Un quartier de Saint Sever de Rustan s’appelle « parsan de Ris ». Il s’agit des terres situées entre la D14 et l’Arros, sitôt passé le carrefour d’entrée du village en montant vers le Nord. C’est un terroir plat drainé vers l’Arros.
Les sources écrites donnent :
• 1524 : terre située au parsan de Ries, confront du midi : chemin de la rivière pour l’abreuvoir, couchant rivière de l’Arros.
• Terriers du XVII et XVIII : Rÿes/ Ries
• Cadastre 1810 quartier de Ries.
Les enquêtes orales donnent « que m’en vau tà Ris [‘rih] ». Le s final devient une aspiration comme le veut l’accent du gascon rustanais.
On note aussi l’absence de A prosthétique pour ce toponyme (on attendrait Arrís... du moins à l’oral) dans une zone où il est quasi général. Cette particularité est aussi présente à Cabanac (voir plus bas). Par contre, les toponymes similaires de montagne ont tous le A prosthétique.
Toponymes proches dans les Hautes-Pyrénées.
Cabanac (vallée de l’Arros, au sud de SSR) : « quartier de Ris », « arriu de Ris ». L’enquête orale montre que la prononciation est différente : « que m’en vau tà Ris [‘rich] ». Dans une zone où le gascon présente la même phonétique qu’à SSR, le toponyme présente un S chuinté, comme dans le mot « un pish ». Il faudrait donc écrire ce toponyme en gascon « parsan de Rish ». L’origine du toponyme semble donc différente…
Bouilh-Péreuilh (confrontant SSR) : le terrier de 1770 (26) mentionne le parsan "...a Louris", mais Lou est-il un article ou fait-il partie du toponyme ?
Ris. Commune du Louron. En gascon : « Arrís » [a’rris]. Dans son dictionnaire toponymique des Hautes-Pyrénées, Michel Grosclaude avoue se trouver devant un toponyme tout à fait obscur. Il émet l’hypothèse d’un étymon pré-indo-européen (h)arri (= pierre, rocher) suivi d’un suffixe -tz. La topographie du village rend l’hypothèse possible.
Arris. « Eth Arrís (1418m) » est la dernière sommité avant « era pena de Lherís » (le casque du Lhéris, montagne au dessus de Campan) ». Il existe aussi en contrebas « eth potz d’Arrís », petit gouffre. L’hypothèse de Michel Grosclaude pourrait tout à fait convenir pour expliquer ce toponyme.
Note sur le toponyme « Lherís » : Era pena de Lherís, eth còt de Lherís, eth arriu deth Lherís… Simin Palay indique que « eth lherís » est le nom en gascon du Haut-Adour du lys de Pyrénées. Pour lui, c’est l’explication du toponyme, cette montagne étant réputée pour sa flore extraordinaire. On l’admettra tout en remarquant cette terminaison « …rís » qui se rapproche deth Arrís, sommité à quelques centaines de m.. !
Si les « Ris/ Arris » de la montagne ont peut-être une explication pré-indo-européenne, les « Ris / Rish » des terres profondes de la vallée de l’Arros, loin de tout rocher, restent toujours entourés de mystère…