Còr de Bearn Pays basque voisin

Osserain-Rivareyte / Aussaranh-Arribarèita

- Vincent P.


 

Osserain / Aussaranh


 

Grans de sau

  • Village gasconophone souletin dit Ozarain(e) (mais probablement anciennement Osarain ainsi qu’en atteste Lhande), géographiquement en Béarn, sur la rive gauche du Saison.
    Il est séparé de la Soule par la ligne de coteaux occidentale qui délimite la vallée du Saison.
    Il s’agit donc d’une avancée extrême de la Soule sur la vallée du Saison, peu avant le confluent avec le Gave d’Oloron.
    Le Pont d’Osserain était le passage principal pour atteindre la Basse-Navarre d’où son importance stratégique.

    Selon Orpustan, le village est un ancien castrum, siège d’une seigneurie. Il s’agissait de défendre Saint-Palais. D’ailleurs, la zone sauvage de coteaux entre le pays de Mixe et le bourg d’Osserain est dite "Burgeincy", qu’Orpustan analyse comme burgu-aintzin "avant du bourg".
    L’histoire particulière du village colle bien avec sa supposé étymologie, à savoir une formation anthroponymique sur le prénom basque médiéval Ochar/Ocharra, dérivé du basque otso (loup), avec finale béarno-souletine en -ain qui indique la possession. Bref, la seigneurie d’Otsar.

    "Osarain" est classiquement devenu Aussaranh/Aussarenh en gascon par diphtongue récente du o initial et mouillure de la finale (n double sous-entendu).

  • Une forme "Lo Saranh" a existé par incompréhension du toponyme.
    Il ne reste rien des traces de toponymie basque à Osserain : Brouquet, Bergeras, Bédat, Péhau, La Heyte, L’Oustau, Tres Cassous, Cabannes, ... sont tout à fait gascons.

    Dans le Censier gothique du XIVème siècle, on détecte pourtant quelques toponymes basques altérés : Darconborde, Sohaet.
    Le reste était déjà gascon : Labadie, Berger, Colac, Poey, La Cuihe, Lauguaa, Lostau Nau.

    Bref, alors que les Béarnais de Lichos, Haute et Charre parlaient encore basque, les Souletins d’Osserain parlaient déjà gascon au XIVème siècle.

  • Il existait également la maison Avense sur le censier gothique du XIVème siècle, maison qui existe toujours (sous la forme Abense ou Bense), d’autres maisons sont un peu plus récentes (16 et 17ème siècles) et portent des noms Basques : Lauhire, Petry .
    L’étude d’actes notariés révèle quelques toponymes Basques, très minoritaires il est vrai :
    Gerburu, Lauhirasse, Camou nom qui bien que présent en Béarn, l’est aussi en pays Basque cf Camou Mixe, Camou Cihique...
    Toutefois les registres paroissiaux et les actes notariés existant (souvent des notaires Souletins et pas Béarnais au 17 et 18 ème) attestent de nombreux échanges entre les habitants d’Osserain et de Rivareyte, avec les communes Basques limitrophes Domezain, Etcharry, Sussaute, Sillègue, Arbérats ou Arbouet, échanges en particulier matrimoniaux et économiques.
    Les syndics d’Osserain et de Rivareyte députaient un représentant de la paroisse aux états du pays de Soule alors que les états traitaient des affaires en langue Basque (idiome Souletin), de plus des habitants d’Osserain et Rivareyte sont intervenus lors de procès concernant les limites territoriales entre la Soule et le Béarn car il pouvaient justement s’exprimer en langue Basque et en Gascon.
    Beaucoup de familles de ces villages avaient également des membres installés dans des fermes ou des villes du pays de Mixe et en basse Soule.

    En fait rien n’est aussi simple et la toponymie ne peut balayer l’hypothèse d’un certain bilinguisme dans ces communes limitrophes du domaine Basque mais politiquement et historiquement très liées à la Basse Soule au 16, 17 et 18ème siècle.

  • Tout cela est vrai mais l’étude des registres paroissiaux des communes béarnaises voisines d’Osserain montre en même proportion ces liens entre Mixe, Basse-Soule et le pays de Sauveterre.

  • Vous avez raison mais la différence c’est que les habitants d’Osserain et de Rivareyte comme ceux de Gestas avaient conscience d’appartenir politiquement à la Soule et étaient considérés comme tel par les autres souletins et Mixains car sur les actes notariés et les registres paroissiaux on précisait toujours Osserain en Soule par exemple.
    Le problème c’est que la conscience d’appartenance était territoriale et politique, on ne parlait pas à l’époque de peuple Basque au sens ou certains l’entendent aujourd’hui, c’est un long et vaste débat.
    Par ailleurs une ancienne maison d’Osserain se nommait Mougni ou Mougny, cette maison existe toujours, que veut dire ce nom qui est aussi un patronyme.
    Bonne continuation dans vos travaux de sauvegarde de notre patrimoine.

  • Il existait en 1414 et jusqu’au 19ème siècle une maison Burgu à Sussaute, maison citée par Le professeur Orpustan, par contre je ne sais pas si cette maison était située sur la colline de Burgeincy, je ne l’ai pas trouvé sur le cadastre Napoléonnien mais elle ressort sur les registres paroissiaux de Sussaute et sur les registre d’ état civil.
    Pour l’anecdote un des mes ancêtres a épousé une Burgu de Sussaute.

  • Je suis d’accord avec vous : l’appartenance à la vicomté de Soule était bien plus importante que la question linguistique.
    Dans les disputes entre Soule et Béarn au sujet du Barlanès, les gasconophones de Montory étaient opposés aux gasconophones de Lanne.
    Le patriotisme souletin était le leitmotiv, et non pas le sentiment basque qui au fond est moderne.

    Maintenant, il faut remarquer tout de même la quasi-adéquation entre les entités politiques que sont Soule, Labourd et Basse-Navarre et le domaine de la langue basque (quasi-adéquation car ces pays sont entamés par le gascon en leurs marges, parfois sur un front important).
    Les dynamiques linguistiques ne sont pas indifférentes aux structures administratives.
    Pour ce qui est d’Osserain, il est probable que la région de Sauveterre toute entière fut à date ancienne souletine, en tout cas c’est ce que laisse penser son appartenance à l’évêché de Dax auquel la Soule appartenait primitivement.
    La création de la ville neuve de Sauveterre a probablement accéléré la romanisation d’un secteur très basque par sa toponymie.

  • Sur le plan linguistique je partage votre avis, mais le sentiment d’appartenance peut dépasser le fait linguistique.

  • il y avait des toponymes basques à Osserain
    Gerburu qui confrontait avec les terres communes de Basse Navarre
    Hegoua et Semieing , Larceveau ( sans doute un ancien Larsabal, site qui correspond à une large lande) même si effectivement la grande majorité des toponymes étaient gascons depuis longtemps le Basque semble y avoir existé.
    Enfin sur le censier du 14 ème siècles quelques maisons ont des noms basques :
    Arconborde, sohaet de Casala ( basco/gascon), lacuinhe et Abense


Un gran de sau ?

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