Un bilan de mon été 2022 Des pérégrinations à l’aune du prisme identitaire

- Vincent P.

L’été, c’est juin-juillet-août, je défie quiconque de venir dire le contraire, et la dernière semaine d’août, qui plus est suite à un été chaud, qui a "automnisé" les paysages, appartient déjà à septembre, et à la "rentrée", qui est un sentiment plus qu’une réalité pour ceux qui ont quitté le cursus scolaire, depuis plus ou moins longtemps.

Nous étudions la Gascogne, mais que se passe-t-il chez nos voisins et autres contrées plus lointaines ? Qu’y verra un même œil (le mien) ?

I - Juin

Juin, les aléas professionnels m’ont amené à Rodez, pour audience (je suis avocat). C’est une ville agréable, très "montagnarde" dans l’aspect qu’elle procure : à de nombreuses reprises, l’on pouvait se croire à Tarbes ou Pau.

La ville est devenue ces dernières années une destination touristique prisée, Soulages oblige. Je suis peu sensible à son art, mais force est de constater que cela marche : de l’importance d’une figure locale à la réputation internationale, qui vient faire rayonner son pays d’origine. Nos Gascons ne seraient-ils pas trop tournés vers Paris ? Même un Bourdieu est enterré au cimetière Montparnasse, lui qui a décortiqué tous les ressorts de l’acculturation à la culture des élites françaises.

À Soulages, je préfère Fenaille, le musée d’art et d’archéologie de la ville : c’est un très grand musée, qui dispose notamment de collections de dolmens à figures humaines du Néolithique. Nos villes gasconnes ont rarement des musées qui plongent à ce point dans l’histoire de leur environnement immédiat, Musée Basque (et de la ville de Bayonne) excepté. Il y a bien entendu le Musée d’Aquitaine à Bordeaux, mais le grand musée d’Auch parle Amérique pré-colombienne, quand le Musée béarnais de Pau n’a jamais rouvert.

Pour le reste, Rodez est une ville moyenne française, avec son esthétique de Trente Glorieuses, bitumée, consacrée à la bagnole, et où après une certaine heure en semaine, il n’y a absolument plus rien à faire. Rodez n’est en ce sens pas bien différente des villes moyennes gasconnes (même si l’accent du sud, dans la jeunesse, s’y maintient fort).

À la fin du mois de juin, un autre déplacement professionnel m’a embarqué à Albertville : je dois dire que l’idée d’aller plaider dans les Alpes n’était pas sans lien avec mon désir de prendre ce dossier. Cela dit, les Alpes, plus je les fréquente, surtout le versant français, plus je valorise les Pyrénées : la Savoie, notamment, est belle dans son environnement paysager (même si je trouve les vallées inhumaines, si larges), mais c’est un pays qui pour le reste, est très humanisé.

Lors de mon audience, il a fallu expulser des manifestants : en effet, ceux-ci se réclamant des institutions défuntes "savoisiennes", ils refusaient d’être jugés par une juridiction pénale française. En parlant avec les avocats, il semble que ce petit numéro est au moins mensuel, à chaque fois que sont jugés des militants savoisiens. Il y avait un vrai agacement de l’institution, comme quoi même un nationalisme jugé folklorique peut tendre la situation par une action de protestation perturbatrice.

Sans offenser les Savoyards, je dois dire que pas grand chose en leur pays ne me fait me sentir ailleurs qu’en France : je ne parle pas même de ce qui fait le liant national, les panneaux, les formes architecturales officielles, mais des détails qui font parfois l’exotisme. En Savoie, tout au plus l’accent, tendant vers ce que nous disons "suisse", car pour le reste, l’environnement toponymique était à ce point français (là encore, sans offense pour le monde "arpitan") qu’au fond, j’ai eu la sensation d’un morceau de bassin parisien encadré par des montagnes. Et pourtant, partout le drapeau de la Savoie ! Nous sommes typiquement sur un régionalisme de nostalgie féodale, comme l’est chez nous le béarnisme, ou parfois un certain sentiment de la Guyenne en Bordelais.

Pour être parfaitement honnête, cependant, des bribes d’italianité, architecturale, comme à Conflent, sur les hauteurs d’Albertville, toujours antérieures au 19ème siècle, ou comme à Lyon où je passerai le week-end consécutif de cette audience : il y aurait trop à en dire, mais concédons que la présence de la tuile change irrémédiablement les atmosphères. L’Ain méridional autour de Pérouges avait des allures de Périgord ou de Quercy.

Un grand déplacement m’attendra suite à ce week-end lyonnais, via le TGV (jusqu’à Dijon) puis le TER, pendant de longues heures (la LGV vers les grandes villes françaises de l’Est, depuis Lyon ... passe par Paris, et cela ne m’arrangeait pas, car la gare Lorraine-TGV est très mal placée). Avec Nancy, ville âpre mais non dénuée d’intérêt comme port d’attache, j’ai visité Toul et Pont-à-Mousson.

Ce jour-là, à Toul, une grande fête de la Lorraine appelée "La Lorraine est formidable" : rien de formidable, en réalité, une foire classique française, avec produits locaux et salon du livre. Mais ce qui était intéressant était combien la Lorraine était partout : la région Grand-Est n’a pas complètement effacé les créations antérieures, là où en Nouvelle-Aquitaine, sans aucune nostalgie pour l’ancienne Aquitaine de ma part, tout est labellisé désormais néo-aquitain. Ne parlons pas même de la région dite Occitanie.

À Pont-à-Mousson, avec mes interlocuteurs, il était clair que l’on ne se sentait pas du Grand-Est : j’ai ainsi décelé une méfiance à l’endroit des Alsaciens, mais aussi des Mosellans. L’Histoire joue à plein. Dans le TER, d’ailleurs, un Nancéen aviné insulta des touristes allemands, sur la base de clichés un peu déplorables : les touristes eurent l’intelligence de ne pas répliquer. Dans tous les cas, j’ai trouvé l’ambiance identitaire lourde : le Grand-Est n’est pas accepté par les gens, là où nos Gascons des deux régions administratives de Bordeaux et Toulouse ne trouvent plus rien à redire (voire n’ont jamais rien eu à dire).

II - Juillet

Juillet est arrivé, après une première vague de chaleur fin juin. Ce fut décidé, ma semaine de vacances de la fin du mois sera passée en Allemagne, la plus septentrionale possible. Mais en attendant, deux déplacements m’attendaient. Une journée autour de Pons et Jonzac, pays charmant, comme l’est souvent la Saintonge, pays bigarré où les macrotoponymes disent le sud, quand l’accent des habitants et les lieux-dits disent le nord, pays dans l’orbite de Bordeaux, de plus en plus. À Jonzac, il y avait du monde pour prendre le train pour Bordeaux.

Et puis, il m’a fallu me rendre à Limoges : j’aime assez Limoges. Je trouve stupide que le sport ait introduit entre Pau, ma ville d’origine, et Limoges, une rivalité. Limoges paye un passé quelque peu ouvriériste, un peu comme Tarbes : l’on sent que le patrimoine n’a pas été la priorité. Beaucoup de verrues des Trente Glorieuses, mais la difficulté à faire de Limoges une vraie jolie ville date encore d’avant, des aménagements modernes de la fin du 19ème siècle, des trouées à la Haussmann.

C’est aussi, tristement, une ville complètement livrée à la bagnole : peu importe ce que l’on pense de la voiture en ville (j’ai une position en réalité modérée sur la question), il est évident que dans une ville de la taille de Limoges, le centre piéton se doit d’être élargi. Cela a fait le succès de Bordeaux, sa boboïsation (dont on sait les excès).

C’était évidemment dans ma tête mais j’ai voulu voir, partout, à Limoges les stigmates d’une capitale administrative déchue, mais en réalité, les administrations sont maintenues, en doublon, qu’elles relèvent de l’administration décentralisée ou déconcentrée. Au fond, Limoges s’en tire mieux que Pau ou Bayonne, devenues villes très excentrées au sud d’une région qui a son barycentre quelque part vers Angoulême.

Et puis, à Limoges, il y a la Librairie occitane. L’on y parlait limousin, avec cet accent que je trouve vraiment irrésistible, qui tend parfois vers l’oïl, sans en être. Poulidor en somme. La production locale est très riche, de nombreuses petites éditions produisent des livres sur le Limousin, là où en Gascogne, plus rien ne sort, sauf livre de papier glacé sur les maisons de la côte, ou les livres des éditions Le Festin. Le Limousin a nettement bénéficié de l’existence d’une région administrative, et il y a de beaux restes : pour combien de temps avant que Bordeaux n’absorbe tout ce tissu ?

Allemagne, here I come ! Je peux parler anglais, car au fond, tout le monde parle anglais à Hambourg et Lubeck. Hambourg est évidemment une grande métropole européenne, d’une efficacité remarquable, notamment en matière de transports en commun, sécurisante aussi, même quand la jeunesse s’encanaille avec trois tags. La ville n’est pas du tout au niveau d’intégration mondiale de Londres et Paris, c’est encore un monde assez peu multiculturel en vérité, très allemand. Je trouve que Bordeaux et Toulouse sont largement plus ouvertes sur le monde que la seconde métropole allemande ne l’est.

Quant à Lubeck, c’est une sorte de petite ville des Pays-Bas, et une respiration urbaine bienvenue (à force d’arpenter Hambourg, l’on se fait une idée des villes allemandes comme nécessairement très post-45). C’est beau, les gens sont en bord de rivière, sur les pelouses, à siroter des limonades à la rhubarbe. Pour dire la vérité, je ne suis pas certain que nos villes gasconnes, à l’exception de Bordeaux, Toulouse et Bayonne, auraient eu autant de monde dehors à 19h00 à la fin du mois de juillet. La France est ce pays des gens enfermés devant leurs écrans.

Mais pour ce qui concerne notre regard identitaire, au-delà de l’œil de l’aménageur, peu de leçons à tirer de l’Allemagne : il y a bien eu ce moment, entre Hambourg et Lubeck, au détour d’un crochet vers Sylt, où j’ai pu me rendre compte que les annonces du train régional (9 euros pour tout le mois de juillet sur tous les trains d’Allemagne !) étaient en langue frisonne. Sylt / Söl. Je suis en revanche incapable de savoir si une fois à Sylt, des gens usaient du frison septentrional : j’en doute, c’est une sorte de Lacanau, très prisé des Allemands.

Tout au plus, j’ai remarqué une propension dans ces contrées à mettre à la carte les mets locaux : on pouvait manger partout du labskaus (j’ai adoré). Je songeais à la Gascogne, nos villes moyennes, où il est difficile d’échapper au steak-frites français ... Quels plats locaux nos petites villes et villes moyennes proposent-elles ?

III - Août

Août, j’ai pas mal arpenté la Gascogne, lors de nombreux allers-retours entre Bordeaux et le Béarn. Gasconha.com se verra enrichi de centaines de photographies. Cependant, mes archives m’indiquent que j’ai été à Cambo, et par la même occasion, à Ronceveaux et Auritz en Navarre espagnole. Il n’est rien à en dire de plus que ce que nous pouvons classiquement dire, au détour de nos commentaires, sur les terres basques au sud, la force de la langue, dans l’affichage public, dans les discussions.

Plus inédit me concernant, même si en réalité c’était la seconde fois, j’ai ensuite poussé courant du mois d’août vers les Asturies et le León. La confirmation, toujours plus forte, que le mode de vie espagnol est paradisiaque pour moi : des villes denses, du monde dans les rues toutes générations confondues, moins de chichi, des paysages splendides, aussi bien côté Meseta que côté atlantique.

À Puente Almuhey, bled perdu au NE de León, où je passais une nuit, pas moins de 5 bars dans la seule rue de la commune. Des commerces, à l’ancienne, un peu désuets, comme dans la France des années 80 dans laquelle je suis né.

Et puis, la conurbation asturienne, toujours aussi impressionnante : depuis Oviedo, 30min de train pour aller à Gijón (mais quelle complexité de faire la différence pour les billets entre les différentes entités de la RENFE : est-ce ce qui nous attend en France, désormais que les monopoles sont tombés ?). Gijón, superbe grosse ville sur l’océan, on se prend à rêver d’une ville qui aurait pareille ampleur, Biarritz aurait pu être ça plutôt que ce décor impérial poussif.

Cependant, si l’on voit flotter le drapeau asturien partout, et si partout, l’on propose la fabada asturienne comme plat, d’un point de vue identitaire, notamment linguistique, bien peu. Quelques tags en astur-léonais dans les QG "gauchistes", les noms des communes en -u plutôt qu’en -o, mais aussi parfois, j’ai pu le constater, la version asturienne rayée, parce que refusée.

Bref, il me semble que l’identité astur-léonaise est bien faible, et probablement que c’est là fatal : la langue n’est-elle pas, de base, trop proche du castillan standard ? Il est difficile, sauf sans nul doute à être espagnol, à déceler des différences fortes dans les habitudes des gens selon les régions d’Espagne. Peut-être que les Asturiens m’ont semblé plus "taciturnes" qu’ailleurs en Espagne, ce sont là des ressentis arbitraires, qui ne disent pas grand chose. Si, c’est moins cher que le Pays Basque, où je passerai par le retour (Azkoitia et Azpeitia : foyers bascophones intenses, où tout le monde parlait basque).

Conclusion subjective

Au final, que retenir pour la Gascogne ? Je ne crois pas l’identité gasconne soit plus moribonde que ne le sont l’identité frisonne en Allemagne, l’identité asturienne en Espagne ou le sentiment rouergat (occitan) en Aveyron. Juste qu’elles disposent d’entités administratives, du moins en Allemagne ou en Espagne, qui investissent sur la culture locale. Et encore, c’est de l’affichage. Pour avoir arpenté les Landes en abondance cet été, je peux vous dire que l’univers esthétique qui s’en dégage est tout à fait typé, et ne peut que marquer le touriste de passage.

Ce qui différencie la Gascogne, cependant, et la rapproche évidemment des autres pays français, c’est notre appartenance à la France. Nous avons une génération d’avance en matière d’apathie identitaire par rapport au reste de l’Europe. C’est ce qui est le plus marquant, combien, et l’Allemagne, et l’Espagne, sur tant d’aspects, vivent dans la France d’avant. La France, c’est son malheur comme son atout, je n’en sais rien, est allée plus loin dans le multiculturalisme et l’individualisme matérialiste. Cela se ressent dans nos paysages (étalement urbain), notre sociabilité urbaine (surtout dans les villes moyennes), notre enracinement local (défaillant).

Revenir en France, c’est prendre dans la gueule notre époque avec plus de violence. Et regretter Pechón en Cantabrie.

Grans de sau

  • Je ne suis pas toujours en parfait accord avec maître P. mais, en l’occurrence, je le suis et même tendrai modestement à penser que je le précède quant à ce qu’il dit de la fin de son périple.

    Les remarques sur "le Grand Est" et surtout sur l’Espagne en général me semblent tout fait pertinentes (les villages, la vie (vivable), Asturiens, Azcoitars et Azpeitars) et sa conclusion : la France est évidemment "en avance" ; je pense à mon père (vrai gascon honteux) qui traitait avec un grand naturel Basques et gascons d’"arriérés". La France est bien le pays progressiste par excellence, destructeur de toute sociabilité vraie, de toute communauté vivante.

    Mais que faire, si ce n’est enrager.

    En tous cas, un grand merci à Vincent P. pour son activité multiforme, ses images, son amour du pays.

    Et pourquoi ne publierait-il pas certaines de ses contributions qui méritent sans aucun doute une plus large diffusion (sans vouloir dénigrer Gascongha.com) ?

  • Bonjour Vincent,

    Il y a une chose que je ne comprends pas. Vous accusez le multiculturalisme d’être la cause de ce que vous percevez comme un malheur. Pourquoi pourfendre le multiculturalisme quand on est en faveur de la culture d’une région comme vous l’êtes ? Vous accusez, entre autre, l’état jacobin qui depuis sa création est justement contre le multiculturalisme. Comme vous ?? Désolé, je ne comprends pas. Pouvez vous m’expliquer ? En vous remerciant

    Jean-Paul

    PS : quand à l’individualisme, il s’agit simplement de la conséquence d’un embourgeoisement

  • Un pseudo multiculturalisme en fait, qui promeut les cultures lointaines (les Papous, Tchouktches et autres Amazoniens), celles qui ne menacent pas "l’identité française" et ne remettent pas en cause la belle indivisibilité de la belle République, patrie et phare des Droits de l’Homme. Par contre, les sauvages de l’intérieur sont à mater absolument, surtout s’ils ont l’outrecuidance de ne pas parler le bon langage françois. En bref, le multiculturalisme c’est très beau chez les autres mais surtout pas chez nous.
    Quant à l’universalisme dont les Français ont la bouche remplie, il est d’autant plus magnifique s’il est français et uniquement français. Le reste c’est du localisme, du passéisme et même du fascisme. Oui, le plouc rural qui parle patois est forcément un facho. Si, en plus, il est chasseur, alors là on s’évanouit sur sa trottinette électrique en se rendant à Darwin rive droite.

  • A Jean-Paul qui n’es pas du Cos...
    J’hésite à m’engager dans un débat sur le multiculturalisme, parce que je suis sujet aux maux de tête.
    Pourtant, les clichés de tes deux dernières phrases (la vision d’un "plouc rural" qui risque de provoquer l’évanouissement d’un trottineur électrique qui se rend à Darwin*) sont à compléter par d’autres clichés.
    En voici deux : Dans la veine de Perry Taylor
     Dans Duck Season (Eating, Drinking, and Other Misadventures in Gascony) de David McAninch, les gascons de la Gascogne profonde, chasseurs et autres, raffolent des Pringles (des espèces de chips américaines dont j’ignorais même l’existence !)
     Dans les rues de Tonneins, je vois des gens en trottinette électrique qui ne sont pas du tout le public de Darwin... c’est à observer plus avant, mais ce moyen de transport un peu ludique, certes à la mode, mais pratique aussi, semble adopté par un public populaire.

    * Darwin : les anciens entrepôts de l’armée**, à Bordeaux Bastide, devenus un lieu "écolo-bobo"
    ** où ma mère a fait des débuts professionnels un peu hésitants, dans l’immédiat après-guerre.

  • Le "multiculturalisme" est un mot fourre-tout qui rend compte d’une appréciation extérieure, un peu comme "diversité". Ce dernier sert à recouvrir des faits évidents, notamment dans le contexte migratoire international.
    Or, un peuple ne peut pas être "multiculturel", meme s’il connaît ou pratique occasionnellement la culture d’un voisin ou d’un lointain (divertissements, gastronomie, techniques, voyages, emprunts de toute sorte).

    A cet égard la culture européenne était faite d’interactions permanentes à l’intérieur d’une civilisation commune.

    Pour moi, je ne défendrais pas un particularisme en soi, ni une "différence" en soi (ce "droit à la différence" misérabiliste prôné par certains dans les années 1970, comme un droit d’être tenu en laisse par son maître).
    Je préférerais préciser ce qui est en cause : un patrimoine, une identité vécue et transmise dans le temps long et sur un territoire donné.
    Je n’ignore pas que ces termes peuvent être mis à toutes les sauces : par exemple "identité plurielle" pour décrire une société éclatée et déracinée (nos grandes villes), etc. C’est un marché de dupes qui, généralement, s’accompagne de maux sociaux sur fond de crise économique.

    Les identités locales et régionales n’ont aucune chance dans cette situation, à moins qu’elles n’apparaissent comme des môles d’amarrage pour ceux qui auraient encore une part de leur indigénéité à transmettre.
    C’est tout l’inverse de l’idéologie française telle qu’on la diffuse depuis au moins la fin du XVIIe siècle, sous divers vêtements.

    L’expansion de modes de vie mondialisés (et surtout de modèle universalisés et médiatiquement imposés) a détruit les anciens habitus. Dans l’Etat français cette action se double d’une imposition idéologique pluriséculaire qui a fini par avoir raison des patrimoines ethno-culturels. Ce programme français refuse la notion de communauté(s) et vise explicitement à réaliser l’homogénéité culturelle sur son territoire, non par une sorte de nationalisme étroit, mais par référence "généreuse" à un modèle abstrait.

    Le monde est multiculturel, mais par peuples et territoires. Dans les régions dépressives, il y a assimilation au dominant, au plus nombreux, ou acculturation.
    L’Occident offre un modèle de moins en moins national, ce qui ne se réduit pas à des histoires de restaurants.
    La survie d’un peuple comme les Gascons est problématique depuis la fin du XVe siècle. C’est une question de sentiment national défunt.

    Quant à l’ignorance et aux tabous des dirigeants français depuis au moins trois siècles quant à ces questions, ils sont une bonne partie de "notre" enseignement.
    On a retiré leurs anticorps aux Gascons.

    Bref, il y a les peuples qui survivront et les autres.

  • Bonjour Tederic,
    C’est Jean-Paul (celui de la colline) (pas celui de la foret).
    Merci pour ces précisions, en particulier pour Darwin, je ne voyais pas ce que venait faire ici ce grand homme (depuis mon service militaire, je n’ai jamais remis les pieds à Bordeaux).

    Maintenant, je comprends mieux :

    Les papous apeurés qui tombent des trottinettes, les tchouktches transis de peur qui se cachent derrière les tribus amazoniennes sur le qui-vive et les lances en avant : de la rive gauche du fleuve Darwin, s’élèvent des cris terrifiants, proférés dans une langue venant de la nuit des âges, voire d’un autre monde :

    (Ici, il faudrait traduire en cette vénérable langue le plus long des jurons que j’ai jamais entendu, il était l’œuvre de mon père quand quelque chose ne marchait plus dans la ferme, cela arrivait souvent sous les hangars, mais je ne sais pas si un modérateur peut le laisser passer :)

      Bordel de dieu, qu’est-ce que je lui ai fait à cette couille de la pute de la sainte vierge marie

    C’était effectivement terrifiant !

    Amicalement

    Jean-Paul

    PS : Je n’ai jamais eu de trottinette, à mon grand regret

  • Bonjour PJM

    Merci pour cette réponse à ma question du post n°2. Je vais la relire attentivement. Comme dit Tederic, il y a effectivement de quoi hésiter à se lancer dans un débat sur les avantages et désavantages du multiculturalisme versus ceux du mono-culturalisme et sur toutes ces questions touchant à l’identité culturelle.

    Amicalement

    Jean-Paul du Cos

  • Bonjour PJM,

    J’ai relu attentivement votre post n°5 et je crains de n’être d’accord que sur un point, c’est quand vous écrivez ( en souligné ) : « Les identités locales et régionales n’ont aucune chance dans cette situation, à moins qu’elles n’apparaissent comme des môles d’amarrage pour ceux qui auraient encore une part de leur indigénéité à transmettre ». C’est le seul point qui laisse un peu d’espoir. Reste à définir ce que signifient les termes : « môles d’amarrage » « indigénéité ». S’agit-il de la langue gasconne ? D’autre chose encore ?

    Si le but est de faire en sorte que le « peuple » gascon survive d’une façon ou d’une autre (sachant que, ici comme ailleurs, il faut que tout change pour que rien ne meure) (mais ce n’est que mon avis, sans doute pas le vôtre), ne faut-il pas convaincre nos jeunes que cet objectif est atteignable : pour cela ne faut-il pas être plus positif ? optimiste ? pragmatique ? ouvert ? un peu moins aigri ? un peu moins mélancolique (que Vincent ne l’est dans le post qui ouvre ce fil) ?

    Je ne sais pas. Qu’en pensez-vous ?

    Avec toutes mes excuses si je vous ai froissé.

    Amicalement

    Soum pas d’aci

    Jean-Paul ( de la colline)

    PS : Un des points que sur lequel j’ai vraiment du mal à vous rejoindre, c’est quand vous écrivez « occasionnellement » dans la phrase « un peuple ne peut pas être "multiculturel", même s’il connaît ou pratique « occasionnellement » la culture d’un voisin ou d’un lointain…). A mon avis, ce n’est pas « occasionnellement » que le peuple gascon pratique la culture du maïs, use de tonneaux et d’alambics, mange et commercialise du foie gras etc. (la liste serait longue) … A ma connaissance, le « peuple » gascon n’a jamais remercié respectivement les « peuples » mexicains, celtes, arabes, celtes, juifs etc… pour ces emprunts définitifs.

  • Bonjour Ducos !

    J’avais presque terminé une longue réponse et tout à sauté : j’ai dû appuyer sur une touche "qu’il ne fallait pas"...

    Pas de froissement, et d’accord sur "tout changer pour que rien ne meure".
    Tout est métamorphose, mais pour les Gascons la situation est grave...
    Ne pas s’enfermer dans des regrets stériles ou de la morosité.
    Se dire aussi que l’innovation d’aujourd’hui peut être la tradition de demain.

    Rageant, non ? Ma longue réponse a vraiment disparu...

    Bonne soirée,
    PJM

  • Lu avec beaucoup d’intérêt, parfois avec le sourire, d’autres fois plus dubitatif, cet échange intéressant, mais un peu trop feutré, situé entre le patelin et le sincère, comme entre universitaires du vieux temps, peut-être.
    J’ai particulièrement apprécié la pointe du post 3 « Si, en plus, il est chasseur, alors là on s’évanouit sur sa trottinette électrique en se rendant à Darwin rive droite.  ». C’est presque du Muray.
    J’ai aussi beaucoup ri à la remarque de Tederic qui hésite à «  [s]’engager dans un débat sur le multiculturalisme, parce qu’[il serait] sujet aux maux de tête ». On sent dans cette jolie pirouette plus qu’une manière délicate d’éviter le débat, la préoccupation aussi de ne pas soulever le couvercle, le souhait de la paix des ménages sur Gascognha.com, une sincère lassitude peut-être, enfin une opinion un peu tranchée en filigrane.
    C’est toujours un plaisir de voir qu’il y a encore du sang vif qui roule dans les artères de Gascogne.
    Globalement, le coup de fouet du post 3, de Jean-Paul, a ravi mon sentiment patriote et le mauvais (Y en-a-il un bon ?) ressentiment du vaincu qui s’incline devant l’évidence : « Il faut tout changer pour que rien ne change ». Avec quelque nuance toutefois : la pilule de la métamorphose radicale me paraît plus facile à avaler pour un grand seigneur bel homme, pourvus de beaux héritiers, que pour un petit peuple réduit à glaner quelques restes sur son territoire dévasté. Pour ne rien dire du caractère un peu vain, en réalité, de la formule.
    Le post 5 de PJM, même si certains points me restent - peut-être - un peu obscurs, m’a vivement intéressé ; la contribution est passionnante, trop riche même, compte tenu du nombre de sujets évoqués : d’abord cette affirmation, nette, qu’«  un peuple ne peut pas être "multiculturel" », puis la dénonciation du « "droit à la différence" misérabiliste », l’importance du« temps long et sur un territoire donné  », la question « des môles d’amarrage », celle de « l’indigénéité  » qui n’est pas écartée, la dénonciation du « modèle abstrait ».
    Il y aurait tant à dire sur ce texte qui ouvre des espaces de débat ! Vers la fin, une phrase forte « Le monde est multiculturel, mais par peuples et territoires. »

    Tout ceci pour dire que même si certains sujets font mal à la tête, perturbent la digestion, nuisent à la relation avec beau-papa, ils peuvent finir par gâcher les certitudes les plus assurées … et même les conclusions « scientifiques  » qu’on croit pouvoir trouver dans l’Histoire … de son choix.
    Faut-il se passer d’échanger sur eux ?
    Désolé d’avoir peut-être mis à moudre du mauvais grain.

    Je précise que je n’ai jamais eu, moi non plus, de trottinette, mais que je n’ai pas de regret. On pouvait s’en passer, avec le bros et la bicyclette. Malheureusement, je suis affreusement mélancolique (dépressif quoi !) pire même que Vincent P.

  • Soyons francs :
    Notre drame est d’être évacués du paysage mental collectif français, des problématiques disputées aujourd’hui et des querelles publiques de toutes sortes , sauf celles qui agitent un microcosme assez local, d’ailleurs plutôt calme depuis plusieurs années (effet des confinements et autres étouffoirs de la vie sociale ?).

    Quand on évoque aujourd’hui le débat entre multiculturalistes et avocats de la défense d’une seule culture, la française en face, ce n’est plus des cultures régionales qu’on veut parler. Cela, c’était pour les années 70 du siècle dernier. Aujourd’hui il s’agit de l’éventuelle cohabitation de ce qui reste de culture française, passée au chinois (!) ou à la moulinette nord-américaine et conservant quelques restes chrétiens ou post-chrétiens, revus à la sauce des lumières droitdelhommistes, avec la culture néo-musulmane des banlieues et bientôt des vieux centres des petites villes quai mortes, ou encore avec la tentation d’une intégration encore plus complète au modèle culturel américain (version woke ou version conservatrice), alors que pointe pour après-demain la domination culturelle chinoise par TikTok et soumission consumériste interposées.
    Les cultures régionales, gasconne en particulier, qui s’en soucie aujourd’hui dans ce contexte et les croit encore un peu vivantes, comme un feu couvant encore sous la cendre ?
    On peut donc comprendre que le débat autour du multiculturalisme puisse ne pas nous toucher, qu’on préfère même l’éviter.
    Au fond de l’esprit de plusieurs d’entre nous, se love même un conflit de loyautés évident, comme une gêne même pour certains, décelable depuis des années, lorsqu’il s’agit de clamer haut et fort que nos langues et nos cultures ont le droit de vivre en plein jour et de nous comporter de façon à rendre cette revendication claire et publique.

    Et puis la question du comment se pose à nous dans ce contexte : comment donner envie de gasconité aux gascons résiduels (sans oublier parfois des néo-gascons tout prêts à s’investir dans la défense de la culture de leur pays d’adoption) ? Ce n’est pas simple mais il serait salubre d’y réfléchir plus profondément, de proposer des pistes concrètes. Ce que cherche à faire ReGasPros avec ses moyens limités.

  • Dans un autre fil, j’ai fait en écart dans la comarque de Bortziriak au nord de la Navarre espagnole. "fracture territoriale" quand même douteuse en Bortziriak
    Ici, et toujours dans le souci de m’éviter un mau de cap, je vous propose un écart à la Haye, capitale des Pays Bas :
    Wikipédia : « À l’instar des autres grandes villes néerlandaises, La Haye est une ville multiculturelle dont près de la moitié de la population est d’origine étrangère. »
    Contrairement à Vincent, je ne prends pas l’avion pour parcourir les grandes villes européennes, mais j’y vais par Google Street View. Et à la Haye, dans le paysage typique d’une ville néerlandaise, je suis tombé sur la vitrine d’un "kebab". Illustration, donc, du multiculturalisme ?
    Cultures diverses, origines diverses...
    Mais finalement, la Haye comme espace de vie survit. Son histoire continue à s’écrire, par exemple sur Wikipédia. Sa géographie demeure, son climat ne change pas plus qu’ailleurs.
    Je préconise de ne pas trop s’épuiser à pérenniser une culture gasconne dont l’existence même est douteuse.
    Par contre, observer le triangle gascon d’hier et d’aujourd’hui, et imaginer son évolution, d’accord ! justement parce que ça nous libère du « paysage mental collectif français » évoqué par GSG ; c’est ce que nous tentons à RéGasPros.

  • Je cherche à comprendre,Tederic : du second degré ou un gros coup de mou soudain ?
    Que faisons nous depuis vingt ans ici et ailleurs, sinon défendre la culture gasconne, qui a existé et sans doute existe encore ? Et sans culture gasconne, que serait le triangle gascon sinon un espace géographique comme un autre, simplement défini par son climat (qui change cependant, comme les autres) et des contours géographiques ? Sans une population qui garde le souvenir de son héritage et sans sa culture, la géographie n’est rien. 😊

  • Adiu Gerard !
    N’èi pas cambiat : je me suis toujours méfié des concepts de culture gasconne, culture française, culture anglo-saxonne... ou de toute autre. C’est tellement compliqué... la culture varie d’une famille à l’autre, et même d’un individu à l’autre sur un espace géographique donné.
    Je préfère parler d’héritage, qu’on peut vouloir porter, transmettre (ou non)...

    La démarche que j’ai adoptée, et n’abandonnerai probablement plus maintenant :
     prendre comme domaine d’étude le triangle gascon MGM (Mar-Garona-Montanha) défini par le critère linguistique (qui pour moi est en soi également historique, ce que j’ai rarement réussi à faire comprendre !) ;
     essayer la transmission de bribes d’héritage venant de ce domaine ; pour moi, c’est d’abord l’explication des noms de lieu, mais d’autres pourraient choisir d’autres éléments culturels (la cuisine par exemple) ; mais par choix initial de la langue comme critère fédérateur de la Gascogne, aucun autre fait culturel ne coincidera avec le triangle gascon ; j’aurais bien aimé en trouver, mais non... donc je préfère ne pas m’embarrasser de "culture gasconne".
     Pour essayer la transmission de ces bribes, il vaudrait mieux pouvoir en faire des micro-articulations (noms de lieu - architecture - agriculture, par exemple...) qui soient des modèles culturels (risquons le mot !) attractifs ; attractifs pour qui ? pour les "gascons de souche", mais pour les autres aussi, qui tendent à devenir majoritaires, partout, dans nos campagnes, nos villes petites, moyennes et grandes.
    En résumé : pas de culture gasconne totalisante, mais articuler, adapter et populariser des traits culturels qui ont des racines dans le triangle gascon !
    C’est bien abstrait, tout ça, mais peut-être qu’on me comprendra par mes productions éditoriales : par exemple, si je fais une chronique en gascon sur Ràdio Pais, et un article sur Gasconha.com, sur le gost de la tomata à partir de l’actualité marmandaise, ce n’est pas pour des prunes !-)
    Lo gost de la tomata* Culture en serre et circuits longs ; l’exemple de Marmande

  • Adiu Tederic,
    Je comprends bien ton souhait, que je partage, d’amarrer la gasconité à des réalités concrètes, aisément partageables avec nos contemporains de l’espace gascon mais ton argumentation me semble à nouveau très paradoxale :
    D’abord le choix strictement limité au triangle gascon alors que celui-ci n’est plus perçu comme une réalité justement au fur et à mesure que la langue a disparu ou quasiment. Par parenthèse ce triangle n’a jamais constitué une réalité historique, même au temps où les frontières du duché de Gascogne entre 950 et 1032 en gros) s’en approchaient le plus, elles intégraient l’ensemble de l’Agenais ( Lot et Garonne actuel, qui se sent malgré tout gascon en général ) et n’atteignaient pas toute la « Gascogne toulousaine ». Un détail, certes.
    Mais surtout qui a-t-il de plus culturel que cette définition à partir du territoire où s’est parlé la langue ? Culturel au sens généralement admis, c’est-à-dire ce qui unit un groupe donné sur un territoire donné, à travers des générations successives. Bien que dans le langage courant, on peut dire que telle ou telle personne ne partagent pas la même culture, l’un plutôt technique, l‘autre plutôt littéraire, l’un plutôt jazz et l’autre plutôt musique classique, ils partagent la même culture de base, ou du moins c’était la conception unanimement partagée jusqu’à une période très récente.
    Ta définition purement individualiste de la culture, individu, qui choisit de transmettre « ou pas », me semble marquée par la rupture épistémologique que promeuvent les déconstructeurs en tous genres, détricoteurs des identités de toutes sortes, activement à l’oeuvre depuis quelque temps : on n‘est jamais impunément le fruit de son époque, certes et on en subit ses formatages, médiatiques et autres. Quand nous avions conçu le Manifeste gascon il y a environ dix ans, ce n’est pas la perception de la culture que nous avions, les trois Mousquetaires du manifeste bien que nous fussions très conscients de ne pas limiter la Gascogne à ce seul triangle défini par une réalité évanescente, que nous voulions toutefois promouvoir autant que possible : la culture (dont la langue) gasconne, participant à un univers occitan que nous n’ignorions pas pour autant malgré notre occitano-indifférence proclamée.
    Et finalement, articuler des micro-réalités pour rendre les habitants du triangle gascon sensibles à la défense de leur terroir, de leurs modes de vie, etc … (autre thème fort du Manifeste gascon) , c’est bien par référence implicite à une culture partagée, non ? Encore que je doute fort que le « gost de la tomata », qui imprègne fort le pays marmandais, soit très partagé en dehors de celui-ci et soit une part spécifique de cette culture !
    Et on pourrait dire aussi que le goût de la tomate n’a rien de particulièrement gascon, heureusement !

    Bien à toi, malgré ce désaccord .
    Gérard

  • 13 : « comment donner envie de gasconité aux gascons résiduels (sans oublier parfois des néo-gascons tout prêts à s’investir dans la défense de la culture de leur pays d’adoption) ? »
    Peut-être faudrait il recentrer la gasconnité sur la langue gasconne et donner envie de l’apprendre.
    Peut-être suivre la démarche de la méthode basque ikasbide :
    https://www.mediabask.eus/eu/info_mbsk/20201026/la-methode-ikasbide-se-developpe

  • Bonjour,

    Pour avoir envie d’apprendre le gascon, l’entendre chanté ? Gérard et Téderic ont ouvert des fils de discussion à propos de chorales ou de groupes musicaux. Je ne fréquente pas souvent face-book mais il me semble que les groupes qui chantent en gascon « pour les jeunes et les moins jeunes » ne manquent pas et même sont de plus en plus en plus nombreux ? Je me trompe ? A ma connaissance, par exemple, n’ont pas été mentionnés sur Gasconha :
    Le groupe ESTA :
    https://www.facebook.com/esta.bearn/
    (3) Facebook
    La chanteuse Alidé Sans qui chante en occitan du Val d’Aran :
    Alidé Sans - Paroles de « Passat deman / Èran tres fraires » - FR (lyricstranslate.com)
    https://www.alidesans.com/

    Ouvrir une rubrique musique sur Gasconha où serait présentée l’actualité musicale en Gascogne ? Inviter tous ces groupes à se présenter sur Gasconha ?

    Je voudrais une nouvelle fois mentionner le groupe Perlinpinpin Folk (de l’Armagnac) et leur disque Ténarèze sorti en 1991. Sur Youtube, on ne trouve que la plage 8 : La bash au camp barrat
    https://www.youtube.com/watch?v=nuUBt8YEFbs&ab_channel=NEonliquide
    Je trouve très belle la seconde partie de la plage n°2 qui commence à 2’10’’ : ja venon lei vendumias .
    https://www.gasconha.com/IMG/mp3/ja_venon_las_vendemias.mp3
    Je recopie ce qu’il y a écrit sur la pochette :

    JA VENON LEI VENDUMIAS
    (J.M. Carlotti/traditionnel)

    Ja vénon las vendémias (bis)
    Las pampas conflas de gran
    Lo chuc que cola d’octobre
    Sera la lach de San Joan (bis)

    Las caras son de tèrra cauda (bis)
    Las mans an gost de festin
    Van desliurar maire vinha
    De sos enfants de rasim (bis)

    S’es la vendémia de vin blos (bis)
    Benesit siague lo most
    Qu’en genièr caufa la boca
    E la refresca en agost (bis)

    Je trouve dans ce morceau quelque chose, je ne sais quoi, que je n’ai jamais entendu ailleurs . Je l’avais fait écouter à un professeur de percussions brésiliennes : il était interloqué. Je me peux me tromper à nouveau mais si on cherche une spécificité gasconne, n’y en a-t-il pas une là ? Quelqu’un sait comment on peut contacter ce groupe ou ses membres ? Savoir où chant a-t-il été collecté ? (merci de faire suivre)

    Amicalement

    Jean-Paul

    https://www.gasconha.com/spip.php?article8417
    Ténarèze 3. Ténaréze de Perlinpinpin folk

  • Je suis étonné de n’avoir jamais mentionné Esta sur Gasconha.com car j’en suis totalement fan. Mais je viens de vérifier et il semble bien que ce soit le cas. Désolat !
    Alidé Sans, je connais sans vraiment connaitre, je crois qu’elle a un réel talent mais sa langue est pour nous très "esquère", je trouve et je la comprends mal.
    Quant à Perlimpinpin Folk dont j’ai quelques microsillons (on dit plutôt vinyls à présent !) je doute que ce groupe des années 1970 chante encore, il doit être composé de vieux messieurs à présent !

  • Adishatz Cristian, Jean-Paul, Gérard e los autes !

    « Peut-être faudrait il recentrer la gasconnité sur la langue gasconne et donner envie de l’apprendre. »
     Sujet sensible... je considère que sur 5 admins de Gasconha.com, 4 sont passionnés et connaisseurs de la langue, la parlent même entre eux à chaque occasion, ce qui est prodigieux dans la Gascogne francophone d’aujourd’hui ! Ils n’ont donc pas de mal à articuler la gasconnité à la langue gasconne. La langue est un moteur identitaire puissant...
     "En même temps", mon (notre) souci est depuis longtemps d’élargir le combat gascon, donc de ne pas le cantonner à un combat pour la langue, surtout que s’il s’agit de garder le gascon comme langue vivante dans la vie ordinaire, c’est apparemment "mort", comme disent les jeunes.

    « Pour avoir envie d’apprendre le gascon, l’entendre chanté ? »
    Quiò !
    Il faut chanter en gascon, d’ailleurs c’est un plaisir...
    Je participe autant que je peux aux cantèras, qui cependant ont du mal à essaimer vers le centre et le nord de la Gascogne, sans d’ailleurs être si populaires que ça au sud...

    « Ouvrir une rubrique musique sur Gasconha où serait présentée l’actualité musicale en Gascogne ? »
    Elle existe déjà, c’est la rubrique n°2 (devenue maintenant une sous-rubrique de Art de vivre). Il y a aussi le mot-clé Cantayres - chanter en gascon
    Cantayres - chanter en gascon

    JA VENON LEI VENDUMIAS de Perlimpinpin Folk
    Je partage l’enthousiasme de Jean-Paul et sais la chanter (mais seul, c’est dommage : à plusieurs en polyphonie je suis partant, mais sans chercher à imiter Perlimpinpin Folk).
    Pour être précis : les paroles de cette chanson ne sont pas en gascon mais en languedocien ou provençal ; Joan-Maria Carlotti est provençal, Perlimpinpin folk chantait surtout en gascon, il me semble.
    Logiquement, le répertoire de cantèras en Gascogne doit être selon moi majoritairement en gascon (question de cohérence "politique", voir plus haut), mais quand il y a de belles chansons en languedocien, il faut les adopter ; idem pour des chansons en espagnol, il y en avait d’ailleurs une à "Galetas e cantèras" au Vignau il y a une dizaine de jours. En français aussi, il en faut quelques unes, mais pas tròp ! E en anglés ?-)

  • =) 19
    C’est effectivement un peu tard pour une réappropriation de la langue gasconne dans les différents pays gascons qui composent une Gascogne un peu utopique. Moi même je ne me sens pas le cœur à apprendre la langue à partir d’une méthode bien que j’ai essayé sans réelle conviction avec diverses méthodes. La méthode la plus aboutie est celle de Per Noste mais il aurait fallu mettre le paquet sur le gascon du quotidien dès le premier niveau.

  • Il me semble qu’il ne faut pas être prisonnier d’une seule méthode et qu’il vaut mieux croiser le plus de sources et de moyens possibles d’apprentissage .Cela permet d’affronter la diversité des parlers et de se familiariser aussi avec des situations d’emploi de la langue forcément différentes d’une méthode à l’autre comme le remarque Cristian.

  • Christian Coulon, dans Ce que “manger Sud-Ouest” veut dire*, chapitre "Dix recettes inédites pour dynamiser notre identité culinaire - Le soufflé de txangurro" va aussi pêcher des idées au Pays basque, et précisément à Donostia (San Sebastian), dont il a, comme de nombreux gascons peut-être, le souvenir de "joyeuses virées"*.
    Il théorise ainsi sa recette :

    « c’est, je crois, rester fidèle à la philosophie de ces fameuses sociétés gastronomiques basques que de s’appuyer sur la cuisine populaire pour s’engager dans des voies nouvelles. (...) partir du local, de ses produits, de ses manières de faire, et sur ce socle, élaborer une modernité sensible aux métissages. (...) un glissement d’une approche passive à une approche plus constructiviste de la basquité »

    Je m’inspirerais volontiers, pour la Gascogne, de ce "constructivisme", en le fondant sur le foisonnement des cultures locales du triangle gascon.
    Et ne m’interdirais pas, parallèlement, de déconstruire des "traditions" construites par de précédentes vagues créatives (foie gras, magret...) !

    * Comme le héros du roman de Christine de Rivoyre Crépuscule, taille unique.

  • Comment convaincre les « gascons résiduels » d’apprendre le gascon (voir post n°11 de ce fil ) ? Peut-être en ne les traitant pas de « résiduel » ? Pour ma part, j’ai passé l’âge de prendre mouche pour si peu. Mais Regaspro ne craint-il pas d’en rebuter ou d’offusquer plus d’un ? De plus, il faut considérer ce point : supposons que mon degré de « gasconnité » soit bas , disons de de 0,01% ( en arrondissant à la décimale supérieure), je serai toujours plus gascon que la Dame de Brassempouy, emblème de Gasconha.com. Vous n’allez pas nous faire croire que celui ou celle qui la sculpta il y a plus de 20000 ans parlait une sorte de vascon primitif ni que génétiquement nous soyons très proche d’elle ? Il y a eu tellement d’invasions depuis (voir le fil de discussion sur l’ADN des basques).

    La Dame de Brassempouy est très photogénique et rien que pour cela mérite d’orner un drapeau. Je la vois comme la mère symbolique de toutes les êtres humains qui passèrent, passent et passeront dans ce triangle rectangle délimité à l’ouest par un océan, au sud par des montagnes et par un fleuve sur son hypoténuse.

    Amicalement

    Jean-paul (celui de la colline)

    PS : « Gascon résiduel », cela me rappelle ce sociologue qui traita les français de « catholique zombie », il m’avait bien fait rire celui-là, il était en colère et en avait, je ne sais pourquoi, plus particulièrement contre ceux du sud-ouest :
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2015/05/07/emmanuel-todd-contre-les-illusions-de-la-france-du-11-janvier_4629131_3224.html

  •  « Espèce de gascon résiduel ! » Une insulte ?
    Bon, à propos de la tomate, un lecteur avisé a dit qu’il fallait dire variété et non espèce !
    Lo gost de la tomata* Culture en serre et circuits longs ; l’exemple de Marmande

    Mais par quel mot remplacer "résiduel" ? autochtone ? résistant ? mohican ? il parait que "de souche" est connoté... natif ?

     La Daune : je co-signe la totalité du paragraphe de Jean Paul du Cos à ce sujet ; allez, je recopie la 2e phrase : « Je la vois comme la mère symbolique de toutes les êtres humains qui passèrent, passent et passeront dans ce triangle rectangle délimité à l’ouest par un océan, au sud par des montagnes et par un fleuve sur son hypoténuse. »

  • Comment convaincre les « gascons résiduels » d’apprendre le gascon ? Je suis tout à fait d’accord avec GSG (voir son post n°21) quand il écrit : « Il me semble qu’il ne faut pas être prisonnier d’une seule méthode et qu’il vaut mieux croiser le plus de sources et de moyens possibles d’apprentissage ». Il ne manque plus que de les recenser et de les partager sur Gasconha.com ( à mon avis, mieux vaut éviter de tomber dans de vaines polémiques sans fin engendrées par cette histoire de degré de gasconnité ( !) comme discuté ailleurs sur ce site).

    En voilà une pour commencer à se faire (ou refaire) l’oreille : écouter Jean-Marc Mesples sur Radio Pais décortiquer et lire des pages des Almanac de la Gascougno en ayant l’Almanac concerné sous les yeux ( sur l’écran). Par exemple celui de l’année 2023 :
    L’émission :
    https://soundcloud.com/radio-pais/los-armanacs-de-la-gasconha-1923?in=radio-pais/sets/los-armanacs-de-la-gasconha
    L’Almanac 1923 :
    https://occitanica.eu/items/browse?search=&advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=86&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=contains&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=armanac+de+la+gascougno&advanced%5B1%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B1%5D%5Btype%5D=contains&advanced%5B1%5D%5Bterms%5D=1923&type=&tags=&submit_search=Recherche

    Il se peut que cette méthode ne soit valable que pour l’ouest du Gers ( Gascogne centrale d’un point de vue géographique), là où était édités ces Almanacs et où probablement on parle/parlait un Gascon moins pur qu’en Béarn ou dans les Landes.

    Amicalement

    Paul du Cos

  • Lo gran nondigas en hèit de reconquèsta deu gascon aquí l’atz : tot lo monde que’u vòu tornar apréner, ben. Mes rai deu metòde, nau de dètz (o mei) que daishan càder a la leçon tresau pr’amor, tè ! apréner a parlar plan ua lenco, que còsta temps e disciplina. Ta’us qui volhin, tot metòde que serà bon e mei que n’inventaràn. Que horucaràn la tela entà trobar materiau — que n’i a a barreis. Que començaràn a tot doç e chic a chic, d’un an tà l’aut que veiràn progrès, qu’amassaràn ahida.
    Mes si pénsatz que vòu arribar shens esfòrç, viste hèit e plan fotut, hicatz-v’i sau.
    Tanben : la motivacion que vien en aver quauquarren a díser, e shens que Adishatz, jo qu’aimi la garbura.


Un gran de sau ?

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