Toustém sou "pignada" lafitte.yan [Forum Yahoo GVasconha-doman 2008-01-05 n° 8567]

- Jean Lafitte

pinhadar = pignadà, plantation de pins
Bonjour les amis,

Il me faut revenir sur le "pignada", car la nuit porte conseil. Et du coup,
réagir (à peine) au message de M. Merger répondant à M. Poudampa (vendredi 7
janvier 21:47).

D'abord, cette "réaction" :
Il écrit :
« C'est à nous qui connaissons le gascon d'éviter que se répande en français
un usage qui piétine la mémoire gasconne. [Š]  »
Difficile de ne pas être d’accord. Mais j’ai peur que nous ne puissions
faire plus qu’une branche de noisetier mise en travers d’un camion de 20
tonnes lancé à pleine allure...
Les lois antiracistes conduisent aux tribunaux ceux qui tiennent des propos
peu flatteurs sur les juifs, les arabes ou les noirs. Mais qu’en attendre
pour mettre au rancart les » promesses de gascons » ?

Je suis heureux que M. Merger et moi convergions sur l’origine probable de
la féminisation de "pignada" par fausse référence aux mots espagnols
 » "posada", "parada", etc.  ». Mais je ne connaissais pas l’erreur de Victor
Hugo. M. Merger a-t-il la référence ?

Sur l’emploi de "pinède" en Gascogne que M. Merger réprouve, je pense qu’il
nuancera sa pensée après m’avoir lu : "pinéde" est un mot d’oc francisé en
"pinède" ; le gascon connait "piéde", et par influence du français, "piède" ;
il est "pineda" chez Alibert. J’apprécierais que M. Merger soit aussi
vigilant pour chasser du gascon tous les languedocianismes, à commencer par
"annada" étudié dans mon autre message de ce jour.

Enfin, je suis (presque) d’accord avec M. Merger quand il écrit : » Le
français, qui a été imposé à nos aïeux, nous appartient, maintenant ! Plus
nous lui donnerons, en Gascogne, une couleur gasconne, mieux ce sera. »
"Presque", car le français n’a pas été imposé (sauf depuis Jules Ferry,
comme moyen notamment de tirer les paysans de la "hangue"), mais adopté par
les élites qui y ont vu leur intérêt, tout comme nos ancêtres le Aquitains
avaient adopté le latin. Ceci dit, ce que conseille M. Merger, je le fais
même hors de Gascogne, mais Montaigne avait écrit il y a plus de 400 ans
 » Que le gascon y aille si le français ne veut y aller » (cité de mémoire).

J’en viens à "pignada" dont j’ai écrit :
 » Ce mot est anormalement construit, et je n’en ai pas trouvé d’autre dans
le Palay : le collectif en -a(r) gascon est formé directement sur le nom de
la plante ou de l’objet : broc, augue, sable, touye font brouca, auga,
sabla, touya, etc., sans -ad- intercalé.
 » Le mot régulier est "pina", inconnu du Palay, mais bien présent en
espagnol
et en catalan, "pinar". Mais Palay a donne sa variante "mouillée" "pigna".
[...]
 » Enfin la forme "régulière" (sans -ad-) "pia" a été recueillie à St-Justin
(Est des Landes).  »

En réalité, et selon toute vraisemblance, "pignada", ou plutôt "pignata" ne
dérive pas de "pin", mais de "pignat", diminutif formé par addition du
suffixe "-at", issu du latin ’-attu’, avec deux "tt", qui comme l’autre
suffixe diminutif -itta évoqué, reste en "t" dans ses dérivés. Sont bien
plus connus les dérivés en -at de noms d’animaux pour désigner leurs
petits : "aucat, oussat, pigat"... ; sans parler de "gouyat, gouyate".
On a donc "pign + at +a(r) > pignata", mot collectif désignant une
plantation de jeunes pins.
De fait, Palay atteste des formes "piada, piata, pignada" au sens de "Bois,
semis de pins", les premières venant de "piat", jeune pin.
De ce que je viens de rappeler sur le maintien de "t", les formes "normales"
sont donc "piata, pignata" et, pour les régions Nord qui n’amuïssent ni ne
mouillent le -n- entre voyelles, "pinata".
Les formes en -ada, bien que plus répandues, sont "secondes", par altération
des premières.
Si l’on considère que la "mouillure" du -n- étymologique entre voyelles (par
exemple "plên", féminin "plégne") se fait dans les Landes et le Bas-Adour,
on peut supposer que "pignata" est né dans ces régions, qui sont précisément
particulièrement boisées de pins.

Hèt beroy.

J.L.

Un gran de sau ?

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