Manca de man d’òbra agricòla lo terçat ganhant C-H-C

- Tederic Merger

C-H-C ?
 Condicions (de trabalh, de paga, de lotjament, de transpòrt...)
 Hisença (Confiance)
 Colectiu

2021 - Lot-et-Garonne : un entrepreneur [producteur de fraises] propose 50 CDI... mais ne reçoit aucune candidature

La Dépêche :
« Est-ce les horaires variables ou la pénibilité de la tâche qui ont rebuté les postulants ? Malgré une large communication, Stéphane Pozzobon n’a donc pas reçu le moindre CV pour venir travailler dans sa nouvelle serre de fraises de 6 ha à Villeton, juste à côté de Tonneins. »

Avis de lecteurs de la Dépêche sur ce cas :
Le problème du transport sur le lieu de travail est mis en avant. Et, corrélé, celui du logement sur place...

« au prix du carburant les chômeurs ne peuvent pas se transporter au fin fond du 47 pour un smic. »
« personne va aller au fin fond du 47 pour ramasser des fraises pour des raisons pratiques et matérielles, distance, logement etc. Pour faire venir les gens, il faut une activité pérenne, on sait tous que l’ami fraisier ré exploitera des marocains dans quatre matins. »
« les chômeurs en grande majorité ne possèdent pas de véhicule. »

Remarque : "au fin fond du 47" ? c’est à 7 km de Tonneins...

« C’est embêtant ces départements ruraux : tout le monde connait tout le monde, le bouche à oreille a vite fait le tour des travailleurs saisonniers. Ces groupes font venir depuis 20 ans des Polonais, après avoir épuisé les réservoirs d’Espagnols et de Marocains. Pas d’offres de logement raisonnables sur place
(...)
L’attrait des jeunes vers Bordeaux et Toulouse

Il est loin le temps où la mémé du maraîcher préparait les repas midi et soir pour les saisonniers, les jeunes ont fait des études, ils sont partis sur Toulouse ou Bordeaux pour avoir un vrai travail, il serait temps de vous en rendre compte ! »

« Cela me rappelle ces viticulteurs qui se plaignaient de ne trouver personne pour faire les vendanges. (...) les agences ont bien reçu des dizaines de candidatures. Sauf que les demandeurs d’emploi n’avaient aucun moyen de locomotion pour se rendre dans les vignes... »

Et y aller à vélo ?

Mon test perso :
 aller en vélo électrique mode normal depuis Tonneins coeur de ville (où il y a du logement) jusqu’à la 1ère serre Chanaut (limite Villeton-Razimet) : 15 mn ; Google donne 20 mn à vélo pour 6,2 km ;
 depuis Tonneins coeur de ville jusqu’à la serre Aquisol (qui est un peu plus loin, commune de Razimet) :
Google : « 24 min (7,8 km) via D120 Principalement plat »
Autrefois on l’aurait fait ! ou à mobylette...
Mon expérience : beaucoup de circulation, dont des camions... on jugerait imprudent de prendre son vélo... donc, on va y aller en voiture parce que c’est le mode de transport normal, de même que le camion pour le transport de marchandises... civilisation automobile, ça se paye : au bout du compte, c’est l’employeur qui paye, s’il veut trouver de la main d’oeuvre, et s’il peut intégrer ce coût dans le prix de vente au consommateur... Sinon, ça coince...

Mais aussi, dans les commentaires de la Dépêche, la critique de l’assistanat qui enlève le goût du travail :

« il n’y a pas de questions a se poser tu veux travailler ou non et les chomeurs au bout d’un certain temps il faut arréter de les assister je reconnais que c’est plus facile de rester au lit le matin que d’aller ramasser des fraises »

Plus bas, nous verrons que des employeurs agricoles font la même critique en Algérie.

Et la confiance (Hisença) ?

mefia’t = méfie-toi
 J’entends dire que les employeurs se méfient des (rares) "français" qui postulent : pas assez travailleurs, trop exigeants... ils risquent de démissionner le lendemain...
Les employeurs apprécient (appréciaient...) de retrouver d’une année sur l’autre les mêmes équipes, en qui ils ont (avaient) la confiance que donne l’habitude.
 Mais les postulants peuvent aussi se méfier des employeurs (le bouche à oreille évoqué plus haut...).

Lo colectiu / le collectif

Le travail de récolte est collectif ; il faut une dynamique de travail, une entente entre ceux qui travaillent, et peut-être parmi eux des chefs ou des meneurs qui motivent toute l’équipe...
Ce sera plus facile si ce ne sont que des marocains, que des polonais... et pas un mélange de toutes origines...

Si nous voulons que les agriculteurs emploient de nouveau massivement de la main d’oeuvre locale, il faut aussi penser à la constitution locale d’équipes soudées par une culture commune, par le bonheur, aussi, de faire partie d’un groupe solidaire...
Un exemple :
Médoc : les gens du voyage, une main-d’œuvre précieuse dans les vignes

Le manque de main d’oeuvre agricole de par le monde :

(passages en espagnol non traduits : le gasconhaute saura lire une langue proche du gascon ! une aide : escasez veut dire rareté)

Grande Bretagne :
Escasez de mano de obra agrícola, ¿por qué no emplean británicos ?
Un agriculteur britannique dit qu’il a essayé en vain depuis des années d’employer des britanniques...

Mexique (2017)
Escasez de mano de obra, posible amenaza para productores mexicanos
« solo puede resolverse mediante el ofrecimiento de mejores ingresos y prestaciones a los trabajadores, combinado con condiciones apropiadas de estancia y bienestar para que permanezcan en el campo, transfiriendo este costo agregado al consumidor final »
Les employeurs du nord du Mexique (Basse Californie...) recourent à des travailleurs du sud du Mexique, mais c’est de plus en plus dur, surtout de les fidéliser !

Chili :
Malas condiciones laborales provocan escasez de trabajadores agrícolas
“un trabajador agrícola de unos 60 años se tenía que levantar a las siete de la mañana a trabajar y llegar a las siete de la tarde a su casa, con sol, con frío, con hambre, todo ese trabajo en terreno por 400 mil pesos, pero por otro lado puede recibir un IFE de 500 mil, entonces obviamente que ese trabajador que ha trabajado por 30 años va tomar esta posibilidad como un alivio y un descanso a su labor”
Encore la concurrence des aides sociales...

Espagne :
España : un país sin mano de obra pero con tres millones de parados y un 40 % de desempleo juvenil
Trois millions de chômeurs et 40 % de jeunes au chômage, mais la main d’oeuvre manque dans l’agriculture, comme dans le bâtiment et la restauration.

Se buscan empleados para el agro rural

« El importante desfase salarial entre el Este y el Oeste de la UE, junto con el derecho de libre circulación de los ciudadanos comunitarios, ha elevado considerablemente la migración intracomunitaria de los trabajadores agrícolas. Pero ésta, por sí sola, no satisface la demanda de trabajadores (especialmente en los periodos de producción muy estacional), por lo que los agricultores se están orientando cada vez más hacia mano de obra de países de fuera de la UE.

La alta demanda de trabajadores agrícolas extra-comunitarios, sobre todo en los países del Norte, Centro y Sur de Europa, se está viendo contrarrestada en la contratación, ante la complejidad de los trámites de gestión administrativa (cupos, retrasos en la evaluación de las solicitudes y expedición de permisos…) y supone una dedicación extra de tiempo y dinero para cumplirlos, con el riesgo de no llegar a tiempo para las labores de cosecha e incitando a su vez, a que las explotaciones puedan verse expuestas a contar con migrantes en situación irregular. »

La critique de l’assistanat aussi en Algérie :
Main d’œuvre agricole : La pénurie pénalise les producteurs

« Ali Boumeriche, producteur maraicher et céréaliculteur dans la région de Tizi Ouzou se dit étonné par l’attitude des jeunes chômeurs qui refusent carrément de travailler et préfèrent rester inoccupés. »

« un paysan de l’est du pays dans une vidéo partagée des milliers de fois sur les réseaux sociaux ces derniers jours adresse un message direct au chef de l’Etat pour lui demander de suspendre l’allocation chômage instruite il y a quelques mois. »
« Cette allocation est une prime pour encourager l’oisiveté, les jeunes ne veulent pas travailler, ils veulent l’argent sans fournir d’efforts en contrepartie. Nous, les agriculteurs, ne trouvons personne pour travailler. Des champs entiers de tomate, pomme de terre, melon, pastèque, qui ne trouvent pas qui ramassera les récoltes »

Conclusion provisoire :

Si la pénurie de main d’oeuvre agricole sévit dans des pays si divers - y compris dans des pays qui en exportent - c’est que le problème doit être costaud... nous ne le résoudrons pas dès demain en Gascogne !-)
A prévoir, des effets prix en chaîne :
 La rareté d’un facteur de production entraîne son renchérissement : le coût de la main d’oeuvre devrait augmenter.
 Une augmentation durable et substantielle du prix du pétrole pourrait rebattre les cartes, en augmentant le coût de la main d’oeuvre qui vient de loin.
 Le prix pour le consommateur final des fruits et légumes concernés sera tiré à la hausse !

Voir en ligne : Manca de man d’òbra agricòla (Ràdio País)

Grans de sau

  • (Données INSEE 2019, Dossiers complets des unités urbaines)

    % taux de chômage toutes tranches d’âge confondues :

    (Val de Dordogne)
    Libourne 16,9
    Castillon la bataille 18,6
    Bergerac (incluant Ste Foy la Grande) 16,5

    (Val de Garonne)
    Langon 15,3
    La Réole 18,7
    Marmande 15,7
    Tonneins 19,1
    Aiguillon 21,2
    Castelsarrasin 18,8

    (Val de Baïse)
    Nérac 15,6
    Condom 15,8

    (un exemple hors des grandes plaines agricoles)
    Casteljaloux 16,6

    % taux de chômage des 15 à 24 ans* :

    Libourne 34,2
    Castillon la bataille 37,7
    Bergerac (incluant Ste Foy la Grande) 30,8

    Langon 30,1
    La Réole 32,0
    Marmande 28,4
    Tonneins 35,0
    Aiguillon 42,4
    Castelsarrasin 32,2

    Nérac 32,8
    Condom 36,6

    Casteljaloux 31,5

    * Dans cette tranche d’âge jeune, dont souvent plus du tiers est au chômage, on devrait avoir un bon réservoir de main d’oeuvre en pleine forme - qui apprendrait à travailler... eh bien non...

  • Il y a bien un problème :
    Sud-Ouest :

    Selon le président Chapolard [de la FDSEA 47 - syndicat agricole, branche du département de Lot-et-Garonne], l’agriculture doit composer avec la concurrence de l’État en recherche de main-d’œuvre étrangère pour les constructions des sites olympiques pour les jeux de 2024.

    « La FNSEA est maître d’œuvre sur les contrats OMI [Office des migrations internationales, contrats permettant la venue d’étrangers via un contrat de travail saisonnier, NDLR]. L’an dernier, nous avons pu faire venir 1 200 personnes. Nous sommes sur une prévision entre 1 500 et 1 600 pour cette année.

    Donc, l’agriculture est dépendante d’une main d’oeuvre saisonnière qui vient de l’étranger par des dispositifs compliqués, et qui n’est même pas spécialisée dans l’agriculture, puisque les chantiers des Jeux Olympiques peuvent aussi l’attirer !
    Pendant ce temps, localement, un tiers des jeunes sont au chômage (voir mon gran de sau précédent), et on apprend aussi que les Restos du Coeur sont pleins comme jamais... !
    Comment dit-on en gascon "On marche sur la tête" ? Qu’ac poderi demandar benlèu a ChatGPT ?... revirada.eu traduit par "Que’s marcha suu cap"... un peu trop calque littéral, non ?

  • Au delà des jeunes, il y a un problème général d’articulation des systèmes d’assistance (RSA et alloc chômage) avec les revenus de retour au travail. Au lieu d’un système flexible, on a une rigidité qui dissuade les bénéficiaires d’allocations de retourner au travail parce que les revenus du travail seraient inférieurs aux allocations.
    Qu’èm caduts suu cap, òc !


Un gran de sau ?

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