- Tederic Merger

potja

français : route de crête, ou la crête elle-même ?

Prononcer "poutcho", "poutche"... pei, poei, poi, pui = colline, hauteur

GP Souverville nous explique à propos des "Pouches" de Boudrac : (Boudrac)
Les Pouches

Les pouches sont des voies qui parcourent les crêtes du plateau de Lannemezan en aval de son cône se déjection. Leur situation les met à l’abri de toute inondation.
Utilisées depuis la protohistoire, leur aspect rectiligne les a confondues avec les tardives voies gallo-romaines qui ont pu, ponctuellement, en emprunter le tracé.
Longées parfois par des canaux (ici celui de la Gimone creusé au XIXe s) ou des lignes à HT. Il leur arrive encore, en raison de leur altitude d’accueillir des châteaux d’eau aériens ou enterrés.
Partout présentes dans la toponymie et l’onomastique ; leurs riverains sont appelés pouchés (poutgés)

Hypothèse : on aurait dit camin de potja, qui aurait été abrégé en potja tout court...


 

Grans de sau

  • Une bataille linguistique à propos de l’étymologie du mot LA POTJA.

    Une très ancienne maison de Saint Sever de Rustan porte le nom de « Chè’u Lapoutja ». La maitresse de maison était toujours appelée « la Poutjata »…
    Saint-Sever-de-Rustan

    Ce nom de maison vient du nom de famille gascon Lapoutge qui vient lui-même du toponyme gascon la Potja [la ’poutyo] très présent dans les 64/65/32.

    Dans le 65 par exemple :
    • La Poutge, hameau de St Arroman, écarts de Barthe, Bernadets-Dessus, Capvern, Galez, Gaussan, Réjaumont, Salles-Adour, St Lanne, Sarriac,
    • La Poutjette, à Vielle Adour.
    On remarque que plusieurs de ces toponymes désignent un lieu en plaine.

    Le rappel de Tédéric sur Poutge = route de crête est l’explication classique dans la région. Mais elle ne peut s’appliquer partout ! Ce qui pose problème.

    Définitions et étymologie.

    Michel Grosclaude dans son « Dictionnaire étymologique des noms de famille gascons » explique :
    Lapoudge  : Du pluriel neutre latin podia pris à tord pour un féminin. Désigne les collines larges et planes au sommet dans la région du Vic-Bilh.

    Alphonse Meillon (Esquisse toponymique de la vallée de Cauteret) cite :
    Podges (pron. Poudges) : nom d’un canton de Saint Savin. Il cite aussi saint Jean Poutge (canton de Garlin) et dit que ce nom vient du latin podium. Il dit aussi qu’on appelait en Béarn, camiis de la poudge, les chemins qui suivaient les hauteurs.

    C’était l’avis de V. Lespy dans son dictionnaire béarnais :
    Poudge : hauteur, colline. Lou camii de la Poudge = nom générique des chemins qui suivent les hauteurs.

    S. Palay, lui, pose toutefois le problème du relief :
    Poutje : hauteur, coteau, tertre élevé. Camî de la Poutje désigne en général un chemin de crête, de coteau. TOUTEFOIS, on trouve aussi des camîs de la Poutje au bas des coteaux…

    Mais cette belle unanimité du côté des linguiste français est combattue par le catalan Joan Coromines (El parlar de la Vall d’Aran p ; 657, diccionari etimologic de la lengua catalana) :
    Era potja  : au Val d’Aran c’est un terme pour désigner un terrain engazonné mais aussi le gazon et la glèbe qui le porte. Dans la vallée on dit aussi « un camp s’a potjat » pour dire qu’on le laisse redevenir pré pour qu’il reprenne force. Beaucoup de toponymes de la vallée porte ce nom : Era Potja de Pan, era Potja de Corilha, Es Potgetes….
    Era potja : Joan Coromines fait remarquer que X. Ravier a mis en note dans l’ALGasc IV 1173 que le témoin d’Aragnouet (Vallée d’Aure) a affirmé avec forceque le mot era potja signifiait bien le gazon et non ce que lui suggérait l’enquêteur.
    • Joan Coromines s’étonne beaucoup lors d’un dialogue avec X. Ravier à Toulouse que ce dernier puisse affirmer encore que potja = colline, chemin de hauteur. Pour lui il s’agit d’une « falòrnia pseudo-etimològica  » Il parle même de « heretgia fonètica, tan com semàntica de l’absurda etimologia PODIA ».
    • Comme preuve indirecte, il cite le petit dictionnaire de Dupleix (1842 gascon de St Gaudens) qui donne le mot parallèle de potja francisé : « gazoun » = terre couverte d’herbe courte et menue. On abuse de ce mot pour désigner la chaussée. "
    • Son hypothèse. Pour lui, ce terme potja est probablement préroman. On le trouve aussi dans le catalan botja = plante de terrain inculte et dans botjar terrain inculte. Il fait un rapprochement avec le basque ipu-lar = pré de gazon. Il avance donc une base basco-aquitanique *ipudika qui a donc donné potja en gascon et botja en catalan…
    • Dans sa condamnation de la thèse française, il va plus loin : Il parle d’ « Acrític « complex de superiorita » que inspira als doctorants d’Universitats ben pagades la renúncia a la revissió dels errors ensenyats par mestres rancis.  »

    Le problème est donc sur la table : faut-il prendre de la hauteur ou rester au ras du gazon…

  • Pourquoi Coromines a-t-il été si dur ?
    potja gazon et potja hauteur peuvent très bien être des homonymes, parfaitement identiques au son (peut-être par une assimilation progressive), avec des racines distinctes...


Un gran de sau ?

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