Préparé dans l’ombre depuis 2011 ce projet assez ahurissant fait depuis quelques semaines la page intérieure de plusieurs médias, en commençant par « La République » (voir ci-dessus) et « Sud Ouest » et en continuant son chemin via l’ « Express » et le « petit Journal » de Canal + .
Il illustre, de façon pathétique, tout ce que nous commentons ici, les uns et les autres, mois après mois : le désespoir des petites communes rurales, leur désir de se raccrocher à toute branche à leur portée, la perte de conscience historique et l’impact du monde formaté véhiculé par les media.
Laas, 111 habitants mais tout de même si l’on en croit le Petit Journal, une fabrique de bérets (pas florissante, on l’imagine), une entreprise de taille de pierres et un ébéniste d’art. Celui-ci, peut-être d’installation récente d’après l’accent, est actuellement occupé à la construction d’une cabane de douane, curieux pour une municipalité qui se verrait bien au contraire en zone franche mais bon…
Peu importe d’ailleurs puisque en fait, tout dans ce projet est dans la pure apparence, dans les signes qui ne renvoient à rien et en particulier à aucune réalité historique (ce serait Bidache, on pourrait discuter mais pas là !).
Le maire (M.Pedehontaa) a toutefois conçu un drapeau (probablement pas issu du blason de la commune d’après son allure) qui fait la part des vaches du Béarn (significatif que cette évocation ait fait s’esclaffer le public du Petit Journal, évidemment peu au fait de ce genre de réalités).
Ce projet n’a bien sûr aucune chance de voir le jour, même de forme atténuée, et le maire, en fin béarnais, a sans doute surtout envie d’accroitre la notoriété de sa commune et d’attirer un flot de touristes mais qui sait si une part de lui-même n’espère pas davantage ?
Reste que tout cela sonne faux et creux malgré un comité de patronage de l’association « principauté de Laas en Béarn » qui se veut prestigieux et malgré le travail préparatoire (se sont-ils fait payer et combien ?) de deux jeunes « spécialistes » en développement touristique, tous deux parfaitement extérieurs au pays, naturellement et sans doute peu connaisseurs de ses diverses particularités .
Curieux d’ailleurs que ne soit à peu près jamais mentionné dans les contributions médiatiques (et peut-être aussi dans la savante étude des deux spécialistes du tourisme) le seul attrait touristique majeur de Laas : le château du XVIIè siècle légué il y a une quarantaine d’années au Touring club de France par ses derniers propriétaires, alors très connus en Béarn ; ces généreux collectionneurs et mécènes avaient ainsi légué un ensemble considéré comme remarquable par les historiens de l’art.
Le Touring Club ayant disparu, je ne sais qui est maintenant propriétaire du château mais il est toujours là et c’est sans doute sur lui que devrait s’appuyer une volonté de création de valeur à base touristique (avec la pêche dans le gave d’Oloron en association avec Navarrenx tout proche sans doute aussi).
Avec bien sûr une utilisation intelligente de l’identité béarnaise et de la culture gasconne sous-jacente. Celle-ci n’est jamais mentionnée ou sollicitée dans cette artificielle construction et le Béarn l’est à travers la très chauvine appellation (déposée également à l’INP !) de « Béarn centre du monde » sans doute vaguement inspirée de Salvador Dali : étonnant que cette revendication-là n’ait pas été reprise par l’IBG !