Noms de Came Peïo Dibon

Adishatz a totz.

J’ai relevé les maisons figurant sur le plan cadastral de Came (1913), partie en Navarre, partie en Gascogne.

Quartier Lanusse : Lanapla, Mounine, Cabanes, Guilheume, Hau de Bouillon, Menaud, Pascouau, Mailharrau, Tinte, Clerg, Sanglar, Jourdane, Charinou, Achary deu Miey, Achary Bieilh, Haurieu, Lamane, Peyri, Graside, Touya, Matitou, Pouchoulane, Salardun, Lacroux, Lanine, Combu, Moureu, Matou, Moulet, Geneze, Heuga, Pinane, Ladaune, Gouaillardot.

Grande majorité de toponymes gascons je pense, mais énigmatiques pour moi !

Deux noms d’une évidence basque : Larran et Larrandou.

Grans de sau

  • En cherchant sur le site, je trouve des origines gasconnes pour Casterrat, Haget, Heuga, Loustau, Lanusse, Lanine, Moureu, Nabarron, Peyri, Sanglar, Touya.

    Je crois que Mailharrau vient du basque, mais je ne sais plus de quoi.

    Quant aux deux Achary, probablement des doublets basco-gascons.

    Vous pouvez m’éclairer pour le reste ?

  • Lanapla : gascon lana (=lande) + plan (=plane, du latin plana, pla avec chute du n intervocalique, refait en plan)

    Mounine : "Petite Raymonde" en gascon (Arra)monina

    Cabanes : pluriel du gascon cabane de même sens qu’en français

    Guilheume : forme altérée de Guillaume

    Hau de Bouillon : on ne sait jamais si c’est haur=forgeron ou hau=hêtre. Grosclaude montre que fau n’est pas présent dans les recensements de Béarn alors que faur abonde. Il a tort : on trouve Peyro de Fau à Conchez.
    Bouillon est une commune béarnaise.

    Menaud : variante du vieux prénom gascon Manaut d’origine germanique

    Pascouau : "Pascal" en gascon

    Mailharrau : déformation du basque Mailharro qui est un patronyme en Mixe, du basque malharr=terrain escarpé

    Tinte : gascon "tintèr"=teinturier

    Clerg : "clerc", probablement la maison d’origine des Duclercq charnégous

    Sanglar : "sanglier" en gascon

    Jourdane : prénom féminin gascon formé sur Jordan (=Jourdain)

    Charinou : peut-être le gascon sharre (=grêle) avec diminutif affectif -inon. Je ne pense pas que cela cache un nom basque.

    Achary deu Miey : "Achary du milieu", Achary est la gasconnisation évidente d’un nom basque, sans-doute Etxa sarri (la maison dans les broussailles). Le vrai nom du chanteur Dassary de Biarritz était Deyherassary : témoignage moderne de gasconnisation (il était de Biarritz) ?

    Achary Bieilh : "Achary Vieux"

    Haurieu : gascon hauria (=forge) prononcé en voyelle finale ouest-gasconne

    Lamane : aphérèse du prénom gascon Alamana (qui signifie "allemande")

    Peyri : gascon peiria = pierraille

    Graside : forme féminine du vieux prénom gascon Grat

    Touya : gascon tojar = lieu o il y a des ajoncs

    Matitou : "Petit Guillaumet" (Guilhe)matiton. Les dérivés de Mateu (=Mathieu) sont en v/b

    Pouchoulane : à mon avis, c’est la gasconnisation du basque Potxolenea (demeure de Potxolo=joufflu) refait en Pouchoulane par influence de lana=lande. Je ne vois pas en effet pour quelle raison "lana" serait postposé.

    Salardun : probable témoignage fantastique des migrations inter-gasconnes, il y a aussi un Langoun à Came (Salardun est un village du Val d’Aran, toponyme d’origine celtique en dunum)

    Lacroux : gascon "la crotz" = la croix

    Lanine : "petite lande" me semble assez peu plausible, plutôt l’aphérèse d’un prénom gascon mais lequel ?

    Combu : ne semble pas respecter la phonétique gasconne sauf si l’étymon est en nv (mb est simplifié m). Ecrit Combou, Combué/Combüe également. Un dérivé de convier=convenir ?
    Difficile à dire : le plus crédible finalement est qu’il s’agisse d’un latinisme basque sur kumba (qui donne coma en gascon) en sachant qu’en basque la simplification de mb n’est pas toujours parfaite (cf Cambo)

    Moureu : "brun de peau" en gascon

    Matou : dérivé de Guillaume (Guilhemato accentué sur l’avant-dernière syllabe)

    Moulet : autre dérivé de Guillaume (Guilemolet)

    Geneze : variante de genèsta=genêt ?

    Heuga : du gascon heugar=fougeraie

    Pinane : variante féminine du prénom gascon Pinaut

    Ladaune : "la dame" en gascon

    Gouaillardot : forme diminutive du prénom gascon Gualhard (=gaillard)

    Larran : du basque larrain (=terrain inculte), Larrandou doit en être un dimunitif gascon

  • Larrandou est même plus probablement le basque larrain + ondo = à côté de "larrain"

  • Lanine : on peut y voir "La Nine" autrement "la petite jeanne" (Joanina)

  • Larrandou est plus selon moi le nom Larrondo gasconnisé comme beaucoup de noms en pays charnégou.

    Il existe cette maison à Bardos nommée Larrandou en 1818, Larando actuellement.

  • Directement Larrondo c’est un peu compliqué phonétiquement, ce n’est généralement pas altéré de la sorte (cf Mendiondou).
    Larrainondo convient assez bien avec suppression d’une syllabe de même structure consonantique très classique en basque (ain et on) :

    larrain(on)do>larrando>larrandou

  • Marianne, Long, Montagne et Espagne, quant à eux, viennent-ils du gascon ?

  • Long, Marianne, Espagne et Montagne, quant à eux, sont-ils des toponymes gascons "francisés" ?

  • Non, nullement, il s’agit d’une manière tout à fait naturelle d’écrire ce qui se prononce ainsi que cela s’écrit (en ouest-gascon, la finale atone issue du latin -a est bien -e)

    "Long" signifie "long". Certes, en gascon moderne, cela se prononce "loung" mais la force de l’écrit fait que dans de nombreux cas, la notation ancienne o est maintenue. On ne peut pas exclure une francisation cependant.

    "Marianne", écrit Mariane, est déjà un prénom gascon médiéval donné en Béarn. Variante : Marianete.

    "Espagne" : transparent, s’écrirait certes Espanha en graphie classique, mais se prononce pour ainsi dire comme en français.

    "Montagne" : c’est le nom de Montaigne. Mot pan-roman, écrit montanha en alibertin, qui se prononce mountagne, mais qui a pu être Montagne.

    Dans tous les cas, ces formations peuvent être gasconnes. Elles ont surtout en commun d’être des patronymes et non des domonymes (hésitation sur Montagne), ce qui est typique des noms de lieux des pays charnégous, très dominés par les patronymes (notamment formés sur des anthroponymes), ce qui est assez caractéristique à mon avis d’une gasconnisation plus tardive, via une expansion démographique post-médiévale d’où sobriquets plutôt que vieux noms de maison.

  • Je suis quand même perplexe pour la signification de tous les Achary, Dassary, Achari, Dachary...
    Ne peut-on pas y voir le basque azari/axari = renard ?

    Une maison porte un nom difficilement lisible ; il me semble y voir ’Chager’. Aphérèse d’un Achaguer ? Axager = Aizager

    Le lieu-dit Charinou est en fait ’Charinau’, ce qui peut amener à une autre signification avec nau = neuf.

    ’Gaye’ = "gaie" ? Ou bien une cacographie de "gave" ?

    Un quartier porte le nom de Pascrabér. Le second élément semble être ’crabèr’.

    La maison Moulet de 1913 est dite ’Mourlet’ sur le cadastre Napoéonien.

    ’Petricot’ semble être un prénom formé de Petri.

    Quand à ’Pouchoulane’, ne peut-il pas s’agir simplement d’un composé de pusheu-lana ?

    En attendant l’avis de Vincent P. !


Un gran de sau ?

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