Langues historiques, langues ancestrales. daniel.sere [Forum Yahoo GVasconha-doman 2007-03-13 n° 8037]

- Danièl

Adishatz a tots,

J'extrais du message de Jean Lafitte d'hier lundi sur les langues historiques de France et autres le passage suivant :

>Et ma philosophie est de ne pas se battre pour des chimères, mais pour ce
>qui est raisonnablement possible ; le droit français permet beaucoup, mais il
>faut une demande forte, et celle-ci ne sera possible que si beaucoup de nos
>concitoyens Gascons et Béarnais s'associent aux militants ; or comme on
>n'attire pas les mouches avec du vinaigre, cela suppose de la part des
>militants beaucoup de gentillesse et de saine gaité gasconne, plutôt que des
>slogans agressifs, comme Hartère ou Anaram au patac.

Une fois de plus voilà un témoignage de bon sens. Hélas la demande forte dont parle Jean, et qu'il fait suivre d'un "si" prudent et mesuré, est à cette heure du domaine de la science-fiction. Et Loïc a bien raison de dire que la majorité des Français n'a rien à faire des langues régionales. Les pouvoirs publics de tous bords, et de tous temps hostiles à tout ce qui n'est pas la langue de la République, quoiqu'ils puissent en dire pour appâter l'électeur, ne peuvent être que confortés dans leur immobilisme et leur mauvaise volonté par l'apathie massive, quand ce n'est pas l'aversion, de tout un peuple envers ses langues ancestrales et historiques, et celà en dépit du fait que, comme le précise Jean qui sait de quoi il parle, le droit français permet beaucoup. On ne peut que rendre grâce au courage et à la foi de ceux qui se démènent, occitanistes ou autres, gasconistes, béarnistes, provençalistes, pour tenter de rémédier à ce marasme, mais il ne faut pas perdre de vue que cela ne débouchera jamais en France sur un projet de société viable débouchant sur une reconquête de la langue digne de ce nom sans un minimum d'enthousiasme et d'engouement ni sans un minimum de fierté de se sentir et de se vouloir gascon ou basque ou breton ou provençal ou occitan non pas avant tout mais au moins autant que se sentir français. C'est déjà bien beau si nos langues ne disparaissent pas en tant que monuments culturels à protéger de tout vandalisme idéologique pour le plus grand profit intellectuel de l'honnête homme de notre époque. Mais même dans cette optique de préservation de ce qui peut être encore sauvé encore faudrait-il se garder comme de la peste de slogans agressifs qui servent de catéchisme à quelques individus ou de prises de position utopiques comme le fait de s'adresser de nos jours à un large public en langue régionale sans daigner en donner la traduction comme si ça allait de soi et que nous nous trouvions dans une colonie bananière cherchant à s'affranchir du joug du colonisateur.

Hètz beròi.

Daniel