Accent du ou des midis ?

- jmcasa

Mais de quel Midi parlons-nous ? La Gascogne en Midi ?

L’accent du Midi en voie de disparition

http://www.lagazettedemontpellier.fr/14597/l-accent-du-midi-en-voie-de-disparition.html

Grans de sau

  • L’article dit à peu près tout ce qu’il faut.
    La France centralisée à Paris (médias, télévision...) crée un espace de vie unifié dans lequel tout se brasse et s’homogénéise, avec survalorisation du modèle diffusé par le centre, et dévalorisation de tout le reste.

    Quant à la question de jmcasa :
    accent des midis, accents du midi ?
    Ces accents sont la trace de nos parlers d’oc, dans leur diversité mais aussi avec leur air de famille. Et l’air de famille reste mieux dans l’accent que la diversité.
    Je me souviens d’avoir entendu dans un reportage télé ("Des racines et des ailes", je crois), un interviewé du côté de la Haute Provence, d’une cinquantaine d’années, qu’on aurait très bien pu me présenter comme venant d’Aire sur Adour par exemple... Et je pense que ce n’était pas un gascon "expat" !
    Plus proche de moi : étant à Tonneins, lieu intermédiaire entre Guyenne et Gascogne, je suis bien incapable de distinguer l’accent de ceux qui viennent de Guyenne (au delà des côteaux de la rive droite de garonne) et celui des "gascons" ; la différence qui saute aux oreilles n’est pas là, elle est entre ceux qui ont l’accent du midi ("accent d’oc" serait plus correct) et ceux qui ne l’ont pas.

    Enfin, pour contribuer à l’état des lieux :
    Il me semble qu’il y a encore de jeunes parents, hors des zones métropolitaines, qui ont un accent d’oc assez prononcé, et qui le transmettent à leurs enfants.* Mais ceux-ci baigneront, si rien ne change, dans un monde qui ne confirmera pas leur accent initial, bien au contraire...
    * Je suggère à ceux qui sont dans ces zones d’écouter comment parlent les jeunes parents, et leurs enfants.
    Des instituteur·trice·s seraient bien placés pour nous faire un compte rendu ! (en passant : j’ai tapé 0183 tout en pressant sur la touche Alt pour avoir le point médian ·)
    L’accent est un symptôme sociologique de premier ordre, et il devrait être un matériau pour les sociologues et les géographes de la péri-urbanisation, de la métropolisation, des "quartiers", des bassins de vie, du brassage ou du non-brassage...

  • Qüant n’i a, tabé, gènts que parlan ua lenga d’òc e qu’an un accènt franchimand a gomir darrèr. Qu’èi avut, i a pas goaire, lo parat de parlar dab un occitaniste que parlèva (mau) lo gascon dab un accènt ponchut tarrible...

    Que sui sensible a l’accènt dempuish mèinatge, ne sèi pas perqué, qu’i èi tostèm hèit shau. E qu’èi vist amics pèrder lo son accènt. Que n’èi un, pr’exemple, landés, pair de Monthòrt, mair de Lit, qu’an l’accènt tot dus, que parla shètz nat accènt at all ! E qüant d’auts atau ? Au moment dont escrivi le mia quita hilha a qui parli gascon qu’apèra le soa mair atau "mamon !". Dijà, a Mamisan, que vei los joens qu’an desgais ua punta d’accènt e me’n tornants de les Hautas Pireneas, qu’èi lo sentit d’estar lo pèisan de drava de le soa montanha... Totun, quèn son beriacs o quèn cridan, que torna. Iths que son a miejas (los deu mon atge), los sons hilhs que parleràn ponchut tot brac...

    Lo poder de l’uniformisacion n’es pas jamè estat autan hòrt, e’m pensi...

  • « L’accent du Midi » décrété par les Parisiens
    es autant emportant com una pita de taish.
    La clau amics, la clau !

  • La sauvegarde de l’accent, dans l’hypothèse où ce serait là un acte conscient, ce dont je doute, est primordiale, et je m’étonne que bien souvent, notamment parmi les occitanistes, l’on prenne si peu en compte cette nécessité :

     L’accent, parce qu’il est né sur un substrat, porte en lui la capacité d’un retour au gascon (à l’oc, peu importe la terminologie, et cela est valable pour toutes les langues minoritaires de France), assez aisé, au moins pour placer correctement l’accent tonique (et donc, choper le -a final atonique plus facilement) et parler avec une prosodie plus authentique (le parler haché des néo-locuteurs est vraiment de très faible qualité auditive).

     L’accent est, malheureusement mais c’est ainsi, un marqueur identitaire de vivacité locale : parvenir à faire accepter l’idée que le français peut connaître des accents, certains désormais bien anciens et légitimes, et faire aimer ces sonorités, c’est permettre un sentiment d’appartenance locale plus fort, et possiblement ancrer ce dernier dans un passé gascon. Je reste traumatisé par l’affaire des annonces du métro de Toulouse, ou comment des enregistrements de très belle facture, ceux de la première mouture, avant 2012, ont été sentis comme étrangers par les habitants de Toulouse ou paysans par les occitanistes locaux.

     L’accent est enfin la bande-son de notre jeunesse, et de nos souvenirs, ceux qui nous font perdre de notre temps à parler de Gascogne et des Gascons. C’était aussi, en parallèle du gascon, la manière de parler des miens. En parlant avec l’accent, ils balançaient à la gueule quelque chose qui relevait d’une différenciation, que j’oserais dire ethno-culturelle.

  • Farpaitement.

    La clau... Mes quèn n’i a pas mè la pòrta, a qué sèrv la clau ?

  • C’est curieux que les deux sujets, langue et accent, soient tellement disjoints, et que ceux qui s’intéressent ou se passionnent à la sauvegarde de nos parlers gascons ou d’oc dédaignent l’accent qui en est la trace, comme la trainée d’une étoile disparue... mais aussi comme le conservatoire de leur musique, pour abonder ce que dit Vincent plus haut : « L’accent porte en lui la capacité d’un retour au gascon ».

    Et Renaud nous rappelait comment « lo gascon dab un accènt ponchut », c’est « tarrible » !

    Au même moment où la Région Aquitaine fait de l’affichage prétendument bilingue des noms de gares (Langon / Lengon, Marmande / Marmanda, Ychoux / Ishós...), elle s’accommode d’annonces vocales en français dans des accents supposés standards qui sont une vraie gifle pour ceux qui aiment la bande son originale de notre région, la bande-son de la jeunesse de Vincent.

    Il est plus facile d’afficher une vieille langue qui a disparu de l’usage que de laisser se diffuser l’accent qui en est issu, et qui est, lui, encore bien vivant ! Trop vivant, sans doute, pas assez neutre, trop "paysan"...

  • Je pense que nous devrions lancer une campagne d’opinion (lettres,courriels,appels) auprès d’entités telle la SNCF et surtout les compagnies de transport local pour que leurs annonces standardisées soient faites avec un minimum d’intonation locale ;j’ai déjà dit ici combien l’annonce de l’arrêt "Santt Croa" me hérisse le poil dans le tram bordelais.Des groupes occitanistes ont réclamé l’an passé que ces annonces soient faites en "occitan gascon", ce qui me parait assez illusoire vu l’éloignement de la Métropole vis à vis de sa langue historique mais un changement d’accent ou du moins d’intonation serait de nature à être accepté si un bon nombre de personnes le réclamaient.Je suis prêt à commencer dès demain.
    Par contre je suis souvent heureux d’entendre des accents hyper-gascons ou hyper basques de certains agents SNCF sur le TGV (mais je sais qu’ils ne plaisent pas ainsi à tout le monde ...).
    Un dernier point à signaler en matière d’accent montrant à quel point les repères sont maintenant confus en la matière ;il y a quelques mois dans un lieu public quelqu’un (pourtant au moins quinquagénaire) m’a demandé si mon accent était ...portugais .Sans commentaire .

  • Moi aussi, à Bordeaux, on m’a demandé si mon accent n’était pas étranger, ou espagnol... (À Nancy on me prenait pour un Toulousain, et un ami qui a vécu à Bayonne et Toulouse mais à l’accent neutre trouve que je n’ai pas d’accent... Personnellement je trouve que mon accent à quelque chose de plus limousin ou auvergnat qu’aquitain. Tout cela est donc fort subjectif)

    La perte de l’accent, donc : je l’observe chez ma sœur, specimen typique du jeune bordelais bobo urbain (à mon grand désarroi), qui se moque de la mère quand elle dit ’’Peychotto’’ et ’’corrige’’ en ’’Peksotto’’...ou encore qui dit ’’je vais à Quinconces’’ ou ’’à Hôtel de Ville’’ et ne comprend pas où est ’’Pey Berland’’. Bref. Et donc, non seulement elle a l’accent ’’bobo-parisien’’ (elle ne garde de la prononciacion locale que l’ouverture des ’’o’’ et’’eu’’ et la fermeture des ’’ai’’ , mais sinon elle dira ’’honnêtmont j’me dis que...’’) mais quand elle s’amuse à imiter l’accent local elle ne sait pas le faire !!! Et pourtant ses parents possèdent cet accent et elle a été scolarisée dans la campagne bordelaise.

    Alors influence des médias, des copains n’ayant pas l’accent local, des profs...honte de la ruralité... Il doit y avoir un peu de tout ça. Moi, au contraire, je m’étonne et m’attriste presque de ne pas avoir un accent typiquement local .

    Je vois qu’on parle de la voix dans les transports en commun. J’ai entendu les annonces en occitan dans le tram de Montpellier, c’était atroce ( c’était pountyut ! :D) J’ai mis un petit moment à réaliser que c’était de l’occitan, du coup.

    Bon, assez parlé de moi. Une idée me vient : pourquoi pas concevoir une méthode d’apprentissage de l’accent gascon ’’correct’’, contre-pied humoristique des méthodes à la mode parisienne ? Et même un guide pour apprendre à distinguer les différents accents d’oc !

    Boune nuyt é belèu à dimenche !

  • Bonne idée Gaby, ce genre de création pourrait même séduire bon nombre de ...nos bobos bordelais (ou néos) ;gros à parier que les animateurs du FLBP auront une foule d’idées pour alimenter ta méthode !

  • De même que Gasconha.com rend compte par les lòcs du paysage visuel gascon, il faudrait rendre compte du paysage sonore, pour le faire aimer, bien sûr.
    Enregister incognito avec son téléphone portable ?
    J’avais essayé il y a trois ans déjà (boudïou !*) en enregistrant dans ma tête et en faisant une imitation de la phrase que j’avais entendue :

    Même s’i gèle, c’est la saison, éh !
    Dit par un vieux réaupais* début novembre 2014.
    J’ai essayé de mémoriser la musique et l’accent, et de le restituer.
    Tederic M.
    * Habitant de Réaup (Albret)
    Tederic M.
    <script>/*<![CDATA[*/var mejspath='plugins-dist/medias/lib/mejs/mediaelement-and-player.min.js?1699340127',mejscss='plugins-dist/medias/lib/mejs/mediaelementplayer.min.css?1699340127';
    var mejsloader;
    (function(){var a=mejsloader;"undefined"==typeof a&&(mejsloader=a={gs:null,plug:{},css:{},init:null,c:0,cssload:null});a.init||(a.cssload=function(c){if("undefined"==typeof a.css[c]){a.css[c]=!0;var b=document.createElement("link");b.href=c;b.rel="stylesheet";b.type="text/css";document.getElementsByTagName("head")[0].appendChild(b)}},a.init=function(){!0===a.gs&&function(c){jQuery("audio.mejs,video.mejs").not(".done,.mejs__player").each(function(){function b(){var e=!0,h;for(h in d.css)a.cssload(d.css[h]);for(var f in d.plugins)"undefined"==
    typeof a.plug[f]?(e=!1,a.plug[f]=!1,jQuery.getScript(d.plugins[f],function(){a.plug[f]=!0;b()})):0==a.plug[f]&&(e=!1);e&&jQuery("#"+c).mediaelementplayer(jQuery.extend(d.options,{success:function(a,c){function b(){var b=jQuery(a).closest(".mejs__inner");a.paused?(b.addClass("pausing"),setTimeout(function(){b.filter(".pausing").removeClass("playing").removeClass("pausing").addClass("paused")},100)):b.removeClass("paused").removeClass("pausing").addClass("playing")}b();a.addEventListener("play",b,!1);
    a.addEventListener("playing",b,!1);a.addEventListener("pause",b,!1);a.addEventListener("paused",b,!1);g.attr("autoplay")&&a.play()}}))}var g=jQuery(this).addClass("done"),c;(c=g.attr("id"))||(c="mejs-"+g.attr("data-id")+"-"+a.c++,g.attr("id",c));var d={options:{},plugins:{},css:[]},e,h;for(e in d)if(h=g.attr("data-mejs"+e))d[e]=jQuery.parseJSON(h);b()})}(jQuery)});a.gs||("undefined"!==typeof mejscss&&a.cssload(mejscss),a.gs=jQuery.getScript(mejspath,function(){a.gs=!0;a.init();jQuery(a.init);onAjaxLoad(a.init)}))})();/*]]>*/</script>

    Hier, je me suis fais apostrophé plaisamment par un cycliste d’une meute sportive aux abords de Tonneins : "Faut la mettre, la batterie !" (Fo-la-mè-treu-la-ba-teu-ri !) ; 8 syllabes envoyées à la mitraille ; en français d’oïl et assimilé, ça aurait été "Fo-la-mèt-la-ba-tri !" (6 syllabes). La prononciation du e muet en français change totalement la mélodie des phrases.

    *Autrefois on entendait beaucoup ce boudïou ! (boudiw) dans le village de ma mère.

  • Aquò qu’es peisatge sonor ! Hèit per amics deu Bascoat.

    http://www.soinumapa.net/

  • Quand j’étais toute petite, je vivais à Paris et j’allais pour les vacances d’été à Arcachon chez mes grands parents, on traversait en train la Garonne, on voyait le pont de Pierre et souvent tantes,cousins nous attendaient sur le quai et prenaient avec nous le train pour Arcachon.
    J’entends dans ma tête les annonces "Bordeaux Saint-Jean, Bordeaux Saint Jean, les voyageurs pour Arcachon changent de train" ... l’accent y était tout de suite, on aurait dit qu’il m’attendait comme mes tantines.
    Je m’étais fait une théorie, j’ai pensé très longtemps que c’était une question d’air, il suffisait de "changer d’air" pour avoir l’accent, on passait la Garonne et on attrapait l’accent,car ce n’était plus le même air, et dès qu’on avait d’ailleurs passé Facture je l’avais pris moi aussi l’accent ! en même temps qu’on sentait les pins, la gemme par la fenêtre du train, l’odeur caractéristique du Bassin dès Gujan, on attrapait l’accent sur le quai de Bordeaux Saint Jean et dans le compartiment en parlant avec nos Landais exilés à Bordeaux.
    Quand j’arrivais à Arcachon je le parlais l’accent !
    J’ai peine à l’entendre quand il y a des micro-trottoirs à Bordeaux à la télé !

  • TBM a répondu à mon courriel en indiquant que "la voie(sic) sélectionnée a été choisie pour qu’un maximum de gens comprennent ses annonces" (du tram).Je viens de répondre qu’une intonation bordelaise avait plus de chances de correspondre à cette préoccupation qu’une voix annonçant "Santt Croa"(qui m’obsède, définitivement !).
    En tous cas TBM répond ,ce que ne fait apparemment pas la SNCF d’après une expérience de l’an passé ... Essayons et ré-essayons !

  • Cet après midi j’écoutais sur le net l’émission allo-docteur (kilos superflus ou vrai surpoids).
    Au début l’un des 2 invités Jacques Grober enseignant chercheur à Dijon commence à parler.
    Marina Carrère d’Encausse :
    - Vous êtes vraiment enseignant à Dijon ?
     Oui je suis enseignant à Dijon mais j’ai l’accent du Sud-ouest
     C’était juste pour savoir si je positionnais mal Dijon
     Je suis originaire de Toulouse, cela fait 20 ans que je suis dijonnais quand même
     Je vous laisse continuer
     Cela me rassure cela veut dire que j’ai encore l’accent
     Vous ne l’avez pas perdu, ne vous inquiétez pas

    Finalement l’accent c’est mieux que rien !

  • L’accent, vaste sujet !
    Marqueur régional, voire local au moins jusqu’à il y a peu, il est aussi marqueur social depuis sans doute un peu plus d’un siècle. Les nuances locales s’estompent depuis quelques décennies : je suppose qu’il y a un demi siècle on pouvait distinguer l’accent de Peyrehorade de celui deu Moun comme on pouvait en distinguer les parlers qui s’entendaient encore couramment. Aujourd’hui quel degré de localisme peuvent-ils atteindre ? L’accent du sud ouest des Landes est encore un peu typé, voisinage basque aidant, un peu différent de celui de la Grande Lande comme sans doute celui de l’Armagnac et autres pays gersois de ce qui reste du girondin. Mais ce qui est en général encore un peu perçu par le public c’est l’ « accent du sud-ouest » dont on ne sait trop où il commence et finit, à l’est du moins. Au nord le charentais (les deux Charentes sauf la limousine à l’est) sont encore entendus comme différents jusqu’à ce qu’éclose d’ici vingt ou trente ans un vague et léger accent néo-aquitain à peine différencié du francilien avec ses nuances NAP et caillera.
    Sauf si nous savons maintenir et diffuser le nôtre aux néo-arrivants si possible.
    Là nous nous heurterons, nous heurtons déjà à la fonction de marqueur social de l’accent surtout dans les Métropoles culturellement attachées à reproduire le grand frère parisien, avec l’exception marseillaise près au moins dans les milieux populaires au sens large.
    Et du reste dans le cas marseillais se conjuguent vraisemblablement affirmation locale, urbaine et sociale : le peuple marseillais parle avec l’accent et applaudit l’OM.
    Cela dit l’accent ne fut pas dans le passé marqueur social autant qu’aujourd’hui (comme de même, l’emploi de la langue avec un ou deux siècles d’antériorité) : Montesquieu par exemple, parfait gasconophone du reste, tout président au Parlement de Bordeaux qu’il était, avait un accent gascon extrêmement prononcé qu’il conservait lorsqu’il parlait français ou toute autre langue (la reine Anne qui le reçut n’avait rien compris à sa conversation en anglais, langue qu’il connaissait pourtant bien).
    Je me souviens avoir rencontré il y a une vingtaine d’année un général âgé, hobereau limousin de vieille et noble souche, dont l’accent était clairement celui de son cru. Pour ne rien dire de la bourgeoisie traditionnelle toulousaine ou bordelaise dont les représentants de plus de cinquante ou soixante ans ont encore un accent local décelable.
    En deçà, la métropolisation culturelle et l’afflux de nordistes et autres a fait son effet. Il nous reste à susciter chez les jeunes ou les nouveaux venus un engouement, un effet de mode (à faire durer) en faveur de l’accent gascon (ou des), une espèce de snobisme nouveau en somme ! Dans la société hypermalléable qui est la nôtre actuellement, c’est difficile mais peut-être pas impossible.

  •  L’accent girondin disparaît malheureusement chez les jeunes urbains/rurbains/déculturés (cf. l’exemple de ma sœur dont j’ai déjà parlé : on prononce toujours ’’ròse’’ et ’’lé’’ (lait) mais les -e- muets et les bonnes vieilles nasales disparaissent), mais il est très présent chez les autochtones de la Gironde rurale, y compris chez les jeunes du sud-est du département (Bazadais, Cernès...), tout comme chez les jeunes Landais.

     Où s’arrête l’accent gascon à l’est ? D’après ce que j’ai pu écouter, la moitié sud de la Dordogne, le Lot, le Lot-et-Garonne ont le même accent qu’en Bordelais et en Gascogne. Dans le Tarn-et-Garonne et le Gers, je ne sais pas. A Toulouse et dans l’Aveyron, ils ont un accent différent, qui sonne un peu plus vulgaire mais pas encore méditerranéen. Je pense que le glissement vers l’accent méditerranéen coïncide avec le passage Bassin aquitain > Plaine méditerranéenne.

     Bien entendu, chez ceux dont l’accent est plus léger, les différences s’estompent.

  • Qu’en est-il de la dénasalisation et du traitement de la voyelle dans un même groupe de mots ?
    Ex. : divin : /divê/ mais divin enfant : divi nâfâ/

    cheveu brun /brn/ mais il est brun aussi /ile brynosi/ ?

    Et bien sur du h initial ? : de la viande Hachée, tu me fais Honte...

  • Je ne sens aucune différence entre mon accent du Lot-et-Garonne et celui de Toulouse où j’avais fait mes études, ou celui de l’Aveyron où j’ai travaillé. Les Corbières audoises de ma femme ont par contre une mélodie spécifique de la phrase.

    J’ai compris ce qui me paraissait "accent pointu" dans les parlers girondins et landais : pour la prononciation des voyelles nasales, la nasalité y est simultanée avec l’émission de la voyelle, tandis que pour nous, la nasalité est en retard par rapport à l’émission de la voyelle : par exemple "je viens" s’y dira approximativement "je vyễ " et non "je vyè-ñ ".

    Puissions-nous trouver que l’accent de Paris sonne vulgaire !

  • Au restau routier de la Plaine de Moscou (Cadaujac)
    Plaine de Moscou
    à Cadaujac, au sud de Bordeaux, en bordure du Cernès dont parle Gaby plus haut, cette semaine :
    Pas seulement des routiers, mais le peuple ouvrier de la métropole bordelaise, les artisans du BTP, les salariés des grands groupes du même BTP... le monde du travail - masculin - des zones industrielles, artisanales et logistiques dont nous avons parlé à propos du vote FN à Belin-Beliet.
    Mes voisins ont la trentaine et l’accent gascon* très net.
    Dans le brouhaha des conversations, il me semble que l’accent gascon est bien présent, peut-être même majoritaire, il faudra que j’y revienne pour affiner le diagnostic (14 € - buffet de hors-d’oeuvres généreux).

    * accent gascon au sens large, il peut être guyennais.

  • Le peuple "populaire" bordelais a l’accent, c’est un phénomène que je constate depuis 2005, même si là encore, cela va en se raréfiant.

    Ce peuple ne vit plus trop en centre-ville, encore qu’à la Bastide (où je travaillais jusqu’à ce mois-ci mais est-ce encore le centre ?), il n’était pas rare d’entendre l’accent, notamment sur le marché du jeudi matin de la place Calixte-Camelle.

    Chez les plus de 50 ans, même professions libérales ou cadres supérieurs, l’accent n’est pas rare parmi les gens nés à Bordeaux, notamment les anciens quartiers populaires comme Saint-Pierre, boboïsés depuis. Ces enfants des anciens quartiers populaires du centre habitent souvent les banlieues pavillonnaires, de la rive gauche comme de la rive droite.

    Récemment, lors d’une audience au tribunal, j’ai eu le plaisir d’entendre comme témoin dans une affaire une personne d’origine maghrébine, quelque chose comme 40 ans, parlant avec un très fort accent "bordeluche", un peu agressif à la Dugarry pour une idée du rendu, ce qui fait la preuve que la vague d’immigration des années 70-80 avait été socialisée par le français régional d’alors.

    Parmi mes connaissances, trentenaires, ont l’accent avant toute chose des personnes éduquées dans les banlieues type Gradignan ou Cestas : elles l’ont souvent gardé.

  • https://www.ladepeche.fr/article/2018/05/06/2792771-oh-boudu-nos-expressions-ont-elles-disparu.html

    Les accents de France vont-ils disparaître à la vitesse du TGV ? La question se pose alors que Bordeaux est depuis l’été dernier à 2 h 04 de Paris et anticipe, par frénésie immobilière interposée, l’arrivée de nouveaux habitants. À Marseille (3 h 15 de Paris) dont la population change depuis les années 2000, deux linguistes qui ont mené l’enquête pendant cinq ans ont remarqué l’émergence d’un nouveau parler : les « Parisiens » s’approprient des mots locaux, peuchère ou degun, et en modifient la prononciation. Jusque-là, rien d’inquiétant pour l’accent qui donne sa carte de visite à la ville de Pagnol.

    À Toulouse, en terrasse et dans les rues piétonnes, on entend moins les boudu et le « oh con ! » qui ponctuaient nombre de phrases, mais on l’a retrouvé place des Carmes écrit blanc sur noir et en franglais sur l’ardoise d’Olivier Mazières, spécialiste du pan bagnat, qui serait « toulousain et non pas niçois », affirme l’épicier traiteur. Quel mescladis !

    L’alimentaire est le conservatoire de l’accent : le Montalbanais Constant, le Palois Camdeborde, le Toulousain Sarran ne le lissent pas lorsqu’ils interviennent à la télévision, au contraire, c’est un gage de naturel. Dans leurs émissions, ils n’apprécient pourtant pas qu’on cuisine « a visto de nas ».
    Mathilde, ferme tes « o » !

    Mais à moins de l’appuyer pour faire rire, l’accent disparaît quand on monte en scène ou devant une caméra. Plus belle la vie sans accent ? On cherche en vain les intonations de Sète dans les séries « Candice Renoir » ou « Demain nous appartient », tournées au pied du mont Saint-Clair. Mathilde Bisson, la comédienne toulousaine de Fleur de cactus (succès parisien de l’an dernier) tout comme la Nîmoise Laetitia Clément, révélation du récent film Luna, ne laissent rien filtrer. « C’est trop bête, raconte Laëtitia, j’ai perdu l’accent du jour au lendemain ! », et Mathilde se souvient : « Quand j’étais petite, ma mère faisait tout pour que je ne l‘aie pas, elle me reprenait surtout sur les o ». Le fameux o ouvert de Ville rose et des « milliers de roses » de Francis Cabrel. Sans le revendiquer outre mesure, le chanteur d’Astaffort a conservé l’accent. Et le rappeur occitan Claude Sicre l’a chanté : « Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent, il se mélange avec le tien, il y en a combien, il y en a plein, l’accent de la télé ne signifie rien, imposé par les infos, il déteint… »

    Il déteint tellement qu’en école de journalisme, Tristan, 21 ans, est prié d’effacer son accent du lauragais pour les enregistrements de radio.
    La revanche des accents

    Standardisé par la télévision et la radio, minimisé par l’arrivée de nouveaux habitants, l’accent est aussi discriminé : « On rit de l’accent de l’autre, mais c’est moins drôle quand on rit du mien », dit le linguiste Pierre Escudé (lire page suivante). En arrivant au lycée Fermat de Toulouse, la jeune Emma, de Millau, a corrigé son accent pour se fondre dans celui de ses nouveaux camarades.

    Mais la discrimination de l’accent provient d’une discrimination plus ancienne, celle des langues. La France, héritière de langues romanes (français, occitan, catalan, corse, franco-provençal), germaniques (alsacien, flamand) et du basque et du breton, est sous le joug du parler d’Île-de-France, lieu du pouvoir et du savoir, depuis la Révolution. « Nul acte public ne pourra, dans quelque partie du territoire de la République, être écrit qu’en langue française », dit un décret du 2 thermidor de l’an II (20 juillet 1794).

    Deux cents ans après, les accents, si ce n’est les langues tiennent parfois leur revanche, n’a-t-on pas dit que l’accent toulousain était le plus sexy ? Couronné de succès au cinéma, Dany Boon a replongé tout son casting, dont Line Renaud, dans le parler du nord pour le tournage de La Ch’tite Famille. Un « feelgood movie » gratifié de millions de « likes », où les victimes du « bashing » ne sont pas celles que l’on croit. On l’a compris, pendant que les accents font sourire, l’anglais est toujours accueilli, avec plaisir.

    Pierre Mathieu

    Pierre Escudé, professeur des Universités : « L’accent, l’empreinte digitale de la voix »

    https://www.ladepeche.fr/article/2018/05/06/2792772-pierre-escude-professeur-universites-accent-empreinte-digitale-voix.html

  • Espérons que les électeurs marseillais se souviendront de cette algarade le moment venu !

  • Pour ma part, je ne suis pas tout à fait d’accord. Je crois qu’il existe un droit à la glottophobie : c’est là un trait de la nature humaine, celui d’aimer plus que d’autres des caractéristiques, soit qu’on les chérit parce que familières, soit par exotisme que l’on ressente le besoin de s’évader.

    Il y a également un droit à l’emportement : pris au piège par une question dure et rude, impitoyable même, qui met en avant l’incohérence de l’interviewé, on peut comprendre, là encore par simple humanité comportementale, que ledit interviewé, ne sachant comment répondre, agresse l’émetteur de la question, en le discréditant. Il aurait dit "casse-toi, tu pues", c’était la même.

    Que Mélenchon ait préféré plutôt moquer l’accent de la journaliste à autre chose, cela illustre évidemment qui il est. Un homme obsédé d’oripeaux jacobins, qui complexe sur ses propres origines très certainement, et persuadé des vertus de l’uniformité. C’est là son droit le plus entier, une fois de plus. Tout comme cela sera le nôtre, à rebours, de vomir les préciosités du parler français parisien, pédant et empesé.

    Car, à vrai dire, tant que l’on peut moquer les accents, c’est qu’ils existent encore : c’est pourtant ça l’enjeu, la disparition des accents. L’accent de cette journaliste est de plus en plus rare, notamment dans sa ville d’origine, Toulouse. Et si les comportements vexatoires d’un Mélenchon, répétés depuis des décennies, expliquent ce recul (je n’ai aucune naïveté sur la machine étatique qui uniformise), c’est aussi de la faute des gens qui ont eu cet accent, de n’avoir pas su le conserver, voire le transmettre, par fierté, ce qui est certes délicat en notre époque médiatique, de brassages qui plus est.

    Reste que pour finir, je confesserai quelque chose : autant que je me souvienne, tout jeune, en CP, déjà, en mon Béarn natal, je moquais l’accent toulousain d’une jeune fille de l’école primaire. "Pourquoi met-elle des euh à la fin de tous les mots ?" avais-je demandé à l’institutrice (qui était ma mère, mais c’est une autre histoire). Je ressentais alors l’accent toulousain comme foncièrement étrange, très distinct de l’accent béarnais qui constituait mon environnement, et j’avoue une chose : je ne l’aimais pas (et je ne sais pas si je l’aime vraiment encore). C’est là les hommes, qui jugent, et aiment.

    • Rendre délictuelles des phobies peut sembler illogique : une phobie est quelque chose d’irrationnel qu’on peut difficilement maîtriser.
      "discrimination sur l’accent" serait donc plus incriminable que "glottophobie", et pourrait alors rejoindre les autres types de discrimination que punit la loi.
      Mis à part ce problème de vocabulaire, l’exposé des motifs de la proposition de loi "visant à reconnaitre la glottophobie comme discrimination" me parait assez juste.
      J’aime bien en particulier la phrase qui dit que "l’accent [...] est partie intégrante de l’identité de nombreux français".
      L’exposé des motifs reprend, si je comprends bien, des citations du professeur Philippe Blanchet qui a approfondi le sujet.

      L’infériorisation des accents régionaux est la suite de l’infériorisation des "patois", comme elle liée au jacobinisme, à la longue montée du centralisme parisien.
      Il y a bien des questions de fierté, de standing, de rang social, qui jouent, et qui s’articulent avec ce centralisme.

      Revenons au cas gascon : de même que la classe dominante gasconne n’a pas défendu le gascon, elle ne défend pas l’accent gascon, au contraire elle a tout fait pour le perdre ; ce faisant, elle a choisi le camp du plus fort, elle a trahi son peuple.
      Donc, je ne dirai pas que « c’est aussi de la faute des gens qui ont eu cet accent, de n’avoir pas su le conserver, voire le transmettre, par fierté » : ce n’est pas de leur faute ; par définition, les humbles ne sont pas fiers !

      Notre combat consiste au fond à redonner sa fierté au peuple gascon, donc, entre autres, la fierté de l’accent qu’il a gardé (sans le vouloir).
      Mais ça va chercher loin, parce qu’il est question d’émancipation socio-économique : il faudrait qu’une partie au moins du peuple gascon qui a encore l’accent soit dans un tel état ascensionnel qu’elle ne prendrait plus comme référence le standard parisien ! Et que cette partie "arrivée" devienne la référence pour le reste du peuple gascon... Et tous ensemble, ils commenceraient à se moquer de l’accent parisien... du coup, je rentrerais en dissidence !

  • Oui Vincent,ce que tu dis à propos de Mélanchon est vrai et l’homme,émotif et sanguin en bon méditerranéen ,n’en est pas à sa première agression de journaliste.
    Reste qu’un élu n’a pas moralement le droit de se moquer d’un accent "de France" (je ne sais s’il faudrait dire "un accent français") surtout quand il a été élu député européen en 2009 ,en tête d’une liste Sud Ouest ,a failli l’être quelques années après aux élections régionales en Languredoc Roussillon(mais il ne fut pas accepté par le PS à cet époque) et ambitionne visiblement la mairie de Marseille après avoir été plutôt bien élu député de cette ville en 2017.
    Si j’étais Occitan ou Provençal je n’aimerais pas cette impression d’être insulté à domicile par quelqu’un qui prétendrait me représenter .Mais plus grave encore que cette moquerie de journaliste,les prises de position ultrajacobines du personnage ne plaident pas pour lui.

  • Aux dernières nouvelles Mélenchon se serait excusé en expliquant qu’il croyait que la journaliste à l’accent du Sud Ouest avait pris l’accent de Marseille pour se moquer de lui.
    « Je croyais qu’elle se moquait de moi (…) parce que je suis élu de Marseille et je lui ai répondu en imitant l’accent », a-t-il expliqué
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/je-croyais-qu-elle-se-moquait-moi-etrange-reponse-jean-luc-melenchon-accent-journaliste-1561534.html
    Pas très crédible, cela ressemble à une manœuvre afin de se dédouaner auprès de son électorat marseillais.
    @ T.M : Je ne pense pas qu’il faille prendre le mot phobie au sens médical du terme.
    Quand on utilise les termes homophobie, islamophobie, grossophobie il faut comprendre discrimination supposée envers une catégorie sociale.

  • En prenant l’accent toulousain, Mélenchon a réagi spontanément et sous le coup de la colère, sans savoir que cela pouvait être un sujet pour certains. Pourtant, par souci de "politiquement correct", tout le monde a intégré que l’on ne pouvait pas se moquer d’un interlocuteur en l’imitant si celui-ci était d’origine africaine ou asiatique, par exemple.

    Je ne mets pas du tout à égalité le racisme et l’attitude que l’on peut observer envers les méridionaux : ce sont bien évidemment deux choses différentes. Mais pour des gens (de ma génération par exemple, trentenaires/ quadragénaires...) témoins de la disparition de la dernière génération dont la langue maternelle était autre que le français, coupés de la transmission naturelle de la langue vernaculaire et qui voient un homme politique se moquer du petit vestige sonore qui demeure dans le français régional, ça fait "bizarre".

    Mélenchon ne réalisait pas l’onde de choc que cela pourrait provoquer (j’ai surpris un voisin qui parlait de ça hier sur sa terrasse hier soir, la discussion avait l’air d’être animée, ce n’est pas qu’un sujet réservé aux sociologues ou militants sur les réseaux sociaux). Je crois que cela résonne en chacun de nous, que ce n’est pas un sujet si anodin que ça et, sans jouer la carte victimaire (surtout pas ! plutôt en être fier), cela amène des réactions intéressantes dans un contexte d’homogénisation de langue, d’accent, etc.

    Bref, 26., Mélenchon n’étant pas la moitié d’un con, il réagit par une pirouette parce qu’il se rend compte qu’il a fait une connerie ! Un François Ruffin (de la FI), quant à lui, soutient la particularité picarde, sa langue, le fait d’être du "Nord". Ce n’est pas la même génération et pas le même rapport (jacobin) à la France même si le sujet des langues régionales (par ex) n’est pas vraiment un sujet dans ce mouvement.

  • "phobie" est un terme médical. Il n’est pas innocent de l’accoler à des noms de catégories que l’on veut rendre "intouchables". Restriction de la spontanéité réactive. Il est interdit de ne pas tolérer : inversion du principe d’équité et promotion corrélatives de groupes objectivement favorisés. Judiciarisation d’une société sclérosée en voie d’implosion.
    Personne ne croit à l’excuse alambiquée du Sénateur, on feindra par convenance.

    Tout cela respire une France en fin de cycle.

  • Certaines interventions à propos de cette histoire d’accents me laissent un brin pantois. "Droit à la glottophobie", "Mélanchon bon méditérranéen", "Mélanchon pas la moitié d’un con", etc. Pour moi la répulsion et la moquerie envers un accent est du même ordre que celui envers le faciès d’un individu, sa couleur de peau, son origine géographique, ethnique, sociale, sa religion. Sinon pourquoi toutes ces "phobies" ne seraient-elles pas dès lors autant de droits ? Or, des propos racistes, que je sache, sont légalement répréhensibles.
    Quant à l’individu Mélenchon, je n’en dirai pas grand chose à part qu’il n’est pas ma tasse de thé et qu’il n’a absolument rien d’un homme politique crédible. Sa grande gueule le fait passer pour un tribun et un type intelligent alors qu’il n’est qu’un braillard agressif et colérique qui ne parvient pas à contrôler ses humeurs, et d’un niveau d’intelligence pas aussi brillant qu’on voudrait nous le faire croire. S’il suffit de parler fort, de dire des âneries tonitruantes, alors je connais pas mal de types "intelligents" (et de femmes "intelligentes" aussi).

  • Un article du jour sur le site de la depeche.fr :

    Tu sais ce qu’il te dit l’accent toulousain ?

    Tout provincial en a fait l’expérience en « montant » à Paris ou simplement au téléphone. Surtout quand il vient du sud-Ouest.

    Le sociologue gascon Pierre Bourdieu avouait avoir eu honte de son accent et il l’avait corrigé. Ce type qui est professeur au Collège de France, qui a tout compris, qui sait tout expliquer, souffre de cette schizophrénie : l’homme social qu’il doit être pour réussir et être pris au sérieux est en plein conflit avec l’homme réel, incarné, fils de son père et de sa Gascogne.

    Et avec une interview de Pierre Escudé, Professeur des universités à Toulouse et Bordeaux ; didactique des langue, bi-plurilinguisme

    L’article mélange un peu Toulouse, Sud-ouest, Gascogne, occitan mais c’est intéressant à lire.

    Tout mon soutien à la journaliste Véronique Gaurel de Toulouse.

    https://www.ladepeche.fr/article/2018/10/21/2892567-tu-sais-ce-qu-il-te-dit-l-accent-toulousain.html#commentaires

  • Très honnêtement, j’insiste : il existe un droit, esthétique, personnel, à préférer tel ou tel accent dans la vie. Dans notre combat, du moins le mien, pour le fait gascon, il y a une glottophilie manifeste : j’aime notre accent, je le chéris, il représente pour moi quelque chose de très puissant, il renvoie à l’enfance, à la nostalgie pour le pays, aux gens qui l’avaient dans la bouche, et l’ont encore, parfois.

    J’aimerais qu’il soit porté avec plus de fierté (mais Tederic l’a bien dit : les humbles ne sont pas fiers) !

    Dans tous les cas, parce que je suis conscient de cette part de subjectivité, je suis dans l’acceptation quasi totale que l’on puisse ne pas partager mes sentiments : Jean-Luc Mélenchon a le droit d’avoir en horreur l’accent méridional, de manière épidermique. Les raisons de cette horreur sont évidentes, presque banales : l’intériorisation totale de la culture de la classe dirigeante parisienne, les conceptions pyramidales de l’éducation, l’obsession pour l’uniformité. Mais ce pourrait être tout simplement une considération sonore que cela serait la même chose.

    Aussi, je ne suis pas choqué par la réaction de l’homme : je peux la trouver ridicule mais je n’en déduirai rien d’autre qu’une relative bêtise personnelle, ce qui est tout autant un droit. Aux électeurs de sanctionner ladite bêtise, s’ils l’estiment nécessaire.

    On peut évidemment aller plus loin dans la réflexion, mais on touche à des débats plus généraux sur la société actuelle, autour de la discrimination. Peut-on discriminer ? Je suis de ceux qui, philosophiquement, pensent que l’on ne contraint pas les gens à s’aimer, à travailler ensemble ou à se côtoyer s’ils n’en ont pas le désir. Si un employeur ne veut pas d’un salarié, du fait de son accent, je n’ai rien à redire : c’est une caractéristique propre à un individu, une fois de plus, l’on a le droit de faire montre de bêtise. Remarquez que la loi pénale est plus sévère sur ces questions que je ne le suis.

    A mon sens, c’est évidemment très différent quand il s’agit de l’État, qui lui, doit maintenir une vraie neutralité, d’autant qu’au fond, c’est lui, par son histoire, qui est à l’origine de cette variété d’accents. La neutralité peut alors se voir comme la nécessité pour les candidats aux fonctions de se neutraliser eux-mêmes, par l’adoption des codes de la classe dirigeante. La neutralité, au contraire, peut être la nécessité pour l’État de ne pas chercher à défavoriser tel ou tel candidat fonction de son histoire personnelle : faciès, accent, opinions religieuses, ...

    Ce débat, la France a encore du mal à le trancher. En ceci, Jean-Luc Mélenchon est très illustratif. Illustratif mais anodin : ce qui importe, c’est de redonner le goût de notre accent là où il est légitime, chez lui.

    • Je retiens que JL Mélenchon a été insultant envers une journaliste à cause de sa "pointe d’accent".
      Peut-être ne faut-il pas faire de toute insulte un délit, c’est un débat compliqué. Une insulte commise publiquement devant les médias doit-elle être traitée différemment d’une insulte en conversation privée ?
      La loi dit peut-être des choses là-dessus... va-t-elle trop loin dans la pénalisation ? je ne suis pas au clair là-dessus.
      Mais si la loi interdit d’insulter publiquement quelqu’un pour son accent africain (par exemple), pourquoi ne devrait-elle pas sévir si l’accent est d’oc ? Est-ce parce qu’on considère qu’il n’y a pas de vrai racisme envers les ressortissants du monde d’oc ? Mais précisément, se moquer de l’accent d’oc, n’est-ce pas déjà une manifestation de racisme ?

      Pour nous rapprocher du cas gascon (ou disons "d’oc" - pour ne pas dire "du midi" - parce que sur l’accent, la Gascogne est largement confondue avec le monde d’oc) prenons un autre accent de ressortissants français : l’accent corse.
      L’autre jour, un tonneinquais (habitant de Tonneins) m’a raconté une blague qui brocardait un corse pour sa fainéantise... vous avez déjà dû en entendre de ce tonneau, et si celui qui la raconte sait le faire, il y met une louche d’accent corse... Pour moi, c’est une blague raciste, ce qui ne m’a pas empêché de rigoler (on pourrait donc m’incriminer !), mais un peu au second degré, tout en étant conscient du problème, et aussi pour faire plaisir au vieux gascon qui me la racontait...

      Ce que vous ne savez peut-être pas tous, c’est qu’aux yeux des gens "du nord" (la moitié nord de l’hexagone), ceux "du sud" avaient (ont ?) la réputation d’être fainéants. Les gascons sont inclus dedans.
      Il y a quelques années, un mien voisin de Troyes faisait même commencer la nonchalance à Châtellerault : il l’avait constatée lors d’une mutation professionnelle !
      Bref, oui, ces questions d’accent ont bien à voir avec des clichés plus ou moins racistes. Je ne suis même pas sûr qu’on puisse les éradiquer du comportement humain.
      Le racisme a des degrés, il a pu conduire à l’extermination, mais on n’est pas toujours dans ce cas, et il faut rester calme.
      Mais quand un groupe est insulté (ici en gros un quart* de la population française), il doit répondre !

      * la proportion a pu être plus grande, mais diminue rapidement avec l’uniformisation des accents.
      Quand même, à l’écoute des témoignages sur les récentes inondations de l’Aude, j’ai remarqué qu’un accent d’oc très prononcé était encore très courant, majoritaire même dans le peuple d’en bas, hors zones métropolitaines (où il reste présent aussi quand même). J’imagine que Mélenchon le déplore et qu’il fera ce qu’il pourra pour accélérer son éradication s’il arrive un jour au pouvoir ; je souhaite donc que nos réactions participent à briser son élan.

  • Tédéric : "Je retiens que JL Mélanchon a été insultant envers une journaliste à cause de sa "pointe d’accent".

    Il a surtout été insultant parce que la question de la journaliste était pertinente et que ça l’a piqué au vif !

  • Bon, puisque je suis à l’origine de l’expression "moitié d’un con", je vais préciser ma (moitié de) pensée. Je voulais juste dire - maladroitement j’en conviens - que c’est un animal politique avec l’ "intelligence politique" que cela doit sous-entendre, normalement. Par contre, si on considère qu’être intelligent, c’est répondre de façon pertinente et sereine à une journaliste, là pour le coup, on ne peut pas dire qu’il soit très "fufute", haha. (Désolé Tederic, j’en ai fini avec le hors-sujet.)

    Les éléments de langage de la FI comme quoi Mélenchon avait réagi de la sorte parce qu’il croyait que la journaliste se moquait de lui en tant que député des Bouches du Rhône (et donc aurait pris l’accent de Marseille pour le déconcerter !!) sont assez risibles.

  • J’aime bien cette phrase lu dans le sujet de la depeche : « André Lagarde, poète et instituteur, disait que « l’accent c’est la musique d’une langue dont on a oublié les paroles »
    J’ai trouvé une utilité à certaines méthodes de gascon : celle d’entrainer son accent gascon en français !
    Je suis assez d’accord avec Vincent P lorsqu’il parle de la discrimination envers les accents. Il rejoint ce qu’écrit Escudé dans la depeche :
    Que révèlent les remarques sur les accents ?
    Que nous discriminons une différence. C’est une qualité de savoir discriminer ! Reconnaître un son, un mot différent : c’est cela l’intelligence ! Mais c’est une déviance absolue que de « discriminer », au sens de stigmatiser, rabaisser, humilier...

  • Je viens de découvrir que la proposition de loi de la député LREM Laeticia Avia pour lutter contre la glottophobie était en fait une blague !!! ... alors qu’elle était prise au sérieux sur les réseaux sociaux en réaction de l’ "incident Mélenchon".

    Quel cirque !

  • ... ou bien LREM lui a demandé de dire que c’était finalement une blague et d’avaler son chapeau pour ne pas s’embarasser d’une telle loi.

    • C’est peut-être plutôt ça.
      Dès le début une de ses collègues a dit qu’il fallait le prendre comme une blague ou une boutade, et maintenant la députée Laetitia Avia le présente, pas exactement comme une blague, mais comme un coup de com pour que nous portions nos accents avec fierté.
      Un tweet d’elle
      Bon, vu la teneur générale des tweets sur ce sujet (genre "y a rien de plus important ?"), je comprends que LREM ne suive pas sa députée.

  • Mais si la loi interdit d’insulter publiquement quelqu’un pour son accent africain (par exemple), pourquoi ne devrait-elle pas sévir si l’accent est d’oc ? Est-ce parce qu’on considère qu’il n’y a pas de vrai racisme envers les ressortissants du monde d’oc ? Mais précisément, se moquer de l’accent d’oc, n’est-ce pas déjà une manifestation de racisme ? (dixit Tederic)

    Je suis tout à fait d’accord avec Tederic. En France, pays où le deux-poids-deux-mesures bat son plein, la notion de racisme est à géométrie variable. Se moquer de l’accent africain même sous forme de blagues, c’est forcément raciste. Mais se moquer de l’accent méridional, c’est anodin et indigne de poursuites judiciaires. Imaginons un Africain qui se moquerait de notre accent, j’imagine qu’il se trouverait de bonnes âmes pour s’esbaudir de ce trait d’humour génial. Là j’arrête car je ne vais pas tarder à me faire jeter la pierre par les antiracistes de service au coeur grand ouvert aux uns et grand fermé aux autres.

  • Que de réflexions autour des accents régionaux ! Personnellement ils m’enchantent, d’où qu’ils soient. Prenez le train à Orthez, à Toulouse ou à Dax et vous noterez ces différences qui font tout leur charme (si les gens parlent). Je ne sais ce que l’on pense du mien : paysan chalossais !

  • J’aime bien le commentaire n°34 de 32406465.
    J’ai souvent utilisé la formule d’André Lagarde pour dire que notre accent est la musique d’une langue dont on a oublié les paroles comme j’utilise la formule de Roger Lapassade qui me disait en 1969 : "toi tu parles "negue" e ent’a parlar negue que cau aloncar los pòds".
    J’adhère à l’analyse de Pierre Escudé pour considérer que les remarques sur l’accent est une discrimination des différences et c’est une déviance absolue que de « discriminer », au sens de stigmatiser, rabaisser, humilier ...
    Jean Luc Mélenchon veut peut-être nous "mettre au coin".
    On s’en fout on y est déjà !
    Tant qu’à perdre la boussole, j’espère que ça n’explique pas son refus de signer la pétition sur l’accueil des migrants ... Ce qui justifierait que discriminer c’est exclure.

  • L’accent n’a pas encore disparu dans les Landes de Gascogne.
    Aujourd’hui, j’ai écouté l’avocat sur l’affaire des canards trop bruyants et je constate que l’accent, au minimum les intonations, est présent :
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=195&v=cV4FgCgY8DQ&feature=emb_logo

    • Voici qui est réconfortant !
      En plus (je sors du sujet), l’avocat m’a paru très pondéré sur cette affaire de bruit des canards.
      Oui, on peut parler d’"accent".
      Ce qui le caractérise :
       la prononciation des e qui sont "muets" en français standard (en fin de mot ou dans les mots : "également") ; c’est selon moi la différence majeure, qui change la musique des phrases ;
       les nasales on et an (ong, ang) ;
       le r "râclé" (comme dans "expert"), alors que nos aïeux le roulaient ; à tel point que leurs enfants n’ont pas su imiter le r français standard...

      J’y pensais encore ce matin : si nous avions des médias audio vraiment régionaux (avec de vraies régions, pas avec la "Nouvelle-Aquitaine !), et d’une manière générale avec une vraie décentralisation, l’accent régional cesserait peut-être de reculer. Enfin, c’est aussi question de bassin de vie et de brassage plus ou moins fort.

    • L’accent se maintient chez la génération ancrée localement des plus de 40 ans. C’est chez les jeunes que toute trace s’évapore, les moins de 20 ans.

      Cf le test excellent brin/brun :

      https://twitter.com/mathieuavanzi/status/1004356650839441408?lang=fr

  • J’hésite un peu à rajouter une note de regret, mais il faut aussi regarder la réalité en face.
    Hier dans l’émission "Lo Gran Descluc" de Ràdio País, j’entendais un calandron d’une école pyrénéenne (sauf erreur)... eh bien, j’ai remarqué qu’il ne prononçait pas les syllabes finales atoniques. Ex : qui ba a l’escol’
    Je soupçonne que tous les calandrons font de même...

    Donc, même ces enfants à qui on essaye de transmettre le gascon le parlent avec la musique française, alors que la musique gasconne s’est bien conservée en français régional encore parlé autour d’eux, au moins jusqu’à la génération des 30-40 ans !

  • L’accent aura survécu 50 ans de plus que la langue ?

    Sauvons notre langue, oui, mais plus encore ce qui est l’âme de notre langue et encore bien vivant, notre accent. L’imposer à la tv régionale ? les jeunes ne l’écoutent plus guère, ils écoutent leurs radios parisiennes et vidéos sur Facebook.

    C’est à l’école primaire que nos enfants risquent de perdre l’accent familial, surtout quand les instituteurs ont cherché à corriger eux-même leur accent, quand les copains de référence, c’est à dire ceux issus de classes paraissant plus cultivées, ont l’accent francimand.
    La vergonha es totjorn aquí, e l’escòla es totjorn copabla.

    Alors les occitanistes : il faut adapter les slogans, les revendications, les manifestations !!!

  • J’entends parfois des jeunes, y compris enfants, avec l’accent gascon. Mais je parle de l’est de la Gironde, et tôt ou tard les effets de la métropolisation/mondialisation gommeront ça. Je crois qu’il faut promouvoir le lien social en milieu rural si l’on veut que l’accent (entre autres) se maintienne.

    Après, pour l’aspect psychologique, quand les gens ont honte de leur accent, c’est autre chose (syndrome Bourdieu) , heureusement ils ne parviennent pas toujours à le perdre (ex. ma mère).

  • à ce propos, j’ai remarqué quelque chose en relisant mes vieux cahiers il y a quelques mois.

    Au CP, il y avait parmi divers exercices de lecture un qui consistait à classer des mots en O en deux colonnes, suivant leur prononciation. Evidemment je l’ai complété à la sudiste, et évidemment j’ai eu un 😕 rouge en guise de note comme c’est d’usage au primaire. Il me semble que l’exercice ne s’est pas fait à l’oral d’ailleurs. Heureusement à cette époque j’étais déjà habitué à me dire que le manuel avait tort.
    Au CE2 rebelote, cette fois on nous explique les règles (toujours à l’écrit) après coup, elle me semblent peu naturelles (au et ô toujours fermés ? vraiment ?) et je me dis que l’auteur a dû confondre.

    J’ai eu de la chance de penser que le manuel a tort, et je n’ai pas remarqué que les parisiens parlaient différemment avant l’an dernier. Mais je n’ose pas imaginer ce que ça pourrait faire à des enfants moins sûrs d’eux-mêmes. Heureusement aussi que ça ne se fait qu’à l’écrit (parce que les instits n’étaient pas moins sudistes)


Un gran de sau ?

(connexion facultative)

  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document

Dans la même rubrique :


 

Sommaire Noms & Lòcs