Nom gascon de localités situées en Pays Basque P. Dibon

Une idée m’est venue, celle de donner le nom gascon de localités situées en Pays Basque.

Cela me semble intéressant car la plupart des noms de communes actuelles sont le résultat d’une romanisation (gasconne surtout) de noms d’origine basque.

Pour le Labourd (dans sa globalité) :

GUICHE (gasconophone) : prononcé ’GUICHE par les gascons du village.
L’IBG choisit deux graphies, GUICHE et GUIXE. BBF, elle, choisit la graphie normalisée "occitane" et écrit GUICHEN (avec accent aigu sur le I). Cette dernier graphie retranscrit bien la prononciation locale me semble-t-il.
GIXUNE en basque.

BARDOS (maj bascophone) : prononcé BAR’DOS par les gascons du village. BBF propose BARDOS (avec accent grave sur le O).
BARDOZE en basque.

Grans de sau

  • Pour ainsi dire, toutes les communes basques du Labourd, de Basse-Navarre ou de Soule nous sont parvenues dans les versions gasconnisées, avec cependant des foyers de plus forte résistance un peu aléatoires.

    Je peux si ça amuse fournir la liste entière des noms, je m’étais amusé à la faire.

  • Avec plaisir Vincent P. !

  • URT (gasconophone) : prononcé URT par les urtois. L’IBG propose deux graphies, UR et URT.
    BBF propose URT, qui transcrit bien la présence du T final prononcé et étymologique.
    AHURTI en basque.

    URCUIT (maj bascophone) : prononcé UR’CWOEUIT en gascon. BBF propose URCUEIT.
    URKETA en basque.

  • Labourd :


     Briscous : Briscós

     Lahonce : Lahonça

     Mouguerre : Moguerre

     Saint-Pierre-d’Irube : Sent Pèr d’Irúber

     Bassussarry : Bassussarri

     Arcangues : Arcangues

     Arbonne : Arbona

     Bidart : Bidart

     Guétary : Guetaria


     Ahetze : pas de version gasconne attestée, un des rares cas du genre, même si la forme de 1249 laisse entrevoir ce qu’aurait été la gasconnisation ("de hetsa"), quelque chose comme Hesse.

     Saint-Jean-de-Luz : Sent Joan de Lus

     Ciboure : Cibore (en fait, le u/ou final du basque buru est depuis longtemps interprété e "negue" en gascon local, comme dans Arcangues, qui était en ancien gascon Arcangos)

     Urrugne : Urrunha

     Hendaye : Hendaia

     Serres : Zerra en basque, c’est un toponyme gascon transparent.

     Ascain : Ascanh (le gascon a palatisé la finale comme le souletin)

     Sare : Sara

     Saint-Pée-sur-Nivelle : Sent Pèr

     Aïnhoa : Ainho (les formes anciennes gasconnes sont claires, on palatisait le groupe prononcé détaché en français régional et basque n.h)

     Souraïde : Soraide

     Espelette : Espeleta

     Ustaritz : Ustárits

    Jatxou : Jatso (une vraie forme gasconne n’aurait probablement pas le t fricatif, on aurait Jasse, cf Ciboure pour le u final basque)

     Villefranque : Vielafranca

     Halsou : pas de forme gasconne non plus sauf l’adaptation "Halso", une vraie forme gasconne serait Hausse.

     Larressore : c’est l’ancien Saint Martin d’Arribère Longue, Larressòre en gascon (là encore o final basque)

     Cambo : Cambo

     Hasparren : je ne sais pas si l’accent est porté sur la finale ou l’avant-dernière syllabe. Le cas de Libarrenx en Soule laisse penser qu’il n’y avait pas recul de l’accent tonique sur le basque barren lorsqu’il était adapté en gascon (alors que d’autres finales avec n sonore comme le suffixe -un a disparu par recul de l’accent : cf Bidache)

     Bonloc : Bonlòc


     Mendionde : Mendionde

     Gréciette : Grecieta

     Macaye : Macaia

     Louhoussoa : pas de forme gasconne, serait probablement Lohosse.


     Itxassou : pas de forme gascon, c’est vraiment le Labourd rétif aux pénétrations culturelles gasconnes, Itsaso en gascon du coup, mais une forme authentique aurait pu être quelque chose comme Ichasse en phonétique française (cf Ichas, patronyme charnégou)

  • Lehounse, Mougueurre et Haspar en gascon.

  • Oui, c’est exact, Lahonça ne peut pas rendre correctement la prononciation, donc Lehonça (prononcé Leuhounçe). Pour Mouguerre, le Moguerre normalisé se prononcera Mougueurre.

    Quant à Hasparren, heureux d’apprendre que l’on dit Haspar, ce qui est conforme à l’autre théorie que j’avançais, à savoir qu’il y a bien eu recul de l’accent tonique, ce doit être quelque chose comme "Hasparre" donc.

  • Non, c’est bien Haspar, avec R prononcé roulé à la fin et H soufflé.
    Hasparr. C’est ainsi que disait Georges Duhart, gascon de Labastide Clairence, que j’ai connu et avec lequel j’ai souvent parlé avant sa mort prématurée.
    On peut avancer une orthographe Hasparn, en normalisé, étant donné que le -N final ne se prononce pas toujours, cf. your(n), pèyis de Bor(n), Biar(n) etc...

  • BAYONNE (maj gasconophone) : prononcé BAY’OUNE en gascon. BAYOUNE est la graphie de l’IBG, BAIONA en graphie normalisée.

    ANGLET (maj gasconophone) : prononcé AN’GLEUT en gascon. ANGLET en graphie normalisée.
    L’IBG met un accent aigu sur le E, ce qui ne tient pas compte de la prononciation locale.

  • BIARRITZ (maj gasconophone) : prononcé ’BIARRITS en gascon. Comment orthographier le suffixe basque à sifflante -i(t)z ?

    ARBONNE : pouquoi ne pas écrire ARBÒNE ?

  • GUETHARY : le A final de GUETARIA correspond au A de l’étymon basque ? Comme il ne figure plus dans le nom officiel, pourquoi ne pas l’enlever en gascon ?

    SENT-JEAN DE LUZ : comment savoir si l’on choisit JAN ou JOAN pour JEAN ?

  • Pour Guétary, en gascon de l’Ouest, -ia final est prononcé simplement -i, c’est une convention.
    Du reste, Guétary comme Getaria semblent être des formations romanes, carrément gasconnes, sur "gué", avec le suffixe -aria.

    Pour Arbonne, il me semble qu’on dit Arboune, ce qui serait logique. D’où Arbona en alibertin.

    Pour Biarritz, aucune raison en fait d’utiliser le z car en gascon, s et z sont confondus en un même son, donc -ts, voire -s, car pas certain que la fricative s’entende toujours.

    Pour Hasparren, c’est très intéressant, cela signifie que le recul de l’accent tonique a carrément éliminé toute trace de la syllabe finale.

  • IBARRON : le suffixe locatif basque -un pourrait bien se notait -on [un] en gascon, d’où IBARRON.

    AINHOA : pourquoi ne pas garder le a final ?
    Certaines attestations anciennes indiquent AINHOUE, AIGNOUE... il me paraît donc légitime de rétablir AINHOA en graphie normalisée.

  • Basse-Navarre : (je suis l’ordre du livre d’Orpustan)

    1. Pays de Mixe (Micsa en gascon)

    a) Mande d’Outre-Bidouze


     Uhart-Mixe : Uhart

     Larribar : Larraivath

     Sorhapuru : pas de version gasconne, on aurait Sourapoure

     Lapiste : Lapista

     Béhasque : Behásquen

     Saint-Palais : Sent Pelai

     Aïcirits : pas de version gasconne, serait plutôt Assíri(t)s, avec probable recul de l’accent tonique

     Arbérats : Arberats

     Sussaute : Sussauta

     Sillègue : Silego

     Arbouet : Arboet

     Camou-Mixe : Camon

     Suhast : Suhast


    b) Mande de la Barhoue


     Orsanco : pas de forme gasconne, on aurait Ossancou, quelque chose comme ça

     Beyrie-sur-Joyeuse : Veiria (j’ai demandé à une amie à moi qui habite justement dans la vallée de la Joyeuse comment l’on disait en basque le nom de cette rivière, sa réponse : "on ne le dit pas")

     Garris : Garrís

     Oneix : Oneis

     Amendeuix : Aminduish

     Gabat : Gabat

     Ilharre : Ilarra

     Sumberraute : Sumberrauta

     Luxe : Lucsa


    c) Mande d’Ahetze


     Béguios : Beguiòs

     Labets : Labets

     Biscay : Biscai

     Charritte : Sharrita

     Arraute : Arrauta

     Masparraute : Masparrauta

     Succos : Sucòs

     Amorots : Amoròs

     Orègue : Oréguer

  • Pour USTARITZ, la graphie gasconne ne doit pas plutôt comporter un accent grave sur le A ? "Ustàrits" ?

    ARRAUNTZ : ARRONTS en gascon ?

  • J’entend parfois quelques personnes d’origine biarrotte prononcer justement ’Biarriss lorsqu’elles évoquent Biarritz, en français.

  • Je l’ai déjà dit, mais ça vaut la peine d’être redit, ma mère m’a rapporté que son père (à Réaup, en Albret, donc à environ 200 km de Biarritz) prononçait ’Biarrits, donc avec l’accent tonique sur "Bia" et la sifflante "ts" à la fin.
    Je trouve remarquable qu’une prononciation gasconne et tellement incompatible avec le modèle français ait pu se maintenir jusqu’au 20e siècle et si loin du lieu nommé.
    J’y vois une preuve d’un bassin de vie sur toute la Gascogne, donc d’un "système gascon" qui a longtemps résisté au "système français", pour reprendre des mots de l’historien Braudel.


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