Nébouzan pas toulousain

- Guy Pierre Souverville

Le Nébouzan et le haut Comminges (le vrai) n’ont jamais été en région toulousaine. Nous nous trouvons à moins de 40 km de Tarbes, à 50 km d’Auch, a 85 km de Pau… et à 110 de Toulouse. Nous avons un climat différent (pas de vent d’Autan) et nous sommes à 500m d’altitude, alors que Toulouse est à 189m.

Nous étions autrefois, tout comme les Bigourdans, dans un pays de micros-propriétés, le pays toulousain était, lui, majoritairement travaillé par une population mouvante de métayers avec ce que cela comporte, s’agissant des mentalités.

La croix de Languedoc nous est totalement étrangère (le Nébouzan arbore les vachettes de Béarn) mais aussi le qualificatif de Gascogne toulousaine.

ETUDES ET RECHERCHES DU NEBOUZAN

P.-S.

Je m’efforcerai de corriger les lòcs de Nébouzan qui seraient d’aventure étiquetés "Gascogne toulousaine". Ou dénoncez-moi les cas !-)
Tederic M.

Grans de sau

  • Le terme de "Gascogne toulousaine" utilisé sur le site a une vocation sentimentale plus large, tout comme la "Gascogne bordelaise" annexe le Bazadais sans vergogne, qui a toujours été bien distinct.

    Il est vrai néanmoins que le défilé de Boussens est une frontière assez nette et que le Nébouzan est plutôt un pays de la Gascogne centrale.

  • En effet, mieux vaudrait rattacher Bazadais, Albret et Petite Lande, non ?

  • Bof. Franchement, il n’y a plus guère de différence entre le Bordelais et le Bazadais. Qui sait que Villandraut est en Bordelais ? Il n’y a pas vraiment de frontière pourtant ...

    Il existe une vraie identité forgée au 19ème siècle que l’on peut cataloguer sous l’item "Gascogne bordelaise", au sens de girondine. Probablement que des communes du Lot-et-Garonne en relèvent, qui étaient d’ailleurs anciennement en Bazadais, comme Sainte-Bazeille.

    J’aime la façon dont Gasconha.com depuis des années transcende les débats historico-géographiques pour proposer des classifications sentimentales. Cette Gascogne qui regarde vers Bordeaux, cette autre Gascogne vers Toulouse, cette autre centrée autour de l’Adour et des Landes, les Pyrénées, et enfin le cœur du pays.

    Tout cela est cohérent et reflète une connaissance intime de notre petite nation évanouie.

  • Désolé de te contredire, mais en tant que Girondin, né à la limite entre Bordelais et Bazadais et fréquentant les deux milieux, je suis à même de dire qu’il y a une différence encore marquée... même si elle ne suit pas forcément la limite des anciens diocèses et se dissout dans la Lande.

     Différence architecturale : petites maisons girondines en pierre de taille calcaire, maisons de vigneron, maisons de maître avec palmier (Bordelais) vs fermes bazadaises, fermes gavaches, hautes maisons de bourg avec lucarnes (Bazadais) [ qui, je suis d’accord, est gommée par les affreux lotissements ; mais qui est toujours visible, puisque je l’observe ]
     Différence paysagère et agro-sylvo-pastorale : dominance de la vigne et du pignada (Bordelais) vs dominance des prés pour l’élevage, des vergers et des céréales (Bazadais) [ c’est ce qui est le plus visible ; et je dis bien dominance, pas exclusivité ]
     Différence dans les traditions populaires actuelles : grande importance du rugby, maintien de la fête des Boeufs Gras, de la fête de l’Agneau, de la halha de Nadau, ripataoulères* (Bazadais) vs traditions particulières moins marquées, plutôt centré sur la chasse semble-t-il et bien sûr le vin (Bordelais)
     Différence sur ce qui est lié au fleuve : mascaret, esteys et jalles, villages de rivière, falaises (Bordelais) vs vimières, inondations, vergers, tabac, coteaux (Bazadais)
     Différence pédologique : sable des Landes limité à l’est par le Ciron, boulbennes des anciennes terrasses alluviales, graves (Bordelais) vs molasses de l’Agenais et sables du Marsan (Bazadais)

    *englobent la vallée du Ciron

    Différences ne suivant pas la limite ouest/est :
     Patronymes davantage gascons du centre** (Lande, Bazadais sensu stricto, peut-être Médoc ?) vs patronymes plus influencés par la Saintonge, le Périgord etc. (Entre 2 Mers, Libournais, Bordeaux)
     Costumes folkloriques plus gascons avec béret, et costume de berger ou d’ostréiculteur (Bazas, Andernos) vs costumes de Guyenne (Libourne, Langon, la Réole, Bordeaux)

    **Garbay, Sauboua, Cardouat, Lescouzères, Harribey, Garrabos, Labarchède,...

    Maintenant, des points communs :
     Pour l’emploi, tout est relié à Bordeaux
     Les mentalités sont probablement les mêmes en Médoc comme en Bazadais
     Concernant le fleuve, on trouve des aubarèdes (et hélas du maïs) en Bazadais comme en Bordelais ; l’alose et la lamproie sont partout
     Lotissements, autoroutes, centres commerciaux, uniformisent le paysage

    Je pressens ta réponse (tout ça n’existe plus et va disparaître avec les plus vieux, ou alors la population est composée à 100% de bobos donc ces différences n’ont aucune signification, ou alors je suis un idéaliste qui voit des choses où elles ne sont pas, etc.) que j’attends impatiemment.

  • J’ai dit "né à la limite entre Bordelais et Bazadais" mais c’est surtout "ayant passé ses 17 premières années..."

  • Ma réponse est que je suis d’accord avec toi, tu détectes un vieux passé dont il reste des traces pour qui veut les voir, seulement je pense que tu négliges probablement trop la puissance du fait départemental qui a homogénéisé les différences entre Bordelais et Bazadais pour les faire tendre vers un fait culturel que l’on peut dire "girondin".

     Architecture : Je vois la même chose partout, des maisons classiques du XIXème et du début XXème, des mini-Bordeaux que ce soit La Réole ou Langon.

     Paysage : Je crois qu’il est assez vain de trouver des tendances, tout dépend de nos définitions du Bazadais. Si on intègre le Haut Entre-deux-Mers notamment ... Il y a en tout état de cause une constellation de micro-pays qui relèvent du Bordelais ou du Bazadais un peu par les hasards de la géographie épiscopale qui n’a plus cours de nos jours.

    La lande bordelaise autour de Villandraut est évidemment proche de la lande bazadaise autour de Captieux, de la même manière que l’Entre-deux-Mers est un tout paysager à quelques subtilités près (la présence de la vigne notamment).

     Traditions populaires : Tout simplement, le Bordelais a été plus acculturé que le Bazadais à l’époque récente, et l’obsession de la vigne n’y est pas étrangère.

     Patronymes : Là encore, de toute évidence, le Bordelais a été un lieu de destination pour les migrants, plus que le Bazadais (moins le Haut Entre-deux-Mers). Reste qu’en Médoc, il y a tout un foyer de patronymes très typés qui n’ont pas été étudiés, et qui sont très gascons.

    Il est néanmoins certain qu’à date ancienne, il y a en Bordelais une importance considérable des patronymes formés sur les prénoms, à l’opposé du reste de la Gascogne où les patronymes descriptifs prédominent, en conformité avec l’ancienne représentation du monde.

    Cette importance des anthroponymes reflète souvent un monde plus urbain comme en Provence, en Italie, ...

  • Je ne te rejoins pas sur l’architecture : le type girondin s’efface dans l’est, en particulier le Haut Entre-deux-Mers, ça se voit bien. Par exemple, l’architecture du bourg de St Ferme n’a rien à voir avec celle de Paillet. Après, pour le Bazadais sensu stricto, je ne connais pas bien l’architecture des villages.

    Paysage : d’accord, le pignada empiète sur le sud du Bazadais, bien sûr. Mais il y a une différence nette entre la Benauge et le Haut Entre-deux-Mers, c’est absolument flagrant. (Je suis du lieu.) L’autre jour, j’étais dans le Haut E2M, et en traversant la D 672 à St Laurent j’ai vu très nettement le changement de paysage !

  • Au sujet du Médoc, on relève comme patronymes typiques : (Andron), Ardilley, Baquey, Batailley, Beneyt, (Bergey), Daudanieu (nom disparu), Eyquem, Fauchey, Meynieu, Meyre, (Neymon), Taudin ... liste à compléter... dans un autre gran de sau, bien sûr.
    Remarque : en Gironde, on aime beaucoup les Y !

  • Ma mise au point relative au Nébouzan déclenche une polémique très inattendue entre Bordelais et riverains...
    Chacun met en exergue ce qui le caractérise. En ce qui nous concerne, je serai bref : ouvrez une carte de Cassini, p.75 je crois. Vous verrez apparaître l’éventail du plateau formé par l’ensemble des rivières qui l’arrosent. Les confluents avec le fleuve sur sa rive gauche vont du saint-gaudinois, au nord de l’Agenais. C’est par les vallées que l’on communiquait, d’où très peu de différences dans la langue. Le faire-valoir direct eut aussi une importance considérable quant au maintien des autochtones, la métairie ouvrant la porte à des ressortissants lointains. Après la saignée de la première guerre mondiale, il n’y avait plus de "bordiers" français et les campagnes de l’amont de Toulouse furent majoritairement peuplées d’Italiens venus de Vénitie. Ceci est un constat, il souligne des situations et n’incrimine pas les fais