J’ai assisté au concert deus Esclatats e deus Pagalhos le 20 mars à Ondres.
Quelques réflexions autour de ce que j’ai entendu :
Los Esclatats sont une chorale importante :j’ai compté 16 femmes et 9 hommes si je me souviens bien (un peu déséquilibrée, donc, comme beaucoup de chorales) ; ils font un très honnête travail tant en chanson traditionelle qu’en adaptation\traduction de chansons non gasconnes (le lion d’Henri Salvador par exemple) et cela, entièrement en gascon, fait à applaudir alors que d’autres, tels "lous Gauyous" de Peyrehorade, ont beaucoup orienté leur répertoire vers le français et l’"international" ces dernières décades).
Seuls bémols : une certaine lourdeur, presque inévitable de la part d’une chorale nombreuse et un réel besoin de recruter en dessous de 45 ans m’a-t-il semblé, avec peut-être un répertoire un peu rajeuni également.
Mais encore une fois du bon travail et du plaisir manifeste à chanter ensemble en gascon.
Los Pagalhós c’est autre chose : groupe plus connu, plus resserré (une dizaine d’hommes).
Un réel savoir-faire tant dans les effets scéniques que dans le chant avec une bonne maitrise des traditions polyphoniques masculines des piémonts pyrénéens.
Deux bémols à mes yeux là aussi : je crains que dans leur cas comme dans celui d’autres chorales gasconnes (et d’oc en général) le mélange comique et choral (ça me rappelle le "comico-taurin" de nos plages atlantiques l’été...) ne range notre langue du côté de la rigolade, de la galéjade, bref de la couillonade, comme on voudra.
Est-ce réellement fatal ? Et ceci n’explique-t-il pas qu’une fois le spectacle fini, dans la salle, je n’ai guère entendu parler gascon : on était revenu à la vie sérieuse en quelque sorte (alors que sur scène, los Pagalhos font un mélange astucieux et efficace des deux langues pour capter un large public).
Par ailleurs, leur chanson "Sobirana", agréable et qu’on aime reprendre avec eux me gêne un peu : la langue, "sobirana deus Aups a la mar grana" quand on connait la déréliction absolue, c’est un peu dérisoire et déni de réalité façon mistralo-occitaniste comme diraient certains ici...
Mais encore (second bémol) on note une tendance à l’instrumentalisation (inutile et qui brouille le message) par des opinions "franchimandes" où on reconnait le tropisme des occitanistes des années 70 et suivantes : concrètement, adaptation d’une chanson du limousin Chadeuil à la gloire de la communarde Louise Michel (qu’avait-elle à voir avec la culture gasconne ?), référence en forme de dédicace enflammée aux indignations de Stéphane Hessel pendant le concert qui venaient assez comme un "cheveu sur la soupe"...
Enfin j’aimerais partager deux découvertes de CD cette même fin de semaine :
un groupe d’hommes rassemblé sous le nom qui m’a semblé pseudo-basque (Halip Lartiga, SVP ?) de Shanteona (chanter ona ?), groupe apparemment tyrossais chantant en basque mais surtout en castillan et un peu en gascon :l’imortela e le pompier (mais qui a le mérite d’exister) "himne landeus".
A suivre, peut-être.
Enfin le très agréable groupe féminin basque (4 filles charmantes et qui chantent magnifiquement) : elles chantent aussi un peu en français et en castillan (qui sait, demain, en gascon aussi ?) et s’appellent Izarrak (les étoiles ?)