Aure Pyrénées

Arreau / Àrreu

L’accentuation en gascon sur l’initiale ne laisse aucun doute : c’est le traitement généralement réservé aux toponymes d’origine basque.
Mais pas seulement à eux : la chute de la syllabe finale est le processus gascon par excellence de réduction des étymons latins.
Il y a alors hésitation sur la finale. Le latin "tepidu" par exemple donnera tantôt tèbi, tèbe.

"de Arre", "de Arreh" en 1237. A priori, le toponyme reste énigmatique. La prononciation actuelle est disparate : ’arréw ou ’arrou. C’est assez caractéristique de ce que nous indiquions précédemment.
Et comme ce processus touche souvent les toponymes basques, on peut supposer au fond comme étymon un simple "(h)arri", au sens de pierre.

La diphtongue finale est cependant étrange. Elle doit être assez moderne.

Grosclaude propose "Àrreu" comme nom gascon, "Arro" convient aussi au vu de la prononciation (et pas besoin d’accent à l’initiale parce qu’il n’y a plus de diphtongue finale).

[Edit : Photo de l’été 2016, depuis les premières pentes du col d’Aspin.]


 

 

Lòcs (lieux-dits = toponymie, paysage...) de Arreau / Àrreu :


 

Documents


 

 

 

Grans de sau

  • Peut etre :harri,piedra ou Herri :pueblo

  • Juste à côté se trouve Barrancoueu. Attesté Barrancue en 1238, puis Barrancuel dans le même texte. Barrancuello en latin en 1387.

    A mon avis, il s’agit de fausses latinisations qui essayaient d’expliquer la diphtongue finale (comme le dit Grosclaude, barrancuello aurait donné barrancuèth). Et il n’y a pas en gascon de suffixe -el qui se vocaliserait.

    Grosclaude note une prononciation actuelle qui serait "Barannkou’wèw".

    On cherche donc à identifier ce suffixe. Je me demande si au fond, il ne s’agit pas du mot brut "barràncou", très fréquent en zone pyrénéenne (cf Barinque), accentué donc sur l’avant-dernière syllabe. On retrouverait alors cette drôle de diphtongue des finales atoniques comme dans Arreau (ce que le premier texte a du mal à noter : Barrancue).

    Avec le temps, comme dans la tendance naturelle de la langue, l’accent tonique serait repassé sur la finale qui est une diphtongue.
    Cela rendrait le maintien de la prononciation d’Arreau d’autant plus étrange, même si c’est plus aisé sur un mot aussi court. Barrànkouew est plus difficile à prononcer.

  • On trouve cependant dans la toponymie gasconne, et ailleurs que dans les Pyrénées, un suffixe -eu (-èu ?).
    J’ai l’exemple de "Gojateu" (noté "Gouyatéou") à Sos.

  • Oui, ce suffixe existe.
    Pour les prénoms, Berganton en donne les divers étymons : soit le latin -aeus (Bartholomaeus donnera Bertomiu) auxquels l’on ajoute les prénoms bibliques (Miquel, ...), soit dans ces cas plus rares, issus du latin -ellu sans qu’ils aient subi le traitement gascon (par exemple, au XIIIème siècle en Astarac, Carbonellus de Larroca devient Carboneu de Roca dans un autre texte).
    Il s’agit d’une influence toulousaine : le prénom arrive sous sa forme languedocienne en -èl et est vocalisée en gascon -èu.

    Dans le dictionnaire de Palay, après élimination des gallicismes et des termes de la Gascogne toulousaine, Berganton constate cependant l’existence de 190 mots terminés en -èu.
    Exemples : cotèu (sur coth) "atteint d’une déformation du cou", haubarèu (sur harbau) "folâtre", ...
    Berganton fait l’inventaire des nombreuses hypothèses, il semble que la plupart font état de glissements fautifs (confusion -òu/èu comme simbèu qui a pour dérivé simbòlo, créations de masculin sur le féminin : estèu sur estèla, ...). Il y a même des confusions avec -et : arrivèu pour arrivet (influence du français ?).

    In fine, il ne semble pas qu’il existe un tel suffixe : il est souvent la conséquence de la déformation d’un autre suffixe ou une simple francisation.
    Parfois même, il pourrait s’agir de résidus diglossiques, d’une époque où cohabitaient le terme gascon et le terme languedocien gasconnisé.
    En Bigorre montagnarde, pinsanèu ("élégant avec affectation") fait son féminin aussi bien en pinsanèra qu’en pinsanèla.
    La chaise dans certains endroits se dira escabèth (latin scabellum) ou escabèla, voire escabèu qui est le terme du Couserans et que l’on trouve chez Lespy.

    On touche là à des phénomènes complexes de francisation, de languedocianisation, bref de la manière dont le gascon a pu intégrer ces éléments "étrangers".

  • Berganton, qui ne trouve pas d’étymon pour Barrancoueu, note comme lieux-dits du côté d’Arreau : ruisseau de Hourcoueu (qui coule dans un vallon montant vers le lieu-dit "Hourquette d’Ancizan") et la crête de Grascouéou.
    Il se passe quelque chose dans cette région.

    Pour le premier terme, on peut supposer que le terme soit tout simplement "horca", prononcé /’hourco/ et que dès lors, comme dans barranco, la finale -o se diphtongue mystérieusement en ouéw (puis déplacement de l’accent tonique ?).


Un gran de sau ?

(identification facultative)

  • [Se connecter]
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document