Exemple contemporain du mépris de l’architecture régionaliste Vincent.P

- Vincent P.

... par certains beaux esprits qui s’imaginent capables de transcender l’âme d’une région par leur fantaisie puérile.

Pour plus de détails, lire un article dans le dernier Festin.
A noter que les artistes ont refusé le compromis des boiseries, qui pour le coup aurait été original et fantaisiste.

lepost.fr-agen-la-maison-polemique.html

lepost.fr-interview-black-is-beautiful.html

Grans de sau

  • La réaction de l’internaute "rendinger" sur le premier lien me paraît gravissime de snobisme, incapable de comprendre l’époque qui a construit un peu partout ces maisons néo-basques, cet entre-deux-guerres merveilleux pour la Gascogne qui à la fois loin des courants artistiques parisiens et à l’avant-garde du mouvement art-déco, a pu s’exprimer pour la dernière fois de l’Histoire dans toute son originalité.

    Si la modernité en Gascogne c’est Mériadeck ou plus récemment la rive droite de la Garonne à Bordeaux, et si le conservatisme franchouillard ce sont les villas d’Hossegor, alors je suis un fieffé réactionnaire.

  • Je pense qu’il est juste que la mairie d’Agen, et la puissance publique en général, exercent un contrôle sur l’aspect visuel de l’Ermitage, colline emblématique d’Agen, et d’ailleurs aimable (?) bric-à-brac (ce qui ne veut pas dire qu’il faut aggraver les choses).
    Ensuite, imaginons que cette maison ne soit pas visible, qu’elle soit dans un lieu dérobé aux regards...
    La puissance publique n’aurait pas, alors, été fondée à intervenir (dès lors que la maison n’était pas protégée par un classement).
    Mais les artistes n’auraient peut-être pas eu envie de repeindre la maison en noir.
    Ils cherchent avant tout le spectacle, c’est courant chez les artistes.

    Et pourquoi ont-ils voulu donner ce spectacle ?
    Il n’y a pas seulement dans leur geste la volonté d’honorer Soulage, mais aussi, je le suppose, l’envie d’effacer le néo-basque rouge et blanc.
    Pourquoi cette haine ?
    On retrouve l’attitude des "modernistes" ou partisans du style "international" déjà présents en pleine époque néo-basque.
    Le Corbusier était de ceux-là, avec des arguments de valeur, mais aussi une insensibilité totale à la fonction expressive et identitaire d’une maison, et un extrémisme qui lui a fait envisager de raser Paris...

    Chez ceux qui brocardent les styles néo-régionaux, il y aussi, parfois, du snobisme : on veut être du côté de l’élite, de ceux qui comprennent ce que la populace ne comprend pas, et on est content aussi de se démarquer du "provincialisme".

    Les mêmes approuvent, je pense, que l’accent gascon ou occitan (tellement "rocailleux" et finalement ressenti comme ridicule) soit banni des annonces de la gare d’Agen, ce qui est de fait programmé...

    Les réactions sur le web approuvent dans l’ensemble les artistes, au nom de la créativité et de la liberté.
    On remarquera qu’aucune n’exprime la moindre sensibilité au néo-basque.
    Curieux que ce style ait essaimé de la sorte en Gascogne, et qu’il n’en reste rien à Agen quelques décennies plus tard (même si Agen est à la limite de la Gascogne*).
    Certains remarquent que ce style "basque" est déplacé à Agen.
    Ils ignorent qu’il est plus proche que les autres styles présents à l’Ermitage d’un type de maison, parfois dit "gascon", très enraciné en Agenais.
    L’inculture n’est peut-être pas exactement là où on croit.

    Maintenant, ce débat a eu lieu au printemps. Quel est l’état présent du dossier ?
    J’aimerais aller sur place pour me faire une idée perso.

    *Je me souviens pourtant d’une maison en haut de l’Ermitage qui s’appelait "Vista berroyo", ce qui est du gascon.

  • Se donner l’alibi de Soulages c’est un peu facile… et ça n’a pas de sens. Faire du "sous-Soulages", bof. Je suis moi-même "artiste" et habite une maison blanche qui l’a toujours été et le restera malgré mes inspirations super-originales (je l’ai rêvée rouge, bleue, noire aussi) et en vertu de la volonté des fameux ABF… Elle est donc blanche, mais à l’intérieur, énormes surprises, totale originalité et c’est intéressant comme contraste, un peu (toutes proportions gardées) comme ces églises italiennes si austères à l’extérieur et presque délirantes de trompe-l’œil et autres décors peints à l’intérieur. Faites donc un très beau jardin, c’est une œuvre fascinante à élaborer, une création réjouissante. Afin, pour en revenir au cœur du problème, pour défendre cette sacro-sainte "liberté" créatrice, il faut être vraiment sûr de son coup. Je connais des artistes qui font des horreurs super déprimantes et si c’est affiché dans l’espace public, c’est tout à fait légitime de le refuser en tant que riverain. Un peu comme la musique : c’est beau la musique, mais quand vous subissez celle du voisin, c’est du tapage pénible… Soyez donc créatif mais aussi intelligent, ça ne gâche rien.

  • Quelques années après, j’ai changé quelque peu d’opinion.

    Je suis toujours très critique contre ceux qui ne perçoivent pas combien le style basco-landais s’inscrit dans un mouvement d’appartenance identitaire que j’ai envie de dire gascon, à défaut du "Sud-Ouest".

    En revanche, je pense de plus en plus que c’est la forme qui compte dans les maisons vasconnes, moins les couleurs (surtout le rouge et blanc labourdin, horripilant), et je dois dire, avec le recul du temps, que ça a de la gueule une basco-landaise noire !


Un gran de sau ?

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