Rive droite gasconne Gascogne médiane Tonneinquais

Fauillet / Haulhet

- Tederic Merger


 

Au Gascon


Nom de lòc transparent !-) et déjà présent sur le cadastre napoléonien.
Il peut étonner dans la mesure où - Gasconha.com ne cesse de le répéter ! - c’est tout le plateau entre Tonneins et Marmande qui est gascon... Alors pourquoi signaler la présence d’un gascon ?

Il y avait une maison de maître (à l’arrière-plan sur la photo*), et une bòrde attenante, sans doute de type vascon.

Cette vieille borde a été remplacée sur sa partie avant par la maison moderne qui apparait au premier plan. On la distingue, pour ce qu’il en reste, entre le pigeonnier (côté maison du mèste comme il se doit) et la maison moderne.

Le propriétaire nous a aimablement montré l’intérieur de la vieille bòrde :
 larges murs en terre (seulement en terre, sans paille) construits par couches superposées et bombées - il parait qu’on appelle ça des murs banchés, ce n’est pas de l’ossature bois,
 une rangée intérieure de poteaux en bois partant du sol ; là c’est de l’ossature bois,
 des triangles de colombages au niveau du toit.

La maison moderne, construite à l’avant de la bòrde, en conserve l’orientation et la forme générale, avec façade sous pignon et petit balet, et toit à croupe. Mais elle a un étage de plus. Il s’agissait pour le propriétaire agriculteur, quand il s’est installé, de créer une habitation avec le confort moderne.

De l’autre côté de la route, faisant aussi partie du lieu-dit "Au Gascon", il y a deux autres maisons, dont le pavillon néo-gascon ci-dessous, qui semble très récent.

* La photo principale est le résultat d’un collage entre deux photos ; ça se voit un peu ; le premier qui trouve la couture gagne un autocollant de Gasconha.com !


 

Grans de sau

  • Logique : quand bien même les terres situées sur la rive droite de la Garonne entre Marmande et Tonneins parlaient gascon, on considérait que la Gascogne - selon mes recherches - n’existait à cet endroit que sur la rive gauche, soit le diocèse de Condom.

  • Les lieux IGN nommés "Gascon" ("le Gascon", "le Gascou", Gascoing etc.) sont bien en majorité hors Gascogne ; les lieux "Gascou" sont par exemple le plus souvent guyennais.

    Il peut y en avoir dans des terres en fait gasconnes mais qui n’étaient pas reconnues comme telles au moment où le nom de lieu a été attribué ; c’est possiblement, comme le dit Guilhem, le cas de ce "Au Gascon" de Fauillet, comme des "le Gascon" de Léognan et Loupiac, ou "Gascon" de Meilhan sur Garonne (bien que la gasconitat de ces dernières localisations ait été plutôt bien reconnue dans le passé).

    Mais on touve aussi des "Gascon" ou "Le Gascon" dans des zones où l’appartenance à la Gascogne semble avoir été indiscutable de tous temps, par exemple Tercis-les-Bains, Ansan près d’Auch, Monferran-Savès...
    Là c’est quand même plus étonnant.
    Pour celui d’Ansan, Jacques AYRIAL m’a communiqué ceci :
    « Ainsi, dans la commune d’Ansan, au N-E d’Auch, il existe un lieu qui porte ce nom depuis au moins 1473 ;
    il y avait sur cet endroit une maison à étage baptisée "Au Gascon" habitée par la famille de mon "premier" ancêtre Jéhan Ayrau dont le surnom était "le Gascon".
    D’après l’Abbé Loubès, bien connu dans le Gers, qui a traduit le contrat de mariage du fils de mon ancêtre Jéhan, cela signifiait que les lieux dénommés ainsi étaient ceux habités par des Basques venus s’installer en Gascogne.
    La maison a disparu, mais l’endroit en porte encore le nom. »

  • Ce que j’écrivais sur la question :

    La toponymie autour de l’ethnonyme "Gascon"

    Je suis assez séduit par l’idée d’une confusion des termes Basque et Gascon pour désigner des migrants, en Gascogne.

  • L’IGN donne aussi, surtout en Gascogne médiane, une série de lòcs "Le Bascou", et là il s’agissait sans doute de dire "Le Basque". Et l’accent tonique était sur la première syllabe de "Bascou", selon le mot gascon qui signifie "basque" et qui est dans tous les dictionnaires, je pense.

    Si des lieux "Le Gascon" ont pour origine la présence, sortant un peu de l’ordinaire, d’un basque, est-il possible que ce soit une erreur de transmission, au fil des générations, entre "Lou Bascou" et "Lou Gascoun" ? Les deux mots sont à la fois parents et nettement différents, surtout par l’accent tonique.

    Sinon, j’ai quand même du mal à accepter l’idée qu’en pleine Gascogne, on ait identifié d’emblée un basque (donc quand même un étranger total par la langue) par le terme "gascon".

  • Réfléchissons sur la perception du "Gascon" à une époque "lointaine". Au XVIIIe siècle, Fauillet était administrativement en Guyenne ; le Gascon était donc celui qui venait de la province de Gascogne, indépendamment de la langue parlée, il suffisait qu’il vienne d’assez loin (ne serait-ce que le fin fond de l’Albret) pour qu’on le perçoive comme étranger.
    Mais même linguistiquement, celui qui utilisait l’énonciatif "que" à tout va ou qui disait "lo hoec", ou alors celui qui parlait negue, pouvait être perçu comme bien différent, même à peu de km de différence.
    Enfin, une provenance différente en termes géographiques/paysagers pouvait peut-être jouer : "celui qui venait de la forêt" ou "de la lande stérile", ou surtout "de l’autre côté de la Garonne".

    Ci-joint une petite carte qui rappelle (approximativement) que tout une partie du territoire (plus ou moins) gascophone était en Guyenne administrativement.

  • Faute de témoignages, ou plus précisément d’études sur la question, à l’exception de l’essai d’Anne Zink que je recommande à tous (la dichotomie entre "pays officiel" et "pays vécu" dans le SO de la France), nous ne pouvons que conjecturer sur ce qu’il en était des perceptions autour de l’ethnonyme "Gascon", selon les diverses époques.

    Il ne faut pas oublier que les découpages type Guyenne et Gascogne étaient en fait relativement récents au XVIIIème siècle et ne concernaient qu’une facette de l’étonnant patchwork des diverses appartenances (la Justice relevait déjà d’un autre découpage, sans oublier les diocèses).

    D’ailleurs, le Béarn était une province à part et l’on ne trouve pas de lieux-dits "Gascou" en Béarn, alors même qu’il y aurait eu matière, pour nommer le voisin.

    Je crois assez peu à la force des appartenances à des entités administratives aussi évanescentes que la Guyenne et Gascogne, d’autant que la Guyenne de cet ensemble a été à géométrie variable (avec notamment l’inclusion d’une partie du Bazadais à l’époque moderne). Mais je crois largement que même pour des gasconophones du Bordelais, l’homme au langage plus typé venu du Sud pouvait être dit "Gascon".

    Cependant, le recensement de lieux-dits "Gascon" que j’ai opéré dans l’article en lien montre des occurrences en pleine Chalosse ou en Armagnac, qui ont toujours été en Gascogne, ethnique comme administrative.

    On se retrouve donc face à une vraie énigme, qui demande une étude au cas par cas de chaque toponyme et/ou patronyme, ainsi qu’Artiaque en commentaire dudit article nous invite : la famille Ossau est bien ossaloise ... Et le prénom Basco est donné au Moyen-Âge au Pays Basque, tout comme il y a des François qui sont français.

  • Je crois bien qu’il y a deux explications différentes :

    A) Comme tu dis : "Mais je crois largement que même pour des gasconophones du Bordelais, l’homme au langage plus typé venu du Sud pouvait être dit "Gascon"." + éventuellement le fait de venir d’une entité géographique bien différente, par exemple de venir de la lande, perçu par quelqu’un de la ribeyre (dichotomie Ribeyrins/Landescots bien connue en Médoc, notamment). Et d’accord pour abandonner l’hypothèse des provinces administratives. Cela dit, j’aimerais bien savoir comment la province de Guyenne a évolué avant le XVIIIe s.

    B) Pour les toponymes Gascon en pleine Gascogne : s’il n’y a pas d’article, il me semble logique que ça soit un patronyme. Dans ce cas aucun mystère. Mais effectivement, n’abandonnons pas les pistes prénom et pourquoi pas chafre (personne rusée ?)

  • Vincent, j’ai maintenant relu ton texte La toponymie autour de l’ethnonyme "Gascon" qui fait un bon tour de la question que j’effleurais plus haut, sans y faire référence, parce que je l’avais plus ou moins oublié, ce qui m’inquiète sur l’état de mes neurones.
    Notre source est la même : les lieux de l’IGN (moi j’y accède par Géoportail, toi aussi probablement ?).

  • Oui, ma base de données est Géoportail.

    J’ai détecté un nouveau toponyme par ailleurs : Gascounet à Pompignan (82), qui est une forme diminutive.

    Nous sommes rive droite de la Garonne, en Toulousain, dans l’ancien Languedoc, entre Garonne et Tarn, dans des terres qui relevaient "logiquement" encore du département de Haute-Garonne, avant la création de l’inique Tarn-et-Garonne.

    Le toponyme est aussi intéressant que celui de "Le Gascou" à Gagnac-sur-Garonne, en ce que Gagnac comme Pompignan font directement face aux terres gasconophones sur l’autre rive de la Garonne : clairement, la référence ethnique est à privilégier.


Un gran de sau ?

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