Graves & Cernès

Noaillan


 

Samadet / Samadèth

[Photo de Vincent P.]


 

Grans de sau

  • Samadet existe dans le départ. 40, et les occitanistes locaux l’écrivent "Samadèth"... Il doit y avoir une raison.

  • Un lien avec l’idée de semer ?
    Mais ça se dit plutôt "samiar".

  • Non, pas de rapport avec "semiar", à mon avis.

  • Cela pourrait être le surnom d’une personne venant de cette région.
    Cela est courant dans la manière gasconne d’attribuer les "chaffres".

  • Samadet (Landes)
    De Samadello 933

    La graphie Samadèth est justifiée par le suffixe –ellum > gascon èth. (Ne pas se fier au -o final pour établir le genre du nom.) La mouillure semble disparue du parler local. Je propose de partir d’un latin tardif *samadellu(m).

    Du Cange, Glossarium… (voir ce glossaire de la basse latinité pour les références précises), donne : Latin sagma (du grec ságma) : onus, sarcina « charge, bagage » ; sagma super illum (equum) imponere ; sagmarius mulus, sagmaria mula « bâté,-ée ».
    D’où en latin tardif salma et sama : sama ut salma, sauma idem quod salma « sama comme salma, la même chose… ».
    (Pas de rapport avec som- de summus.) Stratura asini : Hac sagma, quae corrupta dicitur salma, est sella vel pondus et sarcina quae ponitur super sellam « qu’on appele de façon corrompue salma… le bât et le bagage qu’on pose sur la selle ».
    (De *samania vient l’ancien-français samaine, f., « bât ».).
    Salma a donné saume et sama suppose same, sama. Gascon saume « somme, bête de somme ». Samam vini « faix de vin ».
    Salmata, -u, est le participe passé d’un verbe *salmare « bâter » et « charger » : onus salmarii faix des bêtes de somme ; samatus « chargé » est aussi bien l’animal que le faix. *samata et salmata ont remplacé très tôt (à Rome même) l’ancien sagmata.
    *samadell-a / -u > gascon Samadèth serait « petit faix, petite charge », indiquant 1) un lieu où on apportait les récoltes afin de les répartir ou 2) un relai, voire 3) une terre de petites récoltes.

    N.-B. : L’abbé Darriau, chez l’abbé R. Lamaignère (Origines des noms de lieux dans les Landes), faisait de Samadet une expression latine sanguine madet « regorge de sang » rappelant quelque vieille bataille.
    Ce n’est pas à suivre, pas plus qu’un nom du ‘samedi’ (lat. pop. sambati dies, samadi en ancien-français) : lieu du sabbat des sorciers (ce n’est pas ça, mais ça plairait).
    Moins pittoresque, A. Dauzat (DNLF), suppose, comme pour Sabadel (Lot), un mot « probablement pré-celtique sab(b)- à valeur hydrographique et double suffixation… » dont sam- serait « une variante », bref « un nom obscur ».
    On sait que le « pré-celtique », sinon le « pré-indo-européen, tout comme les anthroponymes restitués ad hoc sont la providence des étymologistes dans les cas difficiles et destinés à le rester.
    Dauzat explique d’autres noms de lieux en Sam- par des NP vieux-celtiques (« gaulois ») en samo- diversement suffixés.
    Le latin samarum « semence d’orme, samare » n’est pas exploité.

    Je regrette de n’avoir pu consulter les dictionnaires des noms de communes des Landes (les excellents travaux de B. Boyé-Fénié).
    Je n’ai guère le temps. Merci pour toutes les photos.

  • Il faudra aussi créer un lòc pour le Samadet "landais", avec (si Dieu et Vincent.P le veulent) une photo...

  • D’ailleurs, les Samadet de la Gascogne de l’Est posent problème, car d intervocalique étymologique devrait aboutir à z.
    Or, on a Samadet à Toujouse (32), à Montmaurin (31), à Bouglon (47).
    Donc il faut reconstruire une base *samat suffixée d’où d intervocalique.
    Il s’avère qu’à Orist et Seignosse on trouve Samatet (indice que cette région côtière des Landes a maintenu en quelques exemples les sourdes intervocaliques comme en Aspe et Barétous ?).

  • En l’état actuel des connaissances, la seule chose que l’on puisse dire c’est qu’il existe une base régionale *sama qui a donné aussi bien des toponymes basques (Samakoitz à Charritte en Mixe, Samau à Irissarry, ... cf Orpustan) que des toponymes gascons (Sames qui est dit Samatze en basque, Samadet, ...).
    Le seul terme en basque moderne approchant est "samats" au sens de "litière d’ajoncs et fougères [...] pour faire de la fumure".

    Pour ma part, je n’ai pas d’idée sur la question bien établie, il est clair que Samadet est une formation romane, qu’importe si la base est originellement pré-romane, c’est bien un toponyme formé en langue néo-latine (alors que c’est plus douteux pour Sames qui a les apparences d’un toponyme basque gasconnisé phonétiquement).
    A mon sens, le toponyme est trop répandu pour ne pas recevoir une explication simple.
    Les comparaisons avec Sabadel dans le Lot ou Sabadell en Catalogne seront peut-être fructueuses.

    BBF indique qu’il existerait en Espagne un patronyme répandu "Samadello". En fait, il n’y en a aucune trace, ni sur l’INE espagnol, ni dans les textes anciens via Google Books.

  • On trouve en Lauragais à Deyme (31) le lieu-dit Samadal. Il a tout l’air d’être composé de la base *samat et du suffixe -al qui sert à créer des substantifs (en gascon, ce serait -au).
    A ce moment du raisonnement, il faut se poser la question suivante : pour quelle raison cette base en gascon a-t-elle été suffixée aussi massivement via le suffixe diminutif -èth ?
    Si la base est botanique, on attendrait plutôt le suffixe collectif -et (cf Castanhet, Avedet, ...).
    Mais il semble bien que les attestations anciennes comme les prononciations contemporaines tendent à indiquer le suffixe latin -ellum, d’où -èth.
    Remarquons que si les nombreux Sabadel languedociens sont de la même famille, alors il y a des chances que le suffixe soit -èl (version languedocienne du -èth gascon).

    Que peut-être sabat/samat ?
    En latin, à part sabbatum (sabbat !) ...
    Il se peut aussi que l’on en revienne à cette vieille base locale qui aurait été suffixée en -at (comme dans pignada/piata).
    On ne trouve pas de lieux-dits Samat.
    Par contre, on trouve "Le Sabat" à Maillas. Mais il doit d’agir d’un mot de la famille de savate.

  • Pour Sabadell, Paul Aebischer fait la démonstration qu’il y a des chances qu’il s’agisse d’un nom médiéval Sabatellus.
    Mais pour quelle raison en gascon cela serait-il devenu Samatellus ?
    C’est possible cela étant, mais aucune source n’atteste de l’existence de ce patronyme en pays gascon.
    books.google.fr

  • En cherchant "samatello" sur Google Books, on apprend que l’un des maisons de Sare avait ce nom.
    books.google.fr

  • Le lieu-dit semble encore exister sous la forme "Zamatelu", il y a même un mont qui fait frontière entre Sare et Vera de ce nom.

    Orpustan ne fournit pas d’explication pour ce toponyme.
    Franchement, à mon avis, c’est la forme basque de Samadet, soit qu’il s’agisse d’un immigrant originaire d’un Samadet de Gascogne, soit que la base Samatello a été commune aux deux langues.


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