"cerise" en gascon ? cerièira

Com se ditz "cerise" en gascon ?

Grans de sau

  • De très nombreuses réalisations :
    en voici un résumé d’après la carte 98 de l’ALG (que je peux scanner si ça intéresse, elle concerne le pluriel).
    Je fais abstraction des variétés de cerises, détaillées en carte 101.

    La base est toujours le latin ceresia, forme bas-latine du latin classique cerasum.
    Le cerisier a été importé par les Romains : le basque lui même dit gerezi (cf Gréciette, du basque gerezieta=cerisaie).

    J’adapte un peu la graphie de l’ALG : s note l’apico-alvéolaire, le s espagnol qui parait chuinté. ch note le son français équivalent. On remarquera donc que partout cerise est prononcé avec un s apico-alvéolaire qui justifierait que l’on écrive s (sauf en quelques points précis).
    Je note ç la sifflante interdentale, comme le z en castillan.

    Béarn : sé’rizœs vers Orthez, sé’rizos ailleurs, parfois encore sé’rizas avec voyelle finale relâchée. En alibertin : cerisa(s), même si serisa serait plus cohérent.

    Hautes-Pyrénées : chi’déro/si’déro dans les coteaux de Bigorre, sé’ryézas/sa’ryézas en Lavedan, si’dérés en Aure, ...
    Chaque village a sa manière de déformer l’étymon latin. En alibertin rigoureusement appliqué : shideras, seriesas, sideres, ...

    Comminges-Couserans : on tourne autour de formes très diverses sé’ridos, sé’riros, se’zeras, ...
    Notons la forme de Castillon en Couserans : çé’(d)ziros, probablement archaïque et qui fait état d’un stage intermédiaire entre le latin et les dialectes romans moderne dans la mutation de c+i,e.
    En alibertin : seridas, seriras et pour le coup cesiras, où c se justifie mieux, dans l’optique où un son est un signe.

    Gers : un peu partout sé’rilyos voire sé’rijos qui déborde dans les parties gasconnes du 47 et du 82.
    serilhas, serijas.

    Landes : concurrence des formes cerisa et cerilha adaptées au phonétisme noir, à savoir sœ’rizœs, sœ’rilyœs, ...

    Gironde : prolongement des formes landaises, on a sœ’rizœs/sé’rizœs en Médoc. Les formes de l’Entre-Deux-Mers sont plus originales : sœ’rayzœ, si’rèyzo, ...

    Gascogne toulousaine : alors que côté sud-languedocien, à Foix comme à Toulouse, on emploie sé’ryèros (qu’on devrait donc graphier serièra), on emploie sé’ziros au confluent Ariège-Garonne, sé’rilyos plus généralement en Gascogne toulousaine, ce qui est la preuve que même sur des mots de vocabulaire anodins, les formes de la Gascogne toulousaine sont plus proches de formes gasconnes lointaines que des équivalents languedociens immédiats.
    Même constat entre Aulus en Couserans qui dit se’ziros et le Vicdessos en Foix qui dit sé’ryèros.

    Au final, en évacuant la question délicate de l’initiale, cerise en gascon se dit plutôt cerisa.
    Formes plus rares : cesira, cerida, cerilha, cerija, ceriesa, ... L’ibéro-languedocien a cerièra. Le guyennais plutôt cirèsa. L’aragonais a ciresa à l’Ouest en vis-à-dis de la Bigorre, l’aragonais à l’Est en vis-à-vis du Comminges a "si’sèrés" avec les deux s chuintants, donc en accord avec le gascon et le languedocien, le catalan du Pallars a "si’rèrés", également deux chuintants, que le catalan note aussi cirera/cireres.

  • En même temps, cette question de l’initiale est un peu artificielle :
    à l’exception du parler d’Antras, c+e,i en position initiale donne le même son que s, tout comme à l’intervocalique, ce qu’on écrit d’ailleurs s (cocina donne cosia), sauf les exceptions bordelaises et commingeoises.
    A se demander au fond pour quelle raison l’on s’embarrasse de c en alibertin, puisqu’on a bien viré son équivalent z dans les positions intervocaliques.

    Extrait sonore du parler d’Antras : c’est vraiment un parler très typé, avec un accent presque basque à mes oreilles ( !!).

    crdo.risc.cnrs.fr


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