "Estanquet, Pè tancat, nhacs"...
    Comme quoi il y a aussi une carte gasconne à jouer face aux nouveaux arrivants...
    Cependant, "Les Cadets" se plaignent sur leur site Facebook que "la clientèle change"...
    C’est donc compliqué, mais devrait jouer quand même une règle générale, qui vaut aussi pour la Gascogne : on attire quand on est "soi-même" et épanoui.

  • Le problème, c’est que Bordeaux n’attire pas pour ce qu’elle est mais pour les fantasmes qu’une catégorie sociale très particulière (mobile, mondialisée, urbaine, bohème) a de la ville, depuis 10 ans.

    Nous sommes vraiment devant un cas très particulier de bulle médiatique, où tout discours fondé sur la réalité du quotidien à Bordeaux n’a plus de prise.

    Je crois que nous allons au devant de désillusions personnelles immenses : tous ces jeunes couples qui achètent un taudis à Bacalan ou Bastide-Niel, qui ne trouvent pas forcément du boulot comparable à ce qu’ils pouvaient avoir à Paris, qui prennent en pleine poire tous les désagréments des grandes métropoles (transports chaotiques, coût de la vie, ...) sans les avantages de la capitale (vie culturelle riche, diversité, ...). Ce sont des drames familiaux en vue.

    Et puis en parallèle, la question très prégnante du déplacement des populations, poussées hors le centre-ville par l’implosion des loyers et des prix de l’immobilier. C’est particulièrement sensible dans certains quartiers comme Saint-Michel, Belcier ou La Bastide. Bordeaux devient fou.

  • Sur les 7 nouveaux Bordelais présentés en 1ère page de www.vivre-bordeaux.com, 3 n’ont pas choisi d’habiter au centre de Bordeaux, mais respectivement à Blanquefort, au Pian-Médoc, au Taillan-Médoc.
    C’est un indice à confirmer ; ça ne correspond pas à l’image du bobo de centre-ville.
    Je vois une orientation vers l’ouest, ça doit être l’appel de l’océan (Lacanau...) ; et peut-être la proximité de l’aéroport de Mérignac : ces gens là ne prendront pas forcément le TGV pour Paris, même avec un temps de trajet réduit. Maintenant, peut-être que la nouvelle LGV va entrainer une modification des choix d’habitation de ces nouveaux bordelais.

  • Lu dans le livre Souvenir d’un voyage à Bordeaux qu’a effectué Johanna Schopenhauer et son fils Arthur :

    On trouve ici l’authentique, le vrai Gascon. Adonné au plaisir jusqu’à l’exubérance la plus effrénée, il n’est cependant pas rétif au travail. Il peut tout supporter, sauf le calme et le silence. Il lui faut pouvoir tempêter, rire, crier, et il fait alors inlassablement ce qu’il doit......
    Un habitant du Nord, qui n’en a pas été témoin, ne peut se faire l’idée de la violence dans le ton et le geste des Gascons à la moindre occasion.......
    La langue du peuple-le patois gascon- a un son nasillard chantant et désagréable que le gosier rauque des gens rend encore plus ingrat. ............
    Mais jusque dans les classes plus élevées, on entend cette accentuation distinctive du gascon, de ce que on appelle le e muet, et de plus, bien des mots compréhensibles uniquement dans cette province.......
    La physionomie des classes supérieures à Bordeaux est en outre aussi différente de celle du peuple que si elles étaient d’une tout autre origine

    Mon scan ne marchait pas, j’ai donc fait une impression écran :
    http://hpics.li/18ba88c

  • enfin on se réveille !!!

    Bordeaux est Occitan, et non parisien !!

  • « Beaucoup d’acquéreurs viennent de départements comme le Lot-et-Garonne ou la Dordogne, qui souffrent de désertification et de pénurie d’emplois. Bordeaux agit aussi comme un aimant pour eux ».
    http://immobilier.lefigaro.fr/article/les-parisiens-vrais-responsables-de-la-hausse-de-l-immobilier-a-bordeaux-_d24a2ff4-b8a9-11e7-84bd-9fcc34cb6a52/

    Le développement de Bordeaux se fait il au détriment des départements voisins ?

  • J’achète une tonne de leurs autocollants pour mes copains de ’Toulouse, Marseille, Montpellier, ’Nîmes, Nice, Limoges etc
    Ca va se vendre bien mieux que des petits pains, partout .....

  • Le parisianisme peut toucher autant les bordelais (complexe d’infériorité) que les parisiens (complexe de supériorité).

    Quand la bourgeoisie bordelaise rasait le vieux Bordeaux pour construire "à la parisienne" (toits d’ardoise...), quand elle envoyait ses enfants dans des lycées de jésuites pour qu’ils perdent l’accent local (dixit Jean Lacouture), quand elle méprisait le parler gascon du peuple puis le bordeluche, elle faisait du parisianisme.

    Bordeaux ne peut pas ignorer Paris. Mais elle doit aussi regarder ailleurs, vers le sud, vers l’est, vers l’Espagne, vers Toulouse... penser qu’elle est un angle du triangle gascon Mar-Garona-Montanha... jouer en équipe avec les villes petites et moyennes de son environnement proche...

  • Sur une chaîne nationale (?) au journal hier soir durant 10 secondes, Vincent P. répondant à la plainte de Juppé . Il n’ pas eu trop le temps de développer une argumentation !

  • Il y a eu d’autres endroits où le débat fut meilleur, notamment aux Grandes Gueules de RMC. En toute théorie, le reportage que prépare France Inter sera de qualité, qui est allé sur le terrain, à la fois de la Bordeaux boboïsée et de la ruralité péri-urbaine (Marsas, en Nord-Gironde).

    RMC : 26/10 - A la une des GG : La fronde anti-Parisiens à Bordeaux est-elle légitime ?

    Après ce buzz de 48h, éprouvant pour les nerfs (il est infernal, sans y être préparé, de subir une telle pression médiatique, tant de sollicitations, sans oublier la thématique de l’image que l’on renvoie, physique ou idéologique, fatalement tronquée), j’ai beaucoup à dire, notamment sur les journalistes en France. Je le réserve pour ailleurs, et plus tard.

  • Petite anecdote, que j’ai déjà racontée ici il y a longtemps :

    Il y a quelques décennies, la fac de Bordeaux (en médecine je crois, je me le ferai préciser) faisait sa grande rentrée, avec doyen, corps professoral au complet, tout le toutim. L’accueil des Première année donna lieu à discours. On souhaita aussi la bienvenue aux "provinciaux". Les "provinciaux", c’étaient ceux qui venaient du 64 ou du 40.

  • Ma position était quelque peu difficile à tenir, je dois dire, non pas que mon propos serait d’une grande complexité intellectuelle, mais il est malaisé dans les médias de faire passer un message, cohérent je le crois, mais qui réclame de s’affranchir de certains réflexes.

    Les gens qui me lisent depuis des années savent que mon "combat" est avant tout celui de mettre en avant les dégâts de la métropolisation telle qu’instituée en France, avec la constitution de grandes métropoles régionales, mini-Paris de province, qui attirent la jeunesse dynamique à 200km aux alentours, et dans un phénomène contraire, exfiltre ses classes plus populaires des centres-villes, accueillies par les communes anciennement rurales jusqu’à 50km à la ronde, qui se couvrent alors de lotissements, où se développe une sociologie politique aigre, en complète opposition avec le progressisme parfois béat des urbains mondialisés.

    Bref. Bordeaux, pour moi, au fond, n’a jamais été un lieu de lutte : j’ai complètement entériné que cette ville devenait quelque chose d’autre, dans un mouvement de fond occidental. Mon propos a toujours été de mettre en avant les conséquences, ailleurs, et notamment sur les paysages, l’identité des lieux, et en ce qui nous concerne, ce qu’il y reste de Gascogne en Bordelais et au-delà. Cela n’interdit pas d’aimer Bordeaux, bien entendu.

    Comment défendre un propos pareil, quand les journalistes viennent vous poser des questions sur une supposée invasion parisienne (quand l’on ne parle que de nouvelle sociologie urbaine) et veulent de vous des propos sur l’identité de Bordeaux qui serait menacée (quand vous savez la ville multiple et depuis bien longtemps, plus tout à fait "bordeluche") ? Quelle légitimité ai-je à parler de Bordeaux d’ailleurs ? Aucune, selon moi, pas plus (mais pas moins) que toute autre personne qui y paie ses impôts en vérité.

    Quel est donc cet individu que nous venons interroger parce qu’il semble militer contre un phénomène sur le ton de l’humour (pas seul, d’ailleurs), et nous explique que le phénomène lui importe peu, qu’il n’est pas arrêtable, et qu’au fond, là n’est pas la question ? Cela n’aurait pas été audible. Et puis, somme toute, des gens attendent d’être défendus, car en effet, l’impossibilité de vivre la ville, d’y éduquer ses enfants, de bénéficier des services de proximité d’un centre-ville, est une thématique qu’ils vivent.

    Cela explique parfois, qu’en opposition légère avec ce en quoi l’on croit fondamentalement, il faille convaincre en usant d’arguments efficaces, qui pourtant tordent la pensée. On se laisse aller à parler de bobos, des Parisiens, et en prononçant ses mots, l’on se dit que c’est tellement plus complexe pourtant. Les likes, les encouragements vous font alors dire que vous touchez à quelque chose de sensible, et l’on se dit que si l’on peut par ce biais parler d’aménagement du territoire ... allez, on le tente.

    Fort heureusement, 48 heures après, la durée d’un buzz, l’on parle d’autre chose, de Catalogne depuis hier (et en l’état, ce n’est pas une thématique bien éloignée, avec l’opposition entre l’aire métropolitaine de Barcelone et la Catalogne rurale catalanophone), on respire un peu, tout en se demandant ce qu’il restera de toute cette polémique. Probablement pas grand chose.

  • Excellente,ta prestation sur RMC que je viens d’écouter,Vincent.Mais comme tu le dis c’est du buzz momentané ...

  • Vincent, je viens de t’écouter aussi sur RMC (lien plus haut) et je trouve que tu t’en es très bien tiré.
    Ton message "audio" est clair (et très bon sur la forme), et pas en décalage avec le retour textuel que tu fais ci-dessus. Tu as tenu bon !

    Ce n’était pas facile d’éviter le piège d’être taxé d’anti-parisien, piège construit par ce fameux autocollant "Parisien rentre chez toi" que je désapprouve.

    Nous devons continuer à réfléchir. C’est passionnant.
    Les choses sont souvent imprévisibles et le scénario d’un Bordeaux central boboïsé face à une immense banlieue pavillonnaire qui bouffe le Bordelais rural, qui semble implacable maintenant, ne se réalisera peut-être pas totalement, ou pas comme ça. Mais justement, il nous revient de nous y opposer.

    Je reviens sur un axe d’attaque contre la politique "juppéiste" (pour simplifier, mais je n’aime pas personnaliser comme ça) que j’ai évoqué plus haut : c’est l’orientation trop exclusive vers Paris : c’est ça le parisianisme, et c’est finalement une forme de provincialisme. C’est aussi la voie de la facilité, parce que c’est poursuivre sur un sillon creusé depuis des siècles, on pourrait même dire depuis la conquête de Bordeaux par le roi de France (1453, la bataille de Castillon etc.).
    La France est jacobine, et Alain Juppé en est un produit typique (désolé, je ne voulais pas personnaliser, c’est raté...).

    Mais une Bordeaux qui s’ouvrirait aussi vers le sud connaitrait le même problème de relocalisation de populations.
    La fuite des anciens bordelais vers l’espace péri-urbain a des causes complexes : le chômage de masse, le tout-automobile, la culture anglo-américaine, y ont une large part, il serait trop long de l’expliquer ici... bref, il n’y a pas que le Paris-Bordeaux en 2 h par la nouvelle LGV !

    Pour finir par une note d’espoir (enfin, à vous de juger...), une anecdote "perso" :
    En 1996, j’ai été un parisien qui investissait dans l’immobilier à Bordeaux. En 1998, je m’installais près de la place Nansouty. Et je contactais le Comitat Girondin de la Lenga occitana e de la Cultura gascona... Parallèment, je commençais Gasconha.com.
    Qui sait si parmi les investisseurs parisiens de 2017, il n’y aura pas la relève de Gasconha ?

  • Il y a 12 ans ou plus, j’avançais déjà l’idée d’anneau gascon.
    Projets de LGV et anneau gascon Un argument pour : la synergie Bordeaux-Toulouse au service de la Gascogne et de la Guyenne

    L’anneau gascon est un anneau de peuplement.

    L’idée était - e n’èi pas cambiat - de renforcer les communications sur cet anneau de peuplement qui existait déjà sauf sur le côté atlantique, et correspond au triangle gascon Bordeaux-Toulouse-Bayonne.
    Cela pour peser lourd face à Paris...
    Je n’ai pas été écouté... Et chaque point de l’anneau gascon, même les plus forts comme Bordeaux et Toulouse, continue à traiter séparément, donc en position d’infériorité, avec Paris.
    Dernièrement, Dionis du Séjour, maire d’Agen, tentait médiatiquement de profiter du "Parisien rentre chez toi" bordelais pour draguer les parisiens...
    Toujours comme si le salut ne pouvait venir que de Paris...

    L’anneau gascon, une fois renforcé, par exemple par une boucle ferroviaire à haute fréquence, pourrait être attractif pour les parisiens, et alors ceux-ci viendraient s’y répartir harmonieusement.

  • Je tente de prolonger le buzz par la réflexion...
    Je voudrais relativiser l’histoire de la vieille population du coeur de Bordeaux poussée à la campagne par l’invasion des bobos parisiens.

    J’ai repensé à ce que nous avions dit sur le vote FN de Belin-Beliet.
    Le vote FN en grande périphérie bordelaise Voyage à Belin-Beliet

    Nous tentions d’étudier une population péri-métropolitaine pavillonnaire.
    J’avais relayé un article de l’universitaire Violaine Girard qui décrivait une classe d’ouvriers qualifiés et de contremaîtres propriétaires qui parvenaient à "faire leur trou" (y compris politiquement) dans les communes accueillant leurs lotissements.

    J’ai lu aujourd’hui un article d’Eric Charmes : La revanche des villages
    Sa vision des périurbains n’est pas celle d’une population en détresse, bien au contraire.
    Autour des villes moyennes, il montre même que le poids politique des périurbains devient prépondérant : par exemple, ils viennent de rafler la présidence de la communauté d’agglomération de Mulhouse !
    Dans ce contexte de villes moyennes, les périurbains sont en moyenne mieux lotis (c’est le cas de le dire !) que les centre historiques des villes qui, eux, se paupérisent :
    « résider dans la ville centre de ces aires a peu d’attraits pratiques. Cela en a d’autant moins que les logements proposés dans les villages périurbains, des maisons neuves avec jardin ou d’anciens corps de ferme rénovés, sont souvent plus attrayants, tant en termes de confort qu’en termes de prix »

    L’auteur de l’article signale bien que les coeurs de métropoles résistent mieux que les coeurs de villes moyennes :
    « Face aux villages périurbains, seuls les centres des métropoles les plus importantes peuvent véritablement résister et continuer à capter les classes moyennes, les commerces et les entreprises. Ces centres sont suffisamment bien dotés en équipements, services et aménités pour faire face à la concurrence des périphéries. Ils peuvent non seulement maintenir en place les ménages aisés, mais aussi les attirer (la gentrification des quartiers populaires en témoigne). »

    Mais enfin, si le coeur de métropole "résiste" (en partie grâce aux bobos), on comprend que le territoire péri-métropolitain exerce sur lui une forte concurrence, et que ce dernier a aussi ses "aménités"... et pas seulement un avantage de prix.

    Je soutiens qu’il y a une middle-class nombreuse (j’utilise le mot anglo-américain à dessein) qui a choisi depuis longtemps de quitter le coeur de métropole, et qui persiste dans son choix. Ceux-là qui disent qu’ils ne vont jamais à Bordeaux ("on peut pas se garer !")...
    Cette classe moyenne moins diplômée en moyenne que les bobos urbains n’a pas les mêmes goûts qu’eux ; très mondialisée à sa manière, elle se délecte des centres commerciaux périurbains, où "on peut se garer" et où elle fait tous ses actes de consommation (restau Tex-Mex etc.).

    Ensuite, il y a une continuité, mais aussi une grande distance, entre cette classe et les vrais exclus (ceux qui sont au RSA) ; pour ces derniers, même habiter un lotissement au Canton du Plaçot doit être trop cher, et je pense qu’on les trouve plutôt dans les vieux centres sinistrés de Langon, La Réole, Tonneins, ou même de toutes petites bourgades... (Asques)
    Canton du Plaçot

    Un aspect dérangeant pour moi (mais stimulant) de l’article d’Eric Charmes : il prend l’étalement urbain comme un fait acquis qu’on doit positiver :
    « Il convient de sortir du débat binaire pour ou contre l’étalement urbain. Les périphéries des villes existent, les villages périurbains sont là, il ne s’agit plus de s’interroger sur leur légitimité à être, mais de réfléchir à l’amélioration de l’existant. Et dans ce domaine beaucoup peut être fait. Au regard des exigences du développement durable, les villages périurbains ont même quelques atouts que les villes n’ont pas : pour développer de nouvelles alliances entre villes et campagnes, autour des circuits courts par exemple. Par ailleurs, pour peu qu’on s’en donne les moyens, les déplacements en vélo ou le covoiturage peuvent largement se développer. Bref, le périurbain peut être un territoire durable ».

    Dans cet esprit, serait-il possible de re-gasconniser la société péri-métropolitaine ? Si elle est issue du peuple bordelais, elle en a parfois gardé l’accent gascon ; parfois, elle retrouve le terroir de ses ancêtres...
    Ma crainte est quand même que ça bouge trop, dans ces lotissements. Vincent nous le signalait : « beaucoup de divorces et de projets immobiliers avortés sur le moyen terme parmi ces classes moyennes déclassées périurbaines, on achète, on vend, on bouge »
    Un territoire peut-il être "durable" avec des gens qui ne durent pas au même endroit, parce qu’ils déménagent sans cesse, et peuvent aussi bien quitter ce territoire du jour au lendemain ?

  • Eh be Tederic, tu donnes une clé : l’acte central dans le mode de vie périurbain est l’acte d’achat : courses, restos, ciné, sport. C’est là qu’il "faut" mettre du gascon ou de la gascogne si l’on veut avoir une influence sur ces populations.

    On peut (et on en fait ce qu’on veut, hein c’est juste pour dire) projeter une petite liste de leviers :
     des produits dans les étals des super/hypers avec un rien de gascogne sur l’étiquette ou l’emballage,
     de la bouffe et de la pintoche gasconne (y’a eu plusieurs essais de fast food, bar tapas ou autres restos axé canard, "sudouest", les "vins et bière" cartonnent qui peuvent mettre l’accent sur le terroir régional),
     de la production culturelle achetable : c’est le plus mal barré, y’a zéro film en gascon ou sur la gascogne, très peu de musique ou de spectacles en DVD...
     le sport : rugby, pelote peuvent véhiculer un rien de gascogne (du moins une continuité de pratique avec la gascogne "profonde")... salle de sport, squash, mur d’escalade, yoga... là c’est plus l’anglo-saxon qui domine...

    Donc quels relais viser (encore une fois je dis ça comme ça, hein, pas la peine de rebondir avec "ça sert à rien, "t’as qu’à le faire" etc...) :
     producteurs et transformateurs en grande distribution pour l’étiquetage des produits,
     tenanciers de bars et restos dans les "zones",
     gestionnaires des structures sportives...

    J’ai pas parlé du mobilier urbain, hypertrophié dans les espaces périurbains, donc incontournable :
     leviers:rond-points, mobilier urbain, éclairages, parkings, trottoirs, signalétique...
     décideurs à cibler : services techniques des municipalités, cabinets archis/paysagistes.
    On pense bien sûr à l’affichage écrit du gascon, mais c’est peut-être devenu un piège (tellement mal fait dans trop de cas, trop greffé artificiellement).
    Je pense plutôt à une esthétique, des motifs... une charte graphique commune à construire pour que nos paysages urbains aient un dénominateur commun, que le quidam retrouve un "air de famille" typé autour de Pau, Auch, Mont de Marsan qu’il assimile inconsciemment.
    Avez-vous remarqué comme un espace public espagnol, anglais, français se reconnaît souvent au premier coup d’oeil ? C’est ça qui serait à rechercher : police de caractère, design, charte graphique, couleurs, motifs traditionnels (on pense à la croix "basque" : diablement efficace et peu couteux : foutez en une sur un banc, c’est un banc "basque" !).
    On pourrait imaginer du "sans-clôture" façon airial dans certains espaces publics, ce serait un contre-pied très remarqué et là aussi, peu couteux...

  • Ne t’excuse surtout pas, Artiaque, de proposer des idées sans passer à l’acte : c’est le propre d’un groupe de réflexion ; nous sommes ici en plein dans l’activité de Région Gascogne Prospective (ReGasPros) !

    Il y a les penseurs, les diseurs, les faiseurs... il faut de tout pour faire un monde... Dans les centaines de visiteurs quotidiens de Gasconha.com, la plupart ne mettent pas leur gran de sau, mais justement parmi ceux-là, il peut y avoir des faiseurs qui s’inspirent de nos idées ; ou des gens qui diffusent nos idées et nos dessins sur d’autres médias : par exemple, je vois de temps en temps que des graphismes de banèras qui sont depuis 15 ans sur Gasconha.com servent soudain comme image de profil dans les forums de "Sud-Ouest"...

    Dans tes propositions dont je partage totalement l’esprit, j’en relève qui me plaisent particulièrement :

     le "sans-clôture" façon airial dans certains espaces publics ; j’en ferais un axe fort d’un combat paysager gascon (pour les espaces privés aussi !) ; mais c’est un combat au long cours, une bataille d’images ; difficile aussi de mettre une signature (en l’occurence gasconne) à l’absence de quelque chose (la clôture)...

     la charte graphique gasconne
    Nous avons des graphismes simples qui font leur chemin : le triangle rouge par exemple ; j’ai vu récemment qu’il était repris dans le groupe Facebook Esprit Gascon pour figurer sur des panneaux, avec la mention "PAYS GASCON". Je vais essayer de le retrouver pour le reproduire ici (on dit qu’il est difficile de retrouver quelque chose sur Gasconha.com, mais je trouve que c’est largement aussi difficile sur un groupe Facebook...)
    ...Que l’èi trobat :

    Proposition de panneau avec triangle rouge
    Groupe Facebook Esprit Gascon
  • Histoire de rebondir sur les deux posts de Tédéric et Artiaque,quelques réflexions :
    L’article d’Eric Charmes ne fait pas suffisamment la différence entre le péri-urbain des Métropoles(dans notre cas Bordeaux et Toulouse) et celui des villes petites et moyennes, à l’image de leurs cœurs de ville respectifs . Le centre des Métropoles est (de plus en plus) vivant,alors que les centres des petites villes est mort ou moribond ,en effet en partie ré-habité par des personnes et familles souvent précaires,voire des immigrés venant de loin . De même le péri-urbain des métropoles est le fait de gens intégrés (à la métropole justement,en général par leur travail) ;certains disent habiter à l’extérieur par choix,d’autres font de nécessité vertu ,sachant les kilomètres de bouchon qui les attendent tôt le matin .Il faudrait une étude sociologique fine mais je crois que les péri-urbains des villes petites et moyennes sont davantage en difficulté ,ne serait-ce que parce que leur centre en déliquescence n’exerce plus de véritable attraction.Sont-ils davantage encore reliés à la culture régionale ? j’en doute,beaucoup d’entre eux venant d‘assez loin aussi (de moins loin que les péri-urbains des métropoles ?).
    Quant aux suggestions d’Artiaque elles sont certainement toutes à explorer,sans illusion excessive.
    En matière « visuelle » Je connais le cas du Leclerc de Tyrosse (implanté à 1 km du cœur de ce qui fut un village et compte aujourd’hui autant d’habitants que Langon ) :des efforts réels y ont été déployés pour donner le nom des différents départements du magasin en gascon ,des kakémonos parfois superbes (photos de paysages) ont été déployés près des caisses avec chaque fois un proverbe gascon.Sont-ils seulement vus -et compris- des visiteurs qui ne semblent ne regarder que leur caddie et la caisse (même pas toujours les caissières elles-mêmes, à qui je fais parfois des commentaires sur lesdits proverbes sans être bien sûr qu’elles aient seulement « lu « tout cela ).Mais ne soyons pas chagrins : c’est mieux,bien mieux que l’abstention et le vide.
    Quant aux produits eux-mêmes et leur reconnaissance gasconne, c’est un sujet que je travaille depuis des années.Pour l’instant je note une grande difficulté à embarquer les entreprises dans une signalétique gasconne qui soit compatible avec leur politique marketing et qu’ils identifieraient comme un vrai plus.Et sans les entreprises on ne va pas loin
    Dernier point :le cinéma.Pas de cinéma gascon , dit Artiaque.Ce n’est pas tout à fait vrai (voir par exemple les films gasconophones de Jacques Baris comme Joantirot mais ils sont l’exception.
    http://www.sudouest.fr/2013/06/10/et-si-vous-faisiez-du-cinema-1080085-3320.php
    A ses débuts André Téchiné situait généralement ses films dans nos pays gascons avec des acteurs souvent du cru et parfois avec accent :à ce titre il aurait pu représenter un certain cinéma gascon mais je n’ai pas l’impression que cela ait duré.
    Bref,nous n’en sommes pas à créer une rubrique « cinéma » sur gasconha.com mais plus tard peut-être…

  • « les péri-urbains des villes petites et moyennes sont davantage en difficulté ,ne serait-ce que parce que leur centre en déliquescence n’exerce plus de véritable attraction.Sont-ils davantage encore reliés à la culture régionale ? »

    Ces péri-urbains là sont peut-être dans des zones moins dynamiques pour l’emploi. Peut-être, seulement peut-être : j’ai lu récemment que la situation de l’emploi était relativement bonne dans le Marmandais (aire urbaine - et largement péri-urbaine - de Marmande)...
    Il se peut que, ici et là, le solde migratoire soit négatif ou nul, éventuellement positif grâce à des installations de retraités...

    Leurs "centres en déliquescence"... ça peut serrer le coeur des anciens, qui cependant les ont fuis et n’y font plus leurs courses, sauf aller au marché ou au médecin... même les pharmacies s’en vont...

    Depuis longtemps, j’ai été attentif aux concepts et aux statistiques de l’INSEE sur les aires urbaines.
    Par exemple, pour un coin que je fréquente :
     Aire urbaine d’Agen : 111 000 habitants
     Aire urbaine de Marmande : 36 000 hab.
     Aire urbaine de Tonneins : 10 000 hab.
     Aire urbaine de Nérac : 12 000 hab.
    Il y a du péri-urbain dans chacune d’elle, mais il y aussi une couronne ancienne déjà pavillonnaire à partir des années 60.
    Il y a aussi des communes que l’INSEE ne rattache à aucune ville, qui ne font partie d’aucune aire urbaine. Mais même là, il y a à mon avis des bribes de populations péri-urbaines, et parfois peut-être les moins favorisées.

    Je pense que plus les villes sont petites, plus leur espace péri-urbain est habité par des gens "du cru".
    Allons écouter l’accent des gens dans nos super/hypermarchés péri-urbains pour avoir une idée de leur lien avec la culture régionale - lien que la plupart ne cultivent pas et ne transmettent plus, c’est peut-être ça notre problème !

  • Terrains à bâtir : à Bordeaux Métropole le marché s’est effondré

    "L’individuel aménagé n’existe plus en périphérie de la métropole. Ce qui chasse les familles toujours plus loin, comme je vous le disais, au cœur du Médoc ou de l’Entre-Deux-Mers. Ce qui fait aussi, poursuit François Cheminade, que les jeunes familles, qui sont au cœur de l’accession à la propriété par le biais de l’individuel aménagé, auront besoin de deux voitures et devront faire beaucoup de trajet pour venir travailler à Bordeaux Métropole, sans bénéficier des services métropolitains. Je parle de familles du cru. Les nouveaux arrivants n’ont pas de problème pour s’installer où ils veulent".

  • La phrase citée par Vincent a d’autant plus de poids qu’elle n’émane pas d’un méchant,obtus et xénophobe militant du Front de libération bordeluche face au parisianisme,un de ceux pouvant "nuire à l’image de la ville"(dixit M.Juppé) mais d’un représentant de Nexity Foncier Conseil,secrétaire de l’OISO (Observatoire de l’immobilier du Sud-Ouest). A méditer.

  • Je me trouve tout à fait surpris de l’ampleur que prend le débat, certes dans les pages plus techniques de la presse locale :

    Immobilier : Bordeaux court le risque d’une "éviction sociale" des ménages modestes

  • Artificialisation des espaces naturels, agricoles et forestiers en Gironde...
    Je résume un article de Bertrand Garreau dans le n° 176 de "Sud-Ouest Nature", revue de la SEPANSO (défenseurs de l’environnement) :

     L’artificialisation progresse de 1100 ha par an en Gironde.
    [Rapporté à la surface totale du département, ça fait environ 1/1000 ; en 10 ans, 1/100 ; ça correspond bien à l’image souvent avancée de l’équivalent d’un département français artificialisé tous les 10 ans.]

     Elle progresse à peu près au même rythme que la population.
    45% des logements neufs sont obtenus par densification d’espaces déjà urbanisés, les 55 % restants par artificialisation du sol.
    Les appartements sont 5 à 10 fois moins gourmands en foncier que les maisons (les jardins entourant les maisons sont considérés comme de la terre artificialisée).

     La loi ALUR de 2014 aurait limité les dégâts en supprimant le Coeff. d’Occupation des Sols (COS), donc en permettant de densifier.

     Malgré un "arsenal législatif" (SCOT, PLU...), la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers ne fléchit pas. Manque de volonté politique ?

    L’article montre une photo aérienne assez parlante de "l’urbanisation linéaire" de Créon (Entre-deux-Mers) entre 1959 et 2009.

    Ma question : l’arrivée massive de parisiens dans la métropole bordelaise, si elle pousse des bordelais en périphérie, oblige-t-elle à n’y faire (en lointaine périphérie parfois) que du pavillonnaire fort consommateur de terre naturelle ?


Un gran de sau ?

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