POUDAMPA

Je ne crois pas beaucoup non plus à l’explication "Podem pas", pour au moins deux raisons :
 Il me semble qu’autrefois, on prononçait le "s" de "pas", et donc il aurait dû être transcrit. Donc, ça aurait été "Poudempas".
 Or, on trouve plutôt "Poudempaa" ou ’Poudampaa"... Le "aa" est une notation sud-gasconne qui transcrit en général "ar" ou "an", où la consonne ne se prononce quasiment pas.

Il faudrait donc chercher du côté de "Podempar" ou "Podempan".

A signaler le verbe "podar" (prononcer "poudà") qui veut dire "tailler" en occitan général, et en gascon aussi.
Le nom "Poudevigne" veut dire "Taille-vigne".
Mais il faudrait expliquer "empar" ou "empan", que je ne trouve dans aucun toponyme gascon.

Une autre piste : "Pont d’Empar-Ampar-Empan-Ampan". Phonétiquement, ça irait, mais que voudrait dire "Empar" etc. ? Pouvait-il y avoir un pont au lieu dit Poudampa ?
Une idée qui me passe par la tête : il me semble que "Amparo" est un nom de personne castillan, mais je ne suis pas sûr.

Autre manière de voir les choses, qui ouvre 1000 horizons à la recherche : "Poudampa" n’est pas explicable par le gascon : nom pré-gascon, basco-aquitain, vascon, germanique ? Est-ce que Laroin est proche du Pays Basque ? Quelle est la proportion de toponymes vascons à Laroin ?

Grans de sau

  • Une piste à laquelle je crois :
    Le deuxième élément pour moi, c’est surement empar : protection, défense, abri (du verbe emparar : protéger, défendre, abriter).
    La graphie ampar pour empar est courante en catalan. Ampar ou Empar c’est le prénom qui représente la forme ancienne du substantif qui était masculin.
    En espagnol, le prénom Amparo se dit pour Maria del Amparo : Marie de la Protection. En catalan c’est Ampar ou mieux Empar, idem.
    Empara c’st le substantif moderne en catalan comme en gascon, c’est la forme feminine d’empar.

    Le premier élément peut être poi, variante de puèi. Poi d’empar, la colline de protection ou colline de défense (d’ou podampar via poddempar). Je pense que le toponyme en normalisé devrait s’écrire Podampar. Vincent m’a dit à plusieurs reprises qu’il n’y croyait pas à cause de la terminaison poudampaa en graphie béarnaise ancienne. Moi, je ne pense pas que ça fasse problème, par exemple Y. Lafitte retranscrit bien poudanaa en podanar (cf. dico Lespy annoté par Lafitte). Mais bon, une hypothèse reste une hypothèse, on peut certainement en avoir d’autres :-).

  • Est-ce qu’il n’y aurait pas un lien à faire avec le nom "Portepa" (celui portait le pain pour le ravitaillement en montagne) ?

    Dans le genre "poud’ep’pâ" (poda eth pan qui par déformation...). Bon, c’est un peu tordu...

    En efèit, Joan Peiroton, lo "en" que’s sanja en "an" en catalan (e en gascon coseranés tabé) mes... que son en Biarn aquí. Donc, ne vei pas ua reson que s’estossi hèit atau.

  • La forme Podempa est également attestée. Et même Pallas-Podempa (Pallars-Podempa). Le Pallars ; c’est un comté de Catalogne. Passer de Podempa à Podampa ce n’est pas impossible, si ? Ou alors le nom lui même vient de Catalogne, comme Pallas. J’ai cherché sur le net, pas trouvé.

  • Vincent nous dit que les deux orthographes, celles avec a et l’autre avec e ont fluctué dans le temps mais ce sont les mêmes. Il en parlerait mieux que moi.

  • Pardon, je me corrige : une seule famille fondée par un certain Paillas dit Poudempaa, à l’état civil Pailhas-Poudempaa, Paillas-Poudempa, Poudempaa, Poudampaa, Poudempa, Poudampa, c’est la même famille, écrit Vincent.
    Paillas, c’est Palhars ou Pallars, le comté catalan pyrénéen. La question est de savoir si Poudempaa est béarnais d’origine, ou s’il s’agit d’un nom apporté par le dit Pallars et qui aurait donné son nom au lieu dit en le fondant.

  • Empar forme masculine de empara est bien attesté en catalan (cf. Dico Cat.Val.Bal.) ; en gascon, je ne suis pas si sûr. On a bien "empara" en gascon, mais "empar", je ne sais pas. C’est pas impossible. La racine est celle du français emparer, s’emparer, désemparés etc. Vx français emparacion = fortification ; emparance = défense (cf. dictionnaire Godefroy d’ancien français). Ca irait bien avec le poey (podium).

  • La première attestation écrite que j’ai trouvée date de 1809, concernant la naissance d’une dénommée Anne Poudampa à Laroin (64), fille de Jean Pailhas dit Poudampaa et de sa femme Marie Pouchau (?) dite Poudempaà.

    Je ne suis pas parvenu à trouver les actes qui lient ces Poudampa à ceux qui feront souche dans les enclaves bigourdanes au XIXème siècle sous le nom de Poudampa(-Beroy), mes ancêtres : la confusion des noms de famille et des noms de maison n’aide pas, et l’État civil de Laroin, en ligne, est difficile à lire. Bref, je ne sais pas si ce Jean et cette Marie sont mes ancêtres directs, ou des cousins.

    Il n’en reste pas moins que dans un même acte en 1809, il y a trois façons d’écrire le patronyme, qui d’ailleurs, n’a pas l’air d’un patronyme mais d’un domonyme, dans la mesure où mari et femme sont dits tous deux Poud(a/e)mpaa, bref, la maison qu’ils habitent (l’on connaît la manie du piémont gascon, notamment béarnais, à confondre patronyme et domonyme).

    La maison Poudampa existe encore, sur la commune de Laroin, dans le vignoble de Jurançon, et a donné lieu à un article sur ce site. Une affreuse maison néo-provençale la côtoie.

    (Laroin)
    Poudampa

    La finale -aa est-elle étymologique ou analogique ? Autour de la maison Poudampa, l’on trouve Perpignaa, toponyme bien connu des coteaux de Jurançon. D’autres toponymes à finale en -a : Marassa, Catala, Roumiga, Larredya, Touyaga, ...

    Je ne cherche pas à obtenir une explication globale, tous ces lieux-dits ont leur explication propre, juste préciser que dans cet environnement toponymique béarnais entre Laroin, Saint-Faust, et Jurançon, une finale en -a(a) n’est pas rare, issue soit d’un n amuï (Catala < Catalan, Perpignaa < Perpignan), soit d’un r (Touyaga < *Tojagar "endroit de touyague).

    Ce qui est donc assuré, dans tous les cas, c’est que :

     Aucun indice probant dans la prononciation actuelle, ni dans les écritures anciennes, ne permet de préférer la théorie d’un amuïssement d’un n plutôt que d’un r ;

     Aucune indice probant dans les attestations françaises anciennes ne permettent de trancher entre un un groupe -dem- ou -dam- : je peux seulement attester que les paysans du Vic-Bilh et du Montanérès prononçaient Poudémpa, avec évidemment un m très sonore, l’accent tonique en finale et un e plutôt fermé (mais ce peut être une attraction de la conjugaison du verbe poder "pouvoir" : cf l’étymologie populaire "poudem pas") ;

     Il s’agit manifestement d’un nom de maison, devenu patronyme un peu par hasard au XIXème siècle, ce qui explique sa rareté : les Poudampa du XXIème siècle auraient pu s’appeler Paillas/Pailhas (il n’est pas certain que cela fasse référence au Pallars catalan) ;

    Pour ce qui s’agit de mon intuition, je suis persuadé qu’il s’agit d’un dérivé du verbe podar "couper, tailler" avec le mot pan "pain", donc un proche parent de Portepa "porte-pain", patronyme et lieu-dit béarnais de l’Entre-deux-Gaves.

    Reste que je ne m’explique pas, dans cette hypothèse, l’apparition d’un bilabiale -m-, qui est peut-être purement articulative, notamment dans un contexte plus ancien où le -n final de pan, avant d’être amuï, était nasillé.

    Poudepan > Poudepang/Poudepãn > Poudempãn > Poudempa

    Dans cette hypothèse, le verbe podar est conjugué à la 3ème personne du singulier, qui peut tendre vers -a final en composition. Portepa, ainsi, peut être Portepa, Portopa, voire Portapa.

    Nous sommes face à une énigme intéressante, dans tous les cas. Je mourrai sans avoir de conviction ancrée.

Ce nom n'a pas pour l'instant de forme normalisée alibertine.
 

Un gran de sau ?

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