Vers un nouveau massacre toponymique ? P. J. Momas

Enfin un site où on peut dialoger sereinement et confronter des points de vue sans confondre vigueur et hargne. Continuez !
Le drapeau à la Dauna est un logo, pas un drapeau. L’estella d’argent à huit rais effilés, "estela de Gasconha", répond aux règles de la vexillologie.
Distinguons en effet la Gascogne Ducale (l’ancien duché-province)et la Gascogne, Gasconha, le "triangle" né de la Vasconia.

L’ancien gascon écrit distinguait

de pour ce qu’on pourrait écrire aujourd’hui pân et pan. Même problème pour bîn. De même distinguer de au lieu de l’occitan IEO et . Lartigue a raison.

Attention au pseudo-bilinguisme des panneaux de noms de lieux : un panneau Arcachon/Arcashon serait en fait "digraphe", car il montrerait le même nom gascon sous deux graphies, et de même Dax/Dacs, et encore plus ridicule serait Méracq/Mérac.
Pourquoi dévaster nos toponymes en gommant les graphies héritées comme les finales en -cq ?
Généraliser les panneaux de villes digraphes, c’est faire croire que la Gascogne a toujours été "bilingue" et francisée, ce qui est faux.

Comme l’a fait observer M. Blanchet pour la Provence, "les formes des noms de communes sur les panneaux en provençal ne sont que l’adaptation en graphie mistralienne de formes françaises officielles qui sont elles-mêmes des adaptations approximatives de formes provençales".
Allons-nous vers un nouveau massacre toponymique par ignorance et bonnes intentions ?

Grans de sau

  • Les formes en -cq sont assez ridicules : c’est tout le pédantisme des érudits qui croyaient y déceler le latin aqua.
    Il faut savoir conserver les choses authentiques, moi je me débarrasserais bien de ce genre de mièvreries.
    Dans le même genre, les s/x finaux de noblesse : Bordeaux, Tarbes, Lourdes, ...

    Pour le reste, je suis d’accord que généralement, la graphie alibertine n’introduit pas une distance nécessaire avec le toponyme officiel, qui n’est en effet généralement qu’une adaptation malhabile du toponyme gascon original aux règles graphiques françaises.
    Identitairement, la bataille des panneaux engagée par les Occitans est sans intérêt pratique, parce que ce qui importe dans "Méracq", c’est le -ac final qui claque (c’est le "Midi", celui qui commence à Angoulême), pas la question de savoir comment le graphier.

  • En ce qui concerne la première proposition de P.J.Momas, peut-il nous dire d’où vient historiquement l’étoile aux 6 rayons effilés que je suis incapable de rattacher à quelque incarnation de la Gascogne que ce soit ?
    Sauf erreur elle avait été adjointe (en couleur d’or) à la Croix de Toulouse occitane par le Parti Nationaliste Occitan dans les années 60 ou 70 (peut-être par François Fontan lui-même, certes gascon mais surtout maitre à penser du nationalisme occitan.
    Pour un débat sur les notions drapeau\bannière\logo ,voir par ailleurs la zone "baneras" de ce site.

    Par ailleurs je me demande s’il n’y a pas confusion entre la Gascogne ducale d’avant 1052 (en gros le triangle gascon moins le comté de Bordeaux, dépendant des anciens ducs certes mais plutôt, semble-t-il, en union personnelle) et la province-généralité de Gascogne créée au début du XVIIè siècle en réunifiant les parties de Gascogne réunies au Royaume par Henri III de Navarre une fois qu’il eut ceint la couronne de France et les pays gascons antérieurement déjà unis à la France, ceux dépendant de la Guyenne mis à part.
    Près de six siècles séparent en effet ces deux incarnations de la Gascogne et les symboles utilisés par l’une et par l’autre.

  • Panneaux digraphes : Danger !
    Je suis sur la même longueur d’ondes que V. P., mais les graphies en -cq ne sont plus senties comme pédantes depuis longtemps, elles font partie du quotidien des gens du pays.
    Anecdote : Il y a trente ans, des touristes automobilistes venus de loin cherchaient leur route vers le Pont-Long. Les panneaux métalliques étaient vétustes et peu lisibles. Le conducteur s’arrête et demande à un mien cousin "la route vers ArzacO". il avait mal lu le Q final d’Arzacq. Et mon cousin de répondre, en insistant lourdement : " Bé, pour ArzacO, tournez à gauche, montez la côte, vous serez sur la route d’ArzacO, ne vous trompez-pas, vous y arriverez à ArzacO".
    Il y a deux ans, vu un panneau directionnel Pimpo pour Pimbo et un petit panneau de randonnée en bois annonçant Arrasssiguet, avec trois S (super-occitans ou d’après-boire ?). Qui est payé pour ce travail ?
    Devinette : quelle est la langue qui n’est jamais utilisée dans la signalétique et la réclame du Château de Lourdes, malgré des réclamations sur le livre des visiteurs ?

    Bon. Attention au digraphisme qui fait croire à un bilinguisme immémorial. Y échapperons-nous ? On nous dira un jour qu’"on n’y avait pas pensé"...

    Pour l’estela de Vasconia, voir mon gran de sau sur le domaine Banèras et consulter H. Lartiga, plus à même de commenter.

    P. J.-Momas.

  • Oui, il y a un laissez-aller coupable sur les panneaux de signalisation.
    J’ai relevé par exemple "Burrosse" pour "Burosse" ou sur l’A65, "Basso Combo" pour "Basso Cambo" à Toulouse rive gauche !
    Et à côté de ça, il y a des combats stupides comme celui de la mairie d’Izeste en Béarn qui insistait pour que l’on écrive Iseste (ça ne change rien !).

    Evidemment, le combat de demain, ce n’est certainement pas d’obtenir le panneau bilingue Pau-Pau, mais bien plus de freiner la francisation du cadastre de nos communes, non pas orthographiquement, mais bien dans les dénominations, à savoir que l’imaginaire contemporain français, outre sa nullité, a avant tout pour conséquence d’effacer les anciens lieux-dits gascons au profit de mièvreries botaniques et autres hommages stéréotypés.
    Pourtant, il y a encore 20 ans, le moindre lotissement prenait le nom du lieu-dit gascon auquel il succédait.

    Il y a dégénérescence de l’identité régionale, et je crois assez fermement que c’est en partie parce que durant la période-clé des années 70-80, les occitanistes n’ont pas été dignes de leurs devanciers, en déviant considérablement l’expression identitaire régionale de ses fondements.
    On ne se relève pas de trente années sans relai de la culture locale.
    On pourrait forger un néologisme : "faire une Siros". Les occitanistes nous ont fait une Siros (pauvre festival de Siros, de rite annuel unissant les Béarnais à fête scolaire des seules Calandretas ...).

  • A64*
    Je confonds Bordeaux et Toulouse ...

  • L’étoile à sept rais dite Astrado « Destinée », étoile héraldique à sept rais caudée (c’est-à-dire dont un rayon est plus long que les autres), qui représente le destin, est le symbole des pays d’Oc de la rive gauche du Rhône, l’ancienne "rive d’Empire" (Provence, Comté Venaissin, Dauphiné d’Oc, Vallées alpines, Comté de Nice, Monaco).
    L’étoile à sept rais des occitanistes est en fait bien différente. On veut lui faire représenter les "sept dialectes occitans" : limousin, auvergnat, gascon, provençal, languedocien, "haut languedocien", gavot. A condition d’admettre que le gascon n’est pas une langue, que ces dialectes existent seuls et objectivement, que l’Auvergne est amputée, que le gavot doit remplacer le "provenoal alpin" d’Honorat, que ces zones doivent se substituer aux provinces traditionnelles, que les appartenances éprouvées et réelles des gens réels doivent s’effacer devant les découpages de ceux qui savent.
    Soyons justes, sept se justifie si l’on compte les pays historiques en enlevant la Gascogne et la Provence : Languedoc, Foix, Haute-Guyenne, Angoumois d’Oc, Marche d’Oc, Limousin, Auvergne.
    Reste à savoir si la Haute-Occitanie arverno-limousine acceptera de s’allier au Miegjorn occitan pour faire le bon compte, qui fait les bons amis.
    Spécieux ? Péc ? Soit, je retire.

    La Gasconha n’a pas ces problèmes.
    L’étoile, mais la nôtre ! entre un lion de Gironde et une vache de Béarn. Gare l’ours !


Un gran de sau ?

(connexion facultative)

  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document

Dans la même rubrique :


 

Sommaire Noms & Lòcs