Les Fêtes locales Las hèstes locaus

- Tederic Merger

[A partir de l’article "A l’aube des fêtes locales" de Pierre Cames dans le n° 86 (2e trim. 2005) de la revue "Gascogne - la Talanquère"]
Revue "Gascogne" (ex "La Talanquère")

Trucs e patacs
« Les rixes font partie de la fête au même titre que le repas ou le bal.
"Alors Jean, cette fête de Lias ?" demandaient (en gascon, bien entendu !) au début du siècle dernier des jeunes de Cazaubon à un de leurs copains qui s’était rendu la veille, en voisin, à la fête de ce petit bourg armagnacais.
"Ne m’en parlez pas, répond l’intéressé. Elle ne valait rien. Il n’y a pas eu un coup de poing !" »
Mais Pierre Cames poursuit :
« Le Sud-Ouest n’a pas l’exclusivité de la castagne. »
Donc c’était partout. Pas de spécificité gasconne.

Mais la guerre de 14-18 aurait cassé ça aussi :
« les quatre années terribles passées dans les tranchées et les fraternités d’armes qui ont soudé les jeunes de villages différents rendent dérisoires les querelles de paroisse du siècle précédent. »
Là non plus, pas de spécificité gasconne.

Celle-ci surgit peut-être plus tard, avec "le progrès" :
« Alors que la coutume de la fête locale se perd dans le Nord, elle tient bon en Gascogne. Au nord de la Garonne, le progrès semble avoir tué la fête. Le machinisme agricole bouscule les traditions, les moeurs changent, les coutumes se perdent, le bal n’a plus le monopole des rencontres des garçons et des filles, les vacances et les nouveaux moyens de transport (auto, train, avion) dispersent les gens. »

Dernier acte (pour l’instant) :
On aurait pu croire que "le progrès", enfin arrivé en Gascogne, y ait eu les mêmes effets qu’ailleurs... Eh bien non (selon l’auteur) : les fêtes gasconnes sont demeurées ; mais elles ont muté, attirant "des foules venues des quatre coins du pays". On pense, avec l’auteur Pierre Cames, à celles de Bayonne et de Dax. Peut-être celles de Mont de Marsan ?
Mais les fêtes de village, et des petites villes ? l’auteur les englobe avec les autres :
« la fête représente la grande affaire de l’année, pour les villes et les villages de l’extrême Sud-Ouest ; elle devient un atout touristique, parfois une opportunité commerciale... »
Qu’entend-il par "extrême Sud-Ouest" ?
La limite de la Garonne, invoquée plus haut, tient-elle encore ? Apparemment plus exactement.
Les fêtes d’Orthez ou de Saint Vincent de Tyrosse, par exemple, (si on se situe dans l’"extrême Sud-Ouest") sont-elles vraiment un rendez-vous touristique, drainent-elles des foules de jeunes hestayres venus de loin ?
Et celles des villages ?

L’article de Pierre Cames date de 2005 et souffrait déjà d’un certain flou.
En 2019, il faut sérieusement enquêter sur le terrain !-) Nous sommes en avril... la saison des hèstes s’ouvre en juin... Gasconhautes, vous irez, et j’attendrai vos retours d’expérience ! Parce que moi, ce n’est plus tout à fait de mon âge... quoique...

Grans de sau

  • Dans l’extrême sud-ouest, à Tyrosse et Soustons par exemple, les fêtes de village ( plutôt de "gros bourgs") drainent les "touristes" mais aussi les hestayres. Mais en juillet et aout il y a la concurrence avec les fêtes de Bayonne, Dax et Mont de Marsan.
    La rivalité entre villages s’atténue. Mon père me disait que dans les années 50, 60 jamais un habitant de Soustons serait allé jouer dans le club de rugby de Tyrosse et vice-versa.

  • A Tyrosse par exemple, j’ai l’impression que les touristes sont ceux qui séjournent dans le coin fin juillet ; on ne note pas l’invasion de jeunes accourus de tous les coins de France pour faire la fête mais aussi se pinter en permanence pendant ces jours-là... Il y a bien de l’ivrognerie par moments mais pas systématique. C’est un autre climat, une clientèle plus locale qu’à Bayonne ou Dax.

  • La saison des hestes gascounes ne s’ouvre pas en juin comme je l’ai dit, mais dès le mois de mai avec par exemple les fêtes de Nérac !
    J’ai été étonné de la place qu’y prend la course landaise :
     initiation pour les enfants le samedi
     démonstration de l’école taurine et course landaise formelle le dimanche
     festival de vaches sans corde le lundi.
    La course landaise est comme le fil conducteur, et on dirait que c’est le Club taurin qui a fait l’affiche !

    Du coup, bien que je ne sois pas personnellement "accro" aux courses, je serais curieux de tester l’ambiance, histoire de sentir si elles sont vraiment populaires à Nérac. A priori le contraire n’est pas possible : je suppose qu’on n’a pas forcé la dose en course landaise spécialement en 2019, et donc qu’il y a une habitude et une demande du public.

    Une déception : je vois sur l’affiche "Speaker : Didier GOEYTES". N’est-ce pas la fonction de debisaïre dont le nom a été anglicisé ici ?

  • Elles sont sans doute aussi populaires que dans les villages landais et gersois, tu nous diras,Tederic. Mais oui, pour le "speaker" c’est bien , partout ailleurs, le "devisayre".
    Ils doivent rectifier !

  • Sur l’affiche de la course landaise de samedi prochain à Condom (en même temps que le Festival des Bandas), c’est le même Didier Goeytes qui est... débisaïre et non plus speaker.
    Sur une autre affiche, pour une course landaise à Gazaupouy (à côté de Condom), c’était de nouveau un "speaker" !
    Bref, il y a une concurrence entre le mot gascon et le mot anglais.
    Autre chose : l’affiche de Condom annonce que la course landaise sera animée par la banda "Los Ensorelhats". Bravo pour le nom gascon ! mais quand on va sur leur site, on déchante :
    ils expliquent leur nom... on aurait pu croire que los ne poserait aucun problème (c’est pourtant simple, article défini pluriel masculin se traduisant par les en français) ; eh bien non, voilà ce qu’ils mettent :
    « Los : Prononcer Lous. du latin laus. Vieux français mais surtout langue bearnaise signifiant eux -ce sont eux-les voilà. »
    [après-coup, je me demande si ce n’est pas une galéjade]

    Pour Ensorelhats, à côté, ça peut aller, quoiqu’on se demande pourquoi ils disent de prononcer avec un l :
    « Prononcer ensouleillats ou ensouleyats. Terme Béarnais désignant des personnes avec du soleil plein le coeur. il peuvent être que musiciens ou festayres. »

  • Bref, il commence à y avoir de la concurrence entre devisaire et speaker...Soyons vigilants !
    Pour ce qui concerne "los Ensorelhats",leur site comporte un formulaire de contact ;on peut donc leur écrire,ce que je viens de faire.

  • Douncos, que i èri, a Nerac, lou matin, a la "démonstration de l’école taurine".
    Donc une course landaise junior : les écarteurs et les sauteurs sont jeunes, ils apprennent, mais sont déjà très bons !

    Il n’y a pas d’arène à Nérac, mais ils en installent une sous la halle du Foirail. C’est moins beau qu’une vraie arène. En plus, l’acoustique n’était pas bonne - je ne sais pas si c’est lié - et j’avais du mal à entendre le debisaïre (je refuse de dire "le speaker") ; en fait je n’ai quasiment pas suivi ce qu’il disait, ce qui est dommage, parce que c’est une partie du spectacle, pas la principale heureusement.
    Une autre partie du spectacle, c’est la banda. C’était, comme d’habitude la banda locale de Nérac, la Jimbalaya. J’aime bien. Comme toujours, la course commence et finit par la Cazérienne.
    Autres morceaux dont je me rappelle :
     notre chère Encantada, dont j’arrive à chantonner le refrain - j’imagine que j’étais le seul dans ce cas parmi les spectateurs...
     Guk euskaraz - zuk zergatik ez ? ("nous parlons basque, pourquoi pas toi ?") - évidemment le public de Nérac ne s’est pas senti interpelé, puisque la banda le joue en instrumental... et même si elle l’avait chanté en basque...
     et un morceau auquel je ne m’attendais pas dans le répertoire d’une banda, que j’avais appris à la chorale de Tonneins ; après recherche, je retrouve les paroles : "Buvons bien Buvons mes amis trinquons..." ; j’ai bien aimé cette interprétation par la banda de Nérac, je la préfère aux versions (chantées) qu’on trouve sur Youtube.

    Entre les morceaux joués par la banda, il y avait les vaches (Rubia, Blanca etc., pourquoi toujours des noms espagnols et pas gascons ? elles sont espagnoles ? les ganaderias sont gasconnes en tout cas) et les écarts et les sauts...
    La première vache, je l’ai trouvée élégante, un peu comme une biche... Une autre était plus trapue... chacune a son caractère et interagit à sa manière avec les hommes...
    Je comprends qu’on puisse se passionner pour ces variations... et curieusement ne me passionne pas...
    Et je n’ai pas du tout réussi à capter si le public assis dans les gradins se passionnait ou pas. Bien sûr il applaudissait...

    Lou prochén còp, que calerà entà Gasconha.com un repourtaïre mei abisat !-)

  • Merci per aqueth reportatge,Tederic.Lo proixen còp qu’en vedi ua d’aqueras corsas, que m’i boti,qu’ac prometi, "mèi avisat" o pas !

  • Vous aurez à Nogaro le 21 juin la Course des gascounets, mal écrit bien sûr, avec un spectacle de toutes les écoles ayant suivies l’initiation à la course landaise. Pour ce que j’en sais, ça chante (Los escolans) et il y a la banda, lo devisaire e tot çò que cau entà hèr ua corsa landesa. J’en saurai plus le 18 juin mais internet doit donner des infos.

  • Hier jeudi, lancement des fêtes depuis la Mairie (où ne flottait aucune banière mentionnant les fêtes en gascon, bref des « Fêtes » mais pas des « Hestas ». Sur l’ « empont » les « Copains d’accord » (banda classique et plutôt de bonne qualité) et Shanteona, groupe d’hommes (en général appparemment retaités en majorité) mélangeant français, espagnol, basque et… gascon à doses faibles ; tout de même l’Encantada que nous n’avons pas été nombreux à chanter avec eux.
    Chose vue : à l’estanquet du bar « Quinze vins », les serveurs portaient tous un tee shirt (quèssòt, si vous préférez, puisqu’il parait que c’est la traduction gasconne correcte) ad hoc avec le nom de l’estanquet en lettres et couleurs basques et l’ikurrina sur la manche (je n’ai pas manqué d’en signaler l’incongruité dans un pays gascon, évidemment mais je suppose que j’aurai été quasiment le seul à y prêter attention…).
    Bref, ce soir là faible degré de gasconité mais ça peut s’améliorer les jours suivants !

  • A Mont de Marsan : la Heste dous Pitchouns
    A Dax : "Touts a taoule" le 15 août 2019 12h00 : « Touts à taoule » en patois veut dire « tous à table » nous explique "Dax la Féria".

  • Lo noste Gerard Saint-Gaudens qu’inaugura damb maestria* la navèra rubrica deus mosquetaris (mosquetaires ?) de Regaspròs sus Ràdio País, qui cau arremerciar :
    https://soundcloud.com/radio-pais/athos-portos-e-regaspros-1-la-hesta

    * Un mot espanhòu que s’impausa entà parlar de las nostas hèstas, dont Gerard evòca justament l’espanholizacion.

  • E aqueste còp, ne bouti pas l’aficho aprèps la dato de l’espectacle !

    Signe tabén que tourno la bito nourmalo, aprèps un an é mieÿ de "couwit" !

    Bravo : qu’utilizon lou mout "debisaire" !
    (DEBISAIRE Gérard Fortage, DEBISAIRE Guillaume Bellion)

  • Dans le cadre de notre double veille sur Agen, ville limitrophe de Gascogne... et les "fêtes" (hestes / hèstas)...
    Sud-Ouest nous dit ce qui va changer aux Fêtes d’Agen.
    A bisto de nas, aucun frémissement gascon... nada, arré !
    On comprend que la clé de voute de ces fêtes, ce sont les concerts, accessibles dans un périmètre payant.
    En cherchant dans la programmation, je trouve quand même "Les Gascons Five" ("Soirée club house"). Ne coneishi pas... e d’alhors sabi pas bien çò qu’es ua serada "club house"...
    Mais ça fait déjà trop d’anglais pour moi !

    Sud-Ouest :

    Jean Dionis le glisse : « C’est aussi et surtout la fête des gens d’Agen, de l’Agglo et du département. Une fête populaire typique des villes du Sud-Ouest qui doit permettre à tous de s’amuser et de profiter des derniers beaux jours avant la rentrée de septembre. » Tous ceux-là pourront porter comme signe d’identification le foulard orange.

    Le site des Fêtes élargit un peu la cible (on devine en filigrane l’exemple des fêtes de Bayonne, de Dax... et un désir vague de s’y rattacher) :

    « Située au cœur du Sud-Ouest à mi-chemin entre Bordeaux et Toulouse, la ville d’Agen est facilement accessible. »

    Les échanges du forum sous l’article sont intéressants, dont voici quelques extraits :

    « Le Lot-et-Garonne a la spécificité de copier tout ce qui se fait ailleurs notamment dans les Landes, le 64 et le Gers mais le Lot-et-Garonne ne sera jamais un département festayre et de féria. Un pseudo "festival" avec que des chanteurs et sans programme autour et avoir la prétention de dire que l’on veut ressembler aux feria du Sud-Ouest, laissez-moi rire ! »

    en réponse :

    « C est quoi ce sectarisme regionaliste... »

    ce qui amène ceci, de la part du pseudo "Fédéralisme" (qui arbore les vaquetas biarnesas et la crotz occitana - nous ne sommes pas les seuls à veiller...) :

    « Le régionalisme c’est l’autonomie, pas la guéguerre autour des fêtes.. C’est une démarche politique pour avancer.. »

    Boudïu ! on peut quand même faire des comparaisons, non ? Pour savoir si ça vaut le coup d’y aller... Aqueste còp, soi pas enqüera convençut.

  • Dans notre dernière cronica sur Ràdio País, nous évoquions la Bodega Clandestino qui avait, selon Sud-Ouest, mis une touche "fête du Sud-Ouest" prometteuse aux dernières fêtes d’Agen.
    Cet article du même journal nous en dit plus :

    « L’aventure date d’une quinzaine d’années, débutée en catimini, en jouant parfois au chat et à la souris avec la garde prétoriale municipale, et en changeant moult fois de repères. La Bodega Clandestino, qui regroupe un gang de fêtards à la recherche de l’esprit féria qui manque un peu à la ville (...) »

    « à l’époque, la mairie ne voulait pas que l’on puisse assimiler les festivités agenaises avec les férias landaises ou basques, alors on l’avait appelée Clandestino, en référence à Che Guevara », rappelle Marc Pagès [un des piliers de la bodega]

    Aujourd’hui, le maire semble au contraire appeler l’esprit féria, mais comme nous l’avons dit, cela ne s’est guère concrétisé dans le programme officiel des fêtes. Il y a peut-être une pluralité de sensibilités chez les organisateurs...
    D’un point de vue gascon, nous pouvons aussi critiquer "l’esprit féria" - d’ailleurs plutôt "basco-landais" ou "vascon" que purement gascon - tout en l’observant...

  • Sud-Ouest : Les Fêtes d’Agen cherchent encore la formule magique

    « Côté finances, le bilan s’améliore un peu, avec 567 840 euros restant à charge pour la ville (...), la formule reste onéreuse. (...) le prix demandé par les artistes pour se produire sur scène a explosé ces deux dernières années, ce qui complique encore les efforts pour réunir des têtes d’affiche »

    Parmi les « pistes pour s’améliorer » :

    « pour renforcer l’ambiance festive, il est possible d’installer davantage de bodegas »

    Pour comparaison : Dax
    Les fêtes de Dax ont un grand succès populaire sans recourir à des "têtes d’affiche" coûteuses. Mais :

    « La feria coûte de plus en plus cher, notamment avec les mesures de sécurité que l’État impose », assure Pascal Dagès, adjoint au maire. La Ville espère ainsi [par un système de gobelet réutilisable à acheter 2€ mais non remboursé à la fin] couvrir le déficit évalué selon les années entre 270 000 à 400 000€ payés pour boucler le budget feria.


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