Coigdarrippe

Nom de famille et de lieu attesté à Saucède.

en graphie alibertine :

Còthdarripa

Còth d’arripa.
Traduction littérale : col de rive. Doit représenter une configuration du relief sur la rive d’un cours d’eau.

còth / cou, col

Selon le fonctionnement caractéristique du gascon pour un mot terminé par (...)

arriba / rive

Prononcer entre "arribe" et "arribo". riba en Nord-Gascogne. arribèra, (...)

Grans de sau

  • Le patronyme et le lieu-dit maintiennent la forme arripe, du latin ripa "rive", autrement dit, la sourde intervocalique latine -p- est restée intacte, comme dans les emprunts du basque au latin (en basque, erripa).

    Il s’agissait là d’un fait vraisemblablement généralisé en ancien gascon, avant que ce dernier ne se cale sur les autres langues d’oc et adopte des formes avec sonore intervocalique -b-.

    De nos jours, seuls les parlers du Barétous et d’Aspe connaissent encore ce phénomène. Saucède, théoriquement, ne le connaît plus. Pas plus que la vallée d’Ossau où le patronyme Arripe est connu (mais il peut s’agir d’une migration aspoise).

  • Le maintien des consonnes intervocaliques sourdes a lieu aussi en dialecte landais :
    crampe, betèt, oumpre, betout, caoutère etc...

    • Il s’agit d’un phénomène différent pour crampe et caoutère : les étymons étaient rspectivemernt en -mb- (roman cambra) et -ld- (latin caldaria), et auraient dû donner comme on trouve dans certains dialectes, cramba et caudèra.

      Seulement, en ancien gascon comme en basque, par exemple, le groupe -lt- du latin devient -ld- : cf alta "haut" qui donne régulièrement alda en basque. C’est un phénomène symétrique du maintien des sourdes à l’intervocalique : celui de la sonorisation de t après latérale.

      Quand l’ancien consonantisme bascoïde a disparu en gascon, tout un tas de mots ont été refaits, fautivement : caudèra a été refait cautèra, comme s’il s’agissait d’un -lt- étymologique latin. Il en va de même pour crampa avec le groupe -mb- refait fautivement -mp-. Idem ompra "ombre".

      Donc, on ne peut pas dire que les parlers landais maintiennent l’intervocalique sourde, mais que les phénomènes d’hyper-correction dénotent l’ancienne extension du phonétisme plus basque de l’ancien gascon. Les parlers landais ne diffèrent pas en ceci des parlers du Béarn par exemple. Et cette analyse n’est rien d’inédit, c’est Rohlfs dans les années 50.

      Reste le fameux cas vetèth , du latin vitellum "petit veau", déjà étudié ici : probable terme montagnard étendu à la plaine. Voir la discussion consacrée à ce terme sur le site. vetèth = veau

  • Adixat Gasconha.com,

    Quelques remarques sur la prononciation ossaloise, moins tranchée que l’aspo-barétounaise**, mais distincte de la plaine néanmoins.

    1) Le phénomène d’adoucissement quand P T ou K suivent W N ou M est assez systématique ici :
    blanche —> blango (blankœ en "béarnais")
    hauteur —> awduu (et non hawtuu)
    compris —> endenüt (et non entenüt)
    acheter —> k’rumbaa (et non k’rumpaa)
    et.c...
    mais pas total (ce qui serait intéressant à analyser) :
    bedaine —> pamparro
    montagne —> muntanyo

    2) Le phénomène de prononciation dure intervocalique est bien présent
    bois de pins —> pinataa (et non pinadaa)
    grosse ardoise —> lapasso (et non labasso)
    mais certes en net retrait au regard de l’aspois par le fait notamment que les participes passés ou adjectifs "féminins" et leurs dérivés sont plutôt "doux"
    passe-lait —> kuladee
    récipient à eau —> herrado
    maladroite —> desest’rügo

    Mais mais mais :

    3) Il y a un problème à utiliser les lettres P vs B , T vs D et K vs G, en ayant dans l’oreille les intensités auxquelles se placent ces différents sons en français.
    Il me semble que pour décrire plus justement les prononciations correspondantes en patois, il faudrait décaler les fréquences si l’on peut dire :

     il y a un ton qui "pète" qu’on pourrait presque marque d’un h (plus marqué que P, T et K français) :
    tiens ! —> thè !
    bon dieu ! —> phuuthiw !

     il y a un ton très doux presque vocalisé (plus mou que B, D et G français)
    le G de awgo est plus faible que celui de algue
    de D de dus est plus faible que celui de doux
    le B de bastûu est plus faible que celui de bâton

     et entre les deux il y a ce ton moyen (que j’ai parfois du mal à transcrire parce qu’il tape entre T et D, entre P et B, entre K et G
    déchiré —> entre esperrekat et esperregat
    cabane —> entre capano et cabano
    chaque (féminin) —> entre kado et kato
    et.c...

    Ce serait à affiner mais je voulais le signaler.

    **(attention à ces commodités de langage les vallées ne sont pas des unités lingüistiques parfaites)