"Plus ignorés peut-être sont les usages, la langue, le génie littéraire de cette population primitive.
Le dialecte de l’Agenais est loin d’avoir sur la rive droite de la Garonne sa pureté native.
Le contact du français, l’absence de règles, d’autorité, les licences de la littérature chantée ont multiplié les expressions de fantaisie ; tandis que les habitants de nos Landes, dans l’ancien duché d’Albret, réfractaires au français, internés dans leurs solitudes, loin du courant du progrès et du monde lettré, gardent encore la langue primitive pure de toute interpolation."
"Peut-être cette publication sera-t-elle de quelque secours pour les tenants de ce fait que le gascon est une langue parfaitement indépendante du provençal auquel on s’est efforcé de le rattacher [...]. Les écarts qui existent entre notre dialecte et le provençal sont tels que je n’ai pas à dire pourquoi je n’accepte pas certainement concessions de priorité, de droit d’aînesse en faveur de ce dernier. Notre degré de parenté avec la langue de Mistral est des plus éloignés, et la prétention de lui subordonner toute la famille de la langue romane ne saurait nous atteindre ; nous sommes d’un foyer bien distinct, bien différent, bien indépendant. La meilleure preuve à l’appui serait de faire parler ensemble un vrai provençal et un vrai gascon, le gascon croirait entendre un italien, et le provençal un espagnol.
L’idiome est d’ailleurs pour chaque province comme pour les nations une providentielle délimitation contre le capricieux morcellement qui n’atteindra jamais le caractère distinctif, les coutumes et le parler des populations comme il fait le territoire.
La Provence, le Languedoc, la Gascogne gardent ainsi dans leur dialecte leur ancienne démarcation que les cartes officielles n’ont pas fait disparaître, et que n’affecteront pas davantage des prétentions que rien ne justifie."
Léopold Dardy, Lagrange, 1891
Dardy : le gascon indépendant du provençal Vincent.P