Le gascon dans le roman Belle Alliance de Christine de Rivoyre

- Gaby

Quelques extraits :

 les chats des Landes ne sont ni aimés ni aimables, on les appelle ’’gats’’ (p. 12)

 En Gascon, bouhe signifie ’’souffle’’, le bouhe c’est aussi la taupe qui s’évade de son soupirail et vient souffler, prendre l’air (p. 18)

 Un ’’kiki’’ n’est pas un ’’can’’, vocable sérieux réservé aux pointers, aux setters plus ou moins purs [...] Un kiki n’est qu’un cagnot, on le traite aussi volontiers de ’’cure-uou’’ (p. 35)

 comme siffle le vent, chioule ben, qui fait craquer les grands pins. Qu’elle parle, qu’elle pleuyteuye, qu’elle borde, qu’elle radote [...]des chansons à birebourer les têtes (p. 44)

 Petit trot, grand trot, petit galop, canter du Tounedou au Baqué, de Perrac à Branelongue, de Tuyenet à Lestajaou, de Bordessoule à Plinguet (p. 46)

 Comment l’appelles-tu ? - Hé té, Cagnotte. Cagnotte sen Brigue de coude puisqu’elle n’a pas de queue. (p. 47)

 Sa mère [...] y mêlait des adages, des proverbes qu’elle récitait souvent en gascon, roulant les r, mouillant les ll, écrasant les gn et Margot l’imite,se met à réciter : Aoube rouge ben ou plouje. Puis , en mesure, comme une chanson : Per sen Miquéu, le becade que toumbe dou céu. Per sen Luc, lou gran truc. E après sen Miquéu et sen Luc, arrivent sen Roc, sen Bernat, sen Loup, sen Andriu, sen Martin et sente Catrine. (p. 51-52)

 Elle prononce enfing. Isa est de Sabres, dans la Grande Lande, et, là, l’accent gascon ne fait grâce à aucun mot, à aucune syllabe terminale, surtout quand l’émoi s’en mêle. (p. 66)

 Les vieux dansaient la roun-la-la, le saut-de-sacul et la sabringote. [...] tu as vu danser la sabringote ? - Non. - Une Sabringote qui n’a pas vu danser la sabringote, c’est désolant. - Eh oui. Mais c’est comme ça,je n’ y peux rien. - Nous vivons dans un monde où les vieux ne dansent plus. (p. 93-94)

 Un méchoui au pays du panturon, du salegras et de l’aillère, ça ne te fait pas deuil, comme dirait Adèle ? (p. 94)

 J’entends d’ici [...] ton bel accent montois (ou dacquois) qui pince les an : je me demonde vraimont ce qui a pu se passer. (p. 108)

 Simon avait la voix râpeuse de sa mère, son accent. M’ammebête, choucolat, caramebares, chinechinegomme. Et mamang, bien sûr. (p. 115)

 Hé adieu, Marregot. Ma chenille elle est dans une boîte d’allumettes, dans mon lit. Et demaing mating, ce sera un papillong. Tout jone. Ou jone et blang. (p. 117)

 Aubin Lescommère (épicier le reste de la semaine et un vrai Lanusquet, petit, nerveux, frétillant). (p. 132)

 Séraphine a chanté Adiou praoube Carnaval et les chiens sous la table en ont profité pour hurler (p 153)

 Elle roule les r avec l’accent de la Chalosse, comme si elle roucoulait (p. 203)

 A la fin de sa vie, le berger qui s’appelait Jeannon ne parlait plus qu’à un imaginaire chien labrit.Hey biye, criait-il , ou arrebire ou gahe lou. (p. 222)

Grans de sau

  • Contrairement aux rares rappels gascons des romans de Mauriac , les allusions ci-dessus ne sont jamais négatives ou péjoratives.
    Sympathique Christine de Rivoyre

  • Je dois dire que j’aime bien la négativité de Mauriac toutes les fois où le monde gascon surgit dans son oeuvre. Et cela va bien au delà de la sauvagerie de la langue : ce sont les êtres, quasi phénotypiquement.

    Pourquoi aimer ? Parce que cela marque un monde inquiétant et irréductiblement différent, assez peu folklorisé en somme, vu par un bourgeois bordelais. Pour ces raisons, je pense qu’il faut toujours se réjouir des stéréotypes négatifs propagés par la ville, ils marquent le peuple qui survit.

  • Je viens de terminer Belle Alliance.
    Oui, Christine de Rivoyre (Margot dans le roman) aime et respecte l’accent du pays, et aussi la langue du pays - langue qu’elle nomme "gascon" et non "patois", mais qu’elle ne connait peut-être pas très bien*.

    Elle était née en 1921, donc a pu entendre dans sa jeunesse des pays de Lanegran, Born, Marensin, qui parlaient encore gascon, au moins quand elle ne suivait pas, avec sa famille, son père officier de cavalerie dans des villes de garnison à travers la France.

    Christine n’a pas, elle, l’accent qu’elle aime retrouver : sen brigue d’accent, pourrait-on dire.
    Mais elle n’a pas non plus l’accent dont elle se moque : celui des gascons renégats - les bourgeois de Dax, Mont de Marsan, Bordeaux, qui en rajoutent dans l’accent parisien, pour faire plus chic ; dans Belle Alliance, Guy, "habillé dans le style bon chic de Mont-de-Marsan qui vaut parfois celui de Bordeaux" et surtout son accent pointu ("nous avons une autre voiture, bion ontondu").
    Je suppose que Christine de Rivoyre, "un quart landaise", a pu s’intégrer dans l’élite parisienne sans effort pour modifier le sien.

    Vous pouvez l’écouter ici : Christine de Rivoyre à propos de son roman Belle Alliance
    « dans Belle Alliance, je voulais que le pays soit traité comme un personnage »
    et pour finir avec un sourire (mais elle n’en souriait pas) :
    « il faut que les nudistes soient raisonnables »

    * Elle a eu une enfance dans la bourgeoisie bordelaise :
    « Le grand-père de Christine, Maurice, original, un peu ours, quitte la capitale girondine pour s’exiler à Onesse, au coeur de la forêt landaise. "Nous y passions nos vacances »
    Bio :
    http://www.pointdevue.fr/culture/christine-de-rivoyre-je-ne-suis-pas-faite-pour_8240.html

  • Landes : la cuisinière Mimi Lensalade est décédée
    « Mimi Lensalade, cuisinière de talent au caractère bien trempé, inspira également le personnage de Liline du Bidaou à l’auteure Christine de Rivoyre, dans son roman « Belle Alliance ». »
    « Sa cuisine était locale, mais très chic. »

  • Extrait de la biographie de Christine de Rivoyre sur le site de l’association de ses amis :

    Mademoiselle des Landes

    (1976-1995)
    (...)
    À la mort de sa mère, elle décide de reprendre la maison familiale, située en plein cœur du village d’Onesse-et-Laharie, et de s’y installer. Dans son « désert élu », elle retrouve la joie de monter à cheval et de parcourir la lande et redécouvre, grâce notamment aux écrits de Félix Arnaudin, le patrimoine d’une région profondément liée à son histoire familiale. Elle en fera, dès lors, une de ses principales sources d’inspiration.

    Il faut dire qu’au moment où elle se retire à Onesse-Laharie, elle était “une figure incontournable de la vie littéraire parisienne”.
    Plutôt que "Mademoiselle des Landes", je lui donnerais le titre de Daune ! Daune Christine, ou (plus gascon encore), Daune Cristie...

    Sur le même site, le Projet de sauvegarde de la maison de Christine de Rivoyre à Onesse-Laharie, avec quelques photos, et un appel au soutien...


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