Bazadais

Aubiac


 

Lugassey


 

Grans de sau

  • Le château Fougassey (Hont Gassèir ?) existe à Saint-Germain-de-Grave, ce qui suggère un mot "gassèir" (gassey).
    Alors, Luc-Gassèir ?
    Ou alors, Luc-Acèir (Lassey existe dans le sud du département 40) ?

  • Est-ce que "gassez" ne pourrait pas venir d’"agassèir", l’endroit où il y a des pies ?
    Ou alors c’est un nom propre. Il y a bien Gassie.

  • A ma connaissance il n’y a pas de Lugassey à Mazères mais seulement à Aubiac.

    Réponse de Gasconha.com :
    Votre remarque est confirmée par l’IGN.

  • Est-ce bien important ?

  • Etonnantes hypothèse que je découvre !

    FOUGASSEY (le HOUGASSEY au XVIIIe siècle) : en français ’’fouacier’’, ailleurs en oc fogacièr, peut signifier ’’pâtissier, boulanger, fabricant ou marchand de galettes’’ mais aussi comme chafre ’’amateur de galettes’’.

    LUGASSEY : je pense que ’’assey’’ n’est pas un mot en soi mais plutôt une double suffixation de luc. Peut-être luc+-às+-èir = ’’celui qui habite dans les grands bois’’ ou ’’étendue avec des boisements mal déterminés ou broussailleux’’

  • Oui Gaby. Je redécouvre ces hypothèses d’il y a 12 ans, et constate qu’au fil du temps, des recherches continues sur l’origine des noms modifient - améliorent, j’espère - le jugement du chercheur.
    Pour Lugassey et Fougassey, je n’irais plus trop chercher aujourd’hui vers un mot gassèir, mais plutôt comme tu le dis vers une agglomération de suffixes +-às+-èir sur des mots racines.

  • 12 ans, déjà !

    Dans tous les cas, plusieurs questions se posent :

     Dans le cas de Fougassey, il s’agit de savoir si nous avons là en effet un nom de métier sur fougasse, ou un dérivé classique sur le nom gascon de la fougère.

    Cette question se posait déjà, years ago, pour le lieu-dit médoquin "Vire Fougasse".

    (Soussans)
    Vire Fougasse

     Plus généralement, nous aurions besoin d’une typologie rationnelle de l’usage du suffixe -èir en nord-gascon, du latin -ariu, comme nous le savons, -èr en gascon méridional.

    Il sert à former les noms de métier, comme le français -ier, c’est entendu. Mais possède-t-il d’autres usages établis fermement ? Je pense notamment à la formation d’ethnonymes, type Rouchaley, qui semble signifier "Rochelais" (au sens d’originaire de "La Rochelle").

    Pour revenir à Lugassey, l’on peut théoriser alors qu’il indique, à défaut d’un nom de métier, la personne originaire d’un lieu-dit Lugas "grande forêt".

    Néanmoins, il semble net que le suffixe -èir, et de manière plus générale -èr en gascon méridional, a été usité également comme suffixe locatif, tout comme le suffixe -eria, cf français -erie. Par exemple, les lieux-dits La Loubère, équivalents du français La Louvière ou La Louverie.

    L’acception locative était l’utilisation originelle du suffixe neutre latin -arium. Elle dérivait, il semblerait, de la suffixation pour créer des noms, en -arius,a. Tout ceci, évidemment, en langue romane, a fusionné sous la seule forme -è(i)r, a.

    Bref, -èir peut former des substantifs de type métier ou d’origine comme être utilisé en tant que suffixe locatif. A confirmer statistiquement.

     Ne pas confondre -èir avec le suffixe -eir, sans accent grave, qui est la forme prise dans certains parlers nord-gascons du suffixe -orium, qui donne -er en gascon méridional (cf les héritiers de lavatorium "lavoir" : lavader, lavadeir). arriu molenduir = ruisseau ou canal du moulin

  • Usages de -èir :

     noms de métiers, fonctions, activités... : menusèir, marguilhèir, viguèir, cacinèir...
     surnoms (’’amateur de’’) : fimelèir, putanèir...
     divers noms qualifiant des personnes : pinconèir...
     gentilé : Roquèir, Mestrassèir, Gujanèir, Pessaguèir, *Roishalèir... ou nom commun ’’qui vit dans’’ (paludèir...)
     noms de végétaux : dérivés d’un nom de fruit ou de fleur (pomèir, pruvequèir, rosèir...), d’un nom de végétal lui-meme (sahuquèir, erilhèir...), d’un autre substantif (broquèir...) voire d’un adjectif (avarchèir...).
     noms d’animaux : gat-putèir, esparvèir...
     noms d’objets : vaisherèir, pitèir, salèir...
     noms abstraits : anugèir, vielhèir...
     masculin de -è(i)ra ’’lieu où il y a...’’ : pesquèir, *pradèir, gotèir...
     adjectifs : planèir, dretèir, moèir...

    Et j’en oublie sûrement !

    Pour en revenir à Fougassey... Je penche plutôt pour la fougasse, par gourmandise certes :D mais aussi parce que ’’fougeraie’’ se dit plutôt Heuga, Fauga (le château de Faugas est proche de Fougassey, mais ça vient peut-être d’un patronyme - à noter au passage que c’est au moulin de Faugas, près du chateau de Faugas, que travaillait Chéri Gaussem, poète gascon à ses heures), ou encore Heugueyra, Haugueyra, Faugera, Fougera... Bref, pour le son [u] il semble que ça soit plutôt dans la Lande girondine, et dans l’Entre-deux-Mers mais plutôt méridional. Il me semble aussi que -èir pour un collectif végétal est rare. Bien sûr, on ne peut penser à un Faugassey ’’habitant du lieu-dit Faugas’’ devenu Fougassey par attraction de hogaça... sauf que le nom ancien de Fougassey était ’’le Hougassey’’ et ne semble donc pas directement issu de ’’Faugas’’. Un boulanger ou un homme gourmand pouvait simplement habiter là.

  • Merci pour cette typologie claire et exhaustive, qui permet d’y voir plus net.

    Revenons maintenant à nos tentatives d’explications, à la lumière de ladite typologie :

     Pour Lugassey, il est probable que nous sachions jamais vraiment, s’il s’agit d’un individu originaire d’un lieu-dit Lugas ou d’un substantif en -èir pour décrire un "lugas", autrement dit une large forêt.

     Pour Fougassey, le débat se déplace donc nettement sur l’héritier du latin filicaria "fougère" d’une part, sur la probabilité d’une formation en -èir pour un collectif végétal.

    Pour la seconde question, il est clair que si l’on admet que Lugassey peut être un collectif végétal, alors nous devons l’admettre pour Fougassey également.

    Mais l’inexistence absolue de toponymes méridionaux type Heugassé/Hougassé, avec la forme -èr du suffixe -ièr, semble laisser entendre que ce n’était pas là une formation gasconne possible, encore que nous ne sommes jamais à l’abri de localismes dans l’utilisation de certains suffixes.

    Nous connaissons le lieu-dit connu "Le Huga" à Lacanau (33), qui montre que la diphtongue dans *heugar < *fel’car < fili’caria s’était réduite à ü, probablement via une forme hou’ga.

    Il existe à Lansac (33) néanmoins, dans un environnement à cheval entre nord-gascon des bords de la Dordogne et parlers gavaches de la Grande Gavacherie, un lieu-dit Fougas : montre-t-il l’ancienne forme en "ou", avant le passage à "u" ? Les toponymes d’oc en Grande Gavacherie sont souvent maintenus dans des variantes plus archaïques, du fait de la substitution linguistique.

    En face de Sainte-Foy-la-Grande, en zone guyenno-languedocienne, sur la commune de Port-Sainte-Foy, on trouve "Le Fauga", qui semble aussi la forme de l’Entre-deux-Mers, par deux attestations, à Hure et Gabarnac. Faut-il alors théoriser une indécision phonétique ?

    De toute façon, à mon sens, l’existence d’un lieu-dit Fougassié à Pinel-Hauterive (47), dans l’Agenais guyennais, là où l’on aurait des dérivés sur la forme Falga, sans vocalisation du l, tend à plutôt incliner à voir un nom de métier sur fougasse.

  • En portugais, dans les mots tels que "oliveira, "figueira", on ne prononce pas le i de "-eira", selon ce qu’il m’a été dit d’amis du centre du Portugal où j’ai passé une semaine. Pour ma part, j’entendais un é ou è long. Par contre, pour une localité voisine "O Besteiro", ils prononçaient clairement le i .
    Conclusion : la graphie pour le gascon pourrait être normalisée en "-èir", "èira", plus étymologique et conservé en girondin, au lieu de "-èr", "-èra". De plus l’avantage visuel serait que l’on verrait du premier coup d’œil s’il s’agit d’un nom en "-ièr" ou d’un verbe en "-er".

    Le portugais est très difficile à comprendre pour nos oreilles, malgré la parenté linguistique.

    Une personne m’a aussi dit, pour un mot qu’elle connaissait oralement, qu’elle ne savait pas s’il s’écrivait "r-" ou "arr-" . Tiens tiens !!!

  • Je partage (depuis longtemps d’ailleurs) l’avis d’Andriu pour une normalisation englobante en "èir",quitte à ce qu’on prononce soit "èi" soit"è".

  • Ne m’aduvi pas... "èir" est un trait typiquement girondin. Les girondins doivent écrire "èir", les autres "èr". La prononciation "èr" est quand même très majoritaire en gascon. De plus, qui dit "èir" au masculin dit "èira" au féminin...

  • A noter qu’en Bazadais/Queyran/Marmandais c’est -èir mais -èra. (Et bien sûr l’inverse en parlar negue)


Un gran de sau ?

(identification facultative)

  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document