Gascogne toulousaine Esprit Bastide

Grenade

- Vincent P.


 

Saint-Caprais / Sent Gramari


Hameau de la commune de Grenade-sur-Garonne, rive droite de la Garonne, donc en territoire languedocien.
L’ancienne commune de Saint-Caprais-du-Rouanet a en effet été annexée par Grenade.
J’ai lu également que la commune se serait appelée Bagnols : des sources ?

Nous savons du reste que le centre-ville de Grenade s’était lui-même languedocianisé, même si la toponymie reste gasconne : à vrai dire, l’arribère est d’une certaine manière un monde en soi assez uni, et la véritable différence émerge quand on s’enfonce dans les coteaux à l’Est ou à l’Ouest, respectivement en Frontonnais et en Gascogne toulousaine.

Je propose ce lieu également parce qu’on constate combien il respire la gasconnité "moderne" jusqu’aux années 80, notamment via les maisons néo-gasconnes (qui constituent l’architecture vernaculaire de la rive gasconne : en traversant la Garonne, la première chose que l’on voit à Grenade, ce sont des maisons à ossature en bois).

La toponymie est à étudier : Baudelle, Maroul, Palanque, Garrosses, En Rauques, Mogarolis, ...


 

Grans de sau

  • Monsieur,
    je me permets de venir rectifier quelques erreurs qui sont contenues dans votre texte.
    Saint-Caprais n’a jamais été une commune. Ce territoire est rattaché à Grenade parce qu’il appartenait, en majeure partie, à l’abbaye de Grandselve qui a fondé Grenade. A la révolution personne des deux villages qui étaient St Caprais et Le Rouanel n’a pris l’initiative de créer la commune. Le Rouanel a été rasé par la crue de la Garonne des 23 et 24 juin 1875 et n’a pas été reconstruit.

    Grenade est une ville gasconne qui parle le languedocien parce que, à sa fondation en 1290, elle aurait été peuplée par une population venant du Languedoc, notamment d’Auvergne.

    Pour la toponymie à étudier :
    Braudelle, je n’ai pas l’explication.
    Maroul, c’était le nom d’un habitant du Rouanel propriétaire du terrain.
    Palanque : il y avait une palanque (pont en planches) entre St Caprais et le Rouanel.
    Garrosses : de l’occitan garofas (vesces).
    En Roches (et non en rauques) lieu ou il y a des rochers
    Nogarolis : normalement un nougarolis ou nogarolis est une plantation de noyers, mais là, le nom vient du propriétaire qui s’appelait Nogerolles.

    En occitan Saint-Caprais se dit ici : Sent Grammari. C’est toujours comme ça que je l’ai toujours entendu dire par les anciens, et comme ça que je l’ai trouvé écrit sur les plus anciens documents.

    Voila ce que je peux dire pour l’instant, mais je peux vous en dire plus si vous le souhaitez.
    Cordialement
    André ROCACHER

  • En Roches : patronyme ( arguments : 1° ’’en’’ est l’abréviation de ’’sénher’’, qui équivalait autrefois à ’’messire’’ ou ’’monsieur’’ ; 2° si c’était nommé ainsi à cause de rochers, ce serait ’’les (ar)roques’’

  • Merci à André de me donner l’occasion de me livrer à mon sport cérébral favori : la recherche d’explications pour les noms de lieu, grâce aux cartes superposées de Géoportail (IGN, Etat Major 19e siècle, Cassini) et au cadastre napoléonien !

    En Rauques (IGN)
    En Roches (Etat Major)
    Enrochos (Cad. napo.)
    Enrogeos (Cassini)
    Comme le rappelle Gaby, En est la particule honorifique pour dire "Monsieur".
    En et Na particules honorifiques (texte d’Ernest Nègre numérisé)

    Je vois donc un "Monsieur Roches", qui devait venir d’ailleurs, du "Nord", parce qu’un autochtone de Grenade (et un gascon ou un languedocien en général) se serait appelé Roques.
    Je pense trouver dans les attestations successives une difficulté pour transcrire la prononciation locale d’un "ch" venu du nord ; il est connu qu’en Gascogne ce ch était prononcé "t mouillé" (par exemple tyaÿ pour chai).
    Il est remarquable que ce Roches étranger ait été à ce point assimilé : féminin pluriel compris et prononcé os ; je fais l’hypothèse que ce Roches était compris comme un équivalent de Roques, donc substitution facile de Ròcas par Ròchas. Qui sait si la langue locale ne commençait pas à dire ròcha pour ròca par attraction du français ?

    Mogarolis (!) (IGN) : hélas une erreur de transcription !

    (lo,eth) Nogaròu
    Prononcer "nougaroou" ("oou" étant une diphtongue). Désigne très probablement (...)

    Nogaròlis
    Prononcer "Nougaròlis", avec l’accent tonique sur ro (là où il y a l’accent (...)


    Nogarolis (Etat Major)
    Nogarolis (Cad. napo.)
    Nougaroles (Cassini)
    Ici Cassini nous donne probablement la version originelle et authentique : Nogaròlas (lieu où il y a des noyers ; au masculin ce serait Nogaròus (Nougaròws)
    Le -is provient sans doute d’une mauvaise transcription sous l’influence d’une terminaison qui existe par ailleurs.

    Baudelles (IGN)
    Baoudelos (Cad. napo.) : donne exactement la version du nom en graphie franco-phonétique ; c’est donc probablement Baudèlas en graphie alibertine. Sens à trouver.
    L’IGN donne Baudère (31480 Pelleport) qui pourrait être une forme plus gasconne du même mot.

    Garrosses (IGN)

    (la,era) Garròssa
    Prononcer "Garròsse", "Garròsso"... Probablement une racine garr* en relation (...)


    Garosse (Etat Major)
    Garrosses Cad. napo.
    Las Garosses (Cassini)
    Grand classique gascon, pas complètement éludidé !

    Le cadastre napoléonien, très bonne source en général, donne des noms qui reflètent bien ici la prononciation locale (ex : Faoures, Las Cabanos...).
    Mais il aurait dû mettre "Nougarolos" ou "Las Nougarolos" !

    Au passage, j’ai vu aussi un lieu "L’Homme mort", qu’on trouve ici et là en toponymie gasconne. Il y avait une hypothèse qui disait que homme était en réalité orme (l’arbre), mais ce n’est pas du tout certain, vu qu’il y a par exemple Henne morte (femme morte) à Razecueillé (31160). Il doit y avoir la discussion ailleurs sur Gasconha.com.


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