Pourquoi apprendre le gascon aux nins ? Vincent.P

- Vincent P.

Voici les arguments de la CAF contre une "ninoèra" bilingue en Vallée d’Ossau :

"Votre association diffuse sur internet en occitan, une opinion au sujet de la position de la Direction de la CAF à l’égard du projet de crèche en Vallée d’Ossau, sans nous avoir consultés ou prévenus.
Vous évoquez des positions de notre organisme qui sont tout à fait erronées.
Nous tenons d’abord à confirmer notre attachement à la diversité régionale et culturelle en particulier en matière linguistique.
En échange, vous devez comprendre que la CAF intervient en matière de politique familiale et sociale.
Or l’apprentissage d’une langue est une question avant tout culturelle donc hors de notre champ de compétence. Si d’autres CAF s’aventurent à financer ce domaine, c’est uniquement sous leur propre responsabilité locale.
Notre position en Béarn n’est donc fondée sur aucun ostracisme anti-occitan, mais simplement sur notre réglementation.

Pour contribuer à votre débat, je souhaite l’élargir avec les remarques suivantes :

* Du point de vue de l’intérêt du bébé, la plupart des experts en matière d’apprentissage du langage et de la langue, considèrent qu’il n’est pas pertinent d’apprendre une 2ème langue aussi jeune, sauf à la rigueur si cette 2ème langue est parlée continuellement à la maison par toute la famille. Ce qui est loin d’être le cas, de l’avis de
nombreux béarnais, y compris en Vallée d’Ossau.
* Toujours du point de vue de l’intérêt de l’enfant, soulignons l’importance de la 2ème langue à apprendre en priorité : quel que soit l’intérêt des langues régionales, il est au moins aussi pertinent de leur enseigner une langue étrangère pour les préparer à l’évolution du monde et à mieux faire face à leurs futurs parcours scolaire et professionnel (la plupart de nos enfants, statistiquement, ont plus de chance de travailler à l’étranger quand ils auront 30 ans que dans la Vallée d’Ossau).
* Vous comprendrez facilement que nous pourrons tous être également confrontés sur certains territoires français, avec la forte densité de population d’origine étrangère, à des demandes tout aussi légitimes que la vôtre pour apprendre l’arabe ou le chinois dès le berceau.
* Enfin, et c’est très important, je tiens à vous préciser que la position officielle définitive de la CAF de Pau, appuyée par la caisse nationale, a été officialisée pendant l’été 2007 auprès des élus locaux concernés et de l’association."

Il me semble que tous ces arguments sont imparables : dans la mesure où la transmission ne s’opère pas, il est inutile d’apprendre béarnais à des enfants si jeunes.
Il vaut mieux en effet se projeter dans le monde à venir fait de mobilité : les Ossalois ne vivront plus en Ossau et inversement l’Ossau accueillera de plus en plus (et chaleureusement on l’espère !) de nouvelles populations. Il n’y a pas d’avenir pour le gascon : aucune utilité sociale, relation sentimentale brisée avec les nouvelles générations.

Reste un seul argument : nous sommes Béarnais, fiers de notre pays le Béarn, et en Béarn on parle gascon béarnais. Point. Ah évidemment c’est du patriotisme, ça pue le nationalisme. Rien qu’à imaginer ces défilés de nationalistes béarnais avec leurs drapeaux aux vaquetas, je pense à Munich.

C’est la seule manière de sauver ce qui peut l’être : renouer avec le petit patriotisme local.
Tant que l’occitanisme sera en place, ce genre d’arguments "à la basque" ne se feront pas entendre.
Les occitanistes ont totalement perdu tout sens des réalités.

Grans de sau

  • Oui, vu la situation, proposer l’"occitan" comme idéologie linguistique est pour le moins peu réaliste. Dèjà le nom...

    Cela dit , les arguments de la CAF (c’est-à-dire des Administratifs qui transmettent l’idéologie officielle dans les populations, ou les humeurs des responsables locaux), sont partie prenante du système étatique français. C’est un concentré de poncifs hexagonaux :

     l’évolution du monde pousse vers les langues étrangères : let’s speak english, or zhôngwén would be better, wouldn’t it ? Stop your french porridge, folks.
    Il ne faudrait donc pas réagir à l’acculturation maximale ? Il faut s’adapter, devenir carpettes à Londres, Sao Paulo ou Abu-Dhabi ? Changer de musique intérieure et extérieure ? Il suffit pour cela d’écouter les radios et télés : c’est déjà fait.
    Qui nous dit d’ailleurs que les Ossalois ne pourraient pas trouver à s’employer au moins en Aquitaine ?

     la CAF se déclare incompétente en matière de politique culturelle : alors, qu’elle ne donne pas d’avis sur des sujets qui ne la regardent pas. De toute façon, elle ne vaut pas lâcher les sous.

     la CAF n’a été "ni consultée ni prévenue" : sommes-nous dans la défunte RDA ? Faudra-t-il bientôt demander aux Organes la permission de pisser ?

     "attachement à la diversité..." : le bla-bla habituel qui ne mange pas de pain. La diversité est un concept extérieur, faiblement descriptif.

     "pas d’ostracisme anti-occitan" : on ne tire pas sur une ambulance (la France elle-même devenant un hospice).

     "l’intérêt du bébé". Ce n’est pas la question. Ce qui est en jeu c’est la survie d’un peuple et d’une identité dont la langue a été éradiquée, notamment par l’école, sans qu’on se soucie des traumatismes culturels et sociaux provoqués (pareil en Bretagne, pareil en Alsace). "Le bébé" appartient d’abord à sa lignée, pas à la CAF, à l’URSSAF, au PMU, au PLU ou au PAF. Ca viendra plus tard, quand on le fera rentrer dans le rang.

     Que viennent faire l’arabe et les langues de l’immigration la dedans ? Ce ne sont pas des langues patrimoniales territorialisées. Mais il est certain que l’administration serait bien embêtée si elle devait s’adapter aux courants migratoires massifs qu’elle admet par ailleurs. Aurait-elle peur (car pour les langues européennes déjà, ce n’est pas brillant) ? Bien sûr, l’usage exclusif du français (langue de la République comme disent nos comiques) serait le seul remède à la "confrontation" (c’est connu, toute l’Histoire le démontre). En fait, la confusion entretenue entre langues de l’immigration et langues dites régionales permet de noyer le poisson en empêchant la redécouverte des fondements ethno-culturels de l’Etat français (question qui hérisse tout l’établissement). Et voilà pourquoi votre fille est muette.

    Même si "occitan" n’est pas la meilleure bannière, il y a des moments où l’on souhaiterait une solution à la basque, mais c’est impossible.

    Un enseignement généralisé des fondements du patrimoine local et régional, incluant la langue en partant de ce qui est encore connu des enfants et de leurs familles, une valorisation continue et un approfondissement sur toute la scolarité, cela pourrait marcher, mais ce n’est pas l’idéologie de l’Education nationale. No hope ?

    Ou bien fonder des écoles privée hors-contrat, mais alors là, gare à vous !

  • SPRI, l’agence de Développement du Gouvernement Basque a soutenu près de 3000 projets d’investissement "à l’extérieur" depuis 2008. Le réseau gouvernemental participe au salon Invexport (seconde édition à Bilbao, BEC) destiné à l’internationalisation des entreprises. Entreprises, écoles de commerce et entités financières du Maroc ou du Pérou, parmi d’autres, étaient représentées.
    2714 projets depuis le début de la crise. En plus de la SPRI, il y des aides de Madrid et des aides forales. L’Agence liée au Département de de Promotion Economique et de Compétitivité déplace 30 consultants experts au BEC.
    Source : Lema 194.

    Ou : comment affronter le monde en Basques et, sans doute aussi en partie, en basque.

  • Belle et bonne analyse de la C.A.F. par PJM. 
    Nous sommes au XXIe siècle et la haine pour les autochtones (Il faut oser les mots) non complétement humiliés puis arasés par la standardisation jacobine persiste (ou "le monde vu depuis l’observatoire impérialiste du XIXe siècle).
    Mais comment en est-on arrivé là au nom des "LUMIERES" ?

    "Même si "occitan" n’est pas la meilleure bannière, il y a des moments où l’on souhaiterait une solution à la basque, mais c’est impossible."
    Je dois être idiot (ou si c’est le manque de fréquentation du site), je ne comprends pas l’allusion

  • Totalement d’accord avec PJM (comme d’habitude) et Labat.

    Vincent.
    Oui, mais alors sois cohérent jusqu’au bout, rédige tes messages dans une langue véritablement d’avenir, l’anglais, et pas en français qui est un peu "has been" de nos jours. Je taquine mais tes arguments sont trop convenus. A moins que ce soit de la provoc. L’anglais pour tous, pour l’avenir. La mobilité et le déracinement généralisés. C’est bien le projet néocapitaliste qui vise à isoler les êtres de leur famille (destruction de la famille, du couple), de leur milieu, leur biotope, les priver de leurs racines, leur interdire les origines sous prétexte que c’est passéiste et réac. Fabriquer des individus isolés et dépressifs qui n’ont plus que la consommation effrénée dans un monde virtuel fait d’I-phones et d’internet, les anxiolytiques et les anti dépresseurs pour ne pas craquer et devenir fou ou se suicider. Voici ce merveilleux monde si moderne. Non, décidément, je ne marche pas dans la combine, quitte à passer pour un réactionnaire passéiste. Je vais essayer de survivre à cet enfer moderne. Dommage que Jacques Tati ne soit plus là pour se moquer de cette pseudo modernité qui n’est qu’une préfiguration de l’enfer.

    Quant aux arguments de la C.A.F, qu’attendre d’autre de sa part ? Toute l’inanité française résumée en quelques lignes, le discours convenu et prévisible de ceux qui ont la haine de tout ce qui est ancré.

    Les Gascons et les Béarnais sont colonisés du fait d’un raz-de-marée de population exogène et, bientôt, il faudra qu’en plus ils s’excusent d’être là, si ce n’est pas déjà le cas d’ailleurs. Accueillir les nouveaux venus à bras ouverts ? C’est beau mais on n’a pas le choix de toute manière et, une fois envahis, on n’a plus droit à la parole. Ici, 4000 autochtones, au maximum, et 10 000 allochtones. Pensez-vous qu’on soit encore en mesure de dire : "Bienvenue chez nous les amis". Ils n’en ont rien à foutre puisque nous ne sommes plus chez nous. Donc, pas sûr que cette invasion soit si pacifique que ça. Elle n’est pas sanglante bien sûr, mais pas anodine non plus puisqu’elle réduit les indigènes à l’état de Mohicans qui n’ont plus voie au chapitre.

    La solution à la basque c’est affirmer de manière bien plus catégorique, pour ne pas dire agressive, son identité. Donc, en Gascogne, c’est désormais impossible du fait du très haut degré d’aliénation des autochtones. Par exemple, dans la Communauté autonome basque, quand vous vous adressez en basque à quelqu’un qui ne sait pas parler le basque et qui ne comprend pas, il s’excuse. Vous voyez la différence ?


Un gran de sau ?

(connexion facultative)

  • [Se connecter]
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document

Dans la même rubrique :


 

Sommaire Noms & Lòcs