Quel gascon pour Bayonne ?

- Bruno

Adixats monde e bòn’ anada a tots !

Je pensais à l’interrogation de Gérard Saint-Gaudens, sur un autre fil de discussion, à propos du gascon à choisir lorsque les mots comportent plusieurs variantes (par exemple sur l’indétermination autour du ò ouvert / o fermé : « a nòste / a nosta », etc.).

Je suppose que la grande majorité de la petite minorité des gens intéressés par cette question répondrait en cœur :
« Il faut en priorité respecter le parler local. »
D’où mon petit exercice du jour : j’ai pris l’éditorial du dernier magazine municipal de Bayonne (déc 2018 / janv 2019) pour voir quelle forme de gascon a été privilégiée dans sa traduction.

Je fais d’abord un détour par l’éditorial traduit en basque. Celui-ci est en euskara batua, ce qui n’est pas choquant en soi puisque Bayonne n’est pas une ville possédant son propre euskalki (dialecte basque), il est donc tout à fait cohérent d’avoir recours à la forme koinê qu’est le basque unifié. Je rappelle que le batua n’est pas un dialecte qui supplanterait les autres mais une langue qui vient piocher dans tous ses dialectes – surtout dans ses parlers centraux – d’Iparralde comme d’Hegoalde.

En ce qui concerne l’éditorial gascon, excepté les « qu’es » o « n’es » à la place de « qu’ei » ou « n’ei » (voir l’avant-dernier paragraphe de l’édito) ou « jorn » à la place de « dia » (deuxième parag.), ce sont les formes béarnaises de la plaine qui sont favorisées. Bayonne est une ville historiquement et, dans son histoire, administrativement gasconne. Certaines caractéristiques du gascon Bayonnais sont assez connues, comme le fameux déterminant féminin « le » qui est classique dans les écrits bayonnais depuis le Moyen-Âge.

Mon but ici n’est pas de chipoter ou de jouer au pénible de service, mais je m’interroge sur comment on définit les choses lorsqu’on parle de langue et la forme que celle-ci doit prendre dans le domaine public. Par rapport au basque, j’ai remarqué que les villages dans lesquels les euskalki sont encore vivants, les articles des magazines municipaux sont dans le parler basque local. Je ne dis pas qu’il n’y a aucune influence du batua mais la langue est souvent localement marquée dans ses conjugaisons, son vocabulaire, etc. Mais est-ce que, dans une ville comme Bayonne où le gascon a perdu sa fonction sociale, le béarnais doit jouer le rôle de gascon unificat ?

Enfin, tout en essayant de respecter le code graphique alibertin, j’ai essayé de mettre entre parenthèses des conjugaisons, des déterminants, etc. qui me paraissent plus bayonnais que strictement béarnais. Par contre, je ne me suis pas penché sur le vocabulaire ou les tournures de phrase car :

1. je suis loin d’être un spécialiste ou un professionnel ; ce n’est pas du tout de mon niveau ;
2. c’est assez normal de trouver dans ce registre de langue (ici un éditioral émanant d’une administration) un langage modernisé et qui ne prête pas trop à la poésie ou aux « idiotismes ».

PS : Soyez indulgents si j’ai dit des bêtises, fait des erreurs ou bien manqué de cohérence (par exemple, je ne sais pas comment traiter la conjonction de coordination et en gascon negue : serait-il plus juste de l’écrire è ou e ? J’ai quand même laissé cette dernière alors qu’elle devrait être lue /oe/ au lieu de /é/ selon le code alibertin appliqué au negue.)

PS(bis) : Évidemment, je trouve normal que les gens qui sont chargés de la traduction en occitan/ gascon/ béarnais (hé hé ;-) ) utilisent la forme dans laquelle ils sont le plus à l’aise. De plus, par certains aspects, il est sûrement préférable d’utiliser, par exemple, « ua » dans un esprit pan-gascon plutôt que l’archi-local « iva » (/ibe/), mais alors, pourquoi privilégier par exemple des conjugaisons plus spécifiquement béarnaises (ex : subjonctif présent, impératif, etc.) que bayonnaises, voire landaises ?

ÉDITORIAL :

Baiona que’s hè (hèi) anar, que’s transfòrma. D’un haish de projèctes en realizacions de totas, Baiona que tira a l’endavant. La (Le) vila de doman que’s dessenha au briu deus obradors qui s’acaban o qui’s persegueishen (perseguishen) : obertura a viéner (víner) de la (le) Maison deu Cinema, aviada de las (les) òbras de reconstruccion deu musèu Bonnat-Helleu, amainatjaments urbans ligats a l’arribada deu Tram’bus, navèra qualificacion deu carrèu de la Hala, de la (le) plaça Jaques Portes, o enqüèra (encoara) de la plaça Patxa… Quan (Quèn) aquera tempsada (tèmsada) d’òbras e poderé (poiré) har vàder constrentas en la lor (le soa) vita vitanta, los Baionés que veden (véden) la lor (le soa) vila emberogí’s (s’embrogir ?) e afirmà’s (s’afirmar) com ua (iva) ciutat a mei () anar mei () atractiva. Que volerí (voirí) atau arremerciar los abitants e los comerçants d’estar pacients e d’ac (ad) compréner.

Baiona que da las (les) pròvas cada jorn d’un dinamisme remarcable e remarcat, dens la (le) soa economia, la (le) soa evolucion urbana e la (le) soa populacion, mercés mei () que mei () a ua (iva) accion municipau qui s’espandeish (s’espandish) capvath tots los quartièrs. Per’mor (Pr’amòr) que tornar (? tornan) gessir capvath tot lo territòri, aquesta metamorfòsi e aquesta vitalitat que s’inscriven tanben (tabei) dens ua (iva) comunautat de destin dab lo País Basco sancèr (enteir ?). Notem (Notam) que lo magazine Challenges que vien (vin) de classar l’aglomeracion baionesa peus territòris mei () dinamics. Afirmà’s (S’afirmar) com ua (iva) vila de doman, aquiu (aquí) la (le) nòsta jòga. Dab la mea (le meja) equipa municipau, qu’ac (ad) hicam tot en òbra entà que Baiona perseguesca (perseguishi) lo son desvolopament en tot guardar çò qui hè,(hèi) la (le) soa identitat : “vila a víver”, de pagèra umana, qui auhereish (aufrish) un lòc de vita ataisat (? apaisat), mes (mès) tanben (tabei) ua (iva) vila activa e creativa. En d’autes mots (d’auts mòts), Baiona que cambia en tot demorar era medisha.
 
N’es pas aisit de transformar la (le) vila shens aumentar los impòsts. Qu’es per jo ua (iva) fiertat de tiéner (tíner) aqueth cap entà miar projèctes deus grans au servici deu desvolopament de la (le) vila e deu benestar deus sons abitants. E, que’n voi com pròva lo satisfecit dat non i guaire per la Crampa Regionau deus Comptes tà çò de la (le) qualitat e de la (le) rigor de la (le) gestion comunau atau com de la bona (bòna) santat financèra de la (le) vila. Contunhem (Contunham) a agir dab aquera volontat de tirar a l’endavant com ac (ad) saben (sàben) har los Baionés !

Au nom deu Conselh Municipau e de l’ensemble deus agents de la Vila, que’vs desiri bonas (bònas) hèstas de Nadau e ua (iva) beròja (bròja) e urosa annada (anada) 2019.

Grans de sau

  • Mon opinion est que la survie du gascon n’aurait pu passer que par un gascon standard au niveau graphie, vocabulaire, grammaire et conjugaison ; la prononciation, elle (maritime, ..., etc) restant libre.

  • En effet, il peut y avoir plusieurs niveaux de normalisation, mais je ne serais pas tant rigide sur une éventuelle normalisation du vocabulaire par exemple.

    Je m’excuse par avance de toujours comparer avec le cas basque mais c’est mon chemin personnel qui alimente ma réflexion. En basque unifié donc :

     Le code graphique consiste en : 1 lettre = 1 son ; aucune exception ou presque, à l’image du castillan.
     Le premier niveau d’homogénéisation est la grammaire et la conjugaison : une seule façon de conjuguer, une seule façon de décliner. Dans certains cas précis, les régles pour certaines tournures de phrase sont parfois enrichies des différents dialectes (il y a par exemple plusieurs façons d’exprimer une concessive, etc.)
     Un second niveau beaucoup plus lâche concerne le vocabulaire qui est enrichi de tous ses dialectes (*).
     Et enfin la prononciation...

    Pour revenir au cas gascon, probablement qu’il n’y aura jamais de réflexion sur un éventuel gascon commun et, surtout, sur le domaine où s’appliquerait ce gascon commun (parce qu’il ne plairait peut être pas à tout le monde, du moins sur ses périphéries) : le béarnais post-Grosclaude se chargera de remplir cette fonction, un peu partout en Gascogne. Enfin, ce n’est peut être pas si grave à Bayonne ou dans les alentours, ça se discute en fait ... ou pas !!

    (*) je m’entraîne par exemple dans un livre de bachotage pour préparer l’EGA (examen officiel basque) dans lequel il faut trouver 3 synonymes : ce sont souvent des mots tirés de différents parlers et les auteurs du livre promeuvent cette “transdialectalité” alors qu’il est censé s’agir de basque unifié ! Autre exemple, l’extraordinaire dictionnaire en ligne nolaerran.org : celui-ci respecte le cadre des conjugaisons et des déclinaisons du batua tout en donnant les variantes de tournures de phrases et toutes les traductions d’Iparralde ; si vous êtes intéressés par la langue basque, je vous le conseille vivement !!

  • J’ai une collègue de travail originaire du coté de Saint jean pied de Port. Ses neveux et nièces ont commencés le basque au primaire et cela se passait bien. Ensuite, peut être au secondaire, cela s’est compliqué avec de nouveaux instits formés uniquement au basque unifié. Leur grand mère qui parle un basque "familial’’ ne leur est plus d’un grand secours.
    Finalement ce que j’aurais souhaité pour un "gascon unifié" est proche de la description faite du basque unifié.
    L’utilité du gascon serait de pouvoir le parler avec des gascons de Bordeaux, de Toulouse, du Lot et Garonne, du Val d’Aran, etc...
    Parler le gascon de Bayonne avec des bayonnais et Sud-landais (Maremne, Seignanx) dans des lieux confidentiels me semble limité.
    Hier chez Mollat j’ai jeté un coup d’œil au livre initiation au gascon de Darrigrand. Je savais que Le a final se prononce e atone à l’ouest du Bearn, dans les landes et Gironde. Idem pour le e final. Le "gascon post Grosclaude" est peut être bien adapté à un gascon unifié. Mais bon pernoste l’appelle occitan gascon...
    J’ai essayé sans trop de convictions d’apprendre le gascon avec le livre de Darrigrand, la méthode de Grosclaude, la récente méthode hum de calhau, le livre deJean Rigosta et les enregistrements de Georges lamothe. Arrei (arroey) J’ai le cerveau comme un galet du gave.
    A défaut du défunt gascon (je ne suis pas pessimiste mais réaliste), pourquoi pas un tout petit peu de basque... Jadis il y a avait la méthode de jon onatibia mais elle a totalement disparue alors qu’elle me semblait assez claire.

  • J’ai attendu un peu avant de répondre à la riche communication de Bruno et à ses échanges avec 32406465 .Pas seulement à cause de ma lenteur d’esprit mais parce que tout cela mérite vraiment réflexion.
    Tout d’abord,je constate que tous deux êtes d’accord quant à l’utilité d’un gascon commun, se superposant aux dialectes,du moins tant que ceux-ci survivront .
    Après,deux questions se posent (et se superposent) :
     comment articuler l’usage d’un gascon commun et celui des dialectes ? En d ‘autres termes,dans quelles circonstances privilégier l’un ou l’autre ? Question que je laisse pour l’instant de côté.
     quel degré d’unification attend-on de ce dialecte commun ? Avec la particularité additionnelle qu’une certaine flexibilité de celui-ci permettrait idéalement de sauver des particularités dialectales dans le cas où les dialectes disparaitraient rapidement de l’usage .
    Concernant la seconde question,Bruno sait-il pourquoi les promoteurs du batua ont fait le choix d’une conjugaison et d’une déclinaison unique ? Est-ce parce qu’un seul modèle était déjà prédominant ou parce que le degré de différenciation des variantes était très faible ? En Gascogne où la question des déclinaisons ne se pose pas,celle des conjugaisons est cruciale avec deux modes de conjugaison principaux sans compter plusieurs variantes périphériques (dont celles de la vallée de la Garonne, très influencées par la conjugaison occitane et donc,non autochtone me semble-t-il).Avec ,comme relevé par Bruno,à l’intérieur de la conjugaison sud -gasconne, la différence entre les formes en ish et isc … Bref,côté gascon se pose la question du degré d’unification acceptable par tous sans que celle-ci amène les uns ou les autres à rejeter la forme commune comme presque aussi étrangère que l’occitan standard… Pas simple.
    Cela dit,je ne partage qu’à moitié le fatalisme de Bruno concernant l’émergence du gascon « béarnais » façon Grosclaude.J’ai certes déjà dit ici qu’il était illusoire de chercher à forger ex nihilo un gascon commun à partir de formes réputées hyper-gasconnes donc très méridionales et que ,sans tomber dans la poltique mistralienne du « droit de chef d’œuvre »,il faudrait tenir compte de la présence massive de l’écrit « béarnais » du genre « plaine de Pau » façon Camelat et Palay ;une langue ne peut se passer de ses classiques, même si Manciet vient bouleverser la donne , évidemment mais sa langue est trop « esquère » (que Renaud et Halip me pardonnent) pour être une base d’un gascon commun…Cela dit ,il ne faudrait pas renoncer à l’emploi de formes syntaxiques autres que les très méridionales (celles du parlar negue ,par exemple, d’une belle expressivité et certainement très autochtones ) .Pour le vocabulaire,il est clair que la solution basque est la meilleure et de bon sens.
    Enfin je comprends mal la déception exprimée par 32406465 après avoir courageusement affronté les différentes méthodes proposées ;est-ce à dire que rien d’efficace n’en sort ?Et du reste je suis convaincu qu’un gascon commun sortira tout autant de l’usage de personnes comme lui et moi,pas attachées à un seul terroir, tout autant que d’un sanhédrin de doctes linguistes ,pas près de voir le jour,hélas.Un gascon bâtard pour les puristes,sans doute mais les langues ne commencent-elles pas toutes ainsi ?
    Tout ça bien sûr ,si l’avenir nous ménage quelques chances de survie !

  • Que soy de Biarritz (Viaritis) en vieux gascon et non pas en patois. Je pleure ce qu’est devenu mon pays envahi par les basqueries, les basquisants (néos), pour tout dire les Basques qui au temps de mon enfance avaient le bon goût de s’arrêter à la ferme Michelena qui marquait la frontière de Hilhbaris. La première maison "gasconne" était la Maison Barré. Après, tout le reste était "gascoun", Anglet et Bayonne compris. On entendait partout le parler "noir", même si à Biarritz le mélange savoureux des langages venus de tout le monde occitan avec les travailleurs migrants arrivant du sud de la France, du Pays Gavache et même du Portugal, pimentés de quelque mots labourdins faisait un idiome particulier. Cela me sonne encore dans les oreilles mais hormis dans ma tête, je ne l’entendrai plus dans les rues de la ville où je suis né. Salut à tous ceux qui se reconnaîtront dans mon propos, et Boune Annade.
    Lou Veilh Viarot

    [Adishatz e boune annade ! (aus bascous e néo-bascous dou BAB tabeÿ... !)
    J’ai cru bon de brancher ici votre gran de sau qui était initialement rattaché au lieu Bona anada de Tarbes créé par Vincent.
    Au fait, une question : jusque vers quelles années avez-vous entendu partout le parler "noir" vers Bayonne et Biarritz ?
    Tederic, webmèste]

  • 3. Gérard se demande quand est-ce qu’on utilise une forme standard plutôt qu’un parler localisé. Honnêtement, il est très dur de répondre de façon nette et précise à une telle question et cela dépend de la situation socio-linguistique de la langue et de son territoire. De plus, dans notre cas gascon, il n’y a pas vraiment de discours articulé autour d’une standardisation ou non, donc la question relève quelque peu de la rhétorique. Et dans les champs artistique et littéraire, le choix est bien évidemment celui des auteurs.

    Mais pour ne pas me défiler, je vais donner mon avis tout à fait personnel sur ce questionnement de l’articulation entre langue standard et parler local  :
     parler local : communication orale (vie privée mais aussi la radio, TV, etc), sur les réseaux sociaux, forums, etc. En gros, dans les domaines qui permettent des échanges plus ou moins spontanés ...
     langue standard : plutôt dans le domaine de l’éducation, manuels scolaires, cours de langue supra-dialectaux, certains livres et médias écrits dans un cadre pan-gascon, administration (surtout si l’usage social de la langue est perdue, ou si la communication concerne une zone comme celle de la zone gasconne de la Communauté d’Agglomération Pays Basque, etc.), ...

    À propos des aller-retours entre standard et dialectes, j’ai remarqué - si je ne dis pas de bêtises - que quelqu’un comme Halip Lartiga (Kaixo Felipe, irakurtzen baldin banauzu ...!) variait ses formes de gascon, entre local et pan-gascon, que ce soit sur ce site ou dans ses différents écrits. Dans son livre Gasconha, Lenga e Identitat, pour traduire “il pourra”, il utilise la conjugaison “poderà”, alors que dans beaucoup de parlers - dont le sien - on aurait dit : “puirà” / “poirà”.

  • 3. Gérard, par rapport aux questions sur le basque unifié, je te répondrais par quelques exemples pour ne pas trop rentrer dans des théories (que de toute façon je ne maîtriserais pas), illustrées par des atlas linguistiques (cf. cartes sur mon pdf).

    Exemples de déclinaisons de verbes en euskara
    Télécharger (3.4 Mo)

    J’ai eu l’occasion de rencontrer Peio Etcheverry-Ainchart qui s’occupe de la maison d’édition basque Elkar. Il expliquait à propos des livres pour enfants en basque que certains parents étaient circonspects car le vocabulaire leur semblait trop souvent provenir de Hegoalde (ex : le castillan “kotxe” plutôt que le franco-gascon “auto/oto”) et qu’ils faisaient donc des efforts dans le sens d’un vocabulaire plus ancré en Iparralde (remarque : une autre maison d’édition, Ikas, propose même des livres pédagogiques et pour enfants en souletin). Mais plus tard, en lui demandant quelle conjugaison ils favorisaient dans leurs livres, il me répondit qu’ils étaient bien obligés d’utiliser le batua, sinon on aurait, par ex pour l’auxiliaire de “il vous l’a”, le choix entre des “dizu” (batua), “dautzu”, “deizü”, voire le “zaitu” de la côte qui est grammaticalement absurde par rapport aux autres formes. (cf. carte 1381)

     Pour l’utilité d’un système unique des déclinaisons, je prend un exemple très simple (hum !) : dans la phrase : “les filles ont fait ceci”, le sujet du verbe transitif est “les filles”, ce qui se traduit par “alabek” en Iparralde alors que “alabak” y est soit un sujet au pluriel d’un verbe intransitif (“les filles sont belles”), soit un sujet au singulier d’un verbe transitif (“la fille a fait ceci”). Mais la très grande majorité des parlers d’Hegoalde ne font pas cette différence entre le singulier et le pluriel d’un sujet de verbe transitif (“alabak”) : je suppose que la forme d’Iparralde a donc été privilégiée car plus rigoureuse et moins ambigue. (cf. cartes 1229 et 1230)

     Pour les verbes et la conjugaison, il y a de façon générale un souci de logique interne et de régularité. Pour illustrer la situation géographique des formes choisies, plutôt qu’un long discours, mieux vaut un bon dessin (ici des cartes linguistiques !) du verbe izan (être) au présent.

    batua : NAIZ (= je suis)
    carte 1273

    batua : GARA (= nous sommes)
    carte 1276

    batua : DIRA (= ils sont)
    carte 1279

    Vous remarquerez sur les cartes du pdf en pièce-jointe que le batua va piocher dans des dialectes différents (ici, rien que pour le verbe “être”).

  • En prumèir bona annada a tots e sustot bona santat per 2019.

    Tout ce qui a été dit ici est très intéressant et bien formulé. Mais nous devrions faire preuve de réalisme au risque que cela puisse être pris pour du défaitisme.

    La situation du basque et celle du gascon ne sauraient être comparées. Lorsque le basque unifié a été créé en 1968, la langue basque, bien que fortement menacée, était encore une langue d’usage alors qu’à cette époque le gascon ne l’était plus depuis déjà une bonne trentaine d’années. Et qu’on ne vienne pas me dire que c’est faux du fait qu’ici et là on trouve encore des jeunes qui parlent merveilleusement bien. De tels cas très rares sont l’arbre qui cache la forêt.

    Qu’est-ce qu’une langue d’usage ? C’est une langue qui est pratiquée quotidiennement par tous les membres d’une communauté, qu’elle soit tribale, ethnique, nationale. Ce n’est plus le cas du gascon qui n’a plus été transmis au sein des familles en gros aux alentours des années 50 du siècle dernier. Dans la vallée de la Garonne cette non-transmission fut encore plus précoce. Tout gosse j’avais entendu dire par un grand-père que le "patois" était connu et pratiqué couramment par la plupart des citadins marmandais au tout début des années 1900, avant la guerre de 14-18. De nos jours je défie quiconque de trouver une personne âgée à Marmande et dans la campagne marmandaise capable de tenir une conversation dans le gascon farci de français des derniers locuteurs natifs nés à la fin des années 1800 / début des années 1900. Moi y compris qui ai eu la chance d’avoir pu et voulu capter enfant des bribes de ce qui était considéré alors par la plupart des gens comme une non-langue à usage familial et de proximité entre personnes de la même communauté locale. De cela il en a été parlé maintes fois ici et je ne voudrais pas ressasser toujours les mêmes choses et passer ainsi pour le passéiste, sinon le défaitiste de service.

    Ne nous berçons pas non plus de l’illusion qui consisterait à penser, comme ce fut le cas des occitanistes naguère, qu’une langue standard, unifiée apparaîtra forcément à la suite des échanges oraux et écrits entres locuteurs et locutrices de régions différentes, ce qui fut l’utopie aveugle des années 80. C’est infiniment regrettable mais le gascon, comme le restant de l’occitano-roman hormis le catalan, a raté le train de l’Histoire, lequel ne repasse pas deux fois. Le seul espoir pas trop utopique qu’il reste, c’est de tenter, à un très modeste niveau, de vouloir (car c’est une question de volonté) se mettre à pratiquer un gascon centro-occidental qui tiendrait lieu de moyen terme entre des formes dialectales éloignées et en deshérance. Mais ce ne sera pas l’oeuvre d’un cénacle de linguistes et de philologues comme ce fut le cas du basque batua. Il ne pourra s’agir que d’actes individuels de la part de personnes hyper-motivées et capables d’y consacrer beaucoup de temps. Hélas, de nos jours, à part peut-être quelques cas isolés, cela relève du domaine de l’utopie. Quand je parle de cas isolés, je pense à Philippe Lartigue, Renaud Lassalle, Gaby Balloux, que je salue, et quelques autres encore ça et là.

    Si les dialectes basques sont encore vivants, (mais pour combien de temps ?) ce n’est plus le cas des dialectes occitano-romans de France, y compris le gascon.

    Mais tout n’est pas fichu car nous disposons d’un corpus littéraire de qualité dont nous pouvons nous inspirer pour forger, si nous le voulons individuellement et collectivement, un gascon relativement unifié, donc crédible en tant que langue de nos jours. Mais gardons-nous de faire comme les occitanistes le font encore, de transcrire en graphie "classique", alibertine, les oeuvres du passé, avec à la clé des "corrections" non moins occitanistes. Respectons le travail des anciens, quelle que soit leur graphie, même si cette dernière peut paraître parfois "surréaliste".

  • Adiu !

    Òsca a Bruno preu son tribalh ! Toucatoucatouca (brut de la bateria en Minor Threat) !

    Moi, pour tout dire... je n’ai plus aucun avis ! Franchement, je parle, j’essaie d’être cohérent par rapport à mes origines géographiques, après... Bien-sûr que selon moi, l’éditorial aurait du être en gascon bayonnais (iva est quand même emblématique !) mais pour ce qui est de la normalisation, tout ça... Pfiou ! Je sais pas... De toute façon, ça m’étonnerait que ça se fasse !

    Enfin, çò que puish díser qu’es qu’estant a l’universitat de Tolosa engoan entà vir professor d’oucitâââ, un gran varat i a entre los gascons e los lengadocians en tèrma de lenga. Tots los lengadocians qu’i son (professors, estudiants) que parlan tots ua lenga ibrida, shètz sabor, un òrde "d’occitan centrau, normat"... Los dus que parlan "dialèctes" (absurditat de le denominacion puishque l’oc n’es QUE "dialèctes" o meilèu com ac dit lo Joan Peiroton "parlars"), que son jo e un sortit de Sarlat, donc los dus mèi lunh deu larèr occitaniste. En apartea, que divi plan díser eth e jo, quèn se parlan, que’ns dévem normalizar lo parlar autament qu’am coentas a se compréner !!!

    En dusau annada, donc com professor estagiari, dus que son : un lengadocian que parla l’oc normat ("eth patoès dera facultat" com dit JP Ferré) e ua gascona de le vath d’Aspa qu’a un biarnés pro marcat (per exemple, que dit "candar"). En dehòra de la fac, quasi tots los joens gascons que coneishi (joens de mens en mens joens) que parlan parlars ancrats : comengés, bigordans, biarnés (dab diferents trèits), etc... E’m pensi les richessas dialectaus que son estadas mèi plan sauvadas a nòste, qu’es segur. Donc autant se’n servir atau. Que vòlen díser causas tabé !

    Que dirí tabé aquiras particularitats dialectaus se son mèi sauvades percè los professors gascons qu’ensenhan per le màger partida en gascon locau, arrèis deu lengadòc. Causa arridènta, qu’èi podut entèner o meilèu percéber entermei las estudiantas gasconas de 3au annada, qui avè avut qui com professor au licèu, percè que tornèvi trobar trèits locaus. Los estudiants lengadocians iths, que parlan tots parièr... Tot aquò, qu’ac devi díser, negat en ua maishanta lenga qu’an mesclat dempuish de tesics lengadocians pècs (díser "uéyt" a le plaça de "oueyt" (8). Aqueth "ue" que diurem tostèm mercar "oe" en gascon, per exemple)...

  • Entà tornar sus aqueth "bòna" : ne’m pensi pas que sii com ac avè dit Vincent ua non barradura deu "o" com en "nòste / noste - mòrt/ mort - jò/jo, etc...) Qu’ac veirí meilèu com un gallicisme. N’apareish pas jamèi en Arnaudin per exemple (que disi aquò percè ua hemna de nòste qu’ac dit tabé). E n’am tralhas de les vielhas (pas l’atge Mejan, solide percè qu eserà escriut atau puishque nat o ne s’èra barrat encoèra mes meilèu deu sègle 18 o 17) ?

    Entà çò d’escríver "bròja", qu’es encoère bearno-centrat ! Percè de’queth "j" parasite dont es grafiat atau per le còia de Per Noste, per exemple. Qu’es un trèit dialectau deu biarnés orientau e de l’armanhaqués (que’s pòt arretrobar dinc a Labrit) : har lo "i" intervocalic sistematicament "j" com en "que j a monde". D’aquí la fòrma "beroge" grafia "beròja". Per exemple en Despourrins, qu’es tostèm escriut "bérougine" percè qu’es un trèit deu biarnés orientau. Que disi plan [luhbyws] e portant ne l’escrivi pas "loh buus" !

    Que cau donc, o carré donc, escríver bròia / beròia

  • Pour compléter le "tout n’est pas fichu" de Danièl (bona anada tanben a tu !), après son constat sans fard...

    Le gascon n’étant plus une "langue d’usage", il devient pour quelques uns (nous !) une langue d’usage affectif et identitaire (j’emploie ce mot décrié, j’y reviendrai peut-être ailleurs).
    Il est question de mémoire. Mais je voudrais qu’au moins nous soyons dans la mémoire vivante !
    "vivante" : pour moi, ça veut dire pas seulement par écrit, mais à l’oral, et avec une prononciation à soigner, pour qu’elle ne soit pas trop francisée ; ça veut dire aussi accepter l’objectif modeste de faire passer dans l’usage courant au moins quelques mots au delà de notre Adishatz...

    J’en reviens à mon "dada" : les noms de lòcs ; le gascon est encore partout dans notre environnement sur les cartes et pancartes ; avant même de rajouter des pancartes qui seront mal lues, comme "Estadi municipau" à Barsac ou ailleurs, il faut tenter de faire passer à une part substantielle du grand public (qui de toute façon ne parlera pas gascon) les grandes lignes d’une prononciation authentique gasconne : l’accent tonique (estadi et pas estadi !), les diphtongues àw, iw, èw, òw et même ùw, qu’on trouve dans ... cùu, mais aussi parfois dans ùu (oeuf)...
    Rien que cet objectif minimal est ambitieux !

    Ceci dit, je reviens au message initial de Bruno.
    J’ai lu la copie qu’il nous fait de l’éditorial en gascon du journal municipal de Bayonne.
    Je n’entre pas ici dans le détail des choix de langue plus ou moins locale (qui est pourtant le problème posé par Bruno ; qu’il m’en excuse !-)).
    La question que j’ai, c’est si, à moyens humains (et donc financiers) égaux, il ne serait pas plus efficace pour une mémoire vivante du gascon à Bayonne, de réaliser sa présence publique autrement que par la traduction d’un éditorial.*
    Par exemple en casant intelligemment ici et là quelques mots emblématiques : pas seulement Adishatz, mais gnac, mefia’t (puisqu’il parait, d’après les statistiques de Gasconha.com, que cette expression hante les esprits gascons !), mamè, papè, aganit, plabengut, hart...

    Ensuite, à Bayonne, il y a la concurrence basque-gascon, les messages de Pierre Cassoulet nous le montrent... certains vont dire : si l’éditorial municipal est traduit en basque, pourquoi pas en gascon ?
    Sur ce point, je dirai que c’est aux basques de dire s’ils se satisfont d’un éditorial traduit en basque. Mais côté gascon, je pense qu’il faut jouer plus fin, ne pas se satisfaire d’une égalité de façade, mais chercher l’efficacité mémorielle et identitaire.

    * J’ai sous la main un autre exemple de mise à l’honneur symbolique du gascon, qui à mon avis manque sa cible, dans le programme 2018-2019 des Sites et Musée du Gers, sous le texte L’Abbaye de Flaran.
    En voici un morceau choisi (que’p dèshi juddyà / que’vs deishi jutjar...) :
    « Pivòt de la politica culturau votada per l’Assemblada departamentau, site public mes visitat de Gèrs, l’Abadia de Flaran que hè l’objècte de desvolopament pluriannau, portat per la collectivitat proprietària. »

  • Adixatz monde !

    Tout d’abord,grand merci à Bruno pour avoir pris le temps d’une démonstration aussi bien documentée.
    J’en retiens que le monde des conjugaisons basques est à peu près aussi complexe que celui du gascon .Unifier nos conjugaisons serait un vrai défi ; il serait bon de savoir si cette unification côté basque est « bien passée » ou a fait l’objet de levées de boucliers.Côté gascon,malgré l’usage dialectal déliquescent,je suppose que ce serait le cas,non ?

    Daniel :
    Je ne crois pas que les occitanistes des années 70/80 aient eu l’idée d’une fusion pragmatique des dialectes ,plutôt me paraissent-ils avoir forgé un occitan standard supposé prendre naturellement le relai avec la mort attendue des parlers locaux de toute l’ « Occitanie » en commençant pas s’imposer majoritairement chez les jeunes néo-locuteurs d’alors (et c’est bien ce que constate Renaud à Toulouse ,une génération plus tard).Pour le gascon,par contre,faute d’un aéropage de linguistes, c’est bien pragmatiquement,par adaptation successives de nos parlers que se fait une certaine unification avec ,en effet (je le soulignais également) un rôle tutélaire des œuvres littéraires dont nous avons héritées. Et ce serai bien d’obtenir , si possible, une bénédiction ultérieure de quelques savants linguistes …

    Renaud :tu nous fais toucher du doigt qu’il ne fait pas nécessairement « sanctuariser » toutes les formes notées ici où là,comme « bòna » en parler occidental,qui peut bien être un gallicisme et créerait,si nous généralisions le phonème /graphème à tous les mots de construction analogue ,un nouveau cas de frontière intra-dialectal,sans doute pas même motivé …Et pour revenir au cas du gascon bayonnais,après tout,si un texte officiel émane de la ville de Bayonne,je n’ai rien non plus contre le très typique »iva »(ou « ive ») qu’on lit sur les panneaux explicatifs des noms de rue et de bâtiments de la ville.
    Auta causa : e que vòu diser "la còia de Per noste" ?

    Tédéric :
    Je ne te suis qu’à moitié :les textes officiels ne sont pas tout mais ils disent le retour du gascon dans la sphère publique,ce qui n’est pas rien.De plus ils habituent les gens à lire et peut-être utiliser des phrases entières,construites. Adishatz,mefia’t et autres mots totems,c’est bien joli mais ça n’ira jamais plus loin que quelques mots émaillant occasionnellment une conversation ;mais ce n’est pas rien,en effet.Et par ailleurs je ne vois pas trop la difficulté d’une inscription « estadi municipau » qui me parait sans reproche . Il ne faudrait pas que nous tombions dans une critique systématique de toutes les tentatives de retour du gascon dans l’écrit public.
    Pour Flaran ,je proposerais volontiers à la « collectivité propriétaire » une traduction comme celle-ci,ne collant pas à la langue de bois administrative française :
    L’Abadia de Flaran qu’es lo siti public mèi visitat deu Gèrs e lo pivòt de la politica culturau votada per l’Assemblea Departementau.Aquesta politica que segueish un desvolopament pluriannau de la collectivitat pròpietaria.

    Qu’en disetz ?

  • 10. Adiu Renaud, Arnaudin que balha les duuas fòrmas hens lo son diccionari : boune e bone (aquest qu’es mèi medironiau belèu ... e lo Rectoran ne balha pas sonque bone).

  • Tederic :
    Le gascon langue d’usage affectif et identitaire ? Je souscris pleinement à cela. Je sais combien l’étiquette "identitaire" n’a pas bonne presse du fait qu’on lui prête généralement une orientation d’extrême-droite, mais "Aquò rai !" Je me doute bien que tu emploies ce qualificatif au sens étymologique et non au sens dévoyé qui en a été fait par la suite. C’est dans son sens premier que j’adopte moi aussi ce terme. Se savoir, se vouloir et se dire gascon a bien un rapport avec l’appartenance identitaire d’une personne, n’en déplaise à ceux qui pourraient y trouver à redire.
    Et quand tu parles de mémoire vivante, qui pourrait être contre ? C’est certain qu’aller au delà d’adixatz serait l’idéal, et je pense que l’époque s’y prêterait beaucoup plus que celle que j’ai connue jeune et dont je t’ai parlée, époque où la langue était encore vivante mais où les écarts dialectaux étaient perçus comme des déviances, des incongruités, et non comme des variantes acceptables. En un mot, les dialectes et sous-dialectes sont morts, ce qui est éminemment regrettable, mais aussi paradoxalement libérateur pour peu que l’on se soucie de la survivance du gascon sous une forme normalisée acceptable et voulue par les patriotes gascons que nous sommes tous ici. Car, comme je l’ai déjà dit, tout n’est pas perdu, fort heureusement. Quand on sait la masse de documents, de contes, de récits, de lexiques, de grammaires, d’écrits de toutes sortes, à des époques différentes, on ne peut qu’y puiser sans vergogne comme autant d’outils tous plus utiles les uns que les autres. Et je rejoins là volontiers Gérard lorsqu’il parle du rôle tutélaire des oeuvres littéraires dont nous avons héritées.

    Gérard :
    C’est sûr que tous les occitanistes des années 70/80 ne sont pas allés dans le sens d’une fusion des dialectes mais cependant il y en a eu. J’en ai connus plusieurs en Béarn qui avaient cette vision utopique de fusion inéluctable des dialectes non seulement dans l’espace gascon mais aussi et surtout dans l’ensemble de l’Occitanie en tant que "patriotes occitans" comme certains se voulaient et le proclamaient haut et fort. Par contre, cette tendance était quelque peu contrebalancée par ceux qui, bien qu’Occitans déclarés, souhaitaient la survivance des dialectes "occitans" et se mirent à utiliser le béarnais d’Orthez comme langue occitane de référence en Gascogne, généralement sous le terme d’"occitan", parfois d’"occitan gascon" et plus rarement encore de "gascon".

  • Gérard : que disi "la còia de Per Noste" percè aqueth "beròja", ce’m sembla, qu’es estat popularizat o espandit pr’ad iths. Narioo, per exemple, qui m’avè ajudat a parlar e escríver mélher gascon 10 ans a, que volè qu’escrivossi "beròja".

  • 11. Tederic devrait être intéressé par la démarche de ce site sur l’histoire des Halles de Bayonne, surtout sur les traces de gascon dans le français régional. Même si le gascon n’y est pas identifié ou nommé, on reconnaît dans la grande majorité des exemples (de ce qui est appelé ici "le bayonnais") des tournures ou mots gascons.

    http://bayonnades.fr/index.php/2019...

    http://bayonnades.fr/index.php/2019...

  • Bruno, j’ai lu ça "biste heï"...
    Oui, ce sont des mots qui peuvent parler aux vieux bayonnais ; enfin, je suppose... l’auteur dit qu’il en a trouvé dans des documents d’archives, donc ils ne sont peut-être pas tous dans la mémoire des bayonnais vivants. Moussu(r) Caucase pourrait nous le dire...
    La plupart ressortent du gascon negue.
    Je note "Meurci forte", avec cette difficulté d’écrire ces mots en franco-phonétique... Idem pour la notation de l’accent tonique : comment "hommiarou" est-il accentué ?

    Je pense que les défenseurs du gascon, dans cette période où la langue s’éteignait, n’ont pas assez mobilisé ces mots.
    De nos jours, le bulletin municipal pourrait par exemple intituler "D’aoutes cops" une rubrique sur la mémoire locale... et d’autres, dans les limites du registre de langage qui lui sied... pas cap de coun par exemple... ça parlerait plus aux vieux bayonnais qu’un éditorial en graphie normalisée.

    Quant au souvenir des Halles qui motive l’auteur : je le comprends... les Halles d’aoutes cops... j’ai lu récemment sur Facebook Esprit gascon l’opinion de "notre" Vincent P. sur les nouvelles Halles de Pau, qui ont selon lui tué les halles populaires... Pour les avoir visitées en décembre, je partage !
    L’esprit gascon peut difficilement souffler dans ces nouveaux lieux chics - où on vend cher, m’a-t-il semblé.
    Bien sûr, théoriquement, la Gascogne, c’est aussi les riches. Mais puisqu’ils l’ont délaissée...
    Que’n tourneram parlà !

  • Bonjour Messieurs et Dames,
    Je suis André Combe l’auteur du site "Bayonnades".
    Mon souhait se résume à rappeler aux anciens et faire découvrir aux jeunes le "Parler bayonnais" jusqu’aux années 80 qui était pratiqué dans et (largement) autour des halles de Bayonne.
    Alors oui, le Gascon y tenait une part prépondérante, fait indiscutable qui est (trop) souvent nié ou éludé de nos jours.
    Mon objectif est double :
    Faire sourire.
    Remettre les choses à leur juste place.
    En effet, la plupart des anciens de ma famille parlaient "le bayonnais" comme décrit sur le site, d’ailleurs l’un de mes grands-oncles, Louis Servon, a fait très longtemps partie de "l’Académie Gascoune".
    J’espère que vous comprendrez ma démarche, et compte sur votre indulgence pour les fautes d’orthographe (en Gascon) que le site pourrait contenir.
    Je vous en remercie par avance et bon dimanche à toutes et tous.
    André

    Voir en ligne : http://www.bayonnades.fr

  • Bruno
    Concernant la création du batua, je me souviens d’avoir entendu Harritchelar (président de 1989-2004) dire qu’initialement le choix se portait sur la conjugaison du Navarro-Labourdin. Ce sont ceux du Nord qui ont insisté pour se rapprocher de la population bascophone la plus nombreuse : les Guipuzcoans.

    Par ailleurs, il me parait évident aujourd’hui qu’une langue ne peut vivre que soutenue par une institution, que ce soit un État, une communauté autonome, une église, ou autre.
    De fait, basque et gascon étaient soutenus par les institutions de l’époque : assemblées, parlements, silviets, quels que soit les noms qu’on leur donne.
    À noter que le gascon était utilisé au moyen-âge pour les actes notariés jusqu’en Guipuscoa en concurrence avec le latin.

  • 18 André Combes.
    Merci pour votre communication et longue vie à "Bayonnades".
    Ce parler populaire à syntaxe française (pour l’essentiel) et vocabulaire mêlé à forte dominante gasconne rappelle évidemment le "bordeluche" qui jouait le même rôle à Bordeaux sans doute aussi jusqu’aux années 1980 ; il n’en reste plus que des bribes aujourd’hui.
    Vous gagneriez cependant, je pense, à bien indiquer aux jeunes ou néo-bayonnais qui découvriraient votre site, qu’une grande part de la spécificité de ce parler vient du gascon et si possible, de donner en note les mots gascons "souches" des mots"bayonnais". Ainsi qu’à rappeler en note quelques manuels de gascon du Bas Adour (tel que l’excellent "Parlam" édité ) à Bayonne il y a quelques années et pas épuisé.