Tranche de vie Vincent.P

- Vincent P.

Collègue de travail. 26 ans, en couple, sur le point de faire construire dans le Sud-Toulousain, aux confins de la Gascogne. Je l’ai bien avertie du danger qu’elle avait à s’enterrer à la campagne loin de la ville où elle travaillera fatalement, les transports, l’enfermement pavillonnaire, tout ça ...
Une gare pas loin qu’elle dit, tant mieux alors ...
Mais est-ce le destin d’un jeune couple que de vivre cette vie de galère ?
Un appart en périphérie immédiate de Toulouse, c’est aussi bien ...

Passons, on ne peut rien faire contre les fantasmes contemporains, même si dans les faits ils aboutissent à des inepties d’un point de vue de l’aménagement du territoire.
Elle m’a surtout confié ceci : son lotissement s’appelle "Couradou del Païs".
Ses mots, avec accent toulousain très fort : "j’ai honte de dire mon adresse, j’aurais préféré quelque chose de normal, Rue des Chênes, quelque chose comme ça".

Tant que les militants régionaux n’agiront pas dans le but de rendre leur fierté aux sonorités de l’ancienne langue, ils se trouveront toujours face à ce mur de mépris, dressé par les autochtones eux-mêmes.
Et la graphie alibertine n’est d’aucune utilité, elle n’est source de dignité que pour quelques latinistes et autres médiévistes des facultés ...

Je passe évidemment sur le fait que la maison qu’elle fait construire est une saloperie méditerranéenne.
Mais en l’espèce, c’est pas sa faute, c’est son mec (d’origine portugaise et dans l’artisanat), elle, elle voulait retaper une petite toulousaine de brique, c’est chou.

Grans de sau

  • 1- Sui estomagat per çò que ditz ta collèga... mès pas esmiraglat ! (estonat)
    2- Es pas grave qu’un ostau èsti de tipe mediterranean, l’essenciau es qu’èstin adaise dedens...e qu’i parlin gascon !! ;)
    3- Ès redde amar... Quò’s pas bon per tu ni mèi per digun ;|

  • Cela me rappelle les commentaires sur V.D.M. (pour ceux qui connaissent) tu vas encore te faire des amis Vincent mais je ne doute pas que tu ais malheureusement raison.
    Ce n’est pas parce que ce sont des promoteurs ou aménageurs que ce sont forcément des lumières… et puis tu vois par exemple en Corse ces choses-là n’arrivent pas pour la simple raison que les promoteurs sont corses : qu’ei atau

  • "Es pas grave qu’un ostau èsti de tipe mediterranean, l’essenciau es qu’èstin adaise dedens...e qu’i parlin gascon ! ! ;)"

    Mès justament, si n’an pas la fiertat de l’eretatge gascon, ne van pas construíser gascon, e ne parleran pas gascon tanpau !

    A force de faire du hors-sol, de défendre l’apprentissage de "l’occitan" non par un ancrage identitaire et territorial, mais par utilitarisme pédagogique, on se trouve démuni à Orthez devant une fronde de "parents MacDo", qui veulent bien le bilingüisme, mais français-anglais only.
    Ma grand mère disait : "à malin, malin et demi". On peut dire ici : "à hors-sol, hors-sol et demi !".

    En refusant de s’appuyer sur un ancrage identitaire fort, l’occitanisme jacobin s’est privé de la seule chance de succès dans son face à face inégal avec l’Etat jacobin français.

  • Que les choses soient claires : c’est une fille que j’apprécie particulièrement, je ne fais que faire état des propos anodins d’une personne lambda, et en quoi cela nous permet de nous faire une idée de la sociologie des habitants de notre région.

    Ce n’est pas la première fois que l’on me confie de telles choses, notamment sur la honte induite par une présence trop typée de la langue vernaculaire. Cela fait plouc.

    Quant au débat du hors-sol, je crois malheureusement que les occitanistes sont conscients de ce qu’ils font, à savoir que nous sommes face à un mouvement qui vomit tout sentiment identitaire et qui a pour seule passion "la" langue.
    Ils ne parlent que d’elle, ne vivent que pour elle, ils en ont fait une abstraction totale, coupée de tout contexte socio-économique ou ethno-culturel.
    J’ai même envie de dire qu’ils se moquent par qui "la" langue est parlée, même de comment elle est parlée, ce qui importe, c’est qu’elle soit encore là.
    L’amour fou ne fait pas une politique intelligente.

  • Si je résume ce que tu dis, le ver est dans le fruit … alors débarrassons nous du ver.

  • Ca ne m’étonne pas non plus.

    Conformisme, ignorance entretenue, désir de bien faire. Les réflexes typiquement régionaux s’effacent parce qu’on a tout fait pour les chasser. Ce qui allait de soi en 1970 est aujourd’hui en loques.

    La honte intériorisée est l’acquis des nouvelles classes dirigeantes (voire des anciennes) ’french-minded’. C’est un système, ça tourne tout seul.

    F. Fontan disait souvent que "la langue est le critère synthétique de l’ethnicité". C’est vrai en gros, mais terriblement réducteur.
    Il faut être coupé du réel pour ne pas voir l’insuffisance de la définition, tant en Europe (Suisse, Croatie, Serbie, Ecosse) qu’au niveau régional "français".

    Et quelle langue ?
    La langue comme substitut à l’identité perdue ? Comme instrument d’un lien social ? Comme gratification affective aléatoire ? Comme posture ?

    La réduction à une langue hors-sol ramène l’appartenance à une option immédiate, éphémère et individuelle.
    Or, un peuple n’est pas une collection d’individus unifiés par une étiquette.
    La notion de personnalité ethnique (au sens exact du mot : appartenance à un groupe humain historique et culturel auto-défini sur la longue durée) est étrangère à la pensée française, et au droit français des minorités nationales (d’où le refus de ratifier le charte des langues régionales, qui n’a rien de surprenant).
    L’interdit sur le concept empêche la pensée et annihile la capacité de résistance.

    En soixante ans les attitudes des occitanistes (générique non polémique) ont varié. Pourquoi le ’revival’ n’a-t-il pas pris, ou si mal ? Bref, où sont les peuples réels ?
    Peut-être était-il déjà trop tard. Sans doute certains n’ont pas voulu sauver un peuple mais flatter leurs fantasmes.
    Les provincialistes, pour leur part, n’ont pas posé les questions de fond.
    Trop de disputes ont brouillé les raisonnements, d’autant plus virulentes que l’agonie de la langue et de la fierté paysanne (brisée entre 1914 et 1950) laissaient la place libre aux grands débats des spécialistes en bocal et des institutionnels. Sur les décombres des peuples réels, dont les Gascons.

    On peut enseigner une langue, même la rendre obligatoire, généraliser la signalétique bilingue ; mais les autres dimensions de la vie, même si on les met en slogans, ne se plient pas si facilement aux projets doctrinaires.
    Quelle conception du peuple et de l’appartenance pourrait sauver ce qui peut encore l’être et le projeter dans une dynamique de reconquête ?
    Attention à ce que le tout-linguistique et le hors-sol ne fabriquent pas des coquilles vides. Nous aurions alors nos villages Potemkine à nous.

  • Je suis d’accord avec toi, Vincent, sur cette idéalisation que se font les occitanistes de la langue. Mais pas tous.

    "L’amour fou ne fait pas une politique intelligente." La haine est donc plus efficace. Ca fait pas un peu hitlérien ça ?

  • Gaby, vous valez mieux que ça !
    Utiliser la référence nazie pour essayer de mettre en difficulté vos contradicteurs n’est pas digne.


Un gran de sau ?

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