Nous, Gascons, et notre crise identitaire Sommes-nous réellement impuissants face à ce courant uniformisateur ?

- Lapouble Martine

Les gascons sont responsables de leur terre et de son image. Ils ne peuvent continuer de ressentir un certain défaitisme devant l’ampleur de ce mouvement mondial uniformisateur qui tend à enlever aux peuples modernes leur propre identité.

Par déférence à leurs ancêtres, tel Hunwald, qui déployèrent un grand courage face à l’envahisseur, les Gascons doivent redresser la tête pour éviter que les générations suivantes ignorent leur terre, et jusqu’à son propre nom de Gascogne.

Comment redorer le blason de notre vieille Gascogne ?

Comment ensemble la repenser, la ranimer et redonner à nos jeunes l’envie de réinvestir le berceau des origines ?

Où trouver les ressorts nécessaires à ce nouveau souffle ?

D’autres peuples soumis à cette loi ont pensé le problème avec plus ou moins de succès.

L’historien marocain, Abdallah Laroui, professeur dans une école américaine, avec son ouvrage "l’histoire du Maghreb", peut être source d’inspiration.
Mais quels rapprochements possibles entre un algérien et un gascon ? Eh bien tous deux ont été colonisés par les francs.

Les raisons qui portent Abdallah Laroui à écrire ce livre sont les suivantes :
 "Les jeunes maghrébins eux-mêmes sont trop obnubilés par le présent. L’étude du passé leur semble un investissement largement négatif."
 "Chaque jour nous ressentons la nécessité de questionner le passé sur deux phénomènes qui hantent notre vie politique et intellectuelle : le retard historique et sa compensation consciente/ La révolution"

Nous aussi, par notre apathie, nous manifestons notre retard historique. Il ne suffit pas d’être linguistes, il faut connaître notre histoire en profondeur pour pouvoir justifier dans le présent et le futur, nos choix.

Abdallah Laroui va plus loin en se demandant " Quelle est la profondeur, la génèse, l’anatomie de ce qui sera à un certain moment un retard à rattraper ? Il porte à l’analyse des maux au travers de ce retard.
Et plus loin, il précise "Ce n’est pas tant l’histoire en elle-même qu’il s’agira de retracer, bien que l’on ne puisse pas s’en dispenser, que la relation qu’un maghrébin d’aujourd’hui, soucieux de son avenir, est à même de soutenir avec la totalité de son passé".

Et si selon cette remarque, nous repensions nos férias et arrivions à insuffler dans nos fêtes à l’origine votives, mais transformées en beuveries dégradantes, un peu plus chaque fois de ce passé, afin que nous nous reconnaissions.

Et toujours Abdallah : "Les nouvelles perspectives d’une histoire totale pourront donner de l’histoire maghrébine la mise au point que chacun espère".
Cette mise au point sur l’"Occitanisme", pour nous Gascons aussi, passe par cette rappropriation de notre histoire globale.

Nul ne pourra continuer de travailler dans le cadre du vieil individualisme.

On nous a eu par nos désirs.
"il faudra faire l’histoire de notre historiographie" pour comprendre ce qui nous est arrivé et suivre la naissance de l’idée de France et d’Europe. Il nous faut nous structurer.

"Dans cet ordre uniformisant, nous dit la psychiatre Julia Christeva, nulle révolution n’est encore possible, la seule façon de le vaincre est la révolution culturelle". Pour cela nous devons réinvestir notre histoire et créer des liens avec ceux avec qui nous la partageons de façon à travailler ensemble et aux delà des frontières pour avoir des appuis forts.

Un exemple d’entreprise qui irait dans ce sens, et dans laquelle l’association "la Convivencia " d’Orthez s’investit, est la sauvegarde de Manuscrits du désert mauritanien du XIème siècle.

Mais pourquoi, me direz-vous ?
Parce qu’ils nous viennent des derniers sultans oméyades qui régnèrent sur l’état hispanique médiéval "Al Andalous" avec lequel la Gascogne eut de très nombreux contacts par le biais de wisigoths islamisés.

Que pourront-ils nous livrer sur notre passé ? A voir.

Mais cela n’est pas sans difficulté, car chez les mauritaniens il y a de grands initiés, ce sont des gens très durs et très conscients du danger d’expropriation. Pour survivre à Chingetti, on les expose à la lumière pour favoriser le tourisme. Leur sauvegarde, leur lecture, leur diffusion, ne pourront jamais se faire qu’au bénéfice des autochtones chingettins.

Martine Lapouble

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