L’amour de la langue - pour nous, le gascon - est un ressort puissant pour aimer le pays où elle se parle, ou se parlait.
Deux exemples, deux articles d’Alban Destournes dans un numéro de la revue Gascogne (n° 62 - 2e trimestre 2004) : RAMONET deu Pè de la Vit et Thérèse Larré-Noël, la "Daune de Sabazan".
Raymond Lajus alias RAMONET deu Pè de la Vit
« La vigne, la langue gasconne, son pays d’Armagnac, un triptyque qui guida toute la vie de cet homme d’action. Il réussit le tour de force de concilier son métier d’enseignant et cette vocation de viticulteur à laquelle il voua tout son savoir.
Cette vigne mère, cet Armagnac fils d’un terroir si riche d’Histoire, il les a chantés. Il les a surtout décrits à travers ses livres. Il a parlé de l’une et de l’autre en s’aidant de "Lenga mair", la langue de ses ancêtres à qui il voua un amour égal à ses deux autres passions. »
Son poème Vrenhas :
Escota lo borit deu vin doç qui devisa :
L’arrasim tot daurat, un còp estat rostit,
Dens las cledas estranglat, sarrat, esclapotit,
En tot passar peu trolh, a deishat sa camisa
Adara la most boreish com vent de bisa ;
D’ua sabor de vrenhas la chai es en·holit,
Un perfum tot mostós, un chicòt esmalit
Vos hè barrar los uelhs e ahisha (?) la hisa (?).
Mès on l’arrider ? Adeshatz los nautets :
Maquinas de tot bòrd s’escapan de l’establa ;
Lo brut e los patacs s’estiran a pauquets ;
La vinha lèu purgada, un gran dòl s’estalla.
Mès dens la cuva ardenta on lo vin doç boreish,
Ua navèra vita en cantant que bruheish ...
Les œuvres de Raymond Lajus paraissent maintenant difficiles à trouver :
– Armanhac negre
Édition : [Serras-Moriaas] : Escòla Gaston Febus , 1988-
– Armanhac negre 1
D’un cap d’an à l’aute
Édition : [Serras-Moriaas] : Escòla Gaston Febus , impr. 1988
– Istoeròtas e colhonadas
Description matérielle : 39 p.
Édition : [S.l.] : R. Lajus , 1999
– Mestièrs fotuts e fotuts mestièrs
chronique des métiers diparus
Thérèse Larré-Noël, La "Dauna" de Sabazan
Née en 1890 à Rélizane près de Tlemcen. Son père était instituteur.
« En 1898, Thérèse vit enfin la terre de Gascogne, ses parents y étaient revenus.
Qu’il fut doux, le premier rendez-vous de la petite fille avec le pays d’Armagnac [...] Pourtant ce qui la séduisit plus que tout fut ce parler à nul autre pareil ; il suscita en elle un émerveillement qui allait l’accompagner toute sa vie.
Thérèse Larré-Noël n’appartenait pas à la catégorie des poètes tourmentés. contestataires, mal embouchés, voire sacrilèges. Ces poètes du félibrige ont parfois irrités ceux qui trouvent que la vie ne se résume pas au chant des oiseaux, au chant des laboureurs, bref à ces images démodées selon eux. »
"Que t’aymi terro may ! Lou Gers ey ma patrio" (je t’aime terre mère ! Le Gers est ma patrie).
"Sé la péno qui croche ey quauques cop trop grano, Qué démoro-m units coumo lou premè jour"
(Si la peine qui brise est quelques fois trop grande, Nous demeurons unis comme le premier jour)
https://sites.google.com/site/quatuorvocalchorrelidia/home/therese-larre-noel-poetesse
E un tresau ! Et un troisième !
Dans le même numéro de "Gascogne", il y avait une publicité pour "Itinéraire d’un douanier gascon", de Jean Bouheben.
Lui aussi, sa "pratique du bilinguisme (gascon/français)" a dû jouer dans le patriotisme gascon - et vascon - qu’il manifeste à sa retraite.
De seguir / à suivre ! Mais vous pouvez déjà le voir et l’entendre sur Youtube.
PS : Je remercie Mme Laborde qui m’a prêté ce numéro de "Gascogne".