Lanusse

en graphie alibertine :

(la) Lanussa

lana + suffixe péjoratif "us".

lana / lande

Prononcer "lane" dans la plus grande partie des Landes, "lano" en Gascogne (...)

Grans de sau

  • Ua "lanussa" qu’es ua maishanta "lana", dab ua prauba tèrra magrassa.

  • À propos de la simplification -nd->-n-, elle relève justement du substrat euskarien en phonétique gasconne, aragonaise ou d’autres idiomes pyrénéens ou plus largement du sud-ouest de la France et du nord-est de l’Espagne, le phénomène décrit touche donc aussi les évolutions des langues dites romanes.
    Il est dommage que tous les néologismes utilisés en batua ne les reflètent pas. Il semble que les dialectes modernes du basque n’aient plus appliqué tous les phénomènes phonétiques attribués en gascon au substrat bascoïde alors qu’ils demeuraient intact et vivants dans les dialectes gascons (f>h, mb>mm ecca.) même si certains linguistes modernes, notamment dans la mouvance occitaniste voudraient nous imposer une standardisation de notre langue ne les respectant pas (Cf "Gramatica de l’occitan ’gascon’ contamporanèu", M. Romieu et A. Bianchi aux Presses Universitaires de Bordeaux rédigé dans une langue qui évite soigneusement les particules énonciatives même quand elle en traite !).

  • Lanusse, grand sujet de rigolade chez les francophones, chez les ex-gascons dégasconnisés aussi d’ailleurs. On rigole bien aussi avec les Ducom, les Condou et les Lassus dont le sobriquet est invariablement Tum.

  • Cette émission des "Mots d’oc" sur France Bleu Toulouse* confirme hélas que "Lanusse" est un sujet de rigolade jamais épuisé, au point que les plaques de rue de ce chemin sont régulièrement volées.
    Je redoute après coup qu’on ait pu croire que je faisais partie de ce troupeau rigolard quand j’ai pris la photo de la plaque. Moi, c’est que je trouvais intéressant ce nom gascon à Toulouse rive droite, quartier de la Croix-Daurade et Borderouge.

    * Emission bilingue où Géraud Delbès double en languedocien les phrases en français (ou le contraire) ; la formule me semble adaptée au public d’aujourd’hui.
    De plus, Géraud Delbès prononce bien ; ex : il met bien l’accent tonique sur le pi de capitoul, et il ne fait pas les r à la française...
    Et curieusement, il met un que énonciatif quand il parle de ce capítoul gascon !
    « Francés de Lanussa qu’es un Capitol, un elegit de la Comuna de Tolosa d’aquel temps / François de Lanusse est élu municipal, un capitol. La familha de Lanussa qu’es d’origina gascona, de Bearn mai que mai. »

  • La présence de formes gasconnes, rive droite de la Garonne, très probablement souvent tirées de patronymes gascons, m’a toujours fasciné, même si elle réclamait le courage d’aller se promener dans le bazar pavillonnaire toulousain, d’une laideur somme toute marquée.

    En regardant la carte d’État-Major, je trouve le château La Lanne, au quartier de Lalande, là où se trouve le château de Sesquières.

    Pas bien loin, on trouve le lieu-dit Gruney, mais je doute qu’il s’agisse du suffixe nord-gascon -ey. Très proche aussi, l’on a Coumegères : a priori, l’isoglosse -mb- > -m-, qui marque le phénomène commun au gascon et au sud-languedocien, passait au sud de Toulouse, on peut supposer que ce ne fut pas toujours le cas.

    On a "Castéra" à Balma, sur la commune de Gramont. "En Bragué" tout proche, ...

    Enfin bref, une idée de reportage photographique s’empare de moi, pour une prochaine virée toulousaine, me concernant ! S’il fait meilleur temps que depuis un mois ...

    • A propos de "bazar pavillonnaire", j’imagine... mais pour ce qui est du chemin de Lanusse, on n’y est pas : c’est un nouveau quartier de Toulouse qui est fait d’immeubles collectifs, pas loin de la place carrée de Borderouge, et aussi du grand parc du Muséum.
      Pour ce que j’en ai vu, c’est assez agréable, avec beaucoup de végétal et de cheminements doux ; une impression d’espace, aussi.
      Mais on doit avoir la même impression dans les nouveaux quartiers de Montpellier ou de Bordeaux (Bacalan, Ginko, Bègles...).

      Pour ce qui est des lòcs de Gasconha.com, la cohérence commanderait a priori de se limiter à la rive gauche. Mais je m’aperçois que Toulouse a le mot clé "Gascogne toulousaine", ce qui fait que même un lòc de la rive droite est englobé en Gascogne !
      Dans l’arborescence des mots clés "pays", j’ai prévu Languedoc voisin, et je m’apprête à en étiqueter aussi Toulouse qui aura ainsi une double appartenance, gasconne et languedocienne, qui correspondra bien à sa situation géographique et à son peuplement, comme Vincent le dit plus loin.
      Languedoc voisin

      Plus généralement, je considère que Toulouse dans son ensemble est maintenant, comme Bordeaux, une métropole pour la Gascogne, et que nous devons en tirer les conséquences : la première d’entre elles est de promener sur Toulouse rive droite notre regard acéré et gascon !

  • Je ne connais guère Toulouse et les Toulousains (découverte à faire !) mais je soupçonne que dans l’imaginaire toulousain le gascon est peut-être bien le "plouc" naif et bizarre par excellence,un petit exotisme aux portes de la ville...Est-ce que je me trompe ?

  • Aucune différence nette n’est faite entre les deux rives, les Toulousains modernes, du moins ceux des XIXème et XXème siècles descendant à parts égales de Gascons comme de Languedociens (une visite au cimetière de Terre Cabade est très éclairante), et si stéréotypes il y a, ils sont ceux de la ville pour les campagnes.

    La figure la plus nette de moquerie est "l’Ariégeois", sans que l’on sache jamais trop qui il est, même si l’on peut imaginer là un synonyme exact de "Pyrénéen" ou "montagnard". En revanche, aucune différenciation n’est opérée entre un "Gersois" et un "Tarnais" (les "Aveyronnais", c’est autre chose), et de fait, avouons les choses, Gers et Tarn sont deux pays du bassin aquitain, très similaires quant à leur mode d’occupation des sols et leur culture matérielle historique.

    Le seul ressenti quelque peu généralisé que j’ai remarqué lors de mes années toulousaines, c’est de la part des Toulousains de Toulouse le sentiment fort que Saint-Cyprien n’est plus Toulouse, mais un autre monde. L’on pourrait faire dire beaucoup à ce sentiment, mais finalement, il était celui des Bordelais pour la Bastide.

    Ce que je retiens, sans nier le fait gascon, c’est que Toulouse s’inscrit pleinement dans son contexte local, et qu’imaginer une frontière, même sur la forêt de Bouconne, n’a pas trop de sens. En revanche, Toulouse s’étale, et devient un danger pour sa périphérie, dont la gasconne, qui l’encadre pour moitié et terrain particulièrement propice aux constructions.