Grammaire gasconne de la Grande Lande et du Born

- Renaud

Adishatz,

Que’vs senhali le sortida de le mia gramatica suu parlar negue de le Gran Lana e deu Bòrn au travèrs deus escriuts de l’Arnaudin.

Que le pòdetz comandar ací

L’avant-propos, qui résume bien mes quelques interventions sur Gasconha est consultable sur le net (Google Livres).

Grans de sau

  • J’ai hésité à répondre à l’invitation de Renaud à revenir sur son avant -propos à la Grammaire gasconne de la Grance Lande et du Born .Comme plusieurs d’entre nous, je suis un peu las des discussions sur la langue et encore plus sur la graphie qui me paraissent consommer(et consumer) trop d’énergie qui seraient plus utiles ailleurs.Mais ce serait aussi ne pas faire suffisamment cas de ce gros et important travail.Il va sans dire que les réserves qui suivent n’en mettent pas en cause la qualité :aussi bien ai-je l’intention d’acquérir à la première occasion ce livre ,qui est sûrement à consommer sans modération et avec tout le plaisir et le profit possibles.
    C’est bien cet avant-propos qui pose problème ,multiplement.
    Il commence par poser en principe que « les langues occitanes sont dialectales ».Soit pour le pluriel et l’appartenance collective (encore que ce terme de « langues occitanes » définissent un ensemble où le catalan est exclus ,ce qui est discutable d’un point de vue linguistique) .Mais s’agit-il de langues dialectales par nature auquel cas il serait impossible d’imaginer quelque état de la langue qui ne soit pas dialectal ou d’une situation socio-historique momentanée(certes durable !) ?
    L’auteur explique bien ce que signifie cette nature dialectale :l’appartenance à un continuum occitano-roman dans lequel il est impossible ou à tout le moins arbitraire de trancher,rejoignant en cela un Eric Fraj (voir http://www.gasconha.com/spip.php?article2914 ) pour qui tout parler est « l’occitan »(pour notre ami Renaud « une langue occitane » quoiqu’à la fin de son propos il revienne bien à une désignation unique ).Aussi ajoute-t-il , « si l’on élit un gascon central on sort le gascon de son ensemble occitan… »( pourquoi donc, grands dieux ?).Et d’ajouter qu’au-delà du gascon proprement dit il n’y a pas « un néant ».Non bien sûr,il n’y pas le néant simplement une autre langue,sœur bien entendu mais autre.Le refus des frontières de toute nature est décidemment un des signes clairs d’une post-modernité qui s’en mordra vite les doigts,si ce n’est déjà le cas !
    On voit bien ici la limite de ce raisonnement :tout essai de définir un bien commun linguistique (un gascon central) voire de parler autre chose qu’un gascon parfaitement territorialisé est voué à l’illégitimité au même titre que la définition d’un « occitan central ».A ce stade aucun distingo n’est fait entre une Gascogne(ou « des pays gascons » linguistiquement définis) et l’Occitanie (au sens des 35 départements méridionaux français plus le Val d’Aran et le Piémont oriental italien).Il faudrait tout de même savoir si la Gascogne (les pays gascons) ont une réalité humaine et culturelle malgré presque mille ans d’effacement comme entité administrative voire politique au même titre que l’Occitanie ainsi définie ou tout de même constitue(nt) une bien plus forte réalité. Et par ailleurs pourquoi limiter le continuum auquel on se réfère aux langues occitanes ? Les territoires de langues catalanes sont bien pourtant inclus dans ce continuum (dans la région du Fenouillède et la partie occidentale du Roussillon pyrénéen) .Et même allons plus loin :à travers le Croissant mixte occitano-français n’y a-t-il pas un continuum gallo-roman qui fut bien utile au XIXè siècle aux linguistes déniant toute réelle particularité linguistique aux parlers d’oc pour des raisons purement politiques vraisemblablement ?Cela n’invalide quand même pas la référence à une (ou des langues occitane(s) des deux côtés de ce Croissant. Alors pourquoi pas pour le gascon également ?

    Ces considérations ont-elles cependant une portée réelle puisque l’auteur de la Grammaire n’exclut pas en fin d’avant-propos un futur « gascon unitaire » et reconnait que le gascon ,dont les parler « s’amenuisent et se normalisent » intégrera à l’avenir des formes aujourd’hui distinctes , d’une façon qu’il ne précise pas .Il a sans doute raison d’ailleurs car si on aperçoit les motivations sociologiques de cette standardisation – la mobilité croissante et le mélange des populations gasconnes entre elles sans parler d’autres mélanges tout aussi réels-, il est difficile d’en prévoir les modalités pratiques .Et comme lui on ne peut que favoriser une meilleure connaissance des dialectes gascons actuels pour éviter toute normalisation influencée par des critères extérieurs au champ gascon .

    Je ne crois donc pas,si nos langues d’oc ont encore un avenir, que le seul choix soit entre « une langue occitane parlée n’importe comment et n’importe où ou un occitan dialectalisé et rigoureux » :un gascon commun flexible ,souple et enrichi de tous les meilleurs apports de ses dialectes devrait bien avoir sa place et l’emporter dans nos région sur les deux premières hypothèses .

  • Lavetz !

    Permèr, que mercegi Gérard de m’aver responut. Se hèn quauquarré de public, que cau acceptar d’estar criticat. E be sàbem plan, eth e jo, ne ns’adúvam pas (briga) sus aqueth ahar.

    Il me semble que l’on ne peut pas mélanger "l’identité", "la culture" et l’étude de la langue au plus près, soit la dialectologie. C’est une question très complexe. Et si je me permets d’en parler, ce n’est pas parce que j’ai lu des livres (mais j’en ai lu quand-même : « Martine à la plage » et dernièrement, « Chamalow n’aime pas la soupe », constat : j’ai rien compris ) ou que j’ai des idée identitaires mais bien parce que j’ai pu, de par mon travail, apprécier ce que très peu de personnes ont l’occasion de faire. Je pense que sur une ligne droite entre Bagnères de Bigorre et Massat (135km), j’ai du passer par tous les villages et enregistrer des centaines de personnes (et je ne parle que d’un seul axe). Normalement, dans la vraie vie, on ne fait pas ce genre de choses, on n’a pas l’occasion de le faire. Et je pense, sans me vanter, que j’ai vécu et entendu certaines choses, que l’on peut difficilement comprendre à moins d’avoir fait, comme moi, du collectage, de manière intensive.
    Si l’on met le nez dedans la langue et son évolution, alors oui, on ne voit plus les choses pareil. On se rend compte du véritable sens de continuum, soit une évolution linguistique. Jusqu’où va ce continuum, ce n’est pas (pour l’instant) mon problème mais je peux juste parler de ce que je connais.

    Prenons Massat : plus de "h", plus de "eth", 50% de mots à phonologie languedociennes, 50% gascon, 2 énonciatifs ("que" et "ja") pas de "d" intervocalique (la coa), pas de "n" intervocalique (faria), disent "poret" quand quasiment toute la Gascogne dit "polet" (le remplacement du "l" par le "r" étant typiquement gascon, je rappelle, "lo porin/lo polin").

    Prenons Montesquieu-Avantès où la semaine dernière, Hubert me disait "eth", employait le "h" mais disait "era harina" : qui est le plus gascon des deux ?

    Oust est-il plus gascon que Ercé parce qu’il dit "haure" et pas "faure" en ayant tout le reste des traits identiques ?

    Oust est-il plus gascon que Mimizan parce qu’ils disent "soar" là où je dis "sonar" ?

    Mimizan est-il plus gascon que Biscarrosse parce qu’on dit systématiquement « ua » et eux « una » ?

    Il n’y a pas de réponse. Comme il n’y a pas de définition claire, précise et satisfaisante de la "langue". Je le dis dans l’avant-propos "définir un dialecte, c’est en fin de compte, trancher dans le lard". Alors, je ne dis pas qu’il est impossible d’élaborer un parler gascon "central" mais que si on le fait, il ne pourra être justifié que pour des raisons identitaires et pas linguistiques. Parce que "hasèva" est aussi gascon que hadia" : HASÈVA : h = 1 point, s intervoc = 0 point car trait du languedocien, èva = 1 point / HADIA : h= 1 point, d intervoc 1 point (typique du gascon), ia = 0 point, trait du languedocien. Et ça, des centaines, des milliers de fois !! Sans compter le pire, en fin de compte, le lexique. "On prendrait le lexique du girondin pour la vigne, le yrénéen pour la montagne, etc..." C’est très candide... Le girondin mais où ? Croyez-vous que le vocabuulaire de la vigne soit uniforme en Gironde ? Et puis, est-on bien sûr que c’est un vocabulaire autochtone, on faisait du vin partout en Gascogne. Vocabulaire du pastoralisme ? Pas de problème ! Le « pyrénéen » mais d’où ? De Béarn, de Bigorre, du Comminge, du Couserans ? Du Béarn. Bon. Ne demandons pas pourquoi, du Béarn, très bien. Vallée d’Aspe ? Barétous ? Ossau ? C’est sans fin...

    Peut-être devrons-nous y arriver un jour mais ce sera « un nid à emmerdes » pour parler poliment.

    Non, pour celui qui met le nez dedans, d’un point de vue dialectologique, il n’y a pas de frontière entre le languedocien et le gascon... Deux langues différentes ? Sur le papier, oui. Saurat est du languedocien, Oust du gascon, pourtant Saurat a plus de différence linguistiques avec Palavas en étant classé dans le même "truc" qu’avec Oust, le gascon. On a dit ça aussi pour prouver l’absurdité de terme "béanais" quand on parle de langue (Sauveterre plus proche de la Chalosse que d’Urdos) mais ça marche aussi avec le reste...

    De ce fait, le gascon existe sans exister... Le gascon n’a pas de dialectes, c’est « l’indépendance des aires linguistiques » des parlers qui fait le gascon, pas le contraire. Et Théobald Lalanne l’avait bien senti. Après, on peut faire de l’identité et dans ce cas-là, oui, il y a la Gascogne, oui il y a le gascon mais mieux vaut ne pas rentrer trop dans les détails... On a parlé de langue pluri-centrique. Comme je l’ai déjà expliqué, pour moi, il n’y a pas de centre, ou, plutôt, le centre est partout. Je dirais même que la langue est « omni-centrique ». J’ai appris, dans la critique de mon livre par JJ Fénié sur Sud-Ouest (qui m’accuse plus ou moins de « localisme ») que Jean-Louis Fossat parlait de l’occitan comme de la « langue de la tolérance » et même si c’est une considération à posteriori, je vois parfaitement ce qu’il voulait dire. Il n’y a pas plus métissé que la langue (franchement, je ne sais plus comment l’appeler) : influences au nord, au sud, à l’est, à l’ouest. Et le village au dessus, idem. C’est aussi sans fin. Ouai, omnicentrique.

    Voilà ma pensée un peu labyrinthique...

    C’est ce qui me fait un peu peur dans ce mouvement « Esprit Gascon », c’est cette identité... Moi, au final, je n’ai d’identité que la mienne... Et encore... Donc, c’est certain, je ne serai probablement jamais un porte-drapeau...

    • Renaud, nous parlons ici d’identités collectives, d’étiquettes posées sur des territoires et les populations qui y vivent.
      C’est très bien de garder l’esprit critique et de discuter les étiquettes.
      Mais si nous ne les choisissons pas nous-mêmes, ON les choisit à notre place : ça donne "Sud-Ouest", "néo-aquitains", "du Midi"...
      Je ne sais toujours pas ce que les autorités de la Région Occitanie choisissent comme gentilé : occitans, occitaniens ?

      "Gascogne" et "Gascon", je trouve que c’est mieux : profondeur historique grâce au critère linguistique. Et ça identifie bien le triangle Mar-Garona-Montanha, sauf Pays basque bien sûr.
      Se pose toujours la question des zones frontières, qui sont passionnantes, et ont le mérite d’inviter à la discussion et à la modestie.
      Ensuite, l’étiquette Gascogne/gascon pour le fameux triangle, si elle entraîne logiquement qu’on étiquette sa population comme "gasconne", ne doit pas forcer chaque membre de cette population à se dire gascon et seulement gascon.

  • " Hymne de la région Occitanie " -en Français dans le texte -
    Dans mes gènes serpente l’ADN Occitan
    symbole de ma terre parfois saigné à blanc
    Ciselé sur mon coeur la croix d’or et de sang
    donne moi le bonheur d’être né Occitan
    De l’empreinte de Rome,aux cathares brûlants
    donne moi le bonheur d’être né Occitan .( morceaux choisis )
    Si l’identité d’un Gascon vous fait peur , celle d’un Occitan me laisse rêveur .
    Visiblement la constante référence à la croix ,aux cathares,la croisade et cet ADN du peuple Occitan ne semble effaroucher personne .
    Sur EG nous reconnaissons GASCON , les personnes qui parlent le Gascon , mais également celles qui ne le possèdent pas et qui sont nées dans et hors de la Gascogne , et qui se reconnaissent Gascon ...le spectre est large , on ne demande pas leur ADN aux gens , pas à quelle croix ils prient , ...Esprit Gascon , c’est pour tout les Gascons , c’est la parole donnée aux GASCONS et il faudrait peut être commencer à les écouter .

  • Qu’es plan çò que’m disí, lo mon pleitei qu’es complicat... e atau, a le vista bòrnia, n’atz pas comprés arré de çò que condèvi... Rai...

  • Je suis à 100% d’accord avec Renaud notamment sur le métissage. Cela se constate de même dans le parler duraquois , d’ailleurs considéré comme languedocien alors que c’est quasiment du périgourdin .

  • Après, pour Gérard et pour un choix de langue qui ne serait que entre un gascon "dialectal" et un "occitan sans racine", j’exagère un peu et je comprends parfaitement que certaines personne, de par leur sensibilité et leur histoire personnelle, aient envie de parler quelque chose de plus "global" (même si je pense que c’est une illusion puisque ce "global"-là, n’étant parlé nulle part, il est de fait minoritaire). Ce qui m’importe, c’est la cohérence du parler : qd j’entends quelqu’un qui dit une fois "prenè", l’autre "prenèva", je me dis juste que c’est pas pédagogique. Le parler local est DEJA normé, lui...

    Après, je ne dis pas que c’est un casse-tête... Bref...

    Mes, ua question : çò que perpausa Esprit Gascon per le lenga, a despart deu mòt "gascon" emplegat a tot vira codic ? E perpausa arré ? O n’es pas sonqu’ua assemblada com se tineré "le repas de la classe" ? Çò qu’es Esprit Gascon en fèit ?!

  • Corrrrrrection : "je ne dis pas que ce n’est pas un casse-tête" !

    E tabé : que sembla qu’i agi quauquarré dab Chrome. Los messatges que son picats, talhucats, podats.

    • Les problèmes d’affichage signalés par Renaud doivent être la conséquence des modifications que je fais pour tenter que Gasconha.com se présente mieux pour ceux qui arrivent sur le site par smartphone ou tablette (environ 40% à ce jour).
      Je suis obligé de bidouiller en modifiant des paramètres d’affichage que je ne maîtrise pas réellement...

    • Il n’était pas lié aux modifications des pages en général mais à l’adresse à rallonge du lien vers Google Livres. Qu’ac preferi atau !
      Quand on écrit un gran de sau, il faut envelopper ce genre d’adresses, que certains navigateurs ne savent pas couper et qui perturbe l’affichage, dans un lien en bonne et due forme, en utilisant l’outil "Transformer en lien hypertexte" qui est disponible parmi les outils d’enrichissement du texte juste au dessus de la zone de saisie ; il est représenté par un morceau de main qui clique sur "spip".
      Je l’ai fait après coup pour le cas présent.

      Autre chose : je suis épaté par la puissance de Google Livres qui indexe des parutions aussi récentes que celle de Renaud !

  • Que m’as hèit perpensar un còp mèi,Renaud , dab aqueths comentaris de gèir . No’ns « aduam « pas adara , vertat mes qui t’ac sab ?Que puix en tot cas plan comprener çò qu’as escrivut a maugrat que n’auji pas jamèi legut aqueths tractats lingusistics hòrt sabents com « Martine à la Plage » o aquò deus marshmallows o Chamallow…

    Et d’abord c’est vrai que nos opinions et approches de toutes sortes sont essentiellement informées par ce que nous avons vécu ou en sens inverse pas vécu.Et l’expérience singulière d’un « collectaire » est assez particulière en matière linguistique pour amener assez naturellement aux conclusions de Renaud.Encore qu’à sa manière il me paraisse plus « tranchant » que je ne cherche à l’être.Un exemple :pourquoi le « s » intervocalique devrait-il être considéré comme un trait languedocien alors qu’il couvre un gros tiers (au moins) de l’aire gasconne ?Un gascon commun dont j’espère la venue devrait pouvoir s’ accommoder de cette diversité.
    .Mais enfin admettre des frontières n’a jamais signifié qu’il était toujours interdit de les passer ,non ? C’est même un jeu plutôt stimulant pour l’esprit finalement :le gascon n’a pas vocation à être un isolat où ne pénètrerait jamais aucune influence extérieure,simplement il doit pouvoir être ,tout simplement, ce que lui dénie plus ou moins un statut mal défini et ambigû de dialecte de l’occitan ou d’ « interdépendance d’aires linguistiques ».
    Quant aux problèmes concrets en matière de vocabulaire par exemple,je pense que les critères d’adoption de tel ou tel registre n’ont rien de si compliqués et du reste c’est sans doute l’usage qui prévaudrait comme souvent dans toutes les langues.Encore faut-il qu’il y ait usage :une langue ne vit que si l’on s’en sert et je crains beaucoup la crainte révérentielle à s’en servir de qui n’aurait pas tous les codes locaux voire hyperlocaux si ceux-ci devenaient une norme .

    Dernier point ,le plus sensible psychologiquement sans doute :nos sociétés occidentales post-modernes ont fini par connoter négativement tout ce qui est identitaire au point que cet adjectif sonne maintenant comme une insulte .Et par conséquent l’apologie de l’indéfini , de l’indéterminé , est de mode plus ou moins obligatoire ;il me semble que cela aura sans doute sa part dans ls positions de notre ami Lassalle .D’identité à porte-drapeau, de porte-drapeau à armée, d’armée à agression ,il n’y a que quelques pas pour nos contemporains.Je ne me considère pourtant pas moi-même comme un porte-drapeau d’aucune sorte .Au reste j’ai d’autres centres d’intérêts et d’autres engagement que la matière gasconne et n’en suis nullement obsédé.Et je me verrais mal entrainer si peu que ce soit mes compatriotes gascons dans une aventure à la catalane à supposer que ce soit imaginable ! Renaud parle d’Esprit gascon comme une sorte de repoussoir. Je m’en suis tenu jusqu’à présent à l’écart tout simplement par méfiance et hostilité vis-à-vis de la pieuvre Facebook.Ce site est dans l’immédiateté et la spontanéité des échanges ,l’expression rapide et brève donc parfois sans doute réductrice d’après ce que j’en ai vu.Mais il a réveillé d’évidentes capacités créatrices comme les journées de Samatan l’ont montré et il est sans doute une des meilleures nouvelles concernant les pays gascons de ces dernières années.Il ne contient rien de plus potentiellement dangereux (un peu moins même !)que le discours occitaniste auquel fait allusion Pierre TS dans son post ci-dessus,alternant au fil des temps et des modes idéologiques, exaltation obligatoire de l’épopée cathare et ouverture mondialiste bien pensante n’engageant pas à grand chose.

  • Que m’aduvi, plan solide, dab le terminologia Gasconha e gascon per le lenga. Mes que disi les causas ne son pas tan simplas.

  • 5.Gaby:il me semblait que Ph.Lartigue dans sa précieuse carte linguistique plaçait Duras côté gascon (tout juste alors que les communes voisines ne le seraient pas).A vérifier,je ne l’ai pas sous la main.
    Et ...linguistiquement,qu’est-ce que le "périgourdin" ?

  • Renaud, le "périgourdin" dont parle Gaby était un dialecte de transition entre le nord-occitan limousin et le sud-occitan languedocien avec quelques influences gasconnes. C’était l’idiome usuel du Périgord bergeracois. Son influence se faisait ressentir dans tout le nord-ouest du Haut-Agenais jusqu’aux abords de Virazeil à côté de Marmande. Il faisait partie d’un ensemble dialectal "guyennais" qualifié parfois assez improprement de "nord-languedocien", véritable glacis dialectal entre nord-occitan et sud-occitan qui englobait outre le bergeracois, le haut-quercinois, le rouergois, l’aurillacois, le gévaudanais et le sud-vivarais.
    Je parle à l’imparfait car de nos jours toute cette remarquable variété dialectale n’est plus que "virtuelle" pour être gentil, en dépit des affirmations contraires de ceux qui prendraient leurs rêves pour la réalité.

  • Adixatz,

    Comme d’autres, je me mêle peu de ces débats linguistiques : compétences fort restreintes et déficit de passion. Pourtant Renaud, je souhaite répondre à votre invitation et apporter mon grain de sel.

    Avant de donner mon sentiment sur la question dialectalité/normalisation du gascon de demain, je voudrais dire d’où je parle.

    Je ne suis pas de ceux qui ont un parcours personnel où la langue gasconne a tenu un rôle central. Ce fut poussé par des motivations autres que j’en vins à m’intéresser à la notion de gasconnité. Je restai alors longtemps ébaubi devant la prééminence de la question de la langue dans l’approche de l’identité gasconne.
    J’ai une connaissance naturelle et fragmentaire d’un parler gascon, localisé : je l’ai toujours entendu parler, mais sans conteste au second plan après le français.
    Je me serais jugé faible locuteur il y a 15 ans quand je quittai ma vallée, au regard des anciens qui parlaient d’abord la langue du cru, devant le français.
    Je me découvre aujourd’hui, quand j’écoute ou lis (tant bien que mal) du gascon sur quelque media, un locuteur fort honorable.
    Le mérite ne m’en revient guère : la plongée du niveau moyen ambiant me paraît vertigineuse.
    Je n’ai pas milité, choisi, affiché cette langue. Je la parle, peu ou prou. Je crois que j’ai une bonne oreille et de façon générale, j’aime les langues.

    Ce qui me motive c’est un sentiment insistant, malcommode, de particularisme ethnique.

    Avec ce profil, voici quelques avis :

     enseigner et promouvoir dans chaque parçan le parler du cru me semble une évidence. Pour les natifs, l’intérêt premier du gascon est de faire chaîne avec les ancêtres. C’est également, ça tombe bien, ce que recherchent bien des néo-ruraux : un ancrage, pas de la comm’. pourrait s’attacher à identifier par pays des référents volontaires en matière de parler (par exemple vous et P. Lartigue pour le Born). C’est eux qui devraient orienter les cours aux petits et aux adultes, servir d’interlocuteurs aux communes et intercos pour l’affichage de la langue.

     parallèlement, en prenant plus de hauteur par rapport au terrain, ceux qui le souhaitent pourraient s’employer à faire vivre et connaître un registre de langue à visée fédératrice, de communication entre différents parçans. C’est ce registre qu’on aborderait directement avec les néo-locuteurs "hors-sol" (gascons exilés, sans attaches, nomades, allochtones...). Le travail de cet organe serait d’être l’interlocuteur des départements et régions, avant tout pour produire un audiovisuel+web gascon.

     la coexistence des deux registres, me semble moins techniquement difficile que votre travail de collecteur vous le fait craindre. Elle demande d’une part la concorde entre les référents locaux et l’organe fédérateur et d’autre part un vecteur médiatique. Dans ma modeste expérience, je crois que je saurais "corriger" mon parler assez spontanément pour converser avec un gascon d’un autre dialecte, surtout si j’ai une télé ou une radio pour apprendre les équivalences : je sais passer instantanément de "jou" à "you" et de "canda" à "canta", assez rapidement j’ai pigé que "awé" = "wei" et "welyo"= "owlyo"... Comme le firent les grecs pendant si longtemps, comme le font encore les italiens.

  • L’incompréhension qui peut surgir entre certains des intervenants provient indubitablement de la relation personnelle à la matière première qu’est la langue.

    Renaud et Gaby ont nettement à l’endroit du matériau linguistique une déférence manifeste, admirable : le respect de la parole des anciens, et marginalement, dans le cadre de ce patchwork, la possibilité d’identifier une tendance gasconne. Mais ce n’est ni la priorité, ni d’ailleurs un cadre d’analyse, ce dans le respect de tous, ainsi que dans une volonté d’éthique scientifique.

    Pour ma part, sans nier la passion qui a été la mienne pour ce matériau, qui a irrigué ce que j’ai pu appeler le fond sonore de ma jeune enfance béarnaise (mais au fond, je concède n’avoir jamais cherché à pousser cet amour autrement que dans la recherche de cette sonorité, ou alors, via la toponymie, toujours en lien avec l’histoire des lieux), je me suis convaincu que le phénomène gascon n’était pas que cette écume linguistique, plus ou moins intense selon le métissage, ou tout simplement le "climat" local, mais était bien plus que ça, à savoir la trace d’un phénomène ethno-culturel primordial, indépassable dans le contexte du dit "Sud-Ouest" de la France.

    C’est ainsi, il y a eu des Gascons et une Gascogne. Et assez souvent, je trouve que ces faits collent pas mal à un ressenti personnel, cette familiarité qui est la mienne partout dans l’ensemble des pays qui ont été gascons (et le sont encore dans ce que l’on pourrait appeler "le monde comme si", comme si la langue était encore parlée, comme si 2 siècles d’aliénation administrative n’avait pas existé), et qui s’évapore quelque peu dès que je m’éloigne desdits pays, sauf exception (l’Agenais, le Pays de Foix, le Toulousain jusqu’au seuil de Naurouze, ... mais en fin de compte, toujours les pays de marche).

    Je pense que le dialogue est tout à fait possible entre ceux qui s’intéressent à l’ancienne variation linguistique, parfois encore subsistante dans la bouche de quelques fins locuteurs qu’il convient à tout prix de sonder, et ceux qui, parce qu’ils voient un nouveau monde avenir, essaient de fixer les bases solides d’une très éventuelle prise de conscience identitaire sur une base gasconne, qui transcende totalement la question des modalités linguistiques, peut-être même jusqu’à la minorer totalement.

    Dialogue, oui, sans exiger de quiconque ne le souhaiterait pas de porter un drapeau. Chacun sera plus ou moins sensible aux questions identitaires. Je crois que le siècle qui débute y sera fort sensible.

  • Bonsoir

    Le livre de Renaud est certainement intéressant mais il ne va pas vers un gascon "standard". Ce qu’il ne réclame pas non plus bien sûr.

    Sinon que pensez vous du contenu audio de cette nouvelle méthode de gascon ?

    http://gascon.365.free.fr/

  • La toponymie de Duras est mêlée, et montre nettement que la zone se situait sur une marche. Je ne connais pas les critères qui ont fait que notre ami Philippe Lartigue a placé Duras en zone gasconne, au vu de l’enquête Bourciez.

    Le trait gascon en toponymie le plus net des environs de Duras est l’utilisation du suffixe -è/ère : Le Roudé, Les Boutères, La Sautère, ... mais : La Téoulière, La Fougassière. Il y a aussi des toponymes qui ont une apparence plutôt gasconne : Larguet (sonorisation de -k- après r ?), Betet, Pinton, Pouchon (maintien de -n final).

    La toponymie se fait clairement plus gasconne en quittant le Dropt et allant vers la vallée du Caubon, qui file vers la vallée de la Garonne : des toponymes comme Le Barranguet, Biscarret, Mauca, Sirey, Lamourache, ... à Lévignac-de-Guyenne (47) sonnent gascons.


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