Obsèques dans la famille en Béarn. Vincent.P

- Vincent P.

Préparation de la cérémonie en concertation avec la paroisse.
Demande à ce que "Boune Maÿ dou Boun Diu" soit interprété. Refus.
Motif : "Pas assez de monde ne saura le chanter".

P.-S.

Condoléances pour le décès, pour le refus et pour la situation qu’il traduit.
[Tederic M.]

Grans de sau

  • Il vaut mieux toujours cela que la distribution, comme ce fut le cas lors des obsèques d’un autre membre de la famille, des paroles en graphie alibertine, rendant de ce fait impossible la communion de tous dans le chant ...
    Même chose à la messe de minuit.
    La graphie classique a coupé les derniers locuteurs malhabiles de leur langue.

  • Il y a six ou sept ans, cérémonie d’anniversaire de décès à A. (un an après).
    Huit personnes d’âge moyen. Lecture et bénédiction.
    Chant : ’estela de la mar’ ou un autre (je ne sais plus). Totalement inattendu, tombe comme la foudre. Saisi par trop de choses...

    L’Eglise n’a pas pour fin d’illustrer les héritages populaires. Elle use des vernaculaires pour des raisons pratiques et se plie à la politique dominante, pour durer et influencer.

    Elle a un temps fondé son conservatisme sur les idiomes jugés protecteurs des moeurs anciennes (sous la IIIe République) : breton, gascon béarnais, etc. ; elle fonde aujourd’hui son ouverture sur un universalisme qui ne leur laisse plus aucune place.

    Sa doctrine officielle n’est pas à l’enracinement.
    Une messe en patois une fois par an, pour Noël, c’est assez bon pour ces fidèles "sociologiques", qui ont la faiblesse de demander des rites hérités, montrant par là leur mauvaise volonté à s’adapter à l’Esprit du Temps.
    Quant à la frange la plus conservatrice des catholiques, elle honore Jeanne d’Arc, qui est pour les Gascons la sainte de l’ennemi.

    Dans les deux siècles écoulés, de nombreux religeux ont bien servi la langue gasconne et l’érudition. Nous leur devons des études de toponymie, des poèmes, etc.
    Le bas-clergé breton ou flamand était attaché à sa langue, mais l’histoire a liquidé ces attitudes.
    Ce temps n’est plus et les séminaires ne font pas place aux valeurs périmées des gens ’tels qu’ils furent’. C’est le prix auquel se paye une religion universaliste.

    La mort avait ses usages : administration des sacrements, glas, visites au mort, toilette funèbre par les voisins (et seulement par eux), établissement du ’rama’ ou liste des donataires, cérémonie, cimetière, messes de rappel.
    Mort d’un apiculteur : ne pas oublier de mettre un crêpe noir sur les ruches, sinon les abeilles s’enfuient (cas d’un de mes trisaïeux).
    Société morte, rites éteints comme le pain bénit offert le dimanche par la famille X.
    Peuple mort, les vivants ne sont-ils plus qu’au cimetière ?

    Solution : s’il est prévu de lire des textes, en lire un en gascon sans prévenir, et un long. Et entamer autre chose que le chant prévu (mais là c’est "combien de divisions ?")

    Et faire des courriers à la presse (plus efficace qu’on ne croit).

    L’Eglise de France est objectivement du côté des forces hostiles ou indifférentes. Il doit bien exister des exceptions. Où ?

    Condoléances,
    PJM

  • Pour ma part, je refuse de mourir si mes funérailles ne sont pas accompagnées de chants gascons, en polyphonie de préférence.

    J’accepte "L’Estela de la mar" bien qu’en désaccord avec le contenu.
    Essai de liste :

     Hami de viver (mais pour moi, ce sera cuit !)

     Qu’èm ço qui èm (de Nadau)

     L’Imne landeus
    Qu’ei tot, peu moment...

  • Malheureusement dans ces moments difficiles de douleur que sont la mort d’un proche, les chants et en particulier ici en Béarn ont toujours accompagné ceux qui partent pour le grand voyage.
    Certains curés font partie plutôt de la mouvance dite écriture "phonétique"..
    Par contre je peut témoigner pour les obsèques de mon père et d’amis proches nous avions communiqués des livrets écrits en graphie classique et les messes furent chantées sans soucis.
    En fait peu importe les graphies, pour des chants dits traditionnels comme "Bona mair deu bon diu", les gens les connaissent par coeur et ceux qui veulent chanter chantent.
    Par contre un curé qui interdit ces chants, je trouve ça lamentable et peu importe la raison.

    Je vous invite a écouter une de nos créations qui date de quelques années
    "Lo naviu de neu" que nous avions écrite en hommage à un grand ami des Pagalhos ; c’est une chanson sur la mort mais aussi sur l’espoir.
    Elle a fait le tour des enterrements du Béarn, en écriture classique.
    Ce n’était pas le but premier mais la vie..
    Adishatz que’ts dèsiri a tots totun ua longa vita.

  • En Béarn, on appelait « Escot » la collation après l’enterrement.
    pouvez- vous confirmer, et si oui, quelle est l’origine de cette appellation ?

    • Il peut y avoir un rapport avec la définition que Palay et Lespy donnent pour escot :
      « écot, ce que chacun paye pour une dépense faite en commun »
      Cela dirait qu’autrefois la collation qui suivait l’enterrement était justement accompagnée d’un écot...

  • Bonjour,
    la plupart des dictionnaires donnent comme origine du nom Lauroua le mot arrou, herbe dure de montagne.
    mais j’ai relevé un jour, je ne sais plus où, que la racine de Lauroua pouvait être Auron, Lauroua signifiant alors un lieu planté de noisetiers (habituellement abérou en Béarn).
    Mon père m’avait effectivement parlé de noisetiers.
    pouvez- vous m’éclairer sur cette source ?
    (et merci pour Escot, je faisais faute de mieux la même déduction)
    cordialement


Un gran de sau ?

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