Les projets du Pôle Coeur Entre deux Mers vus par ReGasPro Cinq communautés de communes de l’E2M dévoilent leurs projets pour 2030

- Gerard Saint-Gaudens

Pays ou Pôle Coeur Entre deux Mers : deux cartes successives
Ce "pays" (maintenant PETR) est passé de 7 à 5 communautés de communes, a été amputé au sud (Benauge) et s’est étendu vers l’est.

Le Pôle Territorial du Cœur Entre Deux-Mers annonçait le mois dernier 12 projets d’avenir en cohérence avec son Ambition 2030 et la recherche pour eux des financements nécessaires. Que peut-en dire ReGasPro ?

Tout d’abord le périmètre de ces projets :

Il juxtapose d’une part 4 communautés de communes de taille réduite mais très peuplées, à l’ouest, en raison d’un caractère plus ou moins prononcé de grande banlieue bordelaise et à l’est, la Communauté des communes rurales de l’Entre Deux Mers, qui dit bien sa nature et représente à elle seule la moitié de la superficie de ce Pôle.
D’où une configuration un peu étrange, démesurément allongée façon Tchécoslovaquie de naguère.
Si le but est de créer le lieu d’une future péréquation des moyens (forcément plus importants à l’ouest qu’à l’est), on peut le comprendre ; sinon, un simple regard sur la carte peut faire douter de la rationalité de cet accouplage (projet de lycée à Créon mis à part). D’autant que pour un Coeur d’Entre Deux Mers, les deux rivières ne baignent les territoires que de deux (trois à l’extrême) de ces CC ; les territoires les bordant à l’est d’une ligne Camarsac/Langoiran sont absents...

Pourtant la carte et sa comparaison avec celle des Pays historiques montre des points communs tant avec le sud de la CC du Libournais au nord (le nord du Pays créonnais, en fait) et avec les territoires bordant la Garonne au sud (le Pays de Benauge allant en pointe jusqu’à la limite de Langon, le Haut Entre Deux Mers allant lui aussi se baigner dans la Garonne), vieilles solidarités peut-être inopportunément oubliées dans le découpage des CC et aussi par ce Pôle qui eût pu associer le Libournais et la CC du Réolais à tout le moins.

Ces considérations géographiques ont leurs conséquences dans la nature des projets sélectionnés. Non que ceux qui l’ont été manquent d’intérêt (encore qu’un ou deux paraissent un peu secondaires voire anecdotiques) mais parce que d’autres ne semblent pas avoir été envisagés (ou retenus ?).

Les projets

Les voici, tous les 12 :
 Aménagement d’un espace éducatif à Fargues (CC Côteaux bordelais),
 Développement des modes de circulation alternatifs à la voiture (idem),
 installation de bornes numériques d’info touristique (CC Saint-Loubès et Côteaux bordelais)*,
 Mise en place de collecte hebdomadaire de biodéchets (CC St-Loubès) ,
 Implantation d’un centre aquatique intercommunal (idem),
 Création d’une liaison douce St-Loubès/St Sulpice et Cameyrac (idem)
 Création d’un itinéraire doux en bord de Garonne (CC Portes de l’Entre Deux Mers),
 Revalorisation des Chantiers Tramasset (idem),
 Création d’un lycée de l’E2M à Créon (CC Créonnais),
 Création d’un Tiers Lieu E2M à Créon (idem),
 Création d’une zone d’activités à Bellebat (CC Communes rurales E2M),
 Création d’une ferme photovoltaïque au sol à Gornac (idem).

Soit au total huit projet pour les CC de l’ouest, deux pour la CC « rurale » de l’est et deux concernant l’ensemble (Créonnais).
Thématiquement, on peut les rassembler comme suit :
Environnement : 2
Education : 2
Activités économiques : 1
Tourisme/lieux d’échange : 3**
Transports : 4.

Géographiquement et sectoriellement aucun ne semble devoir utiliser le fleuve et la rivière si ce n’est tangentiellement le modeste projet de voie verte Langoiran/Latresne « en bord de Garonne ».
Pourquoi ne pas remettre ces deux voies au cœur du projet, ne serait-ce qu’en posant les jalons permettant de refaire de ces axes des voies de circulation de passagers comme de marchandises, pouvant aller à terme jusqu’à Bordeaux ? Pour les habitants des CC de l’ouest, ce serait une belle avancée.

Un volet agricole ambitieux

En dehors de ces 12 projets, la feuille de route de ce Pôle, présentée à Targon le mois dernier, comporte un volet agricole dont on se demande du reste s’il n’aurait pas pu compléter ces 12 projets, voire en remplacer certains de portée quelque peu limitée, voire anecdotique**. Et si le diagnostic et les intentions manifestées à cet égard (cf Sud Ouest du 2 décembre « Reconnecter l’agriculture au territoire ») sont suivies d’effet, elles ne peuvent que rejoindre les préoccupations de ReGasPro : « comment relocaliser la production agricole ? aider l’installation de nouveaux maraichers ou éleveurs, endiguer l’urbanisation, rénover les logements vacants dans les bourgs, remettre en culture les terrains en jachère, favoriser les circuits courts, etc… ? » avec la problématique du foncier (cher), des freins à la re-connection des agriculteurs au marché local, de la domination trop exclusive de la viticulture alors que celle-ci rentre dans une relative crise et qu’ « historiquement ces pays étaient des territoires de polyculture et d’élevage »…

* à cette occasion, il serait souhaitable d’attirer l’attention des futurs acteurs de ce chantier sur l’intérêt d’une signalisation bilingue français/gascon, au moins pour des raisons historiques et patrimoniales.

** soit un poids peut-être trop élevé parmi ces 12 projets, on aurait préféré y voir un ou des projets de réanimation des centres bourg à côté ou en remplacement de la trop classique zone d’activité près du circuit automobile de Faleyras (quelles activités ? Certes Nogaro a su concevoir la complémentarité avec un circuit automobile mais est-ce reproductible en E2M ?).

Au total, quelques bonnes idées mais… peut mieux faire !

Grans de sau

  • Nous avons déjà buté sur le "problème" de l’Entre-deux-Mers dans notre essai de découpage de la Gascogne en pays sur Gasconha.com.
    Nous (en fait je !) n’avons pas créé de pays Entre-deux-Mers !
    L’Entre-deux-mers est pour nous divisé (sur la base de critères historiques qui remontent à l’antiquité avec les Vasates !) en trois sous-pays :
     Créonnais (partie du Bordelais)
     Benauge (partie du Bordelais)
     Haut Entre-deux-mers (partie du Grand Bazadais "à cheval sur Garonne"*)

    Les combinaisons administratives modernes confirment cette difficulté existentielle d’un pays Entre-deux-Mers : Ce "Pôle Coeur Entre deux Mers", qui résulte comme tous les "pays" (maintenant PETR - Pôle d’Equilibre Territorial et Rural) de la juxtaposition de communautés de communes, "ne fait pas le plein" de l’Entre-deux-Mers physique, loin de là : il est amputé des communes de l’Entre-deux-Mers qui appartiennent maintenant à des communautés à cheval sur Dordogne (le Libournais...) ou sur Garonne ("Convergence Garonne" qui contient aussi bien Portets que Cadillac, Réolais en Sud-Gironde...) ;
    D’où sa forme très étirée, à la "tchécoslovaque", ce qui laisse au moins augurer d’une scission paisible !-)
    Les axes fluviaux (Garonne, Dordogne) lui sont largement extérieurs, contrairement - comme le fait remarquer Gérard - au nom même d’Entre-deux-Mers.
    L’autoroute passe sur la rive gauche de Garonne, une voie ferrée aussi ; la voie ferrée Bordeaux-Sarlat, elle, passe rive droite de Dordogne...
    L’Entre-deux-Mers a perdu très vite sa voie de chemin de fer, qui passait à Créon et Sauveterre ; elle est devenue en partie une voie verte, la piste Roger Lapébie.
    Il fera difficilement "pays" ou même "pôle", face à la concurrence des vrais pôles que sont :
     Bordeaux en premier !
     mais aussi Libourne, Langon, La Réole...

    Dans ce contexte de périmètre problématique, je souhaite cependant (et sans ironie) bon courage à celles et ceux qui travaillent sur ces projets du "Coeur Entre deux Mers", que nous passons en revue avec bienveillance, mais en gardant l’esprit critique qui nous sied !

    * Sauveterre de Guyenne s’appelait jadis Sauveterre en Bazadais
    Sauveterre-de-Guyenne / Sauvatèrra en Vasadés

  • Bien vu, tout cela, Téderic.
    A propos de la proposition de signalétique français/gascon, il va de soi que si les animateurs du projet en question étaient intéressés, nous serions heureux de mettre à leur disposition nos modestes compétences.

  • Influencé par le Médoc qui est lui aussi (et encore plus !) entre deux Mers et constitue un pays idéal pour nous à Gasconha.com, je pense que l’Entre-deux-Mers pourrait en constituer un.
    Il faudrait alors, et j’abonde avec ce qui est écrit plus haut, que ce "Pôle" s’élargisse au sud jusqu’à Garonne et au nord jusqu’à Dordogne : il aurait alors des limites naturelles et bien lisibles.
    Comme le Médoc, la métropole bordelaise grignote cet Entre-deux-mers. C’est un fait majeur que nous n’avons pas fini d’examiner.

  • Il serait temps de jauger l’avancement des 12 projets du Pôle...
    En attendant, je vois qu’il a une action très concrète :
    l’Espace Droit des Sols du Coeur Entre-deux-Mers, un « service mutualisé d’instruction des actes d’urbanisme pour le compte de communes ».
    La commune qui reçoit une demande ou une déclaration d’urbanisme (un permis de construire par exemple) le transmet à ce service du Pôle qui l’instruit à sa place et lui propose une décision.
    Les communes du Pôle ont le choix d’adhérer ou pas à ce service, et gardent le dernier mot sur la décision...

  • Parmi les 12 projets de 2019 (lire plus haut), je viens de me pencher sur la « Création d’un Tiers Lieu E2M à Créon ».
    Cette idée de tiers-lieu est stimulante, et je m’y réfère de temps en temps, notamment dans une problématique ville/campagne ou métropole/périurbain : dans un tiers-lieu, on est par exemple censé (parmi d’autres activités) télé-travailler...
    Et récemment sur Gasconha.com nous avons reçu une demande pour proposer des noms pour un nouveau tiers-lieu médoquin, à Margaux-Cantenac.
    Ces initiatives associatives généreuses sont à suivre dans le temps...
    En tout cas, à Créon, ce tiers-lieu est sorti de terre, piloté par une coopérative, dans une bastisse moderne et avenante, et sous le joli nom d’Entre-deux-Mondes*.
    Créon

    Pour en parler, il faudrait tout simplement y aller... peut-être y manger un jour à midi, parce que l’Entre-deux-modes propose un bar-restaurant... il propose aussi une épicerie :

    Un magasin axé prioritairement sur des produits locaux et de saison [...]
    Définitions de la proximité :
    Hyperlocal : Territoire de l’Entre-deux-mers (entre Garonne et Dordogne jusqu’à la limite du département). Marque « Entre-deux-Mers »
    Local : cercle de 50km autour de Créon

    https://entre2mondes.org/epicerie/
    Il y a bien là l’idée de faire vivre un vertueux pays d’Entre-deux-Mers...
    https://www.facebook.com/entre2deuxmondes

    *Quels sont ces deux mondes ? L’ancien et le nouveau ? Celui de la ville et celui de la campagne ? Celui des bobos et celui des périurbains à tendance "gilet jaune" ?